De nos jours, bien des grands titres de bulletins de nouvelles traitant des courses attelées tournent autour des machines à sous et des ALV. Le sport peut-il survivre sans eux? Les paramètres des ententes actuelles changeront-ils? Et le sport saura-t-il être autonome quand la poussière retombera?
J’ai récemment passé quelque temps à dépouiller les archives de quelques grands journaux d’Amérique du Nord, pour découvrir qu’un débat similaire avait eu lieu dans les années 1950 et 1960. Mais alors là, on ne parlait pas de machines à sous ni de diffusion simultanée comme les salvatrices des courses attelées – on parlait de courses en soirée.
À travers l’Amérique du Nord, les lumières se sont allumées et les hippodromes ont vu les foules et les paris exploser. Sans grande surprise, la capacité des courses attelées à attirer un auditoire d’après le travail et en soirée, a permis au sport de prospérer et de croître.
Un article paru dans le New York Times, édition du 25 octobre 1953, parlait des courses attelées les qualifiant « de sport en plus forte croissance aux États-Unis. » Il déclarait que les assistances aux hippodromes de New York étaient 34 fois plus importantes qu’en 1940 et que le pari mutuel s’était multiplié par 132.
Durant plusieurs décennies, les soirées nous appartenaient – trotteurs et ambleurs, sulkys et conducteurs.
Plusieurs parmi nous, se demandaient comment les parieurs de thoroughbred pouvaient disposer des fonds nécessaires alors qu’ils passaient la moitié de leur journée à parier sur les poneys. Mais c’était là leur problème, pas le nôtre. Sur le coup de dix-huit heures, les souliers de travail étaient enlevés et place à la soirée de courses attelées.
Quand la diffusion simultanée s’est amenée en piste, encore une fois les soirées ont été monopolisées par les standardbred. En pratique, il n’y avait pas de programmes de courses de thoroughbred le soir tombé – de fait, plusieurs pistes ne s’étaient même jamais donné la peine d’installer des systèmes d’éclairage ou rencontré de grands obstacles d’ordre législatif en essayant d’obtenir un programme en soirée.
Mais comme de moins en moins de gens se rappellent les débats passionnés à propos des courses en soirée d’il y a 50 ans, l’industrie des courses attelées semble aucunement déconcertée devant le danger évident et actuel qui se présente à nous aujourd’hui.
Le 19 juin dernier, pour la première fois de ses 135 ans d’histoire, Churchill Downs a expérimenté les courses en soirée. La présentation du vendredi soir a attiré au-delà de 28 000 personnes et a connu un tel succès que la piste a été complètement prise au dépourvu, totalement non préparée pour une telle foule.
Au cours des deux semaines suivantes, Churchill a répété l’expérience deux fois, attirant au total, plus de 80 000 personnes pour des programmes de courses relativement moyens. Le dernier programme, un jeudi soir, a établi un record d’assistance de tous les temps pour la piste en ce qui concerne un programme de course non relié aux Kentucky Derby ou Oaks.
Qu’il suffise de dire que Churchill envisage maintenant de remplacer son système d’éclairage temporaire par un système permanent.
En Floride, l’expérience a également retenu l’attention si bien que le gouvernement a récemment déposé un projet de loi qui permettrait, pour la première fois, la tenue de courses en soirée aux pistes Calder et Gulfstream. À New York, les officiels y prêtent aussi attention, et les commentaires à propos du potentiel des courses en soirée se fraient un chemin jusqu’aux pistes de l’État.
Alors, qu’est-ce que cela signifie?
Le moins qu’on puisse dire, les courses attelées ont beaucoup de difficulté à concurrencer le produit thoroughbred en matière de paris dollars. Même lors d’événements présentant des produits de qualité relativement modeste comme à Mountaineer Racetrack où les courses à réclamer à 5 000 $ rapportent souvent plus que ne le font nos hippodromes lors d’un programme complet.
Même le Little Brown Jug et l’Hambletonian, les deux présentés en après-midi, se disputent du temps d’antenne sur les chaînes spécialisées en courses de chevaux contre des courses de thoroughbred sans grand intérêt. Partout où les paris dollars importent, les courses attelées occupent le siège arrière.
Tout comme la poule de pari avant, les courses de thoroughbred en soirée sont en devenir et pourraient bien faire en sorte que moins d’yeux et moins de paris portent sur le produit standardbred.
Encore autre chose pour nous préoccuper.