« Je fais cela depuis plus de 20 ans et je n’ai jamais vu un groupe ou une communauté nous ouvrir ses portes comme nous l’avons vécu en réalisant cette série. Des gens d’OLG (Ontario Lottery and Gaming), d’Ontario Racing, de Woodbine et de toutes les merveilleuses personnes impliquées dans ce sport, tout le monde a été extraordinaire et a fait de ce travail un travail de rêve ! » ~ Michael Smith de « Bug Content », Producteur exécutif de « Unfiltered »
Par Dan Fisher // Traduction Manon Gravel
L’année dernière, lorsque l’OLG et Ontario Racing ont décidé de mettre les courses à l’avant-plan, cela a été une bonne nouvelle pour presque tous les acteurs de l’industrie. À l’heure où presque tout est diffusé en streaming vidéo sur son téléphone, sa tablette ou son ordinateur portable, la série télévisée Crave, « Unfiltered », a cherché à donner à notre sport une visibilité sans précédent à des millions de personnes qui n’ont pas encore expérimenté ce sport. Mais qui peuvent bien être les bonnes personnes pour raconter notre histoire ? Entrez dans l’agence connue sous le nom de TAXI et « dans l’embauche de Michael Smith (producteur exécutif) et Jeremy Grant (réalisateur) de Bug Content - deux hommes qui ont non seulement fait un travail formidable en faisant exactement cela, mais qui sont également devenus de grands fans de notre sport et ses participants tout au long du parcours.
TROT a récemment rencontré Michael et Jeremy et leur a demandé de partager leurs points de vue et leurs histoires de coulisses de la série de cinq épisodes, récemment terminés, qui est présentée sur Crave et qui peut également être visionnée sur le site Web de TSN et YouTube.
Pour commencer, racontez-nous un peu comment vous avez débuté dans ce que vous faites dans la vie et si vous avez eu des expériences passées dans les courses de chevaux avant de commencer à travailler sur cette série.
JEREMY : Mon histoire est que j’ai grandi dans une petite ville de la Colombie-Britannique en faisant du vélo de montagne, et tous mes amis sont devenus très bons très rapidement. Nous avions l’habitude de nous filmer les uns les autres, et ils ont tous commencé à faire ces « cascades défiant la mort ». J’ai alors décidé que je serais plus en sécurité derrière la caméra (rires). Depuis, soit environ 20 ans maintenant, j’ai parcouru le monde en faisant connaitre des sports rapides et passionnants… beaucoup de ski, de VTT, de motocross. Tout ce qui est rapide et à enjeux élevés, je l’ai fait. J’ai dit, avant de commencer cette série, que je n’étais allé à Toronto qu’une seule fois, mais que je suis allé trois fois dans le désert de Gobi et deux fois au pôle Nord. La plupart de mes déplacements se font au milieu de nulle part, mais lorsque OLG, TAXI et Michael m’ont contacté, j’ai immédiatement vu l’essence du cœur dans ce sport. J’ai aussi vu le risque et la récompense, et à quel point c’était semblable à tant d’autres sports que j’ai pratiqués... J’ai aussi vu un peu que c’était un sport compliqué et à quel point ce serait un défi de faire participer les gens et apprendre à connaître toutes les couches de ce sport. Ma lacune, je n’avais jamais travaillé dans les courses de chevaux auparavant, mais j’avais beaucoup travaillé dans des sports très intenses… J’ai réalisé que ce n’était pas un obstacle mais un super pouvoir, pour arriver avec une nouvelle perspective. J’en savais autant qu’un nouveau public en savait, et je savais que je pouvais les emmener avec moi pour cette balade. Mais ce qui m’a vraiment attiré… on ne fait pas aussi longtemps des films sur le sport sans être accro à quelque chose, et pour moi, c’est cette passion. J’ai immédiatement compris cela dans les courses de chevaux.
MICHAEL : Depuis le début, je suis tombé « cul par-dessus tête » dans ce domaine. J’étais censé être pompier, mais avant d’aller à l’école des pompiers, j’ai réalisé que j’avais une peur irrationnelle des échelles, donc ça n’allait probablement pas marcher (rires). J’étais correct avec le feu mais pas avec les échelles. J’ai été acteur pour un second rôle et c’est à ce moment-là que j’ai réalisé que j’adorais ce métier. Quelqu’un m’a dit de me lancer dans la publicité d’abord parce que quand on est assistant de production dans des films, on ne veut rien faire d’autre… on ne peut pas s’empêcher de comper les prises ou quelque chose comme ça. Il y a un rythme naturel lorsque vous faites des publicités, vous avez 2 à 3 heures de temps libre, deux fois par jour, où vous pouvez commencer à passer du temps avec les caméramans ou qui que ce soit d’autre… vous pouvez commencer à apprendre tous les rudiments du métier et comment fonctionnent certaines choses. J’ai donc finalement gravi les échelons, commencé à produire et ouvert ma propre entreprise [Bug Content] il y a quelques années. Je représente une écurie de réalisateurs… Le client [OLG] travaille avec l’agence - TAXI - et a envoyé le scénario à tous les producteurs exécutifs qu’ils connaissent et en qui ils ont confiance. Ensuite, j’ai proposé un réalisateur [Jeremy] que je veux pour diriger le projet. Ils [TAXI] en choisissent trois, puis nous nous lançons dans une guerre d’enchères. C’est à ce moment-là que Jeremy présente la manière dont il va aborder le travail, puis nous travaillons ensemble, avec l’agence, sur un budget prévisionnel. Je n’avais aucune expérience en courses de chevaux mais j’ai toujours aimé écouter la description [des courses]. Je regarde souvent le Kentucky Derby juste pour ça… ce « Rich Strike call » [Kentucky Derby 2022] m’attire toujours (rires). J’avais une affinité pour ce sport parce que j’aime les chevaux. J’adore les chevaux. Ils ont été plutôt distants avec moi toute ma vie, et vers la fin du tournage, il y a eu une belle petite cerise sur le sundae dans la mesure où j’ai appris à être un peu plus près d’eux.
Parlez-nous un peu des personnes du monde des courses avec lesquelles vous avez travaillé le plus étroitement du côté des Standardbred. Peut-être quelque chose qui s’est passé dans les coulisses, ou simplement quelque chose qui vous vient à l’esprit lorsque vous entendez leur nom.
TYLER JONES, « La Recrue... »
JEREMY : En fait, Tyler m’envoyait justement un texto hier soir pour me dire à quel point il aimait la série. C’est un être humain formidable en plus d’être un grand conducteur. Ce que je préfère chez lui, c’est la confiance qu’il nous a accordée dès le début… en nous laissant entrer dans son environnement. Normalement, quand on est devant la caméra, les gens ont besoin de temps pour s’échauffer, mais immédiatement, il a en quelque sorte cédé et nous a montré tout son potentiel et sa personnalité, puis nous guider dans ce qu’il faut souligner et ce qu’il ne faut pas souligner. C’est juste un gars tellement authentique. Même dans son travail précédent, je veux dire avec les enfants… il a juste un cœur tellement énorme. Il savait qu’il allait être « The Rookie… » il connaissait le rôle pour lequel il avait été choisi et était suffisamment conscient de son rôle... il a beaucoup de confiance mais il est juste là pour apprendre encore, et j’ai été tellement impressionné par cela venant de lui.
MICHAEL : Il était incroyable. Ça aussi été agréable de rencontrer Dustin… c’était l’une des raisons pour lesquelles nous avons choisi Tyler, pour montrer cette histoire père/fils, son père ayant été un conducteur très talentueux. Je dirai que du point de vue de la production, lorsque le propriétaire de No Control a décidé de retirer le cheval de la « North American Cup » [éliminations], cela a évidemment créé un énorme problème pour nous dans l’histoire. Nous nous sommes dit : « Oh merde, comment allons-nous garder Tyler là-dedans ? » C’était donc une chose énorme et une courbe d’apprentissage quant au côté imprévisible de ce sport, parce que nous sommes habitués à ce que tout soit verrouillé en une semaine ou deux semaines à l’avance. Je travaillais avec Jeremy depuis environ un an et demi à ce moment-là et je ne savais même pas qu’il avait ça en lui, mais ça m’a vraiment impressionné de voir à quel point il était capable de se virer sur un dix sous et de trouver une histoire à raconter. « Ok, ça n’a pas eu lieu, alors maintenant nous allons raconter ce côté de l’histoire. » En tant que producteur exécutif, c’était vraiment génial de voir Jeremy réagir comme ça.
JEREMY : Nous en parlions depuis des mois, avec tout cela en référence à la « North American Cup… » Nous parions sur des conducteurs en particulier pour faire ceci ou cela. Quelle belle histoire si la recrue réussit et remporte la « North American Cup ». C’est une « long shot », nous le savions, mais c’est une histoire dont nous rêvions en quelque sorte dans nos têtes. Dans les semaines qui ont précédé, on entend dire que son cheval se porte bien… et puis, comme c’est tellement classique dans les courses de chevaux, boum, le cheval n’est même pas dans les éliminatoires et Tyler n’a qu’une seule « drive » le grand soir. Ensuite, on s’est dit que nous avions Doug et James, les deux conducteurs en tête du classement - ils étaient ma « ceinture de sécurité » - mais Doug n’a pas obtenu de drive dans la finale et James a eu un long shot avec une mauvaise position de départ. Nous avions prévu une saison entière autour de ça… C’est comme un concours de réalisation de films. Vous devez vous revirer de bord et trouver une nouvelle voie, une nouvelle histoire à raconter. Pour moi, dans ce dernier épisode, ce que j’ai tant aimé, c’est qu’après que James ait terminé dernier dans la finale de la « North American Cup », il a ensuite montré cette résilience pour revenir et gagner de quand même la toute prochaine course. Pour moi, c’était comme perdre le septième match de la finale de la Coupe Stanley et devoir revenir jouer à nouveau 10 minutes plus tard.
JAMES MacDONALD, « Le King James… »
JEREMY : James a déclaré : « Si vous réussissez vraiment très bien dans ce sport, vous perdez quand même 80 % du temps ». Michael et moi utilisons cette phrase tout le temps maintenant, dans la vie, et pas seulement dans les courses de chevaux (rires). Mais mon histoire préférée venant de James et Doug qui ne figure pas dans la série (la plupart d’entre elles sont dans la série) était au casting. Raconter trop d’histoires, c’est ne rien raconter du tout – nous perdrons le public. Nous voulions juste raconter trois ou quatre histoires principales. Nous avions une liste d’environ 10 conducteurs qui nous avaient été recommandés comme de bonnes histoires potentielles. Nous passons des appels téléphoniques pour voir qui a une bonne personnalité pour être filmé et voir s’ils sont intéressés à participer à cela. J’ai d’abord parlé à James et il était génial… puis j’ai appelé un autre conducteur, puis j’ai appelé Doug. J’étais sur le point de raconter à Doug de quoi il s’agissait et il a dit : « Oh, ne vous inquiétez pas, je viens de parler à James » (en riant). Ils sont donc, premier et deuxième dans ce sport – les meilleurs compétiteurs – et ils s’appellent aussi vite à propos d’un documentaire. J’ai trouvé cela très intéressant. Et ils l’ont tous deux immédiatement dit qu’on leur avait demandé : s’il y avait un seul gars qu’ils aimaient le plus battre, c’était bien l’un l’autre. J’ai alors pensé que c’était aussi très intéressant. Il y a une telle amitié là-bas… ils sont suffisamment amis pour s’appeler à propos de ce documentaire, mais ils ont tellement envie de battre l’autre.
MICHAEL : Comme Jeremy l’a dit, la relation entre James et Dougie est tout à fait unique, mais à part ça, quand je pense à James, je pense à son père, Fred, lui qui ne figure pas dans le montage final, malheureusement. Quand nous avons fait tout ce road trip jusqu’au Camluck [Classic], le père de James est venu avec lui. Nous avons eu tout un tas de trucs qui… Je ne sais pas si vous connaissez le père de James (rires) mais malheureusement, ce n’était pas assez « approuvé par les parents » pour être retenu, mais c’était aussi un sacré voyage. Ensuite, nous l’avons perdu lors de l’événement lui-même, nous n’avons donc pas pu le lier du tout à l’histoire, ce qui était dommage. Il est apparu dans le cercle des vainqueurs lorsque James a remporté la seule grande course [The Forest City Pace] mais à part ça, nous l’avons perdu (rires). D’après ce que nous savons de la famille, on s’est dit que nous pourrions probablement faire un documentaire complet sur eux. En fait, lorsque nous avons abordé cette question, l’une de nos idées était de rechercher quelqu’un, comme Tyler, qui avait une lignée dans le sport, mais nous avons vite réalisé que c’était la même histoire partout, comme si tous les membres de la famille étaient impliqués. C’est un aspect très intéressant du sport.
DOUG McNAIR, « L’enfant prodige… »
JEREMY : Avec Doug et James, ils ont été tellement accueillants dès le début. Ce n’était pas du « fake ». Ils ont tous les deux dit des choses comme : « Vous devez venir jouer au golf avec nous ; nous devrions tous aller à un match de hockey ». Je jure qu’ils nous auraient invités pour dormir sur leurs canapés si nous avions voulu ce genre d’accès. Mais il faut vraiment de la franchise dans une série comme celle-ci. Beaucoup de gens changeront qui ils sont réellement devant la caméra, mais Dougie n’était pas comme ça. C’était la même personne avant et après que nous ayons appuyé sur le bouton rouge - ce qui est très important. Au début de la série, je pensais vraiment que nous avions en lui notre vétéran confiant… ce qui s’est produit, à cause de son honnêteté et de sa franchise, c’est qu’on a commencé à vraiment tomber amoureux de lui. Mais par hasard, même s’il connait une bonne année, il a continué à avoir cette humilité lorsque nous étions avec lui. Nous avons donc vraiment commencé à jouer là-dessus. Dans le dernier épisode, nous avions vraiment besoin de lui pour remporter une grosse victoire. Ensuite, évidemment, il a remporté deux grosses victoires [dans l’Armbro Flight et Roses Are Red], y compris ce retour incroyable [après l’accident de la Mohawk Gold Cup], et il nous a vraiment montré à moi et au public de quoi il était capable et pourquoi il est, au-delà de sa personnalité et de tout le reste, l’un des meilleurs conducteurs dans l’industrie.
MICHAEL : Nous rions tous encore, parce que dans le premier épisode, il rentre chez lui et il dit à James qu’il veut qu’il gagne ; puis plus tard dans la série, il admet qu’il plaisantait, mais le soir de la N.A. Cup, il l’a finalement pensé (rires). Il ne nous a vraiment jamais censurés sous aucun prétexte… s’il connaissait une mauvaise soirée ou quelque chose comme ça, il laissait tout ça tel quel. Quand ils nous donnent toute cette liberté, cela nous rend la vie beaucoup plus facile. Ce n’est pas qu’ils aient réellement accès aux images à l’avance ou quoi que ce soit, mais dans ce cas-ci, ils l’ont eu (rires)… Il y a des extraits qui vont à des endroits comme aux gens de Woodbine, et il y a eu une fuite quelque part (rires). L’un d’eux commentait une partie [dans un prochain épisode] alors j’ai dit : « Comment sais-tu ça, ce n’est même pas encore sorti ? »
CHRIS MATTHEWS, « L’entraineur adjoint… »
JEREMY : Lors des appels de casting dont j’ai parlé plus tôt, Chris m’a raconté cette histoire qui a été racontée dans le premier épisode à propos de son asthme, et je me suis dit : « Ça y est ». Il est facile d’exalter les rivalités et les sports classiques, mais ce qui rend les courses de chevaux spéciales, ce sont les chevaux. Donc, sans pouvoir vraiment suivre un cheval pour la série - parce qu’il y avait trop de variables avec eux - cet amour pour les chevaux émanait de Chris plus que tout. Je savais qu’il était important de montrer que… il y a cependant un certain style de « langage non-verbal » dans le cinéma – vous ne voulez pas seulement le dire. Mais ça se voyait dans chacune de ses actions, dans son amour des animaux. L’heure à laquelle il se réveille le matin… et c’est… vous le ressentez, les héros méconnus du sport. James, Doug et Tyler sont incroyables, et ils passent même au deuxième rang après les chevaux, mais derrière eux se trouvent ces gens incroyables qui se réveillent tôt… comme, lorsque nous tournions avec Chris et Doug à la ferme, nous étions là avec Chris à cinq heures du matin. Un orage électrique survient, il aide à tirer les véhicules de production avec lesquels nous étions coincés (rires), et il fait des interviews et tout, et Doug a dormi jusqu’à 11 heures ce matin-là (rires). C’est tellement important de voir tout ça. Chris est comme une métaphore pour toute l’équipe qui est derrière tout cela - les palefreniers… il y a bien plus encore derrière les entraîneurs et les entraîneurs adjoints. Le plus grand défi est qu’il y a tellement de personnes à mettre en avant. Chris était parfait à utiliser, pour montrer l’émotion de l’amour des chevaux par-dessus tout, et nous savions que c’était essentiel à la série… et puis aussi quelqu’un pour combattre Doug et le ramener sur Terre (rires).
MICHAEL : Vous ne pouvez pas vous empêcher de soutenir ce type. Il est tellement merveilleux. Mon père, qui n’aime pas les chevaux, a dit la même chose que vous, à quel point la partie du premier épisode avec Chris [où il décrit son asthme et comment il a décidé de travailler avec les chevaux de toute façon] était tellement émouvante et à quel point ça l’a vraiment atteint. Je pense aussi à la façon dont l’accident s’est produit [le soir de la N.A. Cup] et à la façon dont Doug était déprimé et à la façon dont Chris était visiblement très inquiet… il a juste couru tout le long du dernier droit et a failli se retrouver à l’hôpital à cause de son asthme (rires). C’est un lien spécial entre ces deux gars, je pense, et c’était génial d’être avec eux et d’être dans leur entourage. Je veux dire, nous étions inquiets aussi. Nous savions que Doug était tombé. C’était notre ami sur la piste. Maintenant que c’est fini, ces gars nous manquent vraiment. Vous savez ces gens extraordinaires sont dans votre vie, et il y a une raison pour cela, et maintenant le but a disparu, et ils sont partis… c’est un peu malheureux, et pour être honnête, c’est parfois difficile à gérer. Ça peut vous foutre la trouille aussi.
KELLY SPENCER…
JEREMY : Le terme est « Il est difficile de distinguer la forêt des arbres », alors demander à l’un de ces conducteurs ou entraîneurs « Que s’est-il passé dans cette course ? » ou « Quelle était la signification de cela…? » L’essentiel du travail du conducteur n’est que de trouver comment gagner, donc il n’a pas de point de vue objectif (rires). Nous savions donc que nous avions besoin de quelqu’un pour éduquer le public, le guider, lui donner de l’importance et mettre les choses en place rapidement… Kelly était tout ça. Elle est si intelligente, une si bonne raconteuse. Les interviews, on commençait par son interview à elle et nous élaborions l’histoire ensemble, puis la construisions ensuite avec leurs interviews. C’était formidable de s’appuyer sur sa connaissance du sport. Encore une fois, je ne connais pas très bien ce sport, donc je pouvais poser les « questions stupides » que le public se poserait, car il est si facile de se perdre rapidement dans ce sport, et il était si important de s’assurer que tous ceux qui entraient connaissaient… les enjeux et les règles les plus simples. L’idée générale de la série est d’attirer les gens. Tout notre travail, et Kelly nous a beaucoup aidé avec cela, consistait simplement à ouvrir la porte, à inciter les gens à jeter un coup d’œil, à tomber amoureux des personnages, puis à les diriger à partir de là.
MICHAEL : Elle a été critique en ce qui concerne l’histoire elle-même, ce que vous voyez à la caméra, et elle a joué un rôle crucial en nous aidant Jeremy et moi à y naviguer - en particulier, au début, lorsque nous ne connaissions rien. C’est une vraie pro et… elle s’exprime très bien. Elle nous a donné les meilleurs extraits sonores comme « Des athlètes professionnels conduisant des athlètes professionnels ». Allez! Nous aurions pu poser 50 questions et ne rien obtenir de tel (rires). Elle avait des tonnes de choses comme ça. Elle était géniale, tout comme Jeff [Bratt] aussi.
Y a-t-il autre chose que vous aimeriez ajouter, que vous pensez que nos lecteurs pourraient trouver intéressant sur ce que c’était que de tourner cette série pour vous, par rapport à d’autres ouvrages que vous avez peut-être réalisés ?
JEREMY : Il y a tellement de superbes documentaires sportifs disponibles actuellement sur des plateformes comme Netflix, donc les gens comprennent en quelque sorte. Les gens ont compris ce que nous essayions de faire et se disaient : « J’aime ce que Full Swing a fait pour le golf, nous voulons cela pour notre sport ». Mais ce que ces séries ont, c’est qu’elles sont tournées une saison entière, le montage est fait un hiver entier, et ça sort l’année suivante… Alors que nous, on a fait ça en direct, dans le sens où nous tournions, et dans un mois, cet épisode serait diffusé. On ne saurait pas comment ça se va se terminer… Ce n’est pas de la triche [dans l’autre sens], c’est une bonne narration, mais quand on sait comment ça se termine, tous les chemins mènent à cette fin. Nous n’avions aucune idée de la façon dont cela allait se terminer, comme n’importe qui regardant une course. Donc, du point de vue de la narration, vous essayez de couvrir le sujet de manière suffisamment large, mais vous avez toujours besoin que le public investisse. Tout comme dans les courses de chevaux, parfois, la personne sur laquelle vous pariez ou que vous suivez toute la saison ne remporte pas la grosse course. Mais je trouve qu’en tant que narrateur, c’est bien plus intéressant que la garantie de savoir comment ça va se terminer. C’est tellement vrai pour les courses de chevaux, car il y a tellement de variables, et c’est ce qui les rend si excitantes. C’est cependant bien plus un défi pour les entreprises traditionnelles qui tournent pendant une saison puis montent pendant huit mois, créant les histoires qui leur plaisent. C’était un grand défi.
MICHAEL : En fin de compte, notre travail consistait à amener les gens à la piste, et d’après ce que nous entendons, nous ne le savons pas avec certitude, mais nous entendons dire que les statistiques sont en hausse, qu’il y a plus de monde qui vient à la piste, les paris ont augmentés, Le « King’s Plate » était à guichets fermés pour la première fois depuis des années… alors j’espère que ça fait la job.
JEREMY : Je pense qu’il est important de mentionner que, comme pour les courses de chevaux, il faut dire que du côté de la production, c’était comme une armée, une immense équipe, comme une famille, qui a travaillé ensemble sur ce projet. Je pense que la raison pour laquelle la série est si forte est qu’il y avait un tel équilibre entre les gens d’OLG et d’Ontario Racing… et les gens de TAXI et Bug [Contenu]... Tout comme une course de deux minutes est le point culminant d’une vie, cette série-là est similaire du point de vue de la production.
Autre chose messieurs ?
JEREMY : Il y a tellement plus à raconter… ce sport est tellement riche en histoires. J’ai fait des séries documentaires sur d’autres sports et c’est comme : « Très bien, nous avons raconté l’histoire, nous avons terminé » mais là c’est… J’ai l’impression que nous n’avons fait qu’effleurer la surface. Je repars après certaines de ces courses… nous avons terminé les Standardbreds et sommes retournés aux Thoroughbreds, puis j’ai appris quelques informations supplémentaires et ça m’a fait réaliser qu’il y a un tout autre aspect de cela qui pourrait être raconté ici.
MICHAEL : Le client [OLG] a été tout simplement formidable en nous faisant confiance et en nous laissant faire. Nous avons généralement une configuration dans laquelle le client et l’agence sont présents, et le flux de travail typique est que nous faisons une photo et que nous vérifions avec eux : « Êtes-vous d’accord avec ça ? Oui? Non ?’ Si c’est oui, nous passons à autre chose ; si c’est non, alors nous devons faire une autre variante. Puis est venu le premier tournage, avec Tyler dans l’écurie, et je n’ai pas pu leur donner un extrait après cela à cause de la nature de tout cela [les chevaux ne font pas de deuxième « take »], alors ils ont juste dû nous faire confiance… c’est du jamais vu dans ce métier. Du jamais vu… On ne sait pas s’il est question d’une deuxième saison. Je suis sûr qu’OLG et TAXI devront examiner les statistiques et voir ce que cela a donné, si cela vaut la peine d’essayer à nouveau, et jusqu’où pouvons-nous faire avancer les choses. Je sais qu’ils sont heureux, alors j’espère, nous espérons. Je sais que nous aimerions le refaire encore, mais nous ne le savons pas pour le moment.
JEREMY : De notre point de vue, c’était un vrai régal. Je l’ai dit plus tôt, mais nous n’avons fait qu’effleurer en surface ici. Il y a tellement d’autres histoires et c’est une communauté tellement merveilleuse, donc peu importe où cela aboutit, personnellement, j’adorerais recommencer. Le sport en général, je me suis tout de suite senti comme en famille. J’ai travaillé dans de nombreux sports et, dans certains, il faut vraiment se frayer un chemin. Ils sont trop cool, trop dans l’élite; vous n’avez droit qu’à un certain temps avec eux. Mais ici, toute la communauté nous a accueillis… et nous a beaucoup appris. Le côté Standardbred était vraiment style « col bleu » et ils nous ont vraiment bien accueillis. Les deux côtés [Standardbred et Thoroughbred] étaient cependant incroyables avec lesquels travailler.
MICHAEL : L’une des choses qui m’a vraiment frappé, je ne me souviens plus qui l’a dit exactement, c’est que les chevaux aussi peuvent avoir des séquences comme n’importe quel autre athlète professionnel. Ils savent quand ils gagnent et quand ils perdent, et ils peuvent sombrer dans la déprime et s’effondrer comme n’importe quel autre athlète. J’ai trouvé que c’était vraiment intéressant à apprendre. Je veux dire, ce sont des animaux ! J’ai trouvé ça vraiment incroyable… La journée que nous avons passée à la ferme de réhabilitation des chevaux était une journée juste magnifique et merveilleuse… Je pense que les gens doivent en être conscients, je pense que c’est un secret bien gardé… Je pense que nous avons besoin de plus d’endroits comme celui-là. C’est un élément très important dont les gens doivent être conscients.
JEREMY : Je suis un très grand fan d’histoires humaines, alors m’asseoir et regarder quelque chose [un événement sportif] à la télévision, ce n’est pas vraiment mon genre. J’aime bien... ce que je préfère dans tout ça - je veux dire, la partie course est incroyable - mais ce que je préfère, c’est de m’asseoir avec Doug [McNair] et de lui parler pendant deux heures... d’en apprendre plus de cette façon. Les histoires humaines sont si riches. Je savais ce que la plupart des gens savaient sur les courses, mais je voulais en savoir plus sur tout ce que ça implique. Bien plus que n’importe quel sport que je n’ai jamais couvert… genre, sept jours sur sept, debout à quatre heures du matin… J’attendais toujours impatiemment un « Ok, c’est fini, sortons boire une bière, c’est fini », mais cela ne se termine littéralement jamais. Chaque jour, ils reviennent.
Cet article a été publié dans le numéro d'octobre de TROT Magazine.
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