Nous sommes le 7 mars 2004, et je célèbre avec les membres de ma famille dans le cercle du vainqueur de Woodbine après que Pronovais,
une superbe fille de quatre ans, noire, de Make A Deal, élevée par le propriétaire Gerry Haggerty et développée par votre humble serviteur, venait tout juste de compléter un balayage lors de l’Ontario Girls Pacing Series, s’emparant de la finale de 54 000 $ de PP #9 - pour le conducteur Randy Waples.
Moi aussi j’ai de la boue au visage.
La semaine précédente, comme nous célébrions dans le cercle du vainqueur la deuxième victoire éliminatoire consécutive, Randy me promit que mon fils de sept ans, Justin, ainsi que sa maman Patti, lorsque nous gagnerions la finale la semaine suivante, allait me donner un gros bisou pour la photo. Le toujours exubérant Waples est resté fidèle à sa parole (voyez la photo).
En quittant le cercle du vainqueur toutefois, comme les festivités se poursuivaient au paddock – gagner une course de cette importance pour une petite écurie, avec un cheval que j’avais développé, c’était quelque chose – l’humeur de Waples s’est assombrie. Comme je le félicitais pour sa conduite, il n’était pas d’accord. « Elle a encore été formidable ‘Fish’…le l’ai mal conduite. Je l’ai emmenée en première place au cours des trois semaines. Elle coure bien de cette façon, mais j’aimerais lui faire faire un bon voyage au moins une fois. Si elle devait s’asseoir sur un casque jusqu’à la tête de la droite, cette pouliche courrait un mille étourdissant. Vous et elle avez gagné cette course – pas moi. »
Remarquez : c’est arrivé il y a 17 ans, alors la citation ci-haut reflète ce que j’ai dit, mais ce pourrait bien ne pas être mots à mots.
Je me rappelle aussi lui dire qu’il était son propre plus grand critique, et souvent son pire ennemi, et qu’il ne devrait pas être toujours si dur envers lui-même. En y repensant aujourd’hui, je pense que j’avais tort.
Au point où Randy en était dans sa carrière, il était définitivement le meilleur – ces années-là étaient encore celles des carrières de ‘Chris & Randy’ alors que lui et notre ami Chris Christoforou étaient les deux meilleurs sur le circuit WEG. Il avait déjà gagné deux O’Brien Awards à titre de Meilleur conducteur du Canada en 1998 et 2001, mais en y repensant, il était encore loin du temple de la renommée.
Certes un ‘épanouissement tardif’ qui en 1994, à l’âge de 29 ans, travaillait gratuitement pour Fred Hoffman, pour payer sa part des factures pour une poulinière lui appartenant en partie, la cote de Waples, était de 1,000/1 d’atteindre le temple à ce moment-là.
Même un des meilleurs en 2004, avec deux O’Brien Awards à sa ceinture, il était loin d’un jeu d’enfant d’obtenir le temple. Avec le recul maintenant, après cette victoire avec Pronovais, Randy allait poursuivre en s’emparant d’environ de plus de 2 700 courses (de 6 640 au total) et d’un autre 75 M $ en bourses (d’un total approximatif de 131 millions $.)
En 2004, il n’y eut pas de Maple Leaf Trots ou Breeders Crown avec le San Pail, pas de ‘Thinking Out Loud N.A. Cup, pas de Breeders Crown ni Horse Of The Year avec Dreamfair Eternal, et pas de 5 Septembre 2015 à Mohawk avec une incroyable somme de 950 830 $ en bourses en une seule soirée.
Non, peut-être bien que le fait d’être aussi dur avec lui-même est ce qui fait que Waples se retrouve au Temple de la Renommée des Courses de Chevaux du Canada.
Plus je crois que dans les temps présents qui courent, quand il semble que bien des gens aimeraient mieux que les choses leur arrivent plutôt que de travailler fort pour accomplir quelque chose, peut-être que plus de gens auraient besoin d’être durs envers eux-mêmes à la Randy Waples.
Lorsque j’ai interviewé Randy pour rédiger cet article du présent numéro (voir page 36), il m’a dit qu’après avoir appris sa prochaine admission, il n’a presque pas dormi au cours des deux nuits suivantes. Il a admis qu’après bien des grandes victoires avec San Pail, ou suite à la mémorable soirée de septembre 2015, dont il est fait mention ci-haut, qu’il a à peine dormi durant deux nuits. L’adénaline qui coure dans les veines du corps de cet homme semble arriver par doses beaucoup plus grosses que celles qui arrivent dans mon corps, ou celui de la plupart des autres gens rencontrés. Et aussi haut que ces hauts l’amènent, les bas semblent l’amener aussi loin dans l’autre direction.
Tout en parlant de sa merveilleuse carrière et des magnifiques histoires qui continuaient sur le fait d’être dur avec lui-même – que ce soit d’avoir laissé tomber son père, ou d’avoir mal conduit des chevaux, ou de ne pas avoir été aussi bons que des gens qui devraient être au temple – je lui ai rappelé qu’il ÉTAIT maintenant au Temple, et qu’il devait réellement cesser d’être aussi dur envers lui-même!
Randy rit et dit, « Vous savez, vous m’avez déjà dit cela auparavant – d’arrêter d’être si dur envers moi-même. » Puis il m’a rappelé notre conversation au moment où nous quittions le cercle du vainqueur de Woodbine avec Pronovais en 2004.
Tu sais quoi Randy? En rétrospective, je suis content que tu ne m’aies pas écouté en 2004, parce que si tu l’avais fait, peut-être ne serions-nous pas ici pour célébrer ton intronisation au temple aujourd’hui. Tout un chacun répond différemment à toute sorte d’encouragements qui les incitent à l’excellence – Toi, tu as trouvé les tiens et à l’évidence, ils t’ont guidé vers le sommet de ta profession. Félicitations, mon ami!
Maintenant, même si tes jours de conduites ne sont pas terminés, cesseras-tu, s’il te plaît, d’être tout le temps aussi dur envers toi-même!
Dan Fisher
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