Au cours des six éditions du Mohawk Million, Steve et Cindy Stewart de Hunterton Farm, dans le Kentucky, ont enregistré un parcours enviable dans cet événement à 1 million de dollars réservé aux trotteurs âgés de deux ans. Ils ont co-élevé le gagnant à trois reprises, co-propriétaires du gagnant à deux reprises, et ont vu le gagnant courir à partir de leur case de départ obtenue (slot) à trois des quatre dernières années. Au total, ils ont été liés à cinq des six gagnants, et lors de la seule année où ils n’ont pas gagné, le cheval partant de leur « slot » a quand même terminé troisième. Il n’est donc pas étonnant que le couple attende déjà avec impatience de participer à l’édition 2026 de l’événement. Par Chris Lomon.
Traduction Manon Gravel.

Les gens d’Hunterton Farm n’ont jamais rêvé de devenir des acteurs majeurs dans l’un des événements les plus prestigieux des courses de Standardbred. Pourtant, c’est exactement ce qu’ils sont devenus.
Il y a cinq ans, en 2020, Steve et Cindy Stewart – le couple derrière l’une des opérations d’élevage les plus prospères et respectées dans le monde des courses sous harnais – ont entendu parler pour la première fois de cet événement unique connu sous le nom de Mohawk Million.
À l’époque, la course représentait un concept audacieux dans le sport : un événement de trotteurs à 1 million de dollars pour les deux ans, où ce sont les slots, et non les inscriptions, qui étaient achetés à l’avance, puis conservés, attribués ou vendus. Les Stewart, fervents soutiens de l’industrie, sur et hors-piste, ont accueilli cette innovation avec enthousiasme.
« Dès le départ, j’ai pensé que c’était une excellente idée », a déclaré Steve, qui, avec Cindy, a élevé plusieurs superstars, dont trois gagnants de l’Hambletonian – Forbidden Trade, Trixton et Tactical Approach –, le Cheval de l’Année aux États-Unis Rock N Roll Heaven, Mission Brief, Tactical Landing, Rebuff, Allegiant, ainsi que l’intronisé au Temple de la renommée canadien Run the Table, pour n’en citer que quelques-uns.

« Je n’ai aucun problème avec le format, car pour moi, ce sport ressemble de toute façon à une partie de poker. Quand vous jouez au poker, vous pouvez jouer pour des cennes noires… vous ne gagnerez pas grand-chose. Ou vous pouvez miser des cinq sous, des dix sous, un dollar, ou plus – et c’est vous qui décidez des enjeux lorsque vous invitez des gens chez vous pour jouer.
« Nous pouvons tous dire que nous n’aimons pas les frais de stakes – et c’est correct si vous ne voyez pas les choses ainsi – mais c’est un moyen d’augmenter le pot. Si vous pensez avoir une bonne main tôt dans la partie, en ce qui concerne un cheval, vous pouvez mettre la main dans votre poche et demander votre prochaine carte, pour ainsi dire [acheter un slot en février]. Vous pouvez aussi décider, si votre cheval se comporte bien [plus tard], de miser à ce moment-là et de procéder ainsi. »
Ce que Steve et Cindy n’avaient pas prévu, surtout en 2020, c’était de devenir synonymes de la course elle-même.
Six ans plus tard, après six éditions de la course, c’est exactement le statut que Hunterton a atteint.
« À chaque édition, nous avons été très chanceux lorsqu’il s’agit du Mohawk Million », a déclaré Steve. « C’est remarquable. Dire que nous sommes partout dans le Mohawk Million serait un euphémisme complet. »
Et bien plus encore.
Au départ, simplement avoir un nom comme Hunterton associé à la course de 2020 était une grande victoire pour tous ceux liés à l’événement.
Nommée d’après le deuxième prénom de Steve, « Hunter », la ferme a forgé une identité unique dans le monde du Standardbred. Hunterton est la plus grande ferme d’élevage de Standardbred au monde qui ne possède pas d’étalon, un modèle qui permet aux Stewart et à leur équipe de se concentrer uniquement sur le choix du meilleur étalon pour chaque jument.
Ainsi, il n’était pas surprenant pour l’industrie qu’au moins un cheval lié à Hunterton se retrouve derrière la barrière mobile pour le premier Mohawk Million. Et l’implication de Hunterton dans cette édition inaugurale s’est révélée être un signe des événements à venir.

Cette année-là, Venerate, un fils de Love You et de Peaceful Kemp, élevé par Hunterton (avec Black Creek Farm et Kemppi Stables), a remporté la course inaugurale avec Andy Miller sur le sulky pour sa femme, l’entraîneuse Julie Miller, courant dans le slot appartenant à Brad Grant, Marvin Katz et leurs partenaires.
Cette course, dotée d’une bourse de 1 333 334 $, était la course de Standardbred la plus riche jamais disputée au Canada depuis la Pepsi North America Cup 2012.
Un an plus tard, c’était au tour de Venerable – une pouliche également élevée par Hunterton Farm (avec Black Creek Farm, Maumee River Stables et Martin Schmucker) – de décrocher les lauriers dans la course la plus riche d’Amérique du Nord pour les trotteurs de deux ans.

« Ce furent des victoires très mémorables, et savoir que nous avons élevé ces chevaux est une véritable fierté », a déclaré Steve. « Venerate avait gagné [seulement six jours plus tôt] le dimanche. Il avait remporté la finale du Kentucky Sires Stakes au Red Mile et était en pleine forme. Julie Miller et les propriétaires ont décidé de l’emmener à Mohawk et de courir dans le Million malgré tout – et ils ont gagné.
« L’année suivante, Venerable avait remporté la Peaceful Way [à Mohawk], et nous avons pensé qu’il serait évidemment formidable qu’elle entre dans le Million et gagne également. Il y avait un peu d’hésitation chez le propriétaire, David McDuffee, et l’entraîneur, Nifty Norman, car c’était une pouliche, mais elle était meilleure que tous les autres et elle a gagné également. »
Ces deux victoires ont mené à une reconnaissance plus large des trotteurs – et de la ferme.
« S’il n’y avait pas eu de Mohawk Million, il y a de fortes chances que les deux n’auraient pas été nommés « deux ans de l’année » dans leurs divisions respectives », a déclaré Steve. « Venerable [une fille de Walner - Jolene Jolene] a battu les mâles, et cela lui a donné un avantage pour le vote. Venerate, c’était la même chose. Quand vous avez cette couronne, les deux ans de l’année, c’est une déclaration assez importante pour la vente de leurs frères et sœurs. »

Ces triomphes, sur et en dehors de la piste, ont incité Stewart à aborder la troisième édition du Mohawk Million sous un angle différent.
L’affection pour la course et le désir de contribuer à sa continuité étaient prioritaires pour Hunterton.
« La troisième année, ils avaient un peu de mal à remplir les slots », a déclaré Steve. « C’est là que nous avons parlé à nos partenaires de l’idée de redonner à l’industrie. J’ai dit à plusieurs reprises, surtout pour des courses comme celle-ci, qu’elles sont tellement importantes, car il faut de grands événements pour que les gens croient qu’ils peuvent récupérer leur investissement dans les yearlings.
« Nous étions motivés par l’envie de maintenir la course. J’ai parlé à mes partenaires de l’idée de nous associer pour acheter un slot. Beaucoup des plus grands éleveurs achetaient leur slot pour courir un de leurs propres chevaux. Tout le monde à Mohawk a été très gentil et je pense qu’ils étaient très heureux que quelqu’un en dehors de ce cercle, en tant qu’éleveurs, achète un slot pour aider à maintenir la course.
« J’ai reçu un texto de [l’ancien secrétaire de course de Mohawk, maintenant retraité] Scott McKelvie, qui nous a félicités pour avoir élevé les deux premiers gagnants et nous a remerciés de faire partie des propriétaires de slots qui ont aidé à assurer la continuité de la course. C’était très agréable. »
Comme les deux années précédentes, en 2022, neuf slots étaient disponibles à l’achat pour 100 000 $ (CAD) chacun. Le dixième et dernier slot allait au vainqueur du William Wellwood Memorial – dans ce cas, Winners Bet.
« Ma réflexion, laquelle j’ai pu convaincre mes partenaires d’adopter, était que nous pourrions finir par gagner plus d’argent que quiconque dans la game [en investissant dans la course pour la maintenir en vie]. Nous possédions déjà les mères des deux premiers gagnants, et les deux sont devenues championnes chez les deux ans. C’est pourquoi j’ai estimé que nous devrions acheter un slot en 2022.
« J’ai expliqué le processus de paiement, nous avons donc mis en commun notre argent, comme nous le faisons pour acheter des juments, et nous avons acheté un slot. »
Pendant un temps, un triplé Hunterton dans le Million semblait toutefois relever de l’improbable. Passer d’éleveur à propriétaire de slot s’avérait être une tout autre game.
« Nous avons traversé l’été – nous étions novices dans le Million à ce moment-là – et nous avons réalisé qu’on ne pouvait pas commencer à parler à quelqu’un en juillet ou août, car ce sont des deux ans. Juste parce qu’un cheval semble bon en juillet, ne veut pas dire qu’il sera prêt en septembre lorsque la course aura lieu. »
Tout comme la victoire de Venerable en 2021, tout allait se jouer à la dernière minute pour Hunterton et ses partenaires.
« À mesure que l’événement approchait, jusqu’à la semaine précédant la course, nous avons discuté entre nous et réalisé que nous n’avions toujours pas de cheval pour la course.
« C’était plus facile pour nous que pour beaucoup, grâce à notre capacité à texter quelqu’un comme Marcus Melander, ce que nous avons fait ensuite. »
Le groupe de propriétaires a alors concentré ses espoirs sur la disponibilité d’un fils bai de Muscle Hill issu de la jument Cantab Hall, Fine Tuned Lady.
« Le vendredi soir, Oh Well avait gagné le New Jersey Classic », se souvient Steve. « L’un des membres de notre groupe, qui avait un cheval avec Marcus, lui a envoyé un texto : ‘Considérerais-tu Oh Well pour le Mohawk Million ?’ Si le cheval s’était bien sorti de la course du New Jersey, nous pensions que l’entraîneur serait motivé, à la fois pour gagner de l’argent et obtenir la notoriété d’être dans le Million. »
Stewart savait toutefois qu’il faudrait plus que Melander pour donner le feu vert, et savait aussi que les inscriptions devaient être faites au plus tard le lundi de la semaine de la course.
« Ce n’est pas toujours difficile de convaincre l’entraîneur, mais ensuite il faut parler au propriétaire », a ri Steve. « Le samedi matin, Marcus a dit que le cheval allait bien, mais voilà, à 48 heures de la date limite d’inscription pour le Million, nous n’avions toujours pas de cheval. Il était quinze heures, et Marcus allait contacter le propriétaire, en Suède, pour connaître son avis. Le dimanche matin, nous avons su que c’était un ‘Go’. »

En s’associant à S R F Stable, Hunterton et ses partenaires ont vu Oh Well, huit jours après son triomphe dans le New Jersey, remporter une victoire par 2 ½ longueurs, en 1:53,4, en tant que favori à 3/5, et entrer dans le cercle des vainqueurs du Mohawk Million.
Après avoir surmonté une série d’obstacles dans les semaines précédant la course, Hunterton avait son triplé naturel dans le Million.
Tenter la chance d’un quatrième titre consécutif n’était jamais en doute pour les Stewart.
« Pour les deux premières éditions, la seule chose que nous avions à dire était que nous étions les éleveurs, mais après cela, les gens venaient à l’encan et demandaient si nous avions des chevaux à vendre dont les trois premières lettres du nom étaient VEN », a ri Steve.
Ainsi, après avoir été à nouveau associé au gagnant lors de la troisième année, viser une quatrième couronne était une décision facile. La voir se concrétiser restait toutefois un gros point d’intérrogation.
« L’année suivante, nous n’avons pas eu à trop convaincre nos partenaires. Nous avions remporté la course l’année précédente, et c’était une situation de 50/50 : les propriétaires du cheval fournissaient le cheval, et nous, nous fournissions la place. »
C’est facile de faire le calcul : le profit pour les détenteurs de la place avoisinait les 125 000 $. En 2023, dans l’espoir de répéter l’exploit financièrement tout en visant un quatrième triomphe consécutif, Steve Stewart avait en tête une pouliche bien précise — une fille de Tactical Landing qu’il avait élevée et vendue en partenariat avec Atlantic Trot Inc.
« Allegiant courait, tout comme Venerate l’avait fait, le dimanche après-midi, et nous devions inscrire un cheval pour le Million le lundi matin. »
Cette fois, toutefois, la route vers le Million a pris un détour inattendu.
« Elle courait très bien et était la grande favorite dans la finale des Kentucky Sires Stakes de 400 000 $, mais ce jour-là, elle n’a pas bien fait — elle a terminé quatrième, » se souvient Stewart.
« Alors là, on se dit : “Si elle est malade, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?” On a environ 15 heures pour trouver un cheval. Ce n’est pas bon signe. Je voyais déjà le moment où j’allais appeler Mohawk pour leur dire qu’on n’avait pas de cheval. Quand elle n’a pas bien couru, nous avons parlé avec M. Smith, son propriétaire. Nous lui avions vendu la pouliche, donc nous la connaissions bien, mais pas M. Smith. Il nous a dit que ses analyses sanguines n’étaient pas bonnes, ce qui expliquait sa contre-performance, mais qu’il était convaincu qu’ils allaient très bien s’en occuper et qu’elle se rétablirait. Ils voulaient toujours participer, mais seulement si la pouliche était en parfaite santé. »
Steve a dû trouver un plan de secours.
« On pensait devoir trouver quelqu’un d’autre. On a commencé à appeler d’autres gens. Il y avait un poulain qui avait remporté deux finales dans le « Gold » de la [SBOA] à Mohawk, mais les propriétaires ne voulaient pas y aller, parce que ça ne cadrait pas avec son horaire. C’est l’un des défis de cette course : même si un cheval performe bien, son calendrier ne le permet pas toujours.
« On s’est couchés ce soir-là, et le lendemain, M. Smith nous a dit que la pouliche avait reçu le feu vert pour courir. Ils étaient installés à Cleveland — c’est là qu’elle était allée après le Red Mile — alors ce n’était même pas un long voyage jusqu’à Mohawk. »
Après avoir franchi un obstacle, Hunterton devait maintenant affronter un autre défi : neuf adversaires redoutables, dont le redouté T C I, prêts à en découdre sous les projecteurs du Woodbine Mohawk Park.
« Les bras se referment, T C I brise son allure, et la jument de Determination [Drawn Impression] brise aussi son allure. Nous, on est troisièmes en montant au trois-quart, derrière Top Mast, un cheval que nous avons aussi élevé. Scotty (Zeron), qui conduisait Allegiant, n’a pas sorti au demi. Il dit qu’il aurait dû. On a finalement terminé troisièmes, après que T C I se soit ressaisi et ait quand même gagné la course. »
Cela a peut-être mis fin à la séquence victorieuse de Hunterton dans The Million, mais certainement pas à son soutien envers l’événement.
En 2024, The Mohawk Million a subi quelques changements : le prix des places a été réduit de moitié, passant de 100 000 $ à 50 000 $, et les dix places ont été mises en vente, éliminant ainsi l’entrée gratuite auparavant accordée au gagnant du William Wellwood.
La course offrait toujours une bourse d’un million de dollars, comprenant désormais 500 000 $ en argent ajouté.
« Je sais que c’était difficile pour Mohawk de trouver des gens prêts à mettre 100 000 $ pour une place aussi tôt [le 15 février], » a expliqué Stewart. « Mais quand ils ont réduit le prix à 50 000 $, il y a un an, il y a eu plus qu’assez de gens intéressés à en acheter. »
L’intérêt a littéralement explosé, alors que 21 candidats ont participé à une loterie pour les 10 places disponibles.
Hunterton, pour reprendre un terme de poker, détenait une main gagnante — et pas seulement parce que leur nom a été tiré au sort parmi les gagnants.
Cette fois-ci, les Stewart allaient frapper le gros lot du Mohawk Million grâce à Maryland, un fils de Chapter Seven et de la jument Crucial, une fille de Father Patrick.

« Anders Ström, de Courant Inc, l’a acheté pour 475 000 $ (US) en 2023 à Lexington, » raconte Steve.
« Il nous a dit qu’on en prendrait 10 %, » lance Cindy Stewart en riant. « On a toujours été bons pour élever des chevaux, » ajoute-t-elle, « mais avant Maryland, on n’avait jamais eu beaucoup de chance comme propriétaires. »
« Quand j’ai signé le chèque, je considérais essentiellement que 47 500 $ étaient partis en fumée, » sourit Steve. « Comme Cindy le disait, pour une raison ou une autre, on n’avait jamais eu beaucoup de chance comme propriétaires. »
Ils ne pouvaient pas avoir plus tort — et cela ne les dérange pas le moindrement.
Arrivant à cette course dotée d’une bourse à sept chiffres fort de ses victoires dans le Wellwood de 575 000 $ et le Peter Haughton Memorial de 527 027 $, et avec Dexter Dunn aux guides pour l’entraîneur Marcus Melander, Maryland a offert une véritable démonstration de talent dans le Mohawk Million — une victoire dominante par 3 ½ longueurs en 1 :52.3.
« L’an dernier [2024], le choix du cheval a été facile, puisque c’était Maryland, dont nous sommes copropriétaires, a expliqué Stewart. C’était la situation parfaite. Nous avions une case, nous avons touché 10 % de la part du propriétaire et nous avons aussi profité de notre pourcentage sur la part de la case. C’était fantastique. »
La sixième édition de la course, cependant, allait encore une fois présenter de nouveaux défis pour Hunterton Farm.
Pour l’édition 2025, un nombre record de 37 candidats ont participé au tirage des slots. Hunterton faisait encore partie des dix chanceux.
Il leur faudrait aussi un peu de chance avec leur représentant, Apex, un fils de Walner et de la jument Mission Brief (par Muscle Hill). Stewart, co-éleveur à la fois de Mission Brief et d’Apex, est également copropriétaire de ce poulain au pedigree royal, vendu 525 000 $ à l’encan de Harrisburg en novembre 2024.

« Cette année, il y a eu beaucoup de drame. J’ai finalement reçu un appel le dimanche après-midi de Marcus [Melander] qui m’a dit qu’on allait y aller. Il y a eu beaucoup de réflexion derrière cette décision, car Apex venait de courir trois week-ends de suite. On se demandait s’il fallait vraiment le faire courir quatre week-ends consécutifs. Dexter [Dunn, le conducteur] disait que le cheval était sorti de sa dernière course en pleine forme, mais Marcus avait besoin d’un peu plus d’encouragements pour prendre sa décision.
« Je m’étais convaincu qu’il n’irait pas, et je me disais qu’on se retrouvait encore une fois dans la même situation : devoir chercher un autre cheval à la dernière minute. »
Cette fois, par contre, Stewart n’a pas eu besoin de prendre le téléphone.
La sixième édition de la course, disputée le 20 septembre dernier, présentait le peloton le plus relevé de l’histoire du Mohawk Million — et la bataille entre les trotteurs de deux ans n’a pas déçu.
Apex s’est imposé après un parcours à l’extérieur, en 1 :51.4 — un record pour ce stake, record de piste et record canadien — dans une épreuve doublement satisfaisante pour Stewart, qui a aussi co-élevé le deuxième, Endurance (avec Martti Ala-Seppala).
Cette course faisait partie d’une soirée record, marquée par un chiffre d’affaires global historique de 4 662 789 $, dépassant l’ancien record de 3,9 millions établi en 2022.
« Tout simplement incroyable, a déclaré Stewart. C’est difficile à réaliser. »
Il reste maintenant quatre mois avant le tirage au sort des propriétaires de slots pour le Mohawk Million 2026. Stewart espère évidemment en faire encore partie.
« Cette année, nous avons élevé et possédé le cheval qui a gagné, et élevé celui qui a terminé deuxième. Je ne sais pas trop quoi faire pour un rappel l’an prochain. Peut-être que ce sera avec l’un des chevaux que nous avons vendus aux encans ? Peut-être que le plan sera d’en posséder plus de 10 %. On va s’inscrire pour un autre emplacement, espérer gagner à la loterie, et, avec un peu de chance, y retourner encore. On va certainement essayer. »
S’ils poursuivent leur série de succès dans cette course, avec un brin de chance et l’aide des dieux des courses, Stewart sait exactement à quoi s’attendre dans les jours précédant la grande soirée.
« Comme je l’ai dit avec Oh Well, ce n’est pas pour les cœurs sensibles. Il faut avoir des contacts pour trouver des chevaux. J’ai vu des gens s’affoler avant la course. On ne sait jamais ce qui peut arriver. On ne peut rien tenir pour acquis, et c’est parfois stressant quand le temps file avant la fermeture des inscriptions. »
Mais pour Hunterton, qui a vendu pour plus de 12 millions $ en yearlings lors de l’encan Lexington Selected 2025 (le deuxième total le plus élevé de l’histoire de l’encan), le succès ne se résume pas aux chiffres.

« Parce que c’est le Mohawk Million, c’est l’un des trophées les plus prestigieux et les plus convoités du sport, » a déclaré Stewart. « Ce n’est pas parce qu’on achète un emplacement qu’on a automatiquement un cheval dans la course. Ce sont les liens et les relations qui rendent cela possible. Il faut tout un village pour gagner le Mohawk Million. »
Ce village comprend les partenaires John Schmucker, Black Creek Farm, Elmer Miller, Hickory Hollow Stables, George Lowenfeld, Andrea Lea Racing Stables, Aron Schmucker, Maumee River Stables et Lester Graber.
« Chaque année, pour cette course, nous avons des partenaires formidables qui investissent pour obtenir un emplacement. Ce sont des gens extraordinaires, tous passionnés par cette épreuve et par le sport en général. »
Tout comme la ferme Hunterton.
« Ce n’est pas l’argent qui rend notre parcours dans le Million spécial, mais les gens avec qui nous faisons équipe et la reconnaissance que la ferme obtient grâce à son lien avec la réussite dans cette course. C’est la cerise sur le sundae. Le vrai plaisir et la vraie récompense, c’est d’être associés à des chevaux que nous avons élevés ou possédés. »
Cette philosophie rend leur participation au Mohawk Million toute naturelle.
Un événement qui récompense la vision à long terme, les partenariats stratégiques et un engagement profond envers l’avenir des courses attelées, c’est exactement ce que Hunterton représente depuis toujours.
« C’est très agréable de travailler avec nos partenaires et de voir le tout se concrétiser. Je pense aussi que Mohawk fait un travail exceptionnel pour promouvoir notre sport. Ils ne sont pas obligés de le faire. Ils ne sont pas obligés d’investir autant d’argent ni d’efforts, mais ils le font. Chapeau à eux. C’est tellement plaisant d’être associés à un groupe aussi exceptionnel. Ils réussissent à faire sentir les propriétaires et les équipes vraiment spéciaux. »
Cet article a été publié dans le numéro de novembre de TROT Magazine. Abonnez-vous à TROT aujourd'hui en cliquant sur la bannière ci-dessous.
