Tous deux faisaient ce qu’ils devaient.

« Dès mon tout jeune âge, j’ai été autour des chevaux de mon père, mais ce n’est que durant mes années de secondaire que je suis tombée sous leur charme.

Mon père aimait me voir dans l’écurie ainsi qu’aller l’aider en course… quant à ma mère, elle pensait plutôt que je devais aller faire mon secondaire ou aller à l’université. Si j’étais à l’école et que je voulais aller à l’écurie pour être avec les chevaux, j’appelais mon père pour qu’il vienne me chercher – et non ma mère.» ~ Amanda Fine.

Par Dan Fisher / Traduction Louise Rioux

Peu de gens dans ce monde sont assez chanceux pour être capables de gagner leur vie en faisant ce qu’ils aiment. En fin d’adolescence ou lors de notre jeune vingtaine, on nous demande de faire un choix de carrière, et finalement passer le reste de nos vies à le pratiquer – alors pourquoi ne pas être heureux de notre choix si possible?

« J’ai vraiment envisagé quelques différentes avenues... divers cours universitaires et ainsi de suite, » se rappelle Amanda de ses dernières années d’adolescence. « Je ne trouvais rien qui s’approchait de ce que je ressentais auprès des chevaux. Au cours de mes deux dernières années de secondaire, j’ai suivi un stage coop durant le second semestre et suis allée aux États-Unis, travailler pour mon père (Marty)… il était alors établi à Pocono et alla ensuite en Floride. Je suis allée aux États-Unis avec lui, essentiellement de janvier à septembre, puis je suis reve-nue à la maison à Uxbridge à temps pour le premier semestre de ma 12e année, j’ai aussi suivi un autre stage coop et suis retournée travailler pour lui.

Dès qu’elle a gradué de son secondaire, l’entraîneuse maintenant âgée de 23 ans, est tout de suite retournée à l’emploi de son père, et n’a jamais plus regardé derrière. Récemment, son père, un gagnant de 733 courses et de plus de 8,5 M $ en bourses, souhaitant prendre du recul, la plus jeune’ Fine’ s’est branchée sur ses propres débuts en mai 2019.

« Mon père vient encore un peu autour, » dit Amanda, « spécialement si j’ai un cheval difficile ou si j’ai un problème particulier avec un au-tre, mais en fait, il n’est plus intéressé à se trouver autour d’eux, et est pratiquement à la retraite. Ma mère, Van Till, en est éventuellement venue à accepter le fait qu’effectivement c’était ce que je voulais faire, » en riant, « et maintenant elle travaille pour moi. Elle a travaillé au Prince Lee Acres durant 18 années – c’est comme cela que mes parents se sont pratiquement rencontrés – elle apporte donc beaucoup de connaissances à notre écurie. »

Travailler aux Classy Lane Stables à Puslinch, Ontario, avec, à ses côtés, son chien de confiance, Ziya, c’est facile de constater que sa tâche ne ressemble en rien à un travail pour Amanda Fine, et ce pourrait bien ne pas être une passion de courser des chevaux qui se démarque, autant que son amour vrai pour ses animaux. Et pour au moins l’une des présentes étoiles de son écurie, cet amour est en grande partie la raison pour laquelle il est même vivant aujourd’hui.

Highland Diablo. Vous n’en n’avez jamais entendu parler, n’est-ce pas? C’est pourquoi Amanda a changé son nom pour Highland Mowgli – un rejeton de Archangel âgé de deux ans ayant gagné une semi-finale OSS Grassroots cette année et amassé 58 654 $ en seulement huit départs, alors qu’il se prépare pour les semi-finales Grasssroots. Le changement de nom sera commenté plus tard.

« Mary Clark des Highland Thoroughbred Farms est ma plus importante propriétaire, » dit Amanda. « Nous avons vraiment une belle relation et elle a été très bonne pour moi. Je suis allée à leur ferme à plusieurs reprises, alors j’ai vu Mowgli plusieurs fois alors qu’il n’était qu’un bébé… Je ne m’y suis pas réellement intéressée plus qu’aux autres à ce moment-là. Puis, à peine âgé de quelques mois, il a fait une infection à un jarret. Je n’en connais pas tous les détails mais selon toute apparence, l’infection commença à se propager et à s’approcher de son foie… si elle s’y ’était rendue, il aurait probablement pu en mourir. Ils l’ont envoyé à l’université de Guelph pour y subir une chirurgie d’urgence et comme je vivais à Guelph, je suis allée le visiter à tous les jours durant son séjour. Lui et moi avons commencé à développer un lien au cours de toutes mes visites, » dit Fine en souriant.

« Quoiqu’il ait été très malade, ils lui ont sauvé la vie, sa mère et lui sont retournés à la maison, mais il était très maigre après tout cela. Je pense qu’il s’est fait pousser par les autres poulains, et en raison de son apparence et son très laid jarret, Mary décida de le retirer de la Lon-don Sale… elle figura qu’il ne rapporterait pas suffisamment pour que cela en vaille la peine. Mary sait que tous nos chevaux sont très bien trai-tés, et elle ne savait que faire de lui. Elle savait que je l’aimais bien suite à nos soirées à l’université et elle me dit que sachant qu’il aurait un bon foyer, je pourrais l’acheter pour 4 K $. Sa mère (Gwyneth Hall) avait produit un gagnant de plus de 800 000 $ (Godiva Hall) et je savais que jamais je ne pourrais acheter un tel pedigree pour cette somme de 4 K $, alors je l’ai acheté. »

Cassé avec les autres poulains, le maigre poulain Archangel a pris bien au sérieux son travail. Il n’avait rien de flamboyant en quoi que ce soit – il était toujours plutôt maigre et n’était pas beau, mais au cours des semaines suivantes, quelque chose est apparu aux yeux de sa nouvelle propriétaire/entraîneuse à l’effet que quelque chose n’allait pas.

« Il n’a jamais eu de mucus dans le nez ou n’a jamais toussé, et nous avons prélevé du sang et il n’y avait toujours rien, » se rappelle Amanda, « mais il a commencé à moins s’alimenter quelque part en décembre et, il a éventuellement développé de la fièvre. Notre vétérinaire, John Hennessey, l’a traité avec de la bute et banamine contre la fièvre, et il essaya quelques différents antibiotiques, mais rien ne fonctionnait. Il n’avait presque pas mangé depuis des jours, et à un moment donné sa température atteignit presque 106 même avec la bute et la banamine. Je revenais vérifier son état à de multiples fois par jour et nuit, ‘dit Amanda haussant les épaules. » J’ai passé plusieurs heures à l’intérieur et à l’extérieur de sa stalle. La seule nourriture qu’il prenait consistait en un peu d’herbe. Je quittais l’écurie chaque jour vers une heure, et je revenais aux environs de six heures pour voir s’il avait mangé, le sortir pour lui faire humer l’herbe, lui donner encore de la bute et repartir. Je revenais aux environs de 10 heures et répétais le traitement. Il ne semblait pas aller mieux. Doc Hennessey avait tenté presque tout ce à quoi il pouvait penser, et nous avons discuté de la possibilité de le ramener à l’université, mais il ne pensait pas qu’ils pourraient faire quoi que ce soit d’autre pour lui que ce que nous faisions déjà pour lui à la ferme. »

Frustrée de constater qu’ils semblaient incapables d’aider son poulain à se remettre de sa maladie, quelle qu’elle fût, sa frustration s’est vi-te transformée en panique, un matin, les choses s’étant dramatiquement détériorées.

« Nous avions environ 22 chevaux à ce moment-là, et mon père m’avait dit de ne jamais paniquer si quelque chose devait arriver. Il m’avait dit que si le personnel me voyait en panique, ils paniqueraient aussi, mais un matin, j’ai eu réellement peur. J’étais resté tard avec Mowgli le soir précédent et il n’allait pas plus mal, mais quand nous sommes arrivés ce matin-là, sa tête et son cou avaient vraiment beaucoup enflé, et quand nous l’avons installé dans les attaches, il respirait bruyamment…il suffoquait et pouvait à peine respirer – je pensais qu’il allait mourir. J’ai appelé mon père et lui ai dit ‘tu m’as de ne jamais paniquer devant les gens, mais mon cheval ressemble à un cheval qui va mourir, alors j’ai be-soin d’aide,’ » dit Amanda, partageant ses souvenirs de cette terrible matinée.

« Doc Hennessey est tout de suite venu et il lui a administré quelque chose pour vider ses poumons et l’aider à respirer. Il lui a fait un ‘Test sanguin Serum Amyloïde’ qui démontra que Mowgli avait plusieurs masses d’infection dans son système – nous ne savions réellement pas s’il allait survivre. Il dit qu’il y avait un antibiotique moins bien connu disponible qu’on pourrait essayer, mais que c’était réellement un ultime ef-fort, nous n’avions donc rien à perdre et il a commencé à lui en donner. Durant la semaine qui suivit environ, il ne grignotait que de l’herbe, mais il commença alors à prendre de la nourriture un jour, » toute souriante. « J’avais acheté chaque variété de nourriture qu’il y avait sur le marché durant ce dernier mois environ, mais il n’en mangeait pas… maintenant il commençait à en manger. Graduellement, il commença à man-ger de plus en plus et je ne pouvais croire le poids qu’il reprenait. Durant quelque six semaines, il n’a pas joggé durant sa maladie, et lorsque nous avons enfin été capables de reprendre l’entraînement, nous ne faisions qu’environ deux milles par jour au cours de la première semaine. Éventuellement, il s’est rattrapé et a rejoint les autres… nous joggons nos poulains ensemble et pratiquons le saute-moutons avant de com-mencer à les faire tourner et il faisait cela avec les autres avant que l’un d’eux tourne, alors même s’il perdait du temps, il n’était jamais terri-blement loin derrière, » de dire la fière entraîneuse.

Mowgli était redevenu un cheval, et il commençait à ressembler à un cheval de course, avec beaucoup d’aide, d’amour et de soins de la part de la jeune femme qui était une entraîneuse de chevaux – des choses qui semblaient absolument signifier être faites pour arriver. Et oui, c’était maintenant un ‘Mowgli et non plus un ‘Diablo’. » « J’ai changé son nom pour Highland Mowgli d’après le personnage du film The Jungle Book. C’est comme si c’était un renversement des rôles, mais dans cette histoire, Mowgli est l’animal qui était alimenté et soigné par des per-sonnes… je pensais simplement que cela convenait, » déclare-t-elle.

Cela lui va bien. Qu’il s’agisse de l’élevage, de l’entraîneur, du vétérinaire, de la nourriture, de l’amour, des soins, ou des batailles qu’il a en-durées et sa volonté de vivre, ou que plutôt ce soit une combinaison de toutes ces choses, comme ce l’est certainement, quand Mowgli est revenu à la santé et a appris les cordes de son métier, sa volonté de réussir a transparu. « Il a réellement beaucoup de caractère et de person-nalité, », dit Amanda en riant. « Lors de ses jours de congé, il nous faut être deux pour le faire marcher vers son paddock. Il n’avait pas réellement fait montre de ce côté-là jusqu’à tard en mars par contre. Quand la Covid a vraiment frappé à la mi-mars, nous les avons tous arrêtés et seulement sortis durant 2 semaines… quand nous avons repris le jogging, c’était un cheval différent, un réel caractère. Il s’entraînait tel-lement bien qu’on ne pouvait l’entraîner qu’avec notre bon poulain de Somebeachsomewhere (Highlandbeachsbest), et il n’était jamais du tout déplacé avec lui. »

Quand vous voyez le nom de Highland Mowgli dans le programme cependant, vous voyez qu’il est encore partiellement la propriété de la Ferme Mary Clark Highland Thoroughbred Farm – comment est-ce arrivé?

« Mary était allée voir son poulain Beach à l’entraînement un matin, et elle a vu Mowgli qui l’accompagnait, puis elle a passé beaucoup de temps dans l’écurie avec lui parce qu’il avait un tel caractère. Elle ne pouvait pas croire comme il avait évolué – nous avions été là depuis envi-ron 2 heures et demie à ce moment-là – et elle demande si elle pourrait m’en racheter la moitié. Je lui ai dit certainement, qu’il était maintenant évalué à 60 000 $. Nous nous sommes entendues et elle en a racheté la moitié. Ce fut un très bon coup pour nous deux puisqu’il fait de l’argent et que Mary a réaccouplé la poulinière à Archangel. »

Qu’il fasse de l’argent, cela il en fait. En huit départs freshmen, le beau poulain à l’étrange jarret a compilé un record de 1-3-1 pour des gains légèrement inférieurs à 60 000 $, y compris une victoire de six longueurs lors de sa plus récente course, une victoire en OSS Grassroots à Woodbine Mohawk Park, qui le place parfaitement pour les semi-finales au début d’octobre.

Les victoires et l’argent vont bien à Miss Fine, mais quelqu’un a le sentiment que tout cela n’est qu’un boni de tout le scenario, et que l’argent est vraiment secondaire. Lorsque qu’on s’est informé auprès d’elle quels étaient ses chevaux préférés passés, elle ne doit pas y penser à deux fois – elle en est encore propriétaire, et les garde à la ferme où elle demeure.

Alexas Jackpot (p,1.48.4s; 581 521 $) a toujours été le cheval de mon père, et je suis réellement tpmbée en amour avec lui. Je l’ai toujours à la maison et je le monte. J’ai aussi récemment acheté un de mes autres favoris – Dianes Shark (p,1:521) 177 172 $). Il a été le premier cheval que j’ai possédé… Je l’ai réclamé avec mon propre argent. Il était un tellement bon cheval que même si nous ne l’avons eu que durant deux mois (en 2014) il s’est fait une place dans mon cœur. Après avoir remarqué que les courses c’était terminé pour lui, j’ai essayé de le trouver par la voie des médias sociaux, mais je n’ai pas eu de chance. Puis, quatre ou cinq années plus tard, j’ai reçu un mot de quelqu’un se disant dans le domaine de l’abattage aux États-Unis. Je me suis immédiatement tournée vers Michelle Crawford car elle est impliquée dans ce genre de chose, et nous l’avons trouvé. J’ai pris les dispositions pour l’acheter mais la Covid a frappé et tous les camions Doyle étaient remplis, ramenant des chevaux de Floride. Alors nous avons pu l’envoyer à la fille de Carl Conte… elle le monte et dit qu’il a un domicile jusqu’au moment où je pourrai faire les arrangements pour le ramener ici. J’ai aussi un pony miniature et mon chien, Ziya, » dit une Amanda rayonnante.

Alors, quel type de vie sociale et les heures de travail tous ces animaux laissent-ils à une brillante et amicale personne de 23 ans? « Les chevaux, c’est réellement ma vie, et je suis heureuse de cela, » de partager la brillante jeune entraîneuse qui s’est mérité un Metro Stakes en élimination avec son autre étoile d’écurie et partenaire d’entraînement de Mowgli, Highlandbeachsbest le 19 septembre dernier. Ce poulain sera en ligne de la PP /4 lors de la Metro Final d’une valeur de 720 000 $ le 26 septembre (soit après la date d’impression de (TROT) comme Amanda tentera de devenir la plus jeune femme entraîneuse à gagner ce riche événement. « Je rencontrais le meneur Ryan Guy durant la mal-adie de Mowgli, et je veux dire qu’il m’a été d’une grande aide durant cette période. Il était presque toujours avec moi quand je retournais à la ferme le soir, et il m’a été d’un grand support quand les choses étaient sombres. Ce serait difficile d’avoir un partenaire qui n’appartenait pas à l’industrie et qui ne comprenait pas comment se font les choses. Notre travail est réellement un mode de vie. »

Un mode de vie, sans doute, comme quelqu’un ayant déjà entraîné ou pris soin de chevaux comme gagne-pain le sait. Se lever à 6 h le matin par un froid matin d’hiver, après cinq heures de sommeil qui suivent une journée de travail de 14 heures lors de laquelle vous avez perdu de l’argent, n’est pas quelque chose que tout un chacun peut faire. Ce n’est pas une carrière pour les âmes sensibles ou faibles d’esprit, et il semble qu’Amanda Fine n’est rien de cela. Ce qu’est Amanda, c’est une amoureuse des animaux qui sait comment entraîner un cheval – c’est aussi une femme qui joue exactement le rôle qui lui était destiné, et Highland Mowgli, Highlandbeachsbest, Alexas Jackpot et Dianes Shark ne sont que quelques convaincus de la certitude d’être nombreux en cela.

Cet article a été publié dans le numéro d'octobre de TROT Magazine.
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