La remarquable histoire d’un parieur floué de 1,6 M $ et du Canadien qui en a récolté les bénéfices.
Story by Chris Lomon / Traduction Louise Rioux
Pour un mystérieux parieur, le Rainbow Six, s’est transformé en un grand chagrin. Pour un autre, Walter Lytwyn, c’est presque une mine d’or de 184 000 $.
Le monde du pari était sous le choc, la version du pari Pick Six de Gulfstream Park a coûté une cagnotte dans les sept chiffres à quelqu’un, et a profité au résident ontarien de Hamilton, Lytwyn, une manne inattendue tombée du ciel.
Pour une mise minimale à 0,20 $, le Rainbow Six paie quand un seul billet contient les gagnants de six courses consécutives désignées par l’hippodrome.
Si de nombreux billets contiennent les six gagnants, ou si aucun parieur ne les a sélectionnés, 30 pourcent du montant des gageures du Pick 6 de la journée est reporté au prochain jour de course, tandis que le 70-dix pourcent restant est réparti en billets consolation.
C’est une gageure des plus difficile à apprivoiser, une qui a volé la vedette dans les médias le 22 février.
Lytwyn, un parieur de longue date, a joué 72 $ sur le Rainbow 6 ce samedi-là, et il fut récompensé par une somme renversante de 183 296,15 $ pour sa prouesse de pronostiqueur.
C’est une journée et un résultat qu’il n’est pas près d’oublier.
« Jamais, » dit Lytwyn. « C’est incroyable, vraiment. »
Comment il en est arrivé à une cagnotte dans les six chiffres demeure un drame sportif chanceux.
Revenons à la finale de Gulfstream, annoncée au programme à la 12e course, une course d’un mille et un seizième sur la piste de gazon ovale d’Hallandale, en Floride.
La course, disputée pour une bourse de 34 500 $, mettait en vedette 14 chevaux novices de trois ans. C’était également une course à réclamer, dont les partants s’étant présentés à la barrière devenaient disponibles pour un prix d’achat de 75 000 $.
Pour tout parieur, qu’il soit néophyte ou saisonnier, la course était difficile à déchiffrer.
C’est un négligé du nom de Collinito, un fils châtaigne de Elusive Quality, qui allait devenir le centre d’attention.
Ce même cheval qui, 33 jours plus tôt, soit dès le début de sa carrière, avec une cote de près de 90-1, avait fini 11e, 13 longueurs derrière le gagnant.
Une victoire de ce poulain de l’élevage du Kentucky, avec une cote à 15-1, signifierait pour ce parieur qui allait vite être victime du mauvais sort, celui qui détiendrait l’unique billet parfait si l’apprenti de Gary Contessa finissait premier au fil d’arrivée.
« Ils sont partis! » dit l’annonceur maison Larry Collmus, tout juste après 18 h 20, heure locale.
Le jockey Luis Sanchez poussa Collinito vers l’avant dès le départ de l’extérieur, le duo élargissant son avance à plus de six longueurs à environ un demi-mille. La victoire était loin d’être acquise, mais pour un parieur aguerri, le scénario semblait prometteur.
Au moment où le peloton s’amenait vers le fil d’arrivée par contre, là commença le vrai drame.
Strategy Keeper, un autre négligé à 39-1, commença à remonter à l’extérieur de Collinito dans le couloir. Avec un autre rival favori, dans les sabots, Collinito a été incapable de maintenir son chemin en droite ligne. Il a dévié sur sa droite faisant légèrement obstacle à son rival, mais sans le toucher.
Collinito est alors passé en avant par une demi-longueur, mais dévia encore sur la droite dans le couloir de son opposant.
Strategy Keeper est repassé derrière, mais il s’est encore rallié par une forte poussée, arrivant deuxième par un cou au fil.
Peu après, le mot le plus conflictuel pour les parieurs de courses de chevaux, « ENQUÊTE », apparut au tableau d’affichage électronique du champ intérieur.
Pour quelques-uns, c’est une chance de changer un billet perdant en un billet gagnant. Pour d’autres, c’est tout à fait le contraire.
« Peut-être y a-t-il encore de l’espoir? » se dit Lytwyn, assis à la maison, regardant intensément le téléviseur qui repassait l’enregistrement à répétition.
Et dans son cas, il y en avait. La récompense en jeu ? Une question qu’il a encore de la difficulté à comprendre.
« Je me disais, même si tout s’était si vite passé, que le cheval gagnant avait causé de l’interférence sur mon cheval, » se rappelle l’homme de 58 ans. « Je figurais avoir une chance. Je savais qu’il y avait une grosse somme d’argent en jeu. Dès que l’indication « ENQUÊTE » apparut au tableau, je me souviens avoir crié, ‘ Reculez-le.’ Ils ont montré tous les angles de ce qui était arrivé. Le temps m’a paru bien long en attendant la décision. »
Les juges ont finalement rendu leur décision. Collinito fut disqualifié et Strategy Keeper, le numéro 13, fut placé premier.
Pour une certaine personne, cette décision allait se révéler dévastatrice. Pour d’autres, dont Lytwyn, ils allaient repartir avec 36 659,22 $ pour une gageure à 0,20 $.
Lytwyn avait cinq fois plus de raisons de se réjouir. Il avait fait son pari à 1 $.
Pas mauvais pour un prix de consolation.
« Incroyable, » d’exprimer Lytwyn, qui mise sur les chevaux depuis quarante ans. « J’ai gagné d’autres grosses cagnottes auparavant, mais jamais quelque chose comme celle-là. À une occasion, j’ai misé 10 $ et en ai gagné 500 $. Avant cela, alors que Greenwood Racetrack était encore ouvert, c’est 100 $ que j’ai convertis en 20 000 $. Mais jamais rien de comparable à ceci. »
Alors, qu’est-ce qui a poussé Lytwyn à inscrire ce cheval, favori à 39-1, sur son billet ?
Il demande un moment pour aller chercher le programme, celui qu’il a conservé en souvenir de cette journée inoubliable.
« Quelques paramètres, en fait, », dit-il. « J’ai regardé ses autres courses et réalisé qu’il terminait mieux sur de plus courtes distances. Maintenant il allait plus loin. J’aimais aussi le jockey, Paco Lopez. C’est l’un des meilleurs là. Et j’aime aussi l’entraîneur, Edward Pleasa Jr. Il réussit très bien quand il réclame un cheval. Strategy Keeper a été réclamé à 25 000 $ et a couru pour 75 000 $ le samedi suivant. Cela aurait pu en effrayer plus d’un, mais j’ai pensé qu’il courrait bien et j’ai tenté ma chance de la gagner. »
C’est un enseignant du secondaire, entre tous, qui a initié Lytwyn aux courses de chevaux au milieu des années ’70, l’emmenant ainsi qu’un groupe de ses amis pour ce qu’il appelle, « un genre d’excursion scolaire. »
À partir de ce moment, Lytwyn est devenu un amateur de ce sport, tant de thoroughbreds que de standardbreds.
«Du point de vue de l’argent, c’est la meilleure valeur de divertissement, » dit-il. « Jouer sur les machines à sous ou à la loterie, je n’ai aucun contrôle sur le résultat. Mais gager sur les chevaux, j’ai l’impression d’en avoir. »
Quant au conseil à donner, Lytwyn croit que la meilleure approche face au pari est d’avoir confiance en ses formules, quelles qu’elles soient.
« C’est tellement facile de se convaincre de ne pas sélectionner un cheval, ou de ne pas le jouer, particulièrement quand on est à l’hippodrome, » note-t-il. « Je m’en tiens toujours à mon plan original. Il n’y a pas plus mauvais sentiment que d’avoir changé d’idée quand on perd à cause de cela. Je l’ai appris il y a longtemps. »
Lytwyn a aussi appris comment six chiffres peuvent changer votre vie.
Fonctionnaire fédéral durant plusieurs années, le bon coup de Lytwyn lui a permis de prendre une décision majeure.
« Cela m’a donné la liberté de faire ce que je veux, quand je le veux et comment, » dit-il. « Je n’avais pas envisagé de quitter mon emploi après avoir gagné cet argent. Mais les choses n’allaient pas tellement bien. Aujourd’hui, si je fais les choses de la bonne manière, je n’aurai pas de souci à me faire au plan financier. »
Cela signifie que Lytwyn peut se concentrer sur d’autres activités. À ce jour, son esprit est focalisé sur un domaine familier.
« Je regarde Gulfstream, et je joue sur les courses. Au Pick 6 du 14 mars, la cagnotte se montait à plus de 3 M $ et elle attend toujours qu’on lui mette le grappin dessus. »
Qui dit que Lytwyn ne pourrait pas la conquérir à nouveau? Après tout, il a la touche SIGAD parlant d’un des parieurs les plus fugaces et dont on parle beaucoup.