Pour la cinquième année consécutive, dans ce qui est devenu un incontournable pour notre numéro « Twos In Training » (Les 2 ans à l’entrainement), nous avons demandé à plusieurs participants de partager avec nous le nom du meilleur poulain de deux ans avec lequel ils ont travaillé, ainsi qu’une anecdote et un ou deux souvenirs des coulisses de ce même cheval. Cette année encore, nos interviewés n’ont pas déçu et nous les remercions tous pour leur participation. Histoires compilées par John Rallis et Dan Fisher | Traduction : Manon Gravel
JOHN PENTLAND | Entraîneur
La meilleure pouliche de deux ans que j’ai jamais entraînée était LUCK OF MICHELLE. Je l’ai achetée à Harrisburg avec mon vétérinaire, le Dr Caroll. Nous sommes allés à l’encan ensemble… Nous étions tous les deux intéressés par une pouliche élevée en Ontario et nous étions tous les deux fans de Camluck… c’est comme ça que nous nous sommes entendus pour cette pouliche.
J’avais entraîné un cheval appelé Bold Bidder pour lui l’année précédente, et il avait remporté un « OSS Gold ». C’était le premier cheval que j’avais pour lui, donc c’était un bon début pour notre partenariat. Nous l’avons [Michelle] acquise pour 20 000 $, et honnêtement, on trouvait que c’était une excellente affaire. Elle était issue d’une sœur de Cams Card Shark et on pensait vraiment qu’elle se vendrait plus cher… Mais on ne s’est pas plaints (rires).
Au quart de mon premier tour de dressage, j’ai su que ce serait une bonne jument. Elle n’a jamais eu de mauvais jours, honnêtement. Je disais tout le temps à ma palefrenière, chaque fois que je m’asseyais derrière elle, que Luck Of Michelle était « le meilleur cheval du Canada ».
Elle est devenue un peu « hot » juste avant qu’on la qualifie, alors je lui ai mis une bride ouverte. Elle s’est bien adaptée et s’est très bien qualifiée pour Mike Saftic lors de ces deux courses préparatoires. Il me restait environ 10 jours avant la course des « Flamboro Breeders » à Flamboro Downs, alors je les ai emmenées, elle et Jans Luck là-bas [pour l’entraînement]. Michelle était plutôt sur une guide, alors je l’ai ramenée chez le Dr Carroll, qui a trouvé un ligament croisé… Il l’a injecté et c’est parti.
J’étais inquiet à propos de sa direction, alors je lui ai remis la « bride aveugloire » pour ses débuts, et dès qu’elle a quitté la barrière, elle a pris son envol. Elle est arrivée assez au demi-mile assez vite, et Saftic l’a contrôlait plus ou moins, mais lorsqu’il lui a demandé, au poteau du trois-quart, elle a repris son élan. Elle a gagné en 1 :53,3 ce soir-là, établissant un record du monde.
C’était assez surréaliste… Pendant qu’on se dirigeait vers le cercle des vainqueurs, on a annoncé un record de piste, et au moment où on est arrivés, on annonce un record du monde. Si je ne fais plus jamais rien d’unique dans ce milieu, j’aurai été l’un des rares à avoir vu un cheval battre un record du monde dès sa première course (rires).
C’était des débuts incroyables, mais cet effort a aussi suscité beaucoup de critiques. Étant donné sa performance et la difficulté à l’évaluer lors de cette sortie, certains se demandaient si elle serait capable de maintenir un haut niveau de course tout au long de la saison, si elle maintenait ce tempo. Elle bat un record du monde dès ses débuts en carrière et, sans s’en rendre compte, les sceptiques se font entendre (rires).
Elle était encore « sharp » lors de sa deuxième sortie, qui s’est soldée par une victoire lors de son éliminatoire pour l’OSS Gold. Lors de sa troisième sortie, Mike l’a mise dans le trou et l’a sortie après le poteau du quart de mile aisément. Il lui a montré ce qu’il voulait faire lors de cette sortie, et elle a encore gagné haut la main.
Le lendemain, j’ai vu Steve Condren aux qualifications. Je ne lui ai rien dit, mais il est venu me voir et m’a dit : « Je vois que vous avez calmé cette pouliche… Bravo ! »
Pour moi, c’était le plus beau compliment que j’aie jamais reçu en course, et c’est toujours vrai, même vingt ans plus tard. J’ai dû débuter dans le métier à peu près au même moment que Steve, et j’ai toujours pensé qu’il était le meilleur conducteur au Canada… Je pense toujours qu’il est le meilleur de tous ceux qui sont restés au Canada.
Steve a conduit beaucoup de chevaux pour moi et j’étais un véritable fan de lui. J’ai calqué ma façon d’entraîner les chevaux sur sa façon de les conduire. C’est pourquoi j’ai fait appel à Mike Saftic par le passé, et c’est pourquoi je fais appel à Bob McClure maintenant. Ils ont tous deux une approche similaire à la mienne et à celle de Steve pour le développement des jeunes chevaux… Je suis patient avec eux dès le début, je ne veux jamais les épuiser.
C’est pourquoi j’étais frustrée par les détracteurs et leurs commentaires concernant Luck Of Michelle. Honnêtement, je me fichais complètement de ce que les gens disaient, sauf peut-être Steve Condren (rires).
J’avais environ 40 ans à l’époque où Steve a fait ce commentaire, donc j’étais un peu au-delà de la simple « groopie », mais c’était le plus beau compliment que j’aie jamais reçu de toute ma carrière. Ce commentaire venait de quelqu’un qui savait que Mike et moi ne voulions pas faire courir notre pouliche autrement, et ça signifiait beaucoup.
J’ai entraîné cinq chevaux lors de la première saison de Luck Of Michelle, et c’était elle la meilleure du groupe ayant remporté un million de dollars. Ça été ma première et seule saison de 1M de dollars en tant qu’entraîneur. Toutes ces années plus tard, elle occupe toujours la première place, celle de mon meilleur poulain de deux ans.
Par John Rallis
ANDREW HARRIS | Entraîneur
Quand j’ai commencé à chercher des poulains cette année-là [automne 2023], MONSERRATE a été le premier que j’ai noté comme « à avoir absolument » … J’ai mis une étoile sur la page et j’ai dit à Bill [Pollack] et Bruce [Areman] que j’en avais trouvé un qui remplissait toutes les conditions et qui DEVAIT rentrer à la maison avec nous. C’est à ce moment-là que je l’ai vu à Hunterton, et je n’ai pas changé d’avis lorsque je l’ai vu à l’encan [de Lexington].
Un peu plus tard, il est superbe à l’entrainement. Il fait tout ce qu’il peut et semble clairement être l’un de nos meilleurs. Il se qualifie à merveille, puis on se lance dans une bataille acharnée pour son problème de bris d’allure. Mais c’était à cause d’une poussée de croissance – au pire moment – et à cause de ça, il a commencé à se toucher un peu. Le vrai problème, c’est que si on tirait la guide dans les détours et qu’il se touchait un peu, il faisait des manques. Et s’il se touchait ne serait-ce qu’un peu, parce que ça n’arrivait jamais à l’entraînement et n’y était pas habitué, il brisait son allure… Du coup, comme il n’est pas performant, on entre dans ce cycle où on doit avoir un conducteur différent à chaque départ. Maintenant, on dit à chaque driver de ne pas le sortir dans les virages, et qu’il faut attendre la ligne droite… Finalement, j’ai demandé à mon frère [J Harris] de venir au Red Mile pour le conduire. Je lui ai juste dit : « S’il te plaît, place-toi en dernier avec ce cheval. » « Quand on arrive dans le droit, on peut le bouger, mais pas dans le détour. » Il s’est donc élancé et a gagné en [1]:56, négligé à 37/1. Après cela, il a pris confiance et a continué à s’améliorer de semaine en semaine. Nous lui avons aussi ajouté des entraves de trotteur cette semaine-là, ce qui l’a aidé à maintenir un peu son allure s’il se touchait un peu et voulait être plus agressif. Après trois ou quatre courses comme ça, je pense qu’il a commencé à comprendre qu’il pouvait se toucher un peu et que ça ne lui ferait pas mal. Il n’avait plus peur.
C’est difficile quand on croit vraiment en un cheval et qu’on ne peut pas avoir le même conducteur chaque semaine. Ils ont un meilleur choix la semaine suivante, alors on les perd, et celui qu’on choisit la semaine suivante ne connaît pas le cheval ou n’a probablement pas beaucoup confiance en lui. Après la victoire de mon frère avec lui, Todd McCarthy a fini deuxième, juste battu, avec lui, mais il a ensuite décidé de débarquer pour conduire le grand favori [dans le Bluegrass]. Nous avons terminé deuxième cette semaine-là avec David Miller, et Dave l’a conduit tout le reste de l’année. Miller l’adorait, et c’était un atout majeur, car maintenant, nous avions le même driver confiant pour lui chaque semaine. Les jeunes trotteurs n’aiment pas la roulette russe des conducteurs. Dave lui allait comme un gant… Nous avons terminé deuxième, proche, derrière Maryland en finale du Kindergarten, puis nous avons remporté le Valley Victory. C’était la plus grande course que j’aie jamais gagnée avec un jeune que j’avais sélectionné et développé, donc c’était une victoire spéciale. J’ai fait des recherches… « Monserrate » est une montagne colombienne qui surplombe Bogota et sur laquelle se trouve une magnifique église datant d’environ 2 000 ans. C’est aussi le cheval qui, je l’espère, m’emmènera à la plus grande course du monde cet été.
Par Dan Fisher
ANDY McCARTHY | Conducteur
Je vais choisir VOLUME EIGHT. Il était incroyablement talentueux à deux ans… Il a démontré à la fois une vitesse pure et une volonté de gagner dès sa première année. Il était incroyablement rapide, et c’était peut-être son problème, pour être honnête. Chaque fois qu’il mettait les sabots sur la piste, il voulait établir un nouveau record (rires). Malheureusement, il n’a pas vraiment réussi à répéter à trois ans, mais en termes de talent, à poids égal, il serait mon premier choix.
Noel [Daley] l’a fait débuter à The Meadowlands, et même si sa ligne n’était pas très bonne pour sa première course en carrière, j’étais très satisfait de lui. Il a remporté sa deuxième course en [1]:56.1 et il semblait être un trotteur qui avait plus à offrir – il l’a prouvé par la suite.
Au départ, c’était un Chapter Seven junior, plutôt rapide, mais il a toujours affiché une vitesse incroyable. Il était assez immature et ce n’était pas un très grand cheval, mais Noel a toujours su qu’il avait une grande vitesse ; il fallait juste qu’il mûrisse un peu. Une fois cela fait, il a montré de quoi il était capable.
Il a fait sensation lors de sa victoire dans le « International Stallion Stakes » à Lexington. Il avait été excellent en terminant 6e la semaine précédente… La semaine suivante, Noel a retiré les fers, nous avons décidé de tenter le tout pour le tout, et il a répondu de manière impressionnante [en gagnant en 1 :52.1].
C’est difficile de savoir à quel point un cheval est performant, mais je savais que s’il se sentait bien ce jour-là [après la parade]. J’allais lui donner une chance dès le départ derrière la barrière. J’ai vu qu’il était négligé au tableau des cotes [38/1], mais cela ne m’a pas dissuadé de ce que j’allais faire. Je me suis dit que nous tenions quelque chose de spécial et il l’a prouvé. Ce jour-là, je l’ai utilisé à fond dès le début et il a trotté son dernier quart de mile aussi fort qu’un cheval peut le faire… nous avons donc réalisé ce jour-là son endurance réelle.
Il n’a plus jamais perdu aucun départ lors de sa saison de deux ans et il a continué à m’impressionner. Il a gagné en [1]’52’’ lors de la finale du « Kindergarten » à The Meadowlands, et je ne plaisante pas quand je dis que je ne lui ai pas donné sa tête (rires). Si je l’avais laissé trotter un peu plus vite dans ce demi-mile là, il aurait trotté en [1]’49’’ ce soir-là.
Honnêtement, je ne voulais pas aller aussi vite, surtout sachant qu’il avait le « Valley Victory » la semaine suivante. J’essayais donc de le contrôler du mieux que je pouvais, pour garder un peu d’énergie pour ça… Mais il y avait des moments où il fallait le laisser faire les choses à sa façon, le laisser aller. Heureusement, il a quand même été à la hauteur dans l « Valley Victory ».
Dommage que sa carrière ait été interrompue prématurément à ses trois ans, car j’étais tout aussi enthousiaste à l’idée de le conduire cette année-là qu’avec Ramona Hill pendant sa saison de trois ans. Malheureusement, ces choses -là arrivent, mais il s’est avéré être le meilleur cheval de deux ans que j’aie jamais conduit.
Par John Rallis
MARK MacDONALD | Conducteur
SPORTSWRITER était un incroyable bon cheval de deux ans. Je pense que c’est le meilleur ambleur de deux ans que j’aie jamais conduit. Il n’était pas aussi aplomb à trois ans… sa seule victoire à trois ans, c’était la « North America Cup ». Combien de fois vous avez vu ça? Mais c’était une belle victoire. Il était tout simplement excellent à deux ans; c’était un « killer ». Je veux dire que dans le Metro, Rock N Roll Heaven était troisième et moi deuxième… on a tourné vers l’arrivée et on l’écart s’est élargi, et on a pris des longueurs. C’était un bon cheval – Rock N Roll Heaven – et on s’est éloignés de lui. Il a « joggé » en [1]’49. Je savais qui me suivait, et je savais que le cheval de Danny [Dube] avait un sacré blitz en lui… mais mon cheval pouvait se détacher du casque en avant et sprinter. C’était une belle victoire dans le Metro. Sa seule défaite cette année-là, c’était en finale de la Breeders Crown, mais il n’était pas au mieux de sa forme ce soir-là et il n’a quand même été battu que par un nez (rires). Il les a complètement écrasés (rires). KING OF THE NORTH était de loin le meilleur trotteur de deux ans que j’ai jamais conduit. Ray [Schnittker] l’entraînait évidemment, mais j’étais dans les alentours et je m’asseyais probablement derrière lui une fois par semaine ce premier hiver, vous savez. C’était aussi mon cheval préféré à l’écurie… Je l’aimais beaucoup. Il débordait de classe, ce cheval. Il vient d’une si bonne famille. C’est un Walner, et sa mère est Check Me Out, championne du monde. Et puis, si on remonte une mère plus loin, on tombe sur l’ancienne jument de Jimmy Doherty, No Nonsense Woman. C’est des champions du monde par-dessus champions du monde… et c’était un si bon cheval (rires). Il avait toujours une certaine prestance. On ne savait pas s’il allait devenir un grand cheval, mais bon sang, il était toujours tellement cool (rires). Difficile de dire à ce moment-là si, quand ils seront fatigués, s’ils vont s’en remettre ou non, mais je ne sais pas s’il n’a jamais eu une mauvaise journée d’entraînement. Il l’entraînait à un moment donné avec les ambleurs de deux ans, et on pouvait les dépoussiérer quand on le voulait (rires).
Je me souviens de la course avec les deux, quand j’ai réalisé que c’étaient de très bons chevaux. Avec Sportswriter, il avait gagné deux maidens en étant dans un amble modéré… vous savez, avec des fers en acier et un Telstar… juste pour lui apprendre. Puis il a tiré la 9e ou 10e position dans l’éliminatoire du Metro… Merde! ! Je me suis dit : « Bon, il n’y aura pas de bonne course ce soir. » Je savais juste que quelqu’un allait me laisser passer devant lui, pour avoir un « couvert »… C’est exactement ce qui s’est passé, et je n’ai rien pu faire d’autre que de m’amener « first over », lentement. Dans le dernier virage, j’ai senti qu’il travaillait, pour la première fois de sa vie… on le sentait creuser un peu. Je ne lui avais jamais vraiment demandé jusque-là, mais à la sortie du détour, j’ai fait sauter ses bouchons d’oreilles, et il s’est éloigné d’eux. Après ça, j’ai dit : « Ils ne battront jamais ce cheval. » J’ai dit : « S’il n’a pas perdu ce soir, il ne perdra pas une seule course » (rires). Je pense que lui, Malicious et Woodstock étaient tous invaincus avant la finale, et Rock N Roll Heaven était évidemment dans la course aussi… mais je me suis placé « second over » derrière Timmy [Tetrick, avec Woodstock]… on a gagné facilement.
C’est cette première fois qu’ils se retrouvent dans une situation où ils se fatiguent, où ils ont une position qui donne une bonne raison de perdre, mais ne le font pas… c’est là qu’on le sait. Et pour King Of The North, c’était probablement lors de la finale du Peter Haughton. Ils ont démarré en trombe… Ils ont fait 26 secondes et quelques fractions au premier quart, et je ne voulais pas tout gâcher, alors je me suis placé environ septième. On avait un peu trop de couverture et j’ai dû le tirer au large pour finir. Je me suis dit : « Merde, je suis peut-être trop loin ! » et il est revenu en 27 secondes et a juste trotté (rires). J’étais presque sûr que c’était un bon cheval avant ça… après ça, j’ai su qu’il pourrait être un excellent cheval – et il l’était.
Par Dan Fisher
MARCUS MELANDER | Entraîneur
J’ai eu tellement de deux ans talentueux, comme Gimpanzee et Joviality S, mais après l’année passée, je dirais probablement MARYLAND.
Le succès de Maryland tout au long de sa saison de débutant, surtout compte tenu des nombreux voyages qu’il a dû effectuer et des multiples records qu’il a établis au passage, a rendu ça encore plus impressionnant.
Je suis un grand fan de Chapter Seven et, vu nos succès avec eux, il était l’un des yearlings que je recherchais. Sa page de pedigree était excellente, et le fait qu’il soit le premier produit d’une mère de qualité le rendait encore plus intrigant. Lorsque je l’ai vu sur le ring de vente, tout s’est bien passé et, heureusement, il a été à la hauteur de ses projections.
Lorsqu’il est revenu en :26,2 pour sa première sortie, face au poulain de Jim Campbell [Mr Walner Fashion], j’ai vraiment su que j’avais un poulain qui avait envie de gagner.
J’ai vite compris qu’il n’était pas un cheval pour une piste d’un demi-mile, alors j’ai évité de le courser à New York et son programme était plutôt léger dès le début. Il a fait la deuxième éliminatoire de la Kindergarten Series sans avoir couru depuis près d’un mois, mais il a terminé une très bonne deuxième. Je me disais que c’était une bonne préparation pour son éliminatoire dans le Wellwood au Canada.
Lors de son éliminatoire, il n’était pas à 100 % dans le dernier virage, et Dexter [Dunn] a dû le dorloter pour qu’il reste au trot. Il a terminé fort, mais il a clairement eu quelques soucis ce soir-là.
Nous avons travaillé sur lui toute la semaine, et lorsque je l’ai entraîné le mercredi, il s’est très bien comporté. Lors du réchauffement le soir de la course, il se sentait incroyablement bien… comme un cheval différent. J’ai dit à Dex avant la course qu’il se comportait très bien… que nous avions fait des changements et que j’étais confiant qu’il serait un cheval différent de celui qu’il était lors de son éliminatoire.
Dexter avait également une grande confiance en lui. On le voyait dans sa façon de le conduire de la neuvième position, malgré ses problèmes lors de l’éliminatoire de la semaine précédente.
Maryland a réalisé de nombreuses performances mémorables lors de sa saison de deux ans, et chacune de ces victoires était spéciale à sa manière, mais je dirais que sa victoire au William Wellwood Memorial était formidable, surtout parce que je dirais que c’était son party de « coming-out ». Il était à 17/1, avait la neuvième position, et après une performance correcte lors de son éliminatoire, c’était vraiment satisfaisant de voir comment, après le travail fourni par notre équipe cette semaine-là, le poulain a rebondi.
Nous savions qu’il avait des compétences, mais les experts n’en parlaient pas vraiment. Tant que vous n’aurez pas rédigé votre CV sur papier, chacun aura ses propres opinions et tirera ses propres conclusions.
Comme Greenshoe… il n’a pas vraiment montré beaucoup à deux ans, mais croyez-moi, nous savions que nous tenions un poulain de qualité. Le grand public ne le pensait pas, car il faut le montrer [en course] pour obtenir ce niveau de respect.
On peut cependant dire que Maryland a rapidement gagné le respect, car il a terminé l’année invaincu à partir de ce moment-là, réalisant une saison incroyable. Nous savons que la pression est forte avant sa saison à trois ans, mais nous sommes vraiment impatients de voir ce qui l’attend cet été.
Par John Rallis
JAMES MacDONALD | Conducteur
Je serais stupide de ne pas mentionner CHANTILLY à ce stade-ci. Être invaincue et dominer du début à la fin comme elle l’a fait était assez impressionnant… mais j’aimerais aussi mentionner un autre cheval, si vous le permettez, car j’ai aussi contribué au développement de LEGENDARY HANOVER… Je suis le genre de personne qui est très fier de prendre un cheval et de lui montrer son métier. C’est un art, et je suis très fier des deux chevaux.
Je ne m’étais jamais assis derrière l’un ou l’autre avant les courses école… J’avais entendu des commentaires sur Legendary de la part de Casie [Coleman] et d’autres personnes qui pensaient qu’il pourrait être un cheval spécial. Je me souviens qu’après avoir terminé cinquième ou sixième avec lui lors de sa première « baby-race », je l’avais simplement laissé aller. J’ai appelé un ami et je lui ai dit que je ne m’étais jamais assis derrière un autre cheval qui était même proche de lui ressembler. Et cela faisait suite à deux années où j’avais conduit de formidables jeunes chevaux, comme Prohibition Legal, entre autres. Legendary, c’était tout simplement incroyable.
Tony [Beaton] m’avait dit que le cheval pouvait s’emballer un peu, alors je l’ai as trop laissé ambler ce matin-là et on est revenus en :26,2. Tony a une équipe formidable et ils adorent leurs chevaux. Le truc, c’est qu’on ne veut pas trop les mettre en valeur en qualifications, juste leur apprendre quelque chose et leur donner confiance. Casie était folle de rage (rires). Elle était tellement en colère. Du coup, c’était un mélange d’émotions après (rires). Tony rayonnait de joie parce que je lui avais dit qu’il avait fait une excellente course. Puis je reçois des SMS de Casie qui me disent : « J’ai dit à mes propriétaires à quel point ce cheval est bon, et puis tu te fais battre par 100 longueurs en qualifications » (rires). Je me souviens lui avoir envoyé un SMS du genre : « On va les laisser gagner les qualifications et on nous, va gagner les courses » … Puis, dès sa première course, il était tout simplement électrisant, et je crois qu’il a gagné ses six premières courses d’affilée. Elle m’a un peu lâché après ça (rires).
Avec Chantilly, Nick [Gallucci] ne s’en vante pas trop, et préfère même les minimiser un peu, mais je me souviens que lors des qualifications, il m’a dit qu’il la trouvait plutôt bonne… ce qui est beaucoup venant de lui à ce stade-là. Il n’a pas dit « spéciale », mais il a dit qu’elle était vraiment rapide et probablement sa meilleure à ce moment-là. Je crois que le plan initial était de la faire courir dans la première course [OSS] Gold, mais comme nous étions très lents en qualification [1:59.4], nous ne savions pas trop quoi faire. Nous avions également parti Silver Label dans un Grassroots dès son premier départ, et ça lui a réussi, alors nous avons décidé d’essayer cette voie avec Chantilly.
J’étais vraiment impressionné à son sujet après la qualification, et quand je l’ai sortie dans sa première course [et qu’elle a gagné facilement en 1’54], je me suis dit : « Bon, ce n’était pas un hasard, et ce n’était pas parce qu’on a juste été en :59, c’est du sérieux » … Puis, lors de sa deuxième course, dans un OSS Gold, elle a est revenue le deuxième demi-mile en :52.2, « first up ». Il y avait une grosse décision à prendre avant cette course, car j’avais aussi la pouliche de Tony [Wicked N Single] qui venait de remporter la Tompkins-Geers assez facilement et a remporté le premier Gold avec cinq longueurs d’avance… mais j’ai pris Chantilly. Tony est un professionnel hors pair, il est toujours compréhensif… mais quand je lui ai annoncé que je prenais Chantilly, il m’a répondu : « Tu te moques de moi ? » J’ai répondu : « Je sais, je suis sans doute un idiot, mais j’ai un bon pressentiment pour cette pouliche. » Puis elle a réalisé une deuxième demie en :52,2. Wicked N Single était en tête, et quand j’ai tiré la guide avec Chantilly, elle amblait si vite dans le dernier virage que j’ai cru qu’elle allait briser son allure. Elle montait et montait et a tout simplement réussi à passer la ligne d’arrivée, et je me suis dit : « C’est incroyable ! » Je crois qu’après, Tony s’est dit : « J’ai compris maintenant » (rires)… C’est là que j’ai réalisé qu’elle n’était pas seulement plutôt bonne, ni très bonne, mais qu’elle était dans une classe à part.
Par Dan Fisher
ANDY MILLER | Conducteur
L’une des meilleures pouliches de deux ans que je n’aie jamais côtoyées est arrivée très tôt dans ma carrière : INCREDIBLE TILLIE. Elle a réalisé un 12/12 parfait lors de sa première saison et a montré très tôt qu’elle avait un talent naturel. Elle était très rapide et est probablement l’une des premières et seules juments de deux ans à avoir réalisé un premier quart de mille en 24,4 secondes, ce qu’elle a fait lors de sa victoire à la finale de la State Fair à Springfield. Je me souviens d’avoir été sur le sulky et d’avoir pensé : « Waouh ! ». Je savais qu’on allait vite ce jour-là, mais je ne savais pas à quelle vitesse (rires). C’était seulement son huitième départ à vie, et même si elle était déjà impressionnante à chaque départ avant cette sortie, sa performance ce jour-là m’a même impressionné. Je savais qu’elle avait de la vitesse, mais elle a montré un niveau différent ce jour-là. Pendant une fraction de seconde, durant le mile, je me suis demandé comment elle allait finir cette performance, mais elle était tout aussi impressionnante que le premier quart, et s’est conclue par un chrono final de 1:51.4.
Quand on y pense, pour une pouliche de deux ans, élevée en Illinois [par Incredible Finale], faire ce qu’elle a fait ce jour-là, c’est vraiment exceptionnel. Elle n’a fait que s’améliorer au fil de l’année, et elle est restée invaincue jusqu’à la fin.
Je savais déjà qu’elle serait une bonne pouliche, car mon frère Erv [Miller] l’avait entraînée. J’étais donc déjà conscient qu’il avait une belle pouliche, mais je ne pensais pas qu’elle deviendrait aussi performante. Son talent s’est confirmé à trois ans, où elle a affronté des pouliches du Grand Circuit et elle s’est incontestablement très bien comportée dans ces épreuves, ce qui ne m’a pas le moins du monde surpris… et cela n’a pas empêché sa carrière de s’améliorer. Comme je l’ai dit, voir une pouliche élevée en Illinois réussir à se démarquer face à des pouliches de Stakes est rare, mais elle a prouvé qu’elle était capable de gérer la montée en puissance de la compétition, car elle était exceptionnelle. J’ai eu une longue carrière comme conducteur et j’ai conduit de nombreux deux ans de qualité, mais cette pouliche en particulier occupera toujours une place spéciale dans mon cœur, car elle est arrivée bien plus tôt dans ma carrière et a été un tremplin vers de nombreuses opportunités qui se sont présentées par la suite… Alors, quand tu m’as demandé qui était le meilleur deux ans avec lequel je n’aie jamais été associé, je n’ai même pas hésité une seconde.
Par John Rallis
JACK MOISEYEV | Conducteur
J’ai eu la chance de conduire quelques bons deux ans à mon époque, mais je dois dire que PRESIDENTIAL BALL s’est vraiment démarqué du côté de l’amble. Je crois qu’il a gagné environ 800 000 $ à deux ans. J’ai gagné le Metro [Pace] avec lui et cette grande course à Yonkers aussi [le Sheppard Pace]. [Bill] Robinson les envoyait à Monte Gelrod, et je me souviens de la première fois que je l’ai conduit, c’était à Yonkers [dans une éliminatoire du Sheppard], et il a fait un bris d’allure (rires). Je le laissais simplement monter lentement vers la barrière mobile, il s’est touché dans les genoux et a fait un break. C’est le seul break qu’il n’ait jamais fait. On est partis derniers [de la 8e position] et je ne pensais pas qu’on avait une chance à ce moment-là, mais je l’ai fait sorti troisième chemin le dernier droit et il a cris@#$nt bien répondu (rires). Un mile monstre – Je n’arrivais pas à croire qu’on ait encore gagné. Après ça, j’ai su que c’était un bon cheval. La semaine suivante, il a juste trotté en finale. Je me souviens d’être sorti du deuxième trou avec lui, et dans le dernier virage, il amblait si vite que le sulky a failli déraper (rires).
La pouliche ambleuse que j’ai menée à deux ans qui s’est démarquée est Stienams Place [la mère de Put On A Show]. Je l’ai conduite pour Bruce Riegle et nous avons gagné le Sweetheart à The Meadowlands. Elle était vraiment rapide !
Le meilleur trotteur que j’ai mené à deux ans était probablement THE GAME PLAN… Je l’ai mené pour John Kopas. C’était un frère de Pure Ivory, mais ils ne l’ont payé que 20 000 $. Je crois qu’il a gagné environ un demi-million de dollars à deux ans. Je crois que je l’ai entraîné plusieurs fois avant de le qualifier… il était tellement facile. Je pouvais tout faire avec lui : le reprendre, repartir avec lui… c’était un très bon cheval. Nous avons remporté plusieurs [OSS Gold], puis le Wellwood. Je ne pense pas qu’il ait fait grand-chose après cette année-là… Je ne me souviens plus s’il a eu des problèmes de douleurs ou quoi, mais c’était vraiment un bon cheval de deux ans pour nous.
Par Dan Fisher
Cet article a été publié dans le numéro de mai de TROT Magazine.
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