Une des affirmations que j’entends constamment tant de la part du gouvernement que des gens de l’industrie même des courses, c’est qu’il y a trop d’hippodromes. Ils pointent les horaires de diffusion simultanée surchargés, les montants pariés et les tribunes tranquilles pour justifier qu’une industrie plus forte passera par un moins grand nombre d’hippodromes. À mes yeux, l’argument est un non-sens.
Les hippodromes sont les lieux de démonstration du dur travail effectué sur les fermes et dans les centres d’entraînement à travers la province. Les amis se rassemblent, on s’échange l’argent, et si tout se fait de façon appropriée, les communautés se rallient. Comme les expositions agricoles, les marchés en plein air et encans d’antiquités, les hippodromes emmènent la campagne à la ville et nous réunissent autour d’une forme de divertissement remontant à 250 ans de merveilleuses traditions nationales.
Quel est le bénéfice à la communauté que de fermer et laisser s’effriter le Kingston Park Raceway en Ontario, d’apporter un changement de zonage au Sandown Park en Colombie-Britannique pour favoriser un développement commercial ou de démolir le Sackville Downs en Nouvelle-Écosse?
Là où le Greenwood Raceway était situé, les maisons en rangée vous inspirent-elles? Montréal sera-t-elle un meilleur endroit, son hippodrome remplacé par un nouveau lotissement confortablement situé derrière le magasin à grande surface WalMart et le très bruyant Burger King? À New Hamburg, la communauté toute entière fut endeuillée quand la tribune du vieil hippodrome fut incendiée. Des témoignages vidéo et des articles ont été écrits sur le fait que le Canadian Pacing Derby y avait déjà été présenté. La ville ontarienne a éventuellement reconstruit la grande tribune, mais sans course, il est là, inutilisé et pratiquement non apprécié durant toute l’année. Il n’y a pas de chevaux aux installations solitaires de New Hamburg. Que des souvenirs.
Le ministre des Finances de l’Ontario. Dwight Duncan, continue de propager faussement que l’Ontario compte un quart des hippodromes d’Amérique du Nord. Selon l’International Federation of Horse Racing Authorities, il y a 192 hippodromes en opération en Amérique du Nord, ce qui signifie que l’Ontario détient moins de 9 % des hippodromes du continent.
Alors que les conseillers du ministre Duncan se devraient de faire quelque deux minutes de recherches avant de lui fournir des renseignements faux au suprême degré, ils devraient, de façon plus importante encore, analyser le marché global des chevaux de course, qui démontrerait que le nombre de nos hippodromes est manifestement insuffisant. En Australie, il y a 360 hippodromes en opération en dépit d’une population de seulement 22,3 M. En France, on en compte 246. Toujours en comparaison avec la population, l’Australie compte 16,1 hippodromes par million d’habitants; la Nouvelle-Zélande – 11,7; l’Irlande – 5,8; la Suède – 3,9; la France – 3,8; la Serbie – 3,7; la Norvège – 2,5. Au Canada, nous avons 30 hippodromes - 0,87 hippodromes par million de population, et en Ontario, le chef de file de notre industrie, il y a 1,3 hippodromes par million de gens. Si nous perdons Fort Erie, Windsor ou tout autre hippodrome dans la province, nous descendrons en deça de la plupart des juridictions de course au monde.
Sur le plan économique, les problèmes auxquels nous faisons face n’ont rien à voir avec le nombre d’hippodromes. Nous avons besoin de courtes et vigoureuses réunions qui répondent aux attentes des partisans et parieurs (voir aussi Old Home Week, Delaware County Fair, Del Mar, Keeneland, Saratoga). Nous avons besoin de programmes de diffusion simultanée coordonnés où les signaux sont intégrés et promus de façon globale (voir aussi la Suède, l’Australie, l’Afrique du Sud, l’Angleterre). Nous avons besoin de fondements d’affaires solides (voir n’importe quelle industrie sportive ou de divertissement fructueuse dans ce pays). Et nous avons besoin d’un gouvernement qui reconnaisse et appuie la valeur formidable de ce sport (voir l’Australie, la France et la Chine).
Cette notion de cinq ou six hippodromes survivant en Ontario, est ridicule. Les courses survivent encore dans des endroits tels que Leamington, ON, Woodstock, NB, Glenboro, MB et les Îles-de-la-Madeleine, au large de la côte du Québec. Ils y arrivent sans pratiquement aucun financement. Je reconnais que les modèles devront être changés, mais ne laissez pas les bulldozers envahir des endroits comme Sarnia, Hanover, Woodstock, Elora et Peterborough. Une fois perdus, ils ne seront plus jamais reconstruits.
Que ce soit à St. John’s, T.N., Grande Prairie, AB ou Clinton, ON, l’hippodrome est le noyau de la communauté. Il réunit les gens et les rapproche. Le progrès ce n’est pas de démolir ces hippodromes, d’ériger des restaurants de prêt-à-manger et de magasins à grande surface. Le progrès ce n’est pas de construire plus de lotissements sans âme et des maisons avec doubles garages et aux gazons magnifiquement entretenus.
Je demeure à Toronto, à quelques minutes des sites du Carleton Racetrack – l’endroit où s’est tenue la première Queen’s Plate – et le Dufferin Park Racetrack, le pivot de Toronto pendant plusieurs décennies. Je visite les hippodromes quand je vais acheter du papier hygiénique à 4,99 $ dans les deux magasins No Frills situés maintenant sur les lieux de ces deux hippodromes. Il n’y a plus de cris d’acclamation. Il n’y a plus de héros. Il n’y a plus de communauté. « Ils sont sur la ligne de départ » a été remplacé par « Produits de nettoyage – Allée #6 ».
Dans ce pays, nous avons trop de pratiquement tout. Trop de consommation. Trop de gros casinos sous administration américaine. Trop de rhétorique et beaucoup trop de bla-bla-bla. Mais nous n’avons pas trop d’hippodromes!