Je me considère comme un réaliste, et c’est probablement pourquoi j’ai utilisé cette chronique, de plus en plus au fil des dernières années, pour me plaindre et/ou, si vous préférez, interpeller nos dirigeants de l’industrie, à propos du déclin de l’intérêt pour notre sport et de ce qui est (ou n’est pas) fait à ce sujet.
Pour ne nommer que quelques sujets, j’ai écrit sur l’importance de ramener des spectateurs dans les gradins de nos hippodromes ; de maintenir ouvertes ou de rouvrir nos écuries ; d’accélérer le rythme entre les courses ; de demander des comptes aux pistes ; de créer des épreuves réservées aux chevaux de quatre ans pour soutenir la population équine, et ainsi de suite.
De plus en plus souvent, je reçois aussi des commentaires positifs de la part de plusieurs d’entre vous au sujet de ces chroniques, et cela me touche énormément. On dirait qu’il y a un élan grandissant de personnes qui me disent qu’elles en ont assez de voir des gradins vides et des bourses stagnantes, qu’elles s’inquiètent pour notre avenir et veulent poser des gestes concrets pour changer les choses.
Ce genre de rétroaction me donne envie d’en faire davantage, et me rappelle que la volonté d’un professionnel des courses est souvent bien plus forte que celle de monsieur ou madame Tout-le-Monde.
Cela dit, je ne voudrais pas qu’on oublie qu’il se passe aussi beaucoup de choses positives dans notre milieu, et que la volonté de certaines personnes dans l’industrie les pousse à passer à l’action.
Je m’en suis souvenu récemment lorsque mon fils — qui travaille au service du développement de l’industrie chez Standardbred Canada — m’a demandé d’essayer leur nouveau simulateur de sulky en réalité virtuelle, qui sera accessible au grand public dans le cadre de l’exposition de SC, dans le bâtiment de l’agriculture de la CNE, pendant 17 jours à la fin de l’été.
L’idée du simulateur VR vient de nos amis de la Bill Galvin Racing Alliance (BGRA). Moi qui ai parti des chevaux derrière la barrière dans la vraie vie des dizaines de fois, je peux vous dire que ces simulateurs sont vraiment impressionnants et procurent une expérience étonnamment proche de la réalité. Pour les clients actuels comme pour les nouveaux adeptes potentiels, cette expérience est tout simplement spectaculaire.
Les gens du BGRA ont fait découvrir ce simulateur à de nombreuses personnes depuis quelques années déjà, tout en faisant connaître nos chevaux aux jeunes à travers des portes ouvertes organisées chaque année au haras de Tom et Elizabeth Rankin, ainsi que par leur concours littéraire jeunesse, le Youth Literary Derby, qui se conclut chaque année par une grande soirée de groupe à Mohawk Park.
Cette année, l’exposition de SC à la CNE de Toronto fera découvrir notre sport à des milliers de visiteurs grâce au simulateur VR, à de fausses courses pour enfants — qui concourront dans des mini-costumes aux couleurs de James MacDonald, Doug McNair et Louis-Philippe Roy — à des cahiers d’activités pour enfants, des vidéos de courses et bien plus encore.
Des personnes comme Kaitlyn Wesley, dans les Maritimes, ainsi que Natasha Steacy et Lindsey Kerr, en Ontario, ont également fait la promotion des mini-courses de poneys pour enfants, avec des courses tenues cette année sur sept ou huit pistes différentes au Canada.
COSA collabore de nouveau avec Woodbine pour son programme « Drive A Racehorse », où des membres du public peuvent s’installer derrière un cheval dans un sulky biplace les samedis soir à Mohawk tout l’été.
Ce ne sont là que quatre ou cinq exemples parmi d’autres d’initiatives positives visant à promouvoir notre sport, et je sais qu’il en existe plusieurs autres encore.
Ce n’est pas uniquement sombre et désespérant, mais, comme je l’ai dit, je suis un réaliste, et même si ces initiatives sont encourageantes, il en faut plus — beaucoup plus.
Dans ce même numéro (voir page 48), j’ai écrit un article sur le 100e Hambletonian et les succès canadiens dans l’histoire de cette course. Pour faire mes recherches, j’ai utilisé le livre de Dean Hoffman, America’s Trotting Classic. À la page 7, Harry Reno (l’homme à l’origine de l’idée du Hambletonian il y a plus d’un siècle) déclare : « Le fait est que nous devons essayer de nouvelles choses pour faire progresser notre sport… »
C’était il y a 102 ans ! Il y a 102 ans, Harry Reno, qui ne possédait même pas de chevaux — c’était simplement un amateur du sport — savait qu’il fallait innover pour faire progresser notre sport ! Alors, il a inventé une course appelée le Hambletonian… et ça a fonctionné !
Harry était un réaliste lui aussi, et il avait compris que le statu quo ne suffisait plus.
Et pourtant, Harry n’était pas confronté à des enjeux comme les paris sportifs légalisés, les casinos physiques, les casinos en ligne, les militants pour les droits des animaux, et bien d’autres menaces que nous devons affronter aujourd’hui — mais il a quand même pris les devants.
Merci, Harry Reno.
Merci également à toutes les personnes qui soutiennent les initiatives de la BGRA, l’exposition de SC à la CNE, les courses de poneys miniatures, le programme Drive A Racehorse et à tous ceux qui aiment notre sport et qui s’efforcent de le promouvoir de façon positive.
Ces efforts doivent toutefois se poursuivre, et, à terme, ils doivent venir de l’ensemble de nos hippodromes ainsi que de tous ceux qui ont le pouvoir d’apporter de véritables changements dans notre façon de faire les choses.
Nos enjeux de paris sont en baisse. Notre achalandage est en baisse. Notre taux de participation est en baisse. C’est la réalité. Faisons quelque chose de concret pour changer cela.
Je parlais l’autre jour avec mon bon ami Ronnie Waples, après lui avoir remis quelques articles promotionnels à offrir comme prix de présence lors d’un voyage en autobus que lui et sa femme avaient organisé pour la deuxième année consécutive. Ils ont emmené plus de 50 personnes de leur communauté à la piste de Clinton Raceway pour une journée. Grâce à l’aide de leur ami Ian Fleming et de son équipe, cette journée a été un grand succès. Ronnie dit que l’événement affiche complet rapidement, et qu’il suffit d’un petit effort.
Après avoir partagé notre insatisfaction — voire notre tristesse — face à la direction que prend notre sport, notamment en ce qui concerne la baisse de fréquentation sur les pistes, nous nous sommes serré la main et sommes parts chacun de notre côté. Avant de partir, cependant, nous nous sommes promis de ne jamais baisser les bras dans notre combat pour le sport que nous aimons.
Ronnie et moi avons besoin que vous nous fassiez cette même promesse.
Dan Fisher
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