Comment pinte entreprises course populaire a fait un tabac énorme.
Story by Norm Borg / Photography by James Park
Si vous ne courez pas pour l’argent, mieux vaut avoir du plaisir. De mes jeunes années – il y a de cela plusieurs billets rejetés – je conserve le souvenir très précis de courses de poneys qui obtenaient leur juste part de publicité dans les revues de l’industrie. Bien des activités de course se tenaient dans une petite enclave de chalets de Huron County Ontario. De fait, voisin du Hiawatha Horse Park à Sarnia, subsiste toujours un panneau publicitaire défraîchi sur les terrains de ce que fut jadis une piste de course sous harnais pour poneys.
Avance rapide de près de 50 ans, et ce croisement de courses sous harnais connaît un retour. Les courses de poneys se développent non seulement dans des parties de Floride, New York, New Jersey, Pennsylvanie et Indiana, mais aussi, à 90 minutes d’Ottawa, dans la ville biculturelle et harmonieuse d’Alfred. C’est à cet endroit qu’une piste de 5/16e de mille a été sculptée à même le très beau terrain de camping familial Cedar Shade.
Le jour de mon arrivée en compagnie du photographe James Park, c’est jour d’inauguration. Les campeurs sortent de leurs motorisés et se frayent un chemin pour se diriger à pas rapides vers l’ovale et se faire dorer au soleil. Ils sont en route pour aller voir « les courses de poneys. »
À la piste, se déroule toute une gamme d’activités d’avant-course ne différant en rien de celles présentés dans d’autres enceintes d’Amérique du Nord. C’est tout simplement de beaucoup plus… petit. De plus petits chevaux. De plus petits sulkys. De plus petits attelages. Des bottes de genoux et entraves disposées à aussi près que 40 pouces. Les stalles de paddock ne sont autre chose que des liens croisés tendus entre des remorques adjacentes. La seule chose qui à l’évidence n’est pas mini, c’est l’amour porté à ce sport miniature et partagé par tous ses participants – dont plusieurs ont depuis longtemps goùté au succès sur la scène des chevaux poids lourds standardbred.
Un gentilhomme aux épaules plus larges que celles des poneys que nous venons voir, me tend la main. « Salut, monsieur le commentateur, » dit Michel Allard – le père des frères et propriétaires de la dynamique équipe d’entraîneurs/conducteurs, formée de René and Simon Allard, qui sont parmi les meilleurs en Amérique du Nord. Allard débarque ses poneys de course qui regardent à travers les fenêtres de leur remorque blanche impeccable. « J’ai acheté mon premier poney en 1966 à Messina, New York, et l’ai payé 75 $, » dit-il. « À partir de ce moment, la passion n’a fait que grandir, et très vite mes fils se sont impliqués. C’est ainsi que Simon et Rene ont fait leurs débuts. » Le patriarche a poursuivi pour gagner la classe Junior Free For All avec Majestic Speed, l’un des trois participants de la course. Les deux autres, soit dit en passant, appartiennent aussi à Allard.
À deux remorques plus loin, est attaché un ambleur aux teintes de rose - nommé avec justesse, Le Rêveur ou ‘The Dreamer’ – qui se tient à hauteur de poitrine à peine. Son propriétaire, entraîneur, conducteur et palefrenier, Jean-Paul Poudrier, qui regarde droit vers Easy Rider, me dit que durant plusieurs années, il a été assistant entraîneur à Rideau Carleton Raceway pour la famille Filion. Mais si vous croyez une seule minute que faire courir des poneys est moins enthousiasmant pour Poudrier, repensez-y. Celui-ci vous dira tout d’un trait, que Dreamer a gagné huit de ses 12 derniers départs. Plus tard dans la journée, l’histoire était devenue neuf victoires en 14 départs.
Après chaque course, les coéquipiers du gagnant s’amènent pour la photo d’usage, et à en juger par leurs sourires fendus jusqu’aux oreilles, on serait tenté de croire qu’ils viennent de gagner The Jug. L’un de ces vainqueurs est Philippe Trudeau, fondateur du groupe de propriétaires Standardbred Evolution, qui se destine à attirer de nouveaux amateurs aux courses attelées. Après avoir quitté la piste avec son cheval hongre victorieux, Silver Bullet, Trudeau nous a entretenus des objectifs du groupe. « Ce n’est pas un travail à temps plein pour moi, mais j’aime le sport et je veux le voir encore se développer. » Il n’est pas sans en accorder de crédit aux propriétaires du Cedar Shade Campground pour leur collaboration; il y aura encore des courses ici les 5 et le 18 août prochains.
Je lui ai parlé des bourses. « Trop de différends avec les assurances, » dit Trudeau. Quelques clubs parmi les mieux établis – tel celui de Lachenaie au Québec – offrent des bourses de 100 $ au gagnant, 25 $ au cheval ayant terminé deuxième, 15 $ au troisième, et 10 $ au quatrième. Des courses sans bourses, sont parfois disputées pour des prix tels que de l’équipement. Le club de Lachenaie, qui présente ses courses à 15 h précises tous les samedis après-midi durant l’été, présente également des courses stake. Les clubs de poneys trotteurs aux États-Unis, présentent aussi des courses stake, qui paient entre 15 $ et 25 $, et les bourses peuvent atteindre jusqu’à 1 200 $.
La foule augmente, et à ma grande surprise, elle dépasse les attentes. Quelques-uns de nous comparons nos notes et tombons d’accord qu’il y a facilement plus de 500 personnes voulant être témoins de cette grande course de miniatures. Ils sont tous rassemblés le long du dernier droit, assis sur des bottes de foin, des chaises de parterre et des couvertures, avalant hot-dogs et breuvages pour seulement 1,25 $. D’autres annoncent en criant, quelque chose appelée « liqueur » pour le même bas prix. Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé qu’il s’agissait tout simplement d’un synonyme pour une boisson gazeuse. À mon grand soulagement d’ailleurs, parce que j’essayais de comprendre comment on pouvait rester sobre à ce prix-là.
Sobre ou pas, les amateurs ont poursuivi leur chahut et leurs cris d’encouragement tout l’après-midi. En regardant tout autour, je fus ramené dans le temps. À voir autant de gens assister à une course sous harnais, au milieu de…presque… nulle part, alors qu’ils auraient pu se rafraîchir autour d’une belle piscine ou dans l’un de leurs motorisés de qualité supérieure, m’a quelque peu rassuré. Très certainement, si ce genre de spectacle d’après midi peut attirer de telles foules, nous devrions être capables de nous revigorer et nous réinventer nous-mêmes en tant qu’industrie. Les centaines de sourires tout autour de moi en sont la preuve vivante.
Dites-moi que je me laisse enivrer par l’optimisme, mais pensez-y bien. Comme nous nous dirigeons vers l’échéance redoutée de mars 2013 – dernier jour du programme tant encensé des machines à sous en Ontario – il est bon de se rappeler que notre produit, nos chevaux, peut encore procurer un tel bonheur et excitation à une foule de partisans.
Mis à part les guichets de pari et les bourses, le monde aime l’élément équin. Des vagues de difficultés nous attendent, mais je ne doute aucunement que cela constituera le centre de notre nouvelle industrie, soit une industrie robuste et en santé. Et nous pouvons le faire par nous-mêmes.