Il boit. Il fume. Il joue. Il jure. Il pense à commettre l’adultère. Vous l’aimerez.
Ce n’est pas qu’une simple réplique de la meilleure brute de tous les temps, mais aussi une description quasi parfaite de son auteur (sans l’adultère).
Jay Cronley, aujourd’hui âgé de 65 ans, est un auteur, un passionné de courses de chevaux et un joueur au rire contagieux. Intronisé au Temple de la renommée des auteurs de l’Oklahoma en 2002, il compte à son crédit huit œuvres de fiction, desquelles trois ont fait l’objet de films en Amérique du Nord. En plus de ‘Good Vibes’ (qui est devenu Let it Ride), ‘Quick Change’ et ‘Funny Farm’ ont aussi eu la chance d’être portés au grand écran.
« À travers toutes mes aventures, » dit Cronley en blague, « j’ai appris comment des livres convenables deviennent des films pourris. Quand les cinéastes paient d’énormes cachets aux vedettes, la caméra reste sur eux, peu importe la trame du film. »
« C’est l’objectif de chaque auteur d’écrire une histoire de fiction et des livres qui contiendraient en leur sein même, un scénario autonome que quelqu’un n’aurait qu’à détacher, ce qui éviterait qu’il soit bousillé », ajoute-t-il. « Avec ‘Let it Ride’, ils l’ont repris mot à mot. »
Sous la direction de Joe Pytka (Space Jam), l’histoire s’est retrouvée au grand écran grâce à la courtoisie du producteur Ned Dowd. « Ned est un inconditionnel des chevaux, » dit Cronley. « Il a mis la main sur ‘Good Vibes’, en a parlé à quelques-uns de ses amis, toutes des personnes aimant les courses de chevaux, ils ont cautionné le livre et en ont fait un film. »
Ils ont réuni une brillante distribution qui a rendu à la perfection les personnages capricieux de Cronley. Ces caractères, insiste-t-il, sont le reflet de tous ceux qu’il a connus. « Ces gens-là sont à Hot Springs aujourd’hui, » dit-il en riant. « C’est ce qui fait le charme des hippodromes et c’est pourquoi c’est tellement plaisant d’y aller. L’hippodrome est le dernier bastion des gens de caractère. Partout ailleurs, vous êtes en réhabilitation. Même à mon salon de diffusion simultanée, il y a quelques vrais fripons. »
L’un des personnages les plus remarquables du film est Simpson, le gars à la forte stature que vous payez pour vous réserver une place à la rampe. Bien qu’il n’y ait jamais eu de vrai Simpson, Cronley dit que lui et ses comparses ont payé des collégiens pour garder leur place à la rampe le jour de l’Arkansas Derby.
« Tout cela est fondé sur des faits, » dit-il. « De toute évidence, c’est exagéré, mais il y a un fond de vérité dans chaque chose. » Alors, qui sont les habitués de son salon de diffusion simultanée? « Quatre avocats, quelques ivrognes et un peintre en bâtiment, » dit-il.
« Tout ce que j’ai à faire c’est d’y aller, de leur demander lequel ils aiment et d’établir une ligne. Si j’ai une course et que j’ai deux ou trois chevaux, il y a deux ou trois personnes à qui je demanderai lequel ils aiment. Ils sont en or et ne peuvent arrêter leur choix sur aucun d’entre eux. »
C’est peut-être pour cela que le film est si bon. Vous connaissez ces gens et ça leur donne vie.
« Dans My Friend Flicka et Seabiscuit, on ne sait pas qu’ils parient aux courses, » indique Cronley. « Et c’est ce qui est plaisant dans notre film. On parle de jeu. On montre aux gens ce que sont les jeux de hasard et le pari. Je crois qu’il n’y a jamais eu d’autre film sur les courses de chevaux qui traitait aussi des jeux d’argent. »
Les jeux d’argent faisaient partie de la vie de Cronley à cette époque-là, et encore aujourd’hui. Il rédige une chronique hebdomadaire sur les courses de chevaux sur ESPN.com depuis presque cinq ans. De même que trois chroniques d’intérêt général par semaine pour le Tulsa World Newspaper, pour lequel il écrit depuis deux décennies.
Son acuité lorsqu’il s’agit du mot écrit pourrait être attribuée à son éducation. Cronley est né à Lincoln, au Nebraska, mais sa famille a tôt fait de déménager en Oklahoma pour se soustraire aux durs hivers. « Mon père a été rédacteur sportif au Daily Oklahoman durant 35 ans, alors j’ai toujours été dans le giron de l’écriture, » dit-il en haussant les épaules.
« Quand vous vivez dans une telle maison, vous ne pouvez pas vous en tirer avec une mauvaise grammaire, et vous devez beaucoup lire, » dit-il en riant. « La seule façon d’apprendre à écrire c’est de lire. »
Ayant grandi dans un État où le sport collégial est une façon de vivre, c’est sans surprise que Cronley est devenu un athlète. Il a joué au baseball pour l’University of Oklahoma et il avait assez de talent pour être nommé ‘All-Big-Eight, mais le sport ne l’appelait pas. Après ses études, il a passé plusieurs années dans le cycle infernal de New York, à vendre des actions, puis il a décidé de vivre une vie plus heureuse chez Tulsa.
« Quand vous avez toujours vécu dans un environnement d’écriture et que vous lisez tout le temps, » dit-il, « vous êtes toujours attiré par ce domaine. »
En 1979, il a publié Good Vibes, son deuxième roman.
Il a toujours aimé les courses de chevaux, mais ce n’était pas facile de les suivre en Oklahoma. Blue Ribbon Downs était le premier hippodrome de l’état, mais ce n’est qu’en 1984 que le pari mutuel est arrivé. Alors, pour parier, il vous fallait voyager. « Vous deviez aller à Las Vegas chez un preneur au livre pour faire vos paris ou conduire jusqu’à Oaklawn, Hot Springs, en Arkansas; et c’est ainsi que j’ai compris que les courses n’étaient pas qu’une simple question de visites à un salon de diffusion simultanée, » de dire Cronley. « C’était une excursion de fin de semaine parce que Hot Springs est à quatre heures et demie - cinq heures de route, et que c’est beau. Ça ressemble à Saratoga ou Del Mar, où le simple fait d’y aller devient un événement. »
Alors Cronley voyageait jusqu’en Arkansas et y relaxait quelques jours. « Je me réveillais et j’allais à la pêche en avant-midi pour me rendre ensuite à l’hippodrome en après-midi; c’est ainsi que les courses sont devenues des vacances. Et j’y retourne encore chaque année. » C’est au cours de l’un de ses voyages que lui est venue l’inspiration pour écrire Good Vibes.
« Je regardais le programme et j’ai vu un cheval du nom de Rambunctious Road dans la première course le lendemain; ce cheval me semblait tellement bon qu’il me fallait absolument le jouer, » se rappelle-t-il. « La piste était à 25 milles par une route à deux voies, et tout ce pouvait arriver de malheureux au monde, arriva. »
“Il y avait des accidents, la température était horrible, il y avait du brouillard; je conduisais sur l’accotement et j’aurais fait n’importe quoi pour arriver à l’hippodrome, » sourit-il. « La circulation à Hot Springs était terrible. J’ai dû stationner à neufs pâtés de maisons; je suis descendu de voiture et j’ai couru comme le ‘road runner’ du cartoon puis j’ai enjambé une rampe. Je suis arrivé tout juste une minute avant le départ et j’ai pu faire mon pari. »
« Le cheval a gagné, et je me suis dit – parfois les choses ne peuvent mieux aller. Quelle idée étrange ce serait d’écrire un livre dans lequel vous ne pouvez absolument pas perdre. »
Cronley reçoit encore du courrier d’amateurs qui aiment regarder Let It Ride. « Vous savez comment les athlètes écoutent leurs iPods pour se concentrer avant une partie? Les handicapeurs se servent du film de la même façon. »
“L’autre jour, quelqu’un m’a envoyé un courriel me disant que lui et ses amis se réunissaient pour regarder Let It Ride afin de s’imprégner du bon état d’esprit avant d’aller à l’hippodrome. C’est tellement agréable à entendre. »
Les gens qui possèdent une copie à couverture rigide de Good Vibes seront heureux d’apprendre que le livre a atteint un prix assez élevé. « Lorsqu’il s’agit d’une édition plutôt modeste et que le livre devient un film, du jour au lendemain, les livres à couverture rigide prennent beaucoup de valeur, » admet Cronley.
“Il y a quelques années, quelqu’un m’a envoyé une page d’un livre d’une maison d’édition de livres rares traitant des pyramides et des écritures religieuses, et là, à côté d’un titre datant de 4 A. C., figurait Good Vibes, un original à couverture rigide autographié, à 1 300 $. Et je n’en ai pas une. Tout ce que j’ai, ce sont deux exemplaires à couverture souple. »
Il travaille encore à son écriture plus souvent qu’autrement, et c’est difficile de se maintenir à flot. Pour bien gérer tous ses projets d’écriture, il essaie de diviser chaque journée en trois parties. « Je commence par rédiger ma chronique d’intérêt général pour le journal, ensuite je me fais des notes sur les courses de chevaux puis je travaille sur mon nouveau script. »
“Je travaille sur le texte d’un meurtre mystère, et c’est tellement différent. Dans un livre, vous pouvez écrire 50 pages sur le simple fait d’aller aux toilettes. Mais dans un script, tout doit aller droit au but et toucher les gens, et vous devez penser à la caméra. »
Il est aussi devenu un fan du nouveau spectacle de Planète Animal, ‘Jockeys’, et à seulement deux mois du Derby, vous pouvez me croire, il en analyse tous les concurrents.
« Tout ce qui gagne le Derby Arkansas est sensationnel, » dit-il avec un clin d’œil.