En août 2024, le Dr Ian Moore a été, avec raison, intronisé au Temple de la renommée canadien des courses de chevaux, et il suffit de jeter un coup d’œil à la liste des chevaux qu’il a développés et fait courir pour comprendre pourquoi.
Je ne vais pas tenter de tous les nommer ici – je n’aurais de toute façon pas assez d’espace – mais disons simplement que lorsque le membre du Temple de la renommée Shadow Play et l’ancien Cheval de l’année Century Farroh n’occupent respectivement que les 4e et 5e rangs de ta liste du top dix, avec chacun plus de 1,5 million $ de gains, cette liste est pour le moins impressionnante.
Accéder au Temple de la renommée, toutefois, n’a en rien ralenti celui que tout le monde appelle « Doc », comme en témoignent les jeunes chevaux qu’il a préparés l’hiver dernier et leurs performances cette année.
« Nous en avions 16 [jeunes] en Floride l’hiver dernier, m’a confié Doc récemment, et je crois que 13 d’entre eux ont déjà pris des records – donc, on ne s’en sort pas trop mal », a-t-il dit en riant.
Quant à ralentir, c’est une chose que le Dr Moore laisse entendre depuis plusieurs années déjà – en fait, il a même envisagé ouvertement de prendre sa retraite comme entraîneur. Mais jusqu’ici, c’est aussi la seule chose qu’il n’a pas réussi à faire.
Il faut dire que c’est en partie de sa faute.
À 71 ans, il se comporte encore à bien des égards comme un jeune de 17 ans, surtout lorsqu’il passe l’hiver en Floride, où il nage quotidiennement, joue au baseball une fois par semaine, au hockey deux fois par semaine, tout en pilotant son propre avion et en s’occupant d’une écurie bien garnie.
« Je viens de recevoir un appel : ils m’ont encore inscrit dans cette ligue de hockey « âge ouverte » en Floride cet hiver, m’a-t-il raconté. Il y a des gars dans la vingtaine dans cette ligue, mais la qualité n’est pas vraiment élevée… je suis probablement encore parmi les meilleurs », a-t-il dit sans aucune vantardise. « Je ne suis pas encore certain si je vais rejouer aussi dans l’autre ligue », a-t-il ajouté.
Il est possible de ralentir au travail tout en restant actif, mais c’est en partie à cause de son succès comme entraîneur qu’il n’arrive pas à s’éloigner du métier, et il faudrait vivre sous une roche pour ne pas avoir entendu parler de sa plus récente vedette.
Doc m’a parlé de Beau Jangles pour la première fois en avril dernier, lors de notre entrevue annuelle pour l’édition « Twos In Training ». Le poulain trottait alors en 2:13 et la seule inquiétude était qu’il soit trop grand. Aujourd’hui, il est rendu en 1:49.1 et, après sa récente victoire dans le Metro Pace, il n’est qu’à 27 875 $ du million de gains.
Après le Metro, Doc a admis, dans une entrevue d’après-course avec John Rallis de TROT, que grâce à Beau Jangles et à la perspective d’une saison excitante à 3 ans en 2026, il ne prendrait une fois de plus pas sa retraite cet automne.
Honnêtement, j’ai des sentiments partagés à ce sujet.
Comprenez-moi bien : je ne veux pas voir Doc Moore quitter le milieu… j’adore sa présence.
Professionnellement, chaque fois qu’on lui demande de son temps, il se rend disponible – et il donne toujours de très bonnes citations.
Du point de vue d’un parieur, c’est un vrai cadeau aussi. On sait que ses chevaux sont prêts, qu’ils ne resteront pas à l’arrière du peloton, et que ses conducteurs les mettront dans le feu de l’action. Comme parieur, on ne peut en demander davantage.
La raison de mon dilemme, en partie, c’est que Doc m’a confié que lui et son épouse Nancy ont une maison qu’ils adorent, en bord de mer, dans leur province natale à l’Île-du-Prince-Édouard, et qu’il est chanceux s’il réussit à y passer six ou sept jours tout au plus dans tout l’été.
Il a reconnu que certains problèmes de santé liés au stress, survenus il y a quelques années, semblent maintenant sous contrôle, mais que le stress de la saison des stakes, les voyages et les longues heures finissent par peser à son âge.
Moore a eu 10 chevaux dans la finale de la North America Cup – ce qui l’égale au 4e rang de tous les temps avec Bob McIntosh et Casie Coleman – mais il ne l’a jamais remportée. Son meilleur résultat a été une 2e place avec Tattoo Artist en 2020.
J’aimerais voir cet homme gagner la N.A. Cup, avec ce fils ontarien de Cattlewash, puis filer (ou voguer) vers le coucher de soleil de l’Île-du-Prince-Édouard.
Il a tout accompli. Il a gagné plusieurs prix O’Brien et remporté la plupart de nos plus grandes courses. C’est un membre du Temple de la renommée.
Et à ce sujet, on dit toujours qu’un VÉRITABLE membre du Temple de la renommée – peu importe le domaine – est censé y être intronisé non seulement pour ses statistiques, mais aussi pour son caractère. J’ai récemment appris quelque chose sur Doc à cet égard.
Le Dr Ian Moore siège sur un conseil vétérinaire qui avait été averti que Flamboro Downs pourrait éventuellement manquer d’un vétérinaire de la commission, et qu’il n’y en avait aucun de disponible.
Au début de septembre, Doc a été informé que ce serait effectivement le cas à Flamboro dans un avenir rapproché, alors il s’est porté volontaire. Le soir du 5 septembre, il a suivi, tel qu’exigé, le module d’une durée de deux heures, en ligne. Ayant terminé à minuit, il était debout à 6 h le lendemain pour entraîner quatre chevaux, avant de prendre son avion pour The Meadows afin de faire courir Prince Hal Hanover dans le PASS Championship. Après avoir terminé 2e, il est revenu en Ontario pour courir quatre chevaux à Mohawk, puis il a passé deux heures à recevoir une formation pratique auprès du vétérinaire de la CAJO à Mohawk.
Il est rentré à minuit, après une journée de 18 heures, mais il était désormais accrédité pour exercer la fonction de vétérinaire de la commission à Flamboro, à temps pour son premier quart de travail, le 14 septembre.
Ai-je mentionné que c’était le jour où il devait s’envoler vers l’Ohio pour préparer la participation de Prince Hal au Little Brown Jug ? Un voyage qu’il a repoussé de 24 heures afin d’assumer son rôle à Flamboro.
Quand je lui ai demandé pourquoi il s’était imposé tout cela, alors qu’il n’en avait évidemment pas besoin, sa réponse a été simple :
« Je l’ai fait pour les gens de chevaux. Je ne voulais pas qu’ils aient à annuler un programme. »
Voilà ce qu’est un véritable membre du Temple de la renommée.
Quand tu arrêteras enfin, Doc, tu vas me manquer.
Profite de l’Île, mon ami.
Dan Fisher
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