Parieurs Sportifs Interactifs: Conversation Avec Jim Lawson Sur Ce Qui Empêche Woodbine De Participer Au Lancement Des Paris Sportifs En Ontario

Alors que les paris sportifs à événement unique deviennent réalité au Canada ce mois-ci, le rôle de Woodbine Entertainment dans ce déploiement laisse perplexe. L’entité chargée des courses de chevaux, qui a contribué à préparer la voie légale vers le lancement, est étrangement mise à l’écart le 4 avril, premier jour de lancement des paris sportifs en Ontario. Woodbine est l’acteur le plus important du marché initial des paris sportifs canadiens, le pari mutuel sur les courses de chevaux, mais son rôle n’est pas aussi clair lorsqu’il s’agit d’autres sports. Par Melissa Keith // Traduction Louise Rioux

 

 

« Quand vous irez parier sur les Leafs le 4 avril sur PointsBet, vous ne pourrez y trouver de courses de chevaux, ce qui est injuste, et qui n’est pas bien. »

~ Jim Lawson

 

 « Nous avons été à l’avant-plan pour l’industrie [des courses], non seulement en Ontario mais au Canada, et je pense que cela est dû en grande partie au fait que notre système HPI est national », commence Jim Lawson, Chef Exécutif de la Direction de Woodbine Entertainment. « Surtout pendant la Covid, et au sortir de la Covid, une grande partie des paris étaient en ligne. Très franchement, la préoccupation qui existe encore aujourd’hui, et qui existe depuis des années, depuis que l’on parle de paris sportifs au Canada, est la suivante : si les paris sportifs [sur un seul événement] étaient légalisés, quel serait l’impact sur le pari mutuel dans le pays ? »

Lawson connaît le sport, ayant joué pour les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse de la Ligue américaine de hockey et ayant été repêché par les Canadiens de Montréal. Il a également reçu le prix du commissaire 2019 de la Ligue canadienne de football pour ses contributions en tant que premier président indépendant du conseil des gouverneurs de la LCF et commissaire par intérim. Il voit un chevauchement du profil des clients partagé par ces jeux et les courses de chevaux : « Le parieur sportif est très similaire au parieur des courses hippiques partout dans le monde, pas au joueur de casino. Ce ne sont pas les gens qui viennent à Woodbine ou à Mohawk ou à n’importe quel hippodrome de la province pour parier sur les machines à sous. Il s’agit d’une clientèle différente, et c’est pourquoi j’ai tant de mal à accepter que le gouvernement fasse un signe de tête, actuellement, pour permettre aux exploitants de casinos d’offrir des paris sportifs au détail, mais pas aux hippodromes, pas à Woodbine Entertainment. C’est une erreur, je vous le dis. »

 C’est une erreur d’exclure Woodbine en tant que partenaire, mais c’est aussi une erreur dans son orientation marketing, ajoute-t-il. « En plus d’être injuste, ils passent à côté de l’essentiel : Leur clientèle cible est la même que celle que nous essayons d’attirer, à savoir, je ne sais pas quels sont les pourcentages, mais l’homme de 20 à 30 ans est votre grand parieur sportif, non seulement maintenant, mais pour l’avenir. » Alors que le pari mutuel décline avec la perte progressive des baby-boomers et de la génération de leurs parents de la clientèle traditionnelle, les résultats financiers en pâtissent pour les hippodromes. Le chiffre d’affaires peut sembler bon pour certains hippodromes, mais ils devront bientôt se battre plus durement pour chaque dollar lorsqu’un assaut d’options de paris nouvellement légales arrivera sur leur terrain. 

Lawson déclare à TROT : « Nous essayons de remplacer la démographie qui existe dans les courses de chevaux aujourd’hui... C’est le [client] que nous pouvons servir, et c’est pourquoi cela me frustre au plus haut point que le gouvernement de  l’Ontario donne le feu vert aux opérateurs de casino qui desservent les joueurs de machines à sous et les gros joueurs de cartes. Si vous allez en Irlande, en Australie ou au Royaume-Uni, vous voyez ces boutiques de paris sportifs qui proposent des paris sur courses de chevaux. À l’origine, il s’agissait de sociétés offrant des costumes de courses hippiques tels : William Hill, Paddy Power, bet365, Tabcorp. Ce sont tous des salons de paris sur courses de chevaux ayant fusionné pour devenir des opérateurs de paris sportifs, les plus grands opérateurs de paris sportifs au monde. »

 Woodbine a été l’un des premiers défenseurs de la légalisation des paris sportifs au Canada : l’ancien PDG David Willmot avait déjà fait campagne en ce sens dans les années 2000. Alors que les billets parlay ProLine avaient été lancés en Ontario en octobre 1992, les paris sur les matchs individuels restaient inaccessibles, sauf via des fournisseurs offshore illégaux au Canada. En 2012, la Chambre des Communes a approuvé le projet de loi C-290, le premier projet de loi récent visant à légaliser les paris sur les matchs uniques ; le Sénat n’a jamais permis qu’il soit adopté. Puis, le député conservateur de la Saskatchewan Kevin Waugh a déposé le projet de loi C-218, « Loi modifiant le Code criminel (paris sportifs) », en février 2020, qui est passé en deuxième lecture un an plus tard et a reçu la sanction royale le 29 juin 2021.

 « Nous pouvions voir que cela prenait de l’ampleur », se souvient Lawson. « Le temps était venu, surtout pendant la pandémie, de générer, en tant que pays, des sources de revenus supplémentaires, et que les paris sportifs [à événement unique] allaient trouver un moyen de devenir enfin légaux. »  Woodbine semblait être un partenaire logique pour le nouveau produit de jeu, mais les barrières ambiguës qui ont empêché de faire équipe en 2021 restent non résolues aujourd’hui, à l’aube du lancement officiel.

« La gestion et le contrôle des paris sportifs en Ontario relèvent de la société provinciale de loterie, l’OLG », explique Lawson. « En particulier, l’OLG [Société des loteries et des jeux de l’Ontario] est responsable des paris sportifs au détail, qui s’ajoutent actuellement à leur propre produit ProLine dans les dépanneurs. Ils disent aujourd’hui que les paris sportifs au détail vont aller dans les casinos. L’industrie hippique devrait avoir, a, et en particulier nous [Woodbine] avons, un problème majeur, majeur avec cela... Je pense que viendra un moment où, si nous n’avons pas tout notre réseau de Champions [salons de pari hors hippodrome] autorisé à faire des paris sportifs, l’industrie des courses de chevaux va subir un préjudice important du fait que nous ne pouvons pas générer ce genre de revenus sportifs au détail à partir de nos points de vente également. »

Les sociétés actuellement autorisées à exploiter des paris sportifs en ligne au Canada comprennent PointsBet Canada et Score Digital Sports Ventures. « PointsBet et theScore, qui appartiennent maintenant à Penn National, je tiens à le souligner, sont toutes deux des entités étrangères », note le PDG de Woodbine. « PointsBet est une société publique australienne qui fait également des transactions aux États-Unis, mais ce sont des entités étrangères. Et voici mon gros problème : il ne fait aucun doute partout dans le monde - le New Jersey en a été l’exemple le plus récent - que l’avènement des paris sportifs légalisés va cannibaliser et enlever des dollars des sommes  pariées au pari-mutuel. »

« En août dernier, lorsque cette législation a été légalisée, j’ai personnellement rencontré le représentant du bureau du procureur général et j’ai dit : « Vous savez, nous, de  l’industrie des courses de chevaux, nous nous sommes fortement battus contre cela en 2013 et cela a été bloqué au Sénat et n’a jamais été adopté. Cette fois-ci, nous, l’industrie des courses de chevaux, sommes prêts à coopérer avec vous et à soutenir la légalisation des paris sportifs parce que nous voyons que le gouvernement a besoin de revenus; nous pensons que c’est inévitable; nous pensons que c’est la bonne chose à faire. »

Plus tard, Lawson se souvient avoir remarqué une omission frappante ainsi qu’une dangereuse faille dans la législation. « Lorsque Kevin Waugh a présenté son projet de loi d’initiative parlementaire, il ne mentionnait pas les courses de chevaux. S’il avait été adopté sur la base de la proposition de Kevin Waugh, il aurait permis à PointsBet, theScore et d’autres de proposer des paris à cote fixe sur les courses de chevaux. Je dois vous dire que s’ils allaient récolter tous les revenus et peut-être devenir le principal produit pour les courses de chevaux, comme cela s’est produit en Australie, ils auraient mis l’industrie des courses de chevaux en faillite au Canada. »

Le procureur général du Canada est intervenu. «Tout à son honneur, David Lametti a écouté et discuté de la situation et a dit : « Non, nous ne pouvons pas laisser cela se produire. Nous comprenons maintenant votre inquiétude. ».

Auparavant, les politiciens « ne comprenaient pas vraiment à quel point les paris à cote fixe étaient devenus populaires, et le fait que les paris à cote fixe soient maintenant plus populaires en Australie que les paris mutuels », explique Lawson. « Ils ont ensuite élaboré un projet de loi, en partie grâce à des discussions directes entre  moi-même et les gens de Woodbine. Puis, le ministère de la Justice s’est manifesté : Ils ont décidé de retirer leur projet de loi, et je ne sais pas si c’était pour des raisons politiques ou d’opportunité, peut-être les deux. Il a laissé le projet de loi de Kevin Waugh aller de l’avant, étant entendu, et j’ai parlé à Kevin, qu’il était ouvert à un amendement à son projet de loi, qui protégerait les courses de chevaux. »

 « Le projet de loi de Kevin Waugh a donc été amendé spécifiquement, et je pense que c’était le seul amendement important, sinon le seul amendement, pour dire que les paris sportifs n’incluaient pas les courses de chevaux avec pari mutuel. Cela signifiait que le seul pari sur les courses de chevaux qui pouvait se faire légalement au Canada était le pari mutuel, ce qui protégeait l’industrie hippique. Ainsi, le gouvernement fédéral, et c’est tout à son honneur, et j’adresse un grand bravo au ministère de la Justice, a protégé les courses de chevaux. Ils se sont levés et nous ont protégés. Ils ont compris le problème. Au fait... cela signifie que les paris à cote fixe sont illégaux. »

Avance rapide jusqu’en 2022 : « Nous sommes maintenant arrivés au stade où la gestion et le contrôle de cette question sont confiés aux gouvernements provinciaux dans chaque province. » Des protections fédérales sont en place pour les courses de chevaux, mais ce n’est pas le cas au niveau provincial.

« Nous, à Woodbine, sommes impliqués depuis un an - dans la législation, impliqués dans sa planification  », dit Lawson. « Nous avons rencontré probablement tous les grands opérateurs de paris sportifs qui arrivent dans ce pays... Ce sont toutes des sociétés de courses de chevaux, donc elles aiment les courses de chevaux. Cela fait partie de leur produit dans le monde entier. Leur intention a toujours été de pouvoir le proposer [les paris sur les courses], mais qu’ils doivent venir négocier avec nous pour l’obtenir à leurs conditions, car légalement, ils ne sont pas autorisés à le faire - cela ne peut être que du pari mutuel. »

« Les seules personnes qui détiennent des licences de pari mutuel sont les détenteurs d’hippodromes. La seule société qui détient une licence de pari mutuel en Ontario est Woodbine, que nous gérons pour tous les hippodromes de l’Ontario. Donc, à l’heure actuelle, notre intention, et nos attentes, étaient d’avoir une interface avec ces grandes sociétés de paris sportifs : Elles viendraient nous voir, comme l’ont déjà fait, une demi-douzaine ou plus d’entre elles et nous ont dit :« Nous voulons offrir des courses de chevaux », et nous leur avons envoyé des feuilles de conditions et négocié avec ces mêmes opérateurs de paris sportifs pour leur permettre, à des conditions financières acceptables pour nous, de proposer des courses de chevaux en ligne. »

Pour être clair, toute société de paris sportifs opérant au Canada ne peut agir qu’en tant que conduit pour les paris mutuels sur les courses fournies par Woodbine (et nous ne parlons pas seulement des courses de Woodbine Racetrack/Woodbine Mohawk Park).

Combination Race/Sportsbook

 

« Par exemple, si MGM ou Caesars ou bet365 voulait offrir des courses de chevaux, dans le cadre de leur menu de produits, ce serait notre produit – ils en  seraient simplement l’hôte », explique Lawson. « Ils ne feraient pas de paris sportifs sur les courses de chevaux ; cela se ferait sur notre système de cagnottes et nous intégrerions simplement notre système au leur, de sorte que lorsqu’un pari serait lancé, il s’agirait d’un pari mutuel... par conséquent, cela serait conforme au Code pénal... Ils seraient simplement le site hôte pour cela et nous le ferions à la fois sur leur système et sur HPI [le site ADW Horseplayer Interactive de Woodbine]. Avec la technologie d’aujourd’hui, les paris sont traçables et séparables, donc il n’y a pas de mélange de fonds, donc ils ne le font pas vraiment, ils ne font que l’héberger pour nous. » Il qualifie cet arrangement de « transparent » pour les clients.

Malheureusement, dans l’état actuel des choses, les courses de chevaux ne seront pas immédiatement disponibles sur les nouvelles applications de paris sportifs en Ontario. Selon Lawson, il est plus que regrettable que le modèle mondial d’intégration des courses et des paris sportifs n’ait pas encore été approuvé dans sa province. « Cela prend beaucoup plus de temps [que cela ne le devrait]. Nous devrions être en train de le faire depuis le 4 avril et nous n’avons toujours pas obtenu du gouvernement provincial les résultats que nous espérions. Quand j’ai dit que j’avais un point vraiment important aujourd’hui, c’est cela. »

Il ne prévoit pas que ce retard dure plus longtemps que juin 2022, si tant est que ce soit le cas. « Je pense que cela se produira. Je pense que cela devrait arriver. Je suis juste très frustré parce qu’il ne semble pas [au 11 mars] qu’il sera en place pour le 4 avril, et c’est un véritable préjudice pour l’ensemble du secteur des courses de chevaux. Cela va nous faire du tort car nous allons prendre du retard, alors que nous devrions être opérationnels le 4 avril. ».

Woodbine est une bonne citoyenne corporative, affirme M. Lawson, parfaitement équipée pour participer à son déploiement. Elle ne cherche pas à devenir une titulaire de licence de paris sportifs indépendant, mais seulement à s’assurer que les courses de chevaux soient disponibles sur d’autres applications sportives connectées à l’IPH. « Nous avons travaillé plus dur que quiconque sur ce projet. Nous sommes basés en Ontario. Nous sommes un organisme à but non lucratif. Nous réinvestissons les bénéfices pour soutenir l’industrie des courses de chevaux », explique-t-il à TROT. «  Et pourtant, nous voilà partis : nous avons toutes ces entreprises étrangères qui vont être prêtes à partir et à gagner de l’argent grâce à tous genres de paris sportifs... Le 4 avril arrive et nous ne sommes pas autorisés à intégrer notre produit avec eux, ce que nous planifiions depuis plus d’un an. »

Les paris sportifs vont sans aucun doute frapper durement les courses canadiennes, en plein dans le manche. « Je peux vous dire qu’en fin de compte, je pense que ce que vous allez voir, c’est que les principaux ADW dans les courses de chevaux au cours des cinq et dix prochaines années vont disparaître », dit Lawson. 

 « Je ne suis même pas sûr que l’IPH existera encore dans cinq ou dix ans. Il s’agira peut-être davantage d’une application de paris sportifs que nous avons intégrée avec tous les grands opérateurs sportifs, de sorte que vous vous rendez sur notre site, mais ce ne sera peut-être pas Horseplayer Interactive, mais Sportsplayer Interactive. Vous vous rendriez sur notre site, et le fil conducteur serait les courses de chevaux, mais vous pourriez parier sur les Leafs et les Raptors, etc. Je pense que c’est vers cela que le monde se dirige. Nous n’en sommes pas encore là, mais notre application Dark Horse est l’une de celles que nous avons construites pour nous assurer qu’elle permette les paris sportifs ; la technologie est là pour le faire. »

Pour l’instant, « Sportsplayer Interactive » est hypothétique. « Nous ne voulons pas être agréés en tant qu’opérateur de paris sportifs », confirme le PDG. Woodbine et les courses hippiques dans leur ensemble ne peuvent pas non plus rivaliser avec le blitz promotionnel des opérateurs de paris sportifs. « Ce sont des méga-entreprises », conseille-t-il, à traiter comme telles : « Les cinq ou six premières d’entre elles viendront en Ontario et dépenseront 75 à 100 millions de dollars [chacune, annuellement]. Notre budget de marketing représente environ 10 % de ce montant. Vous allez donc avoir dépensé 750 millions à un milliard de dollars en marketing dans la province de l’Ontario au cours de la prochaine année. » Le partenariat avec ces entités est évidemment crucial.

 Pourquoi ne suffit-il pas de créer une bourse en pari mutuel ? « Le modèle du pari mutuel ne fonctionne pas », déclare Lawson avec insistance, décrivant le problème auquel les hippodromes sont confrontés aujourd’hui : « Chaque fois que nous faisons courir des pur-sang... il vaut mieux ne pas faire de courses. Chaque fois que nous organisons une course, nous payons plus en bourses que nous ne faisons en paris, il faut donc s’attaquer à ce problème. Je ne suis pas sûr qu’on y parvienne un jour » Les machines à sous, et maintenant les paris sportifs, représentent une bouée de sauvetage financière pour les hippodromes, dont l’infrastructure est lourde, et qui ont souffert des vagues successives de légalisation qui ont érodé leur ancien monopole sur le paysage des jeux d’argent au Canada.

Le rôle passé de collaborateur solidaire des courses l’a soutenu tout en stimulant la popularité des machines à sous. « Woodbine était en faillite avant l’arrivée du Slots at Racetrack Program (SARP)  », raconte Lawson. « Nous avons créé le Slots at Racetracks Program à partir de zéro dollar et nous avons changé notre modèle (d’affaire) : Nous avons arrêté de faire payer l’entrée. Nous avons cessé de faire payer le stationnement. Nous avons tout changé. Nous avons investi massivement avec l’OLG dans les installations, le mobilier et les salles de machines à sous ; nous nous sommes occupés de la nourriture et des boissons. Nous avons aidé à construire l’entreprise de zéro [de 1998] à 2012, alors qu’elle générait près de 700 millions de dollars en machines à sous à Woodbine [seulement]. »

« Nous y avons joué un rôle important. Nous avons joué un rôle important en fournissant l’emplacement de ce qui était le meilleur site de machines à sous en Amérique du Nord à l’époque, en termes de dollars par machine à sous. Et le gouvernement libéral [provincial] nous a tourné le dos. Ils l’ont annulé ; ils pensaient que c’était trop d’argent, et ils n’ont pas remplacé l’argent. Puis ils ont décidé qu’ils n’allaient plus être dans l’affaire, et ils ont décidé de la privatiser. » Les hippodromes n’étaient pas autorisés à devenir des partenaires égaux dans le SARP, ajoute Lawson. « Nous voulions exploiter l’étage des machines à sous et l’étage des jeux à Woodbine et Mohawk. L’OLG nous a dit que nous ne pouvions pas encore l’exploiter, qu’il ne voulait pas que nous fassions une offre, et il nous a donc exclus des jeux terrestres. C’est la raison pour laquelle Woodbine reçoit des sommes importantes en vertu de son bail, tant à Woodbine qu’à Mohawk. C’est ce qui permet à l’industrie de fonctionner, compte tenu du modèle commercial très déficient que constitue le modèle du pari mutuel.

« Ils ont dit que nous ne serions pas autorisés à exploiter les machines à sous et les jeux de cartes à Woodbine et Mohawk. Nous sommes sortis et avons négocié des accords comme si nous allions faire une offre, et en fin de compte, tout l’argent du loyer - qui n’est pas vraiment de l’argent “de loyer” du tout - remplace le montant d’argent que nous aurions reçu si nous avions été un partenaire à Woodbine et Mohawk, sur la base des projections pour les jeux. Très peu de gens comprennent ce que je viens de vous dire. En fait, le gouvernement de l’Ontario - le gouvernement libéral précédent et l’OLG - a empêché Woodbine d’exploiter les machines à sous et les jeux de cartes. Et c’est pourquoi cela est si important pour nous : Le modèle économique [du pari mutuel] ne fonctionne pas aujourd’hui... Oui, nous avons un accord de financement à long terme, mais nous nous battons toujours pour garder la tête hors de l’eau et cela ne fera qu’empirer avec l’arrivée des paris sportifs. »

 L’AGCO (Commission des alcools et des jeux de l’Ontario) et le ministère des Finances n’ont pas donné d’indications sur la manière de réaliser le « couplage »  sport/courses. Les paris sportifs dans les établissements physiques commenceront parallèlement aux débuts en ligne, le 4 avril, et Woodbine ne pourra pas non plus les proposer dans les hippodromes et les points de vente Champions. « Le groupe démographique des paris sportifs est le même que celui des courses de chevaux, et c’est ce que le gouvernement a manqué ici : Ils confient les paris sportifs de détail aux casinos, mais les casinos ne gèrent pas de paris sportifs », déclare le PDG de Woodbine. « Je reconnais qu’il y a des paris sportifs dans les casinos de Las Vegas, mais prenons du recul et réfléchissons : où sont les paris sportifs dans le monde ? Paddy Power en Irlande ; William Hill au Royaume-Uni - ce sont les vrais paris sportifs dans le monde. »

“ Même si vous allez aux États-Unis, le plus gros salon de pari sportif des États-Unis en ce moment, et de loin, se trouve au Meadowlands Racetrack. Jeff Gural fait un malheur parce que, d’une manière différente, il participe et partage. Cela nuit encore une fois à l’industrie des courses de chevaux de l’Ontario, car nous sommes en concurrence avec Jeff Gural pour les meilleurs chevaux, et maintenant il gagne tout cet argent parce qu’il gère un grand pari sportif au Meadowlands.”

Lawson dit qu’il voit ce modèle fonctionner à Woodbine, à Woodbine Mohawk Park, au WEGZ Stadium Bar et dans certains sites de Champions comme Greenwood. « Je continue à être consterné que nous n’ayons pas été les choix évidents pour gérer les paris sportifs », ajoute-t-il. « D’ailleurs, nous ne cherchons pas l’exclusivité. Si le casino veut mettre en place un livre de pari à l’intérieur de Woodbine, dans ses locaux, nous sommes heureux qu’il le fasse, mais s’il vous plaît, ne nous dites pas que nous ne pouvons pas le faire - nous sommes dans le domaine des paris sportifs. C’est ce que nous faisons ».

« Cela semble si évident que les mots me manquent. Je ne sais pas pourquoi ce n’est pas approuvé », partage-t-il. « Il ne pourrait pas y avoir de meilleur endroit dans cette province où autoriser un salon de paris sportifs au WEGZ à Vaughan. Nous y réalisons 25 millions de dollars [par an] de paris mutuels. Nous pourrions tripler ou quadrupler ce montant, au profit de l’industrie des courses de chevaux et d’un partenaire « nous ne le gérerions probablement pas, nous ne sommes pas un opérateur de paris sportifs... Nous ferions quelque chose avec un bet365, ou même OLG et l’appellerions le « ProLine Sports Bar », plutôt que WEGZ. »

Pourquoi cet endroit ? « Il suffit d’aller au bar sportif WEGZ [Stadium] à Vaughan et de voir qui y va. C’est le groupe démographique qui va parier sur le sport, pas celui qui va  jouer sur les machines à sous à Woodbine. »

Selon lui, les paris à cote fixe sont également en passe d’être acceptés au Canada. La question est de savoir quand et comment. « Je pense que c’est à l’horizon. Cela nécessiterait une modification du Code criminel... Nous devrions veiller à le faire en collaboration avec le gouvernement pour nous assurer que les courses de chevaux sont protégées, quelle que soit la façon dont cela se passe, de sorte que chaque pari à cote fixe qui se déroule dans la province, que Woodbine et tous les hippodromes aient une part de ces revenus. Cela ne va pas se faire très rapidement. Je pense que la raison pour laquelle cela va se produire est que le marché va l’exiger au fil du temps. »

Les courses de chevaux sont souvent accusées d’être trop dépendantes des subventions. Développer une plus grande indépendance est-elle l’objectif de Woodbine ?  « Absolument. C’est mon objectif depuis six ans, d’essayer de le faire », note Lawson. « C’est pourquoi nous développons nos biens immobiliers. C’est pourquoi nous adoptons une approche aussi agressive pour travailler avec ces opérateurs de paris sportifs. Nous devons générer d’autres sources de revenus, car si nous nous en tenons au pari mutuel, nous ne pourrons jamais nous sortir de ce trou et nous serons toujours subventionnés par le gouvernement provincial. Et c’est ce qui rend la chose encore plus stupéfiante pour moi : Ils devraient essayer de nous aider à nous en sortir, alors ils ne nous subventionnent plus. »

Les joueurs de machines à sous n’ont jamais eu grand-chose en commun avec les parieurs hippiques, de sorte que lorsque les machines à sous ont amené ces clients dans les salons de courses, il n’y a jamais eu beaucoup de potentiel pour développer de futurs parieurs hippiques. Selon M. Lawson, les joueurs de poker, les parieurs sportifs et les parieurs hippiques ont suffisamment de points communs pour qu’il y ait déjà des croisements, mais les courses ont souffert d’obstacles réglementaires qui les empêchaient d’explorer cette synergie naturelle. Le moment est venu de positionner les courses aux côtés d’autres jeux rapides, basés sur les statistiques, dont les fans pourraient être conquis par l’athlète ultime - le cheval de course. Sinon, il y a peu de possibilités pour un nouveau venu de découvrir les courses de chevaux aujourd’hui.

« Oh, je pense que [les paris sportifs sur courses] peuvent absolument s’élever », convient Lawson. « Si nous sommes dans le courant dominant et que ces sociétés dépensent chacune 75 millions de dollars par an en marketing, c’est un véritable rajeunissement potentiel pour nous, et c’est pourquoi il y a un si grand potentiel. »

Cet article a été publié dans le numéro d'avril de TROT Magazine.

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