Jim Walker attendait ce moment depuis plus de 30 ans – l’occasion d’entendre le nom de l’un de ses chevaux prononcé le soir du couronnement des champions standardbred du Canada.
Et son voeu s’est réalisé. Mais certainement pas de la façon à laquelle il s’attendait. Par Chris Lomon / Traduction Louise Rioux
Bien avant le 28 janvier, date réservée pour souligner les gagnants de l’OBrien Award2016, Walker et son épouse, Anne, avaient planifié des vacances au Costa Rica, ce qui signifiait qu’ils ne pouvaient pas assister au gala annuel devant se tenir à Mississauga, Ontario.
Walker, un homme de chevaux de très longue date de Port Perry, en Ontario, savait que Mass Production, un fils ultra-cohérent de Muscle Mass dont il est copropriétaire, avait une chance légitime d’être reconnu comme le meilleur trotteur de deux ans au pays. Qu’est-ce qui pourrait bien l’empêcher d’entendre le nom du cheval bai appelé en direct? Une envolée d’environ cinq heures et presque 3800 kilomètres.
« C’est une de ces choses que nous devons réserver bien à l’avance, et dans notre cas, l’été dernier, » de se rappeler Walker. « J’œuvre dans le domaine des courses de chevaux depuis 32 ans, mais jamais n’avais-je vraiment eu à travailler avec des prospects aux O’Brien Awards – malheureusement – par le passé. Nous avons eu quelques bons chevaux en cours de route, mais aucun nominé aux O’Brien Awards. C’est fantastique d’être nominé, mais quand vous l’êtes, vous voulez vraiment gagner. Ce qui est arrivé, c’est que nous sommes arrivés à Toronto très tard, à la fin de la soirée des O’Brien Awards. »
Walker avait eu assez de temps pour se demander si Mass Production s’était effectivement mérité les plus grands honneurs de sa catégorie. Après une attente atroce, il a finalement obtenu sa réponse sur la piste d’atterrissage à l’Aéroport International Pearson.
« On espère toujours gagner, » admet Walker. « Quand on est dans l’avion, il n’y a pas de Wi-Fi. Dès que l’avion eut atterri, l’annonce nous a été faite à l’effet que nous pouvions dorénavant utiliser nos téléphones. Je me suis immédiatement branché en ligne et j’ai vérifié. J’étais très heureux. Cela a contribué à un heureux retour à la maison, sachant qu’il avait gagné. Il y avait une très belle concurrence, alors sait-on jamais. Il n’y a aucune garantie, alors ce fut une très agréable surprise. »
Une surprise qui s’accompagnait aussi de nombreux messages de félicitations sur le répondeur ainsi que d’autres messages textes, et un autre dont Walker, qui est copropriétaire de 20 chevaux standardbred, a reçu le matin suivant.
« J’ai des chevaux en partenariat avec Garth Gordon depuis toujours, et j’en ai reçu un de sa part, le lendemain, disant ‘Tu es dans le domaine des courses de chevaux depuis 30 ans, et tu as finalement gagné un O’Brien. Tu peux partir en vacances n’importe quand mais peut-être ne gagner un O’Brien qu’une seule fois.’ Il m’asticotait, tout en me faisant passer un mauvais moment. J’espère que ce ne sera pas l’unique victoire, mais il pourrait bien en être ainsi. »
Mass Production pourrait bien avoir quelque chose à dire à ce sujet.
Le cheval hongre a enregistré plusieurs grandes performances en 2016. Élevé par Stan Klemenic, il a gagné cinq de ses neuf départs pour engranger plus de 285 K $ au cours de sa campagne de recrue. Ses faits saillants comprennent quatre triomphes en Ontario Sires Stakes (OSS), terminé par un époustouflant record en finale du Super Stakes de l’OSS, et ce, en 1:54.4.
Rick Zeron entraîne, mène et est copropriétaire (avec ses partenaires Walker, Bruno Dipoce et René Allard) du yearling payé 32 000 S à la vente Canadian Yearling Sale de 2015. « Il fut le premier que nous ayons acheté cette année-là, et il l’a été à la vente deStandardbred Canada de Flamboro, » de se rappeler Walker. « Nous ne l’avons pas payé bien cher. Nous en avions acheté d’autres – si nous avions eu à en choisir un qui allait gagner un O’Brien à ce moment-là – qui se démarquaient plus que Mass Production. Il était un peu perdu tôt en début de carrière. Quand il n’était pas en tête et qu’il n’avait pas à poursuivre, il semblait un peu perdu. Bien d’autres jeunes chevaux peuvent connaître cet état. Mais à la fin de l’année, il avait pris de la maturité et nous avons su qu’il était pas mal bon. Quand il a établi cette marque en OSS Super Finale – et qu’il ait gagné par neuf longueurs - je ne m’attendais pas à cela. Mais tout s’est très bien passé. C’est vraiment un bon cheval. »
Walker en a eu quelques bons autres dignes de mention au cours des ans, y compris un rejeton de Real Desire et qui a disputé le Little Brown Jug en 2013.
« Nous avons toujours Resistance Futile avec Blair Burgess, » de noter Walker, parlant de l’ambleur maintenant âgé de sept ans. « Je pense qu’il aurait pu gagner le Jug cette année-là – sans enlever quoi que ce soit à Vegas Vacation. Il a gagné sa course éliminatoire (à 24-1) en 1.49.3, puis il était deuxième sur le stretch lors de la finale. Mais il a eu un bris, et c’est arrivé au plus mauvais moment. Ce fut décevant. Il avait connu quelques petits caprices et autres bris en cours de carrière. Il aurait dû faire mieux, mais il n’en faisait qu’à sa tête. »
Resistance Futile, après seulement trois départs en 2016, en a déjà gagné deux au cours de l’hiver 2017 à Woodbine pour le compte de ses propriétaires Walker et la Burgess Stable, aux mains de Taylor, le fils de Burgess.
Hensell Hanover, un fils bai d’Albatross, a encaissé près de 500 000 $ au cours d’une fantastique carrière de 189 départs, et a participé au Little Brown Jug ainsi qu’au Meadowlands Pace, tous deux en 1995.
« Il a gagné l’American National et le Canadian Juvenile à Blue Bonnets, » de se rappeler Walker. « Il a terminé deuxième lors de l’éliminatoire du Meadowlands Pace. Il s’est blessé durant les feux d’artifice se frappant le genou contre la stalle. Il a fait la finale (et fini 10e), mais il n’était pas lui-même. »
Hensell Hanover occupait aussi la deuxième position lors de sa course dans le Jug, pour terminer quatrième en finale derrière le gagnant Nicks Fantasy.
Toutefois, Walker a connu la chance avec un cheval qu’il possédait au cours des années 1990, du nom de Majoritys Captain. Il détenait un tiers de l’ambleur, rejeton de Silent Majority, en partenariat avec Garth Gordon et Robert Lee. Le trio a néanmoins pris la décision de vendre le cheval bai suite à une offre lucrative. « Nous l’avions payé 14 000 $ à Harrisburg, » de noter Walker. « Nous avons reçu une très bonne offre. La belle partie pour moi a été que j’ai pu rembourser mon hypothèque puis dépenser un peu d’argent pour acquérir d’autres beaux chevaux. »
Ces jours-ci, Walker, qui est copropriétaire de chevaux avec Zeron, Burgess, Bob McIntosh, Mike Saftic et l’entraîneurde l’Ontario, Gerry Martin, apprécie la vie dans le standardbred autant qu’il le peut. Cela aide certainement quand vous avez dans vos cartons une étoile montante comme Mass Production.
« À mes yeux, que posséder 50 % ou 33 %, peu importe, » dit Walker, propriétaire des restaurants Tim Hortons à Oshawa et Whitby. « Si le cheval gagne, c’est encore un pur plaisir. »
Peut-être bien que son talentueux trotteur de trois ans, peut encore lui offrir quelques bonnes émotions fortes, tant en piste qu’à l’extérieur.
Un jetant un regard sur les gagnants d’un O’Brien Award sur le site Internet de Standardbred Canada, il est évident que la répétition de l’exploit de l’âge de deux à trois ans dans la division des poulains trotteurs, n’est pas une mince tâche. C’est un doublé rare qui n’a pas été atteint depuis Armbro Officer, qui l’a réussi en 1995 et 1996.
« L’an prochain, nous ne serons probablement pas parmi les nominés et je regarderai le spectacle pour voir qui gagnera, » dit Walker en riant. « Vous pouvez toujours espérer, qu’il s’agisse de Mass Production répétant son exploit, ou d’un autre de vos chevaux. »
Pour l’instant, il est content de savoir qu’il aura bientôt une pièce précieuse à ajouter dans son bureau.
« J’ai un espace réservé dans mon bureau qui attend le trophée O’Brien. »
Walker a aussi d’autres projets de vacances au Costa Rica l’an prochain.
« C’est prévu pour le mois de mars, alors, cette fois-ci, je serai dans les environs pour la soirée de remise des récompenses, » note-t-il.
Et peut-être aura-t-il un cheval pour poinçonner son billet pour le grand événement.