Motivés

Table ronde avec les huit conducteurs aspirant au championnat canadien. Par Justin Fisher / Traduction Louise Rioux

TROT: Vous avez une chance sur huit de représenter le Canada, outre-mer, dans un championnat mondial - dites-nous votre plus cher souvenir d'un succès canadien sur la scène mondiale dans le domaine des courses sous harnais ou autres.

Redmond Doucet: Je répondrais Sidney Crosby pour son But en or à Vancouver.

Louis-Philippe Roy: Crosby contre Miller, la même chose que Redmond.

Stéphane Brosseau: Hervé et Sylvain Filion lorsqu'ils ont gagné le Championnat mondial des Conducteurs pour le Canada.

Trevor Henry: Peut-être quand Murray Brethour a gagné l'Elitlopp avec Billyjojimbob; c'était très bon.

Kelly Hoerdt: Quelque chose connecté au hockey très certainement, mais probablement le but de Henderson.

TROT : Stéphane a mentionné que ce fut lorsque Hervé et Sylvain ont gagné le CMC en Australie, ce qui nous amène à notre prochaine question. Le gagnant rejoindra James MacDonald en Suède pour le CMC 2019 (il obtient automatiquement le droit de concourir à titre de champion défendant) est-ce que l'expérience du CMC de l'an dernier ici au Canada, a rendu cet événement plus important à vos yeux qu'il ne l'était auparavant? Avez-vous regardé la dernière course (ou n'importe quelle autre) en direct? Est-ce que le fait de voir James gagner en sol canadien et voir tout ce par quoi il est passé, étant donné la couverture sur Internet et vidéo, a été plus signifiant du fait que maintenant vous pourriez passer par là?

Kelly Hoerdt Absolument, il s'agit de l'étape mondiale. Il y a tellement plus de couverture médiatique, ce, pour tout sport confondu, mais un tel événement, met notre sport sur l'échiquier et je suis totalement gonflé à bloc. Quand j'arriverai en Suède, je vous enverrai tous une belle carte postale (rires). Je crois que c'est un grand événement qui nous aidera à faire croître notre sport.

Gilles Barrieau: J'ai participé à l'étape finale l'an dernier.

Louis-Philippe Roy: Je dirais qu'après avoir regardé l'épreuve l'an dernier, et que vous les regardez sur les lignes de côté, vous voulez y être, et cette année, tous les huit, nous avons une chance de se retrouver là où fut James l'an dernier.

TROT : Alors, pour certains d'entre vous, est-ce que cela se retrouve plus sur votre radar qu'auparavant, particulièrement cette année à cause de l'année passée?

Stéphane Brosseau: Très certainement, mais comme je l'ai dit, je me souviens des victoires de Hervé et Sylvain Filion... vous revoyez cela quand c'est loin dans le temps, et voilà que vous vous en rapprochez, c'est certain que nous sommes enthousiastes et voulons le gagner. Je crois qu'il en est de même pour chacun d'entre nous.

Louis-Philippe Roy: Ce pourrait être la dernière chance de Stéphane de le gagner, alors… (rires).

Stéphane Brosseau: Je prends de l'âge, yeah... ce pourrait bien être ma dernière chance de vous battre. La seule façon pour Louis de venir en Suède, c'est qu'advenant une victoire, je l'emmènerais avec moi. (rires collectifs).

TROT : Nous savons que Trevor a représenté le Canada en France, et Gilles l'a fait en Nouvelle-Zélande, mais est-ce que quelques-uns parmi vous avez déjà représenté le Canada de quelque façon que ce soit par le passé?

Tous : Non

TROT: Trevor, alors que tu as conduit en France déjà, est-ce que cela t'avantagerait si tu devais te rendre en Suède?

Trevor Henry: Oui, certainement, car on connaît un peu tout ce qui se passe en arrière scène, et mener là-bas, c'est très différent d'ici.

TROT: Le tirage par le CNC s'effectuera de façon à ce que chacun d'entre vous obteniez une fois toutes les positions de départ - vous pigerez aussi vos propres chevaux, et vous aurez chacun une sélection de premier choix, de second, et ainsi de suite, jusqu'à un huitième. Aimez-vous ce format? Est-ce que cela permet à chacun de lutter à armes égales?

Trevor Henry : Je pense que c'est une bonne idée, cela vous donne une meilleure idée des chevaux que vous choisissez.

Kelly Hoerdt: C'est presque que comme parier sur les courses, vous avez un peu plus de contrôle sur votre destin. Je crois que cela rend toute cette expérience encore plus agréable. Je ne suis pas tout à fait certain quant au format dans son entier, mais cela fait partie d'une stratégie. Je crois que c'est une grande idée.

Redmond Doucet: Tout comme le repêchage au hockey.

TROT: Et vous n'avez jamais été très bon à cela Redmond.

Redmond Doucet: Non, mais meilleur que pour vos propres choix (rires).

Gilles Barrieau: Il me semble que c'est une juste façon de faire - juste pour chacun. Ce n'est pas comme cela qu'ils ont fonctionné en 2007.

TROT: Et que ferez-vous messieurs pour cela? Utiliserez-vous TrackIT? Ou les lignes de course? Ou regarderez-vous des reprises?

Redmond Doucet: J'ai un handicapeur dans ma poche arrière, Randy Copley, alors je pourrai le blâmer si ça ne fonctionne pas.

Stéphane Brosseau: Si Louis n'y participait pas, je lui demanderais lequel choisir, mais maintenant je ne lui fais plus confiance du tout.

Kelly Hoerdt: Je vais tout simplement appeler Jody Jamieson et lui demander lesquels choisir, car il connaît tout (rires collectifs.)

TROT: Le nom de Jody revient toujours lors de ces événements, d'une manière ou d'une autre.

TROT: Est-ce que le fait que les courses auront lieu à Grand River Raceway en Ontario, sera un avantage pour les conducteurs ontariens, ou cela compte-t-il vraiment? Avez-vous tous conduit à Grand River auparavant?

Gilles Barrieau: Je ne crois pas que cela les avantagera. Les chevaux qui nous seront assignés seront très significatifs - la plupart d'entre nous avons conduit sur des pistes d'un demi-mille.

Louis-Philippe Roy: J'y ai vécu une mauvaise expérience il y a deux ou trois semaines, alors je ne crois pas que cela m'aidera. J'ai un peu peur de courir encore sur cette piste (en plaisantant).

Kelly Hoerdt: Je regardais des reprises et j'ai vu que Louis avait eu un petit accident ou quelque chose.

Louis-Philippe Roy: Je pourrais avoir oublié cela d'ici la fin de septembre.

Kelly Hoerdt: Probablement pas, car cela pourrait probablement te coller à la peau.

Guy Gagnon: Nous avons la chance de regarder les tableaux... c'est juste pour tout le monde…

TROT: Il y a plusieurs pistes d'un demi-mille partout au pays, mais il n'y en a pas dans l'Ouest Canadien, cela vous désavantage-t-il, vous les gens de l'Ouest (Jamie & Kelly)?

Kelly Hoerdt: Nous avons tous deux, Jamie et moi, grandi et débuté notre carrière sur des pistes d'un demi-mille à Régina, alors nous avons eu notre juste part. Les pistes 'B' en Alberta, Lethbridge et Grande Prairie sont des demi-mille. Je sais qu'il faut faire deux fois le tour, c'est tout ce que vous devez savoir.

TROT: Tel que mentionné plus tôt, si vous deviez gagner le CNC, il vous faudrait aller en Suède en 2019 pour participer au CMC avec James MacDonald - connaissez-vous tous James? L'aimez-vous? (Haha).

Redmond Doucet: C'est un insulaire!

Tous : Aucun commentaire. (Beaucoup de rires),

Louis-Philippe Roy: Si j'entendais quelqu'un ici dire qu'il n'aime pas James, ce serait le premier.

Gilles Barrieau: James est un bon gars...je m'entends très bien avec lui.

Kelly Hoerdt: C'est un bon gars et aussi un grand ambassadeur de notre sport au Canada. Vous ne pourriez choisir une meilleure personne.

TROT: En Suède, les courses compteront des pelotons de 11 chevaux, même ce pourrait aller jusqu'à 14… avez-vous tous conduit dans de si gros pelotons et sur différentes distances comme cela? Qu'en pensez-vous? Cela avantagerait-t-il les conducteurs européens et ceux des antipodes?

Trevor Henry: Cela fait toute une différence quand vous courez sur diverses distances.

Louis-Philippe Roy: Je parle au nom de Guy Gagnon et moi-même, mais quand vous êtes en avant, s'il y a 15 ou 20 chevaux derrière vous, cela ne fait pas de différence (rires). Je parle particulièrement au nom de Guy, bien sûr, mais il aime être en avant, et peut-être dans les deux premiers parfois.

Gilles Barrieau: Il y avait aussi de gros pelotons au CMC 2007 (je crois de 11-14 peut-être). Ce pourrait s'avérer un avantage pour les conducteurs qui le font régulièrement parce qu'ils ont plus d'expérience, et aussi parce que ce sont de plus longues distances - la circulation est différente en courses.

Trevor Henry: C'est très différent puisque l'allure est plus lente, plusieurs d'entre eux courent à deux ou trois de large, c'est totalement différent.

TROT: Essaieriez-vous de rester à deux et trois de large alors, pour la majeure partie, plutôt que rester près de la rampe?

Trevor Henry: C'est parfois mieux d'être troisième ou quatrième plutôt qu'être à la rampe. La rampe n'est pas une bonne place à être. Les chevaux savent comment courser de cette manière. C'est mieux de partir en huitième ou neuvième position et remonter la circulation. Cela vient aussi avec le cheval - si vous avez le favori, alors peut-être pouvez-vous y aller de fil en fil, toutefois, beaucoup de la course se déroule hors du rythme de la course à cause de la distance.

TROT: Alors Louis ne serait pas bon là-bas? (Tout le monde rit.)

TROT: Il n'y a aussi que des trotteurs en Suède. Pour les gars qui ne conduisent pas de trotteurs, cela représente-t-il un désavantage?

Kelly Hoerdt: J'en ai conduits quelques-uns en Californie, mais peut-être seulement une vingtaine de fois. Je souhaiterais qu'il y en ait ici.

Jamie Gray: Cela fait très longtemps que j'en ai conduit un, mais je l'ai fait.

Redmond Doucet: Non, je n'ai pas conduit beaucoup de trotteurs. Il n'y en a pas au Cap-Breton ou en Nouvelle-Écosse, comme à Inverness ou Truro… où il y a des courses 'stakes' mais pas de courses 'Overnight'.

TROT: En ce qui concerne les gros pelotons - les courses de thoroughbred ont prouvé que les gros pelotons rapportent de plus grosses bourses et de meilleurs rendements aux parieurs. Que pensez-vous des plus gros pelotons, tout le temps, pour les courses attelées canadiennes? Est-ce réellement si important que chacun obtienne une place à la barrière - même si cela signifie de plus petits paris et donc de plus petites bourses? Ou est-ce le temps de nous adapter? Courir à deux et trois de large semble fonctionner partout ailleurs - et il semble que cela ait fonctionné ici lors du CMC 2017.

Jamie Gray: Il y a du mérite dans ce que vous dites, cela dépend de la taille de la piste, ainsi que de la qualité des conducteurs, ce, pour des raisons de sécurité. Les thoroughbred n'ont pas à se préoccuper du sulky, mais les plus gros pelotons rapporteront plus d'argent.

Redmond Doucet: Tout dépend de l'endroit, vous pourriez avoir 10 chevaux dans une course à Charlottetown, mais probablement pas aux anneaux où je course. Cela dépend de l'endroit, mais je ne pense pas qu'il pourrait y avoir plus d'un 'trailer' à l'Est (sur certaines pistes) pour des raisons de sécurité.

Louis-Philippe Roy: Si vous courez sur de plus longues distances, cela donne une chance pour toute position, alors si vous êtes dans un plus gros peloton et que vous courez sur une plus longue distance, je pense que ça peut aller. Mais courir un mille sur une piste d'un demi-mille, où il y aurait de plus gros pelotons, cela ne pas fonctionner parce qu'il y a plusieurs chevaux qui n'auraient aucune chance.

TROT: Ne pensez-vous pas que les gars s'ajusteraient, même sans ajouter beaucoup de distance? Si vous voyez une course en provenance de la Suède ou d'Australie, ils sont à deux et trois de large sur la majeure partie de la distance, et, tel que mentionné, les courses en CMC ont semblé bien fonctionner ici l'année dernière.

Stéphane Brosseau: Sur les grosses pistes, j'aime l'idée, mais sur les pistes d'un demi-mille, je n'aime pas, même si on parle de plus longue distance. Si le peloton est plus gros, alors je pense qu'il faut aller sur une plus longue distance. À Mohawk, vous pourriez devoir courir sur deux milles avec 15 chevaux, mais je ne crois pas qu'un mille suffit.

Guy Gagnon: Vous me le demandez, ça m'indiffère. Tout je que je veux c'est conduire le meilleur. Ça m'est égal qu'il y ait 8 ou 10 ou 12 chevaux, tout ce que je veux, c'est de mener le meilleur de chaque course.

Trevor Henry: Ce serait une bonne idée sur une grosse piste, mais sur une courte piste, c'est difficile. Il pourrait y avoir deux ou trois 'trailers', mais dès que vous en avez 12, c'est fou. Sur la grosse piste, s'ils voulaient courir 1 mille et demi ou deux milles, avec 15 chevaux, ou comme ils en voudraient, ils le pourraient.

Gilles Barrieau: Je pense que ce que nous avons présentement, c'est bien. C'est difficile pour les propriétaires de toucher un retour sur investissement, et ceci ne ferait que rendre cela plus difficile.

Kellly Hoerdt: Tout ce qui apporte des dollars en paris à notre sport, particulièrement ici dans l'Ouest. Nous avons besoin de plus de gens qui viennent aux courses et de plus grosses cagnottes afin de supporter notre sport. Si de plus gros pelotons font cela, alors je suis d'accord. Nous devrions courir sur de plus longues distances, et évidemment, la sécurité est la principale préoccupation, mais si cela ramène les gens, que les bourses augmentent, et qu'il y a plus de chevaux, alors je suis tout à fait d'accord.

TROT: En ce qui concerne la stratégie pour l'événement de cette année - avez-vous des idées? Est-ce que quelqu'un parmi vous serait volontaire pour partager ses secrets ou plans sur ce forum en ce moment?

Kelly Hoerdt: Ce sera une partie de poker.

Redmond Doucet: Oui, avec un visage impassible.

Jamie Gray: Ce serait probablement de suivre Trevor tout le long, il a le plus d'expérience.

TROT: Guy, allez-vous tous les envoyer tout le long?

Guy Gagnon: Euh, je ne sais pas, cela dépend... j'aime être en avant, oui, mais je vais surveiller le genre de conduite dont le cheval a besoin. Il vaudrait mieux par contre, que Louis Roy me laisse aller en avant (rires collectifs).

Louis-Philippe Roy: Cela n'arrivera pas (et tous en rient).

Kelly Hoerdt: Il y a une voie de doublage à Grand River, n'est-ce-pas?

Tous : Oui.

Kelly Hoerdt: Très bien Guy, tu peux prendre le devant (et tous de rire).

TROT: Dites-nous pourquoi vous allez gagner le CNC de 2018 plutôt que les sept autres conducteurs?

Redmond Doucet: Parce que je veux aller en Suède pour représenter mon pays.

Louis-Philippe Roy: Je crois que j'ai mené contre tous les autres conducteurs, alors je connais leurs styles, et je pense que c'est ce qui va m'aider en septembre. Je ne pense pas devoir les battre, ce sont eux qui devront me battre.

Stéphane Brosseau: C'est la chance d'une vie, et ce pourrait être ma dernière chance, alors je vais essayer et m'amuser. Quand vous avez du plaisir, éventuellement vous serez bon.

Guy Gagnon: Si je suis chanceux, je vais décrocher de bonnes conduites. C'est la seule façon pour gagner, se mesurer à d'autres bons conducteurs. Vous avez besoin de chance.

Trevor Henry: Parce que je suis le roi sur piste d'un demi-mille (tous rient).

Kelly Hoerdt: Parce que je vais tous les inviter à sortir le soir précédent, leur faire boire de la tequila, et ils auront tous la gueule de bois pour pouvoir faire quelque chose de bien le lendemain.

TROT: Et tu ne boiras que de l'eau?

Kelly Hoerdt: Ah, non, je peux supporter ce truc.

Gilles Barrieau: Je serai seulement meilleur que tous les autres!

Jamie Gray: Parce que je suis le plus âgé, donc supposé être le plus sage.

Kelly Hoerdt: Et bien, Jamie, tu as raison sur la première partie, tu es le plus âgé (et tous rient).

TROT: Quelqu'un a d'autres commentaries pour terminer?

Kelly Hoerdt: J'ai très hâte de vous rencontrer les gars... nous allons passer du très bon temps là-bas. Ce sera un grand plaisir de mener contre les meilleurs au Canada.

Jamie Gray: Bonne chance à tous!

TROT Magazine remercie tous les conducteurs s'étant prêté à cette entrevue de groupe, et souhaite à tous et chacun, la meilleure des chances pour cette année.

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