Dans le monde du sport, on retrouve une multitude d’abréviations qui, au fil du temps, se sont tout simplement intégrées à
notre langage.
Beaucoup – sinon la majorité – savent que dans le baseball, un RBI correspond à une « run batted in » (point produit), qu’au football, un TD est un touché, et qu’en boxe, un KO est un knock-out.
Un PIM au hockey – pour penalty infraction minutes (minutes de punition) – et le KO au baseball – un retrait sur des prises – ne sont peut-être pas aussi évidents, mais ils sont tout de même compris et utilisés par des millions de gens.
Dans le monde des courses, on a le MTP – minutes to post – soit le compte à rebours avant le départ. C’est une expression qui existe depuis des décennies et qui est reconnue partout. Malheureusement, aujourd’hui, tout ça est devenu un mensonge.
Bon… « un mensonge » est peut-être un peu fort, mais disons plutôt une vraie farce – si on veut être plus gentil.
Quoi qu’il en soit, j’ai été élevé – comme la plupart d’entre nous – à être honnête et franc. Ma mère, en particulier, m’a toujours dit qu’un menteur ou un hypocrite, c’était ce qu’il y avait de pire, et qu’une fois qu’on perd la confiance de quelqu’un, il est presque impossible de la regagner.
Je suis entièrement d’accord avec elle, et je suis sûr que vous l’êtes aussi. Quand on fait quelque chose, il faut l’assumer. Il faut avoir le courage de se lever et d’en prendre la responsabilité. Regarder les gens concernés droit dans les yeux, leur dire ce qu’on fait, pourquoi on le fait, et vivre avec les conséquences.
Quel rapport avec le MTP dans les courses sous harnais ? Exactement celui que j’ai mentionné plus haut : aujourd’hui, c’est un mensonge, alors débarrassons-nous-en tout simplement. De toute façon, ça ne sert pratiquement plus à rien.
Nos amateurs et spectateurs ne sont pas des idiots – ce sont des gens, comme nous. Et tout comme nous, ils n’aiment pas qu’on leur mente. En tant qu’industrie, on semble avoir décidé que le retard volontaire avant le départ (post-time drag) était essentiel pour augmenter les paris. Et peu importe ce que certains imbéciles racontent encore sur les réseaux sociaux, les paris comptent – énormément !
Alors, cessons d’insulter nos clients et soyons honnêtes. Souvenons-nous de ce que ma mère disait au sujet de la confiance perdue.
Qu’est-ce que MTP veut dire aujourd’hui, si c’est faux ? Tout ce qu’il faut, c’est que le responsable de la piste affiche un vrai compte à rebours de cinq minutes sur le tableau des cotes, dans sur le tableau du champ intérieur et dans les écrans, au moment où il reste réellement cinq minutes avant le départ.
5:00… 4:59… 4:58… 4:57… 4:56… et ainsi de suite. Puis, on part la course.
On aura toujours besoin d’une heure de départ approximative – pour les gens des écuries seulement – afin de gérer les périodes de rétention et les traitements de Lasix. Mais, partez moi pas là-dessus…
Trop tard !
Pourquoi un cheval est-il retiré s’il arrive une minute en retard pour son Lasix ?
Voici la réponse « officielle » : le Lasix doit être administré entre trois heures quarante-cinq minutes et quatre heures quinze minutes avant le départ, pour garantir une performance optimale. Si le médicament est donné en dehors de ces paramètres, ce serait injuste pour le public parieur.
Alors, dans mon scénario, est-ce qu’on pourrait, s’il vous plaît, que la fameuse « heure de départ approximative » soit un peu moins approximative ? Parce qu’en ce moment, tout le système du Lasix est une farce lui aussi !
Si la 6e course est prévue pour 21 h 15, le cheval traité au Lasix reçoit son injection entre 17 h 00 et 17 h 30. Mais quand la course a en réalité lieu à 21 h 33 – comme tout le monde le sait – ces fameux paramètres sont complètement caducs.
Encore une fois, tant pis pour l’honnêteté et la transparence envers le public parieur.
Voici une petite histoire qui explique pourquoi je tiens autant à la transparence et à la responsabilité. C’est l’une des plus grandes leçons que j’ai apprises, et c’est grâce à mon vieil ami Joe Hudon.
Il y a longtemps, Joe était le conducteur régulier de deux de mes chevaux – un bon (Chris Seelster) et un moins bon (Iron Ruler).
Iron Ruler faisait parfois des extra-pas. La plupart des conducteurs auraient tenté de le retenir, ce qui le faisait casser son allure. Joe, lui, ne bronchait pas : il lui criait après et le laissait aller – le cheval reprenait son pas de course.
Un après-midi à Woodbine, Joe a donné une conduite particulièrement dure et agressive à Chris Seelster (le bon), et mes propriétaires m’ont demandé de mettre un autre conducteur la semaine suivante. Ce que j’ai fait.
Quelques jours plus tard, le bureau des courses m’a appelé à l’écurie de Mohawk pour me dire que j’avais besoin d’un conducteur pour Iron Ruler (le moins bon).
J’ai demandé : « Pourquoi ? Joe ne sera pas là ? »
La réponse, après insistance, a été :
« Dis à Fisher que si je ne suis pas assez bon pour conduire le bon cheval, il peut se trouver quelqu’un d’autre pour conduire le ca@#sse de rat. »
Je suis allé directement au bureau des courses, j’ai demandé le numéro de Joe et je l’ai appelé tout de suite – oui, d’une cabine téléphonique (ahaha) – pour en parler. Je n’ai jamais été du genre à fuir une confrontation, et cette fois-là, disons que la discussion a été très animée, mais quand même respectueuse.
Après que chacun eut dit son mot, j’ai inscrit Phil, le fils de Joe, comme conducteur du cheval, et Joe et moi n’avons plus vraiment parlé – jusqu’à ce qu’on se croise à la table de l’encan silencieux lors du tournoi de golf caritatif de Dave Wall, quelques semaines plus tard.
J’avais un œil sur une photo encadrée de mon idole d’enfance, Ray McLean, qui conduisait son meilleur cheval, Mr Peter Ray. J’ai raconté à Joe comment, quand j’étais petit, les McLean s’arrêtaient parfois à la ferme de mes parents en route vers Greenwood, pour faire brouter le cheval une heure, dîner, puis repartir. Et comment je les regardais, lui et le cheval, avec des étoiles dans les yeux.
Je n’avais pas les moyens de m’offrir cette photo – j’étais jeune et fauché. Elle s’est vendue quelque chose comme 600 $, et en sortant, l’acheteur – Joe Hudon – me l’a donnée avec un sourire et une poignée de main.
Elle est toujours accrochée dans le corridor de l’étage, chez moi. Merci, Joe.
Morale de l’histoire : Soyez honnêtes et francs.
Je vous le dis, ça marche..
Dan Fisher
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