Partout dans le monde, des festivals de courses attelées servent à initier le grand public à notre sport… et ce, avec beaucoup de succès. Ce sont de grandes célébrations avec beaucoup d’ambiance à grandes sensations jumelées à des commandites d’entreprises et des tentes-marquises, des forfaits ‘hospitalité’, de même que des programmes de courses de premier ordre, qui se veulent des mesures d’introduction et d’inspiration pour une toute nouvelle génération d’amateurs de courses. En Amérique du Nord, Keeneland, Saratoga et la semaine du Little Brown Jug, ont réussi à capter l’imagination d’une base d’amateurs plus jeunes, mais qu’a fait le Canada ? L’industrie a-t-elle été en mesure d’attirer de nouveaux clients en offrant des forfaits de divertissements enthousiasmants? Si non, pourquoi?
Melissa Keith s’est penchée sur les principaux festivals de courses attelées autour du monde afin de découvrir ce qui pourrait fonctionner pour l’industrie canadienne.
Dès leurs tout premiers jours, les courses attelées et les festivals ont formé la paire aussi parfaitement que le cheval et son sulky. Les chevaux et les mules compétitionnaient dans un chariot ou une voiturette dans la Grèce du sixième siècle, dans le cadre d’un festival appelé Panathenaia. À l’image de nos festivals contemporains mettant en vedette les courses, d’autres événements accompagnaient ces anciennes célébrations, y compris la musique, la danse et autres activités sportives non équestres. À l’opposé des festivals d’aujourd’hui, des sacrifices vivants figuraient aussi àau programme du Panathenaia. Aujourd’hui, comme les courses attelées luttent pour obtenir leur part de gâteau résultat de l’expansion des jeux de hasard, les programmes de courses, bourses et hippodromes sont eux-mêmes les sacrifiés. Des gestes tels que se défaire du modèle d’affaires du sport existant, et même laisser disparaître des infrastructures comme les grandes tribunes, augmenteraient-ils les cotes de survie et de croissance?
Cela semble dangereux. Mais encore, durant la décennie suivant la Seconde Guerre Mondiale, les expositions comptaient approximativement pour 75 % des quelque 1300 courses attelées présentées annuellement en Amérique du Nord. « Le grand nombre de réunions de courses locales commanditées par ces circuits, respecte le cœur et l’esprit du sport dans tous ses aspects traditionnels, » écrit Frank A. Wrensch dans ‘Harness Horse Racing in the United States and Canada’ (1951). Sans les obligations financières des hippodromes cosmopolites qui embauchent des centaines de travailleurs, les expositions et festivals pourraient survivre à des périodes de temps économiques particulièrement difficiles. Parce que la plupart de ces activités n’offraient pas le pari mutuel, leur modèle de financement manquait d’attentes en matière de revenus dérivés des paris. Les commanditaires locaux, les bénévoles, l’appui provenant des ministères de l’Agriculture, du Tourisme et Loisirs ou du gouvernement municipal, les ventes des franchises, ainsi que les droits d’entrée, étaient adéquats. Personne n’allait s’enrichir, mais la passion pour le sport y était. L’Amérique du Nord a encore des festivals de courses attelées, quoiqu’il n’y en ait pas autant que par le passé. Quelques-uns, tels le Hawkinsville Harness Festival en Georgie, n’offrent pas encore de pari, alors que d’autres tels le Delaware County Fair en Ohio, l’endroit d’origine du Little Brown Jug, ou la Old Home Week du Charlottetown Driving Park, bénéficient immensément de l’aide financière annuelle provenant des dollars des paris. En 2009, Lee Drake, directeur Promotion et Marketing des courses attelées de l’ÎPE, a déclaré au Charlottetown Guardian que la cagnotte totale en direct pour la semaine Old Home Week « dépassait les 975 351 $, une hausse de 22 765 $ par rapport à l’année 2008 tandis que les paris en simultané pour la semaine inscrivaient à 270 539 $, une hausse de 33 815 $ par rapport à 2008. » Quelque 80 000 visiteurs ont assisté à la Gold Cup and Saucer et autres aux festivités estivales de la Old Home Week cette année-là, une augmentation de 8 % par rapport à l’année précédente.
Le Little Brown Jug a débuté en 1946, attirant 27 000 spectateurs. En 2012, le Delaware County Fairground a rapporté une assistance totale de plus de 48 000 personnes durant la semaine du ‘Jug’, ainsi qu’une cagnotte de 2,8 M $ US, au par avec la fiche de 2011 pour le festival de courses de quatre jours. L’ambiance de ces deux festivals attire autant les touristes que les résidants locaux, les adeptes de courses attelées que des gens qui ne peuvent différencier un trotteur d’un ambleur. La semaine Old Home Week se dispute à un endroit moderne présentant environ 80 programmes de courses annuellement; il n’en est pas ainsi pour le ‘Jug’. Mais les deux se démarquent en tant qu’événements où on peut facilement oublier que les courses attelées ne sont plus l’attraction populaire qu’elles ont déjà été sur ce continent.
Le modèle d’affaires festivalier n’est pas nécessairement un préalable en ce qui concerne la présentation de courses en style festival. Prenons le renommé Elitlopp de Suède, un rassemblement prospère et à grande échelle attirant autant les étoiles des trotteurs que vedettes venant de toutes les parties du monde. Le Solvalla de Stockholm, fondé en 1927, est l’hôte de ces festivités. Cette année, 40 courses attelées sont au programme pour le festival de trois jours, et les billets offerts en prévente partent très rapidement. Dès le début d’avril, le deuxième étage de la tente VIP était entièrement réservé pour l’événement de l’Elitlopp du samedi, comme pour tous les billets pour le restaurant du Solvalla d’ailleurs. Si Solvalla pouvait concocter et partager cette magie avec des hippodromes en difficulté, à quoi cela ressemblerait-il?
La porte-parole marketing de Solvalla, Malin Heidenberg le sait. « L’Elitlopp a une grande histoire, » dit-elle. « Les invitations et les contacts à l’international font aussi partie du succès. Toutes les courses de ce weekend sont de très grande qualité. » Cette focalisation sur le fait de maintenir une réputation de classe mondiale a rapporté. Heidenberg a dit à Trot que les assistances ont augmenté au fil des ans depuis la toute première édition de l’Elitlopp en 1952. « Le label est devenu plus fort. Et encore une fois, à cause de ce grand sport et de la partie internationale. » En 2012, 29 095 personnes ont assisté au programme de l’Elitlopp, le seul pari en provenance de la suède atteignant 130,372,933 SEK pour ces courses seulement. Quand la super étoile Moni Maker a gagné en 1988, une foule de 32 900 personnes avait foulé les terrains.
Solvalla pourrait être appelée une piste à la marque festive. Un synonyme de son activité signature, de la même manière que Churchill Downs est synonyme du Kentucky Derby. « Oui, l’atmosphère du jour de l’Elitlopp, est extraordinaire, » dit Heidenberg. « Le sport est grand et l’événement en lui-même est une ‘coche au dessus’. Nous avons beaucoup de visiteurs qui assistent aux courses attelées seulement ce weekend-là. » Mais Solvalla reste une installation pour le pari mutuel avec environ 80 programmes en direct par année, et l’Elitlopp est un festival aux racines profondes là. Il ne représente pas un modèle opérationnel alternatif pour les courses attelées, dès lors que le meilleur scenario résulte de l’exécution correcte du modèle existant. Le gouvernement suédois a fondé la compagnie AB Trav och Galopp (ATG) et le modèle de pari en 1974, pour aider l’industrie à reprendre pied. ATG est aujourd’hui rentable et considérée comme « la meilleure amie des courses de chevaux. »
L’hippodrome Solvalla et ATG fournissent la majorité du financement requis pour offrir un festival Elitlopp rentable, mais Heidenberg dit qu’ils ne le font pas seuls. Des commanditaires et partenaires sont aussi d’importants partenaires.
« L’Elitloppet et son weekend sont les courses attelées et l’événement les plus populaires en Suède sans l’ombre d’un doute, » confirme Heidenberg. « Mais c’est un sport populaire à l’année longue particulièrement si on le compare à d’autres pays. » Le temps maussade a plutôt un effet intéressant sur les courses suédoises. Elle dit que les amateurs qui vont à l’hippodrome pour voir des courses en direct au printemps, à l’été et à l’automne, font grimper les statistiques d’assistances, mais parient plus durant les mois d’hiver alors que les foules baissent. : « L’information diffusée à la télévision et sur le web est maintenant tellement bonne, que vous pouvez simplement effectuer des paris parfaitement à partir d’un appareil mobile et ordinateur. » Heidenberg attribue cela à une forte base de partisans qui portent en eux leur enthousiasme carburant à l’Elitlopp durant toute l’année. »
Au Royaume Uni et en Irlande, un modèle local de festival de courses attelées sur plusieurs jours semble gagner du terrain. Excepté quand le terrain est trop détrempé, comme ce fut le cas en septembre dernier alors que le tout premier festival de deux jours devant être présenté à Killarney par l’Irish Harness Racing Club a dû être annulé par la Killarney Race Company. Kayleigh Evans est une agente de marketing ayant un contrat de deux ans avec Ceredrotian, une compagnie de courses attelées financée par le gouvernement de Galles de l’Ouest. Elle a travaillé dans le domaine des courses en Nouvelle-Zélande, et comprend la valeur d’un bon carnaval ou festival de course.
« Pour vous faire un court historique, Ceredrotian est composé de trois clubs locaux, » explique Evans. « L’objectif est de promouvoir l’agencement des courses présentées par les trois clubs. La majorité de nos programmes de courses sont des événements sur un jour, mais nous tenons un festival de trois jours. »
Bien que ne se situant pas à l’échelle de l’Elitlopp, le Tregaron Festival of Harness Racing a connu beaucoup de succès et ce, de plein droit. « Le Tregaron Trotting Club fut d’abord établi en 1980. Au mois d’août 1984, le club écrivait un chapitre de l’histoire en offrant la première course attelée de 1,000 £ en Grande-Bretagne, » dit Evans. « C’est cette année-là que trois pistes furent fusionnées pour former ce qui est universellement reconnu comme étant la meilleure piste sur gazon de Grande-Bretagne. Sa populatiré a résulté en une vaste couverture télévisuelle en direct, d’abord sur les ondes de la BBC Wales, puis sur le programme S4C’s Rasus. »
Bâtissant sur son momentum de popularité, Ceredrotian a continué de croître même si des emblèmes des courses attelées en Amérique du Nord disparaissaient. L’année 2002 est l’année qui a été témoin de la démolition de la grande tribune vide du Roosevelt Raceway, ainsi que la fermeture du Queensbury Downs en Saskatchewan. Mais Evans dit que ce fut une très bonne année pour Welsh Racing. « Vingt ans plus tard, le club continue de forger l’histoire. En 2002, il a présenté la première réunion de course de trois jours au Royaume-Uni et aujourd’hui Tregaron Trotting Club offre près de £100,000 en bourses. Le festival se déroule les vendredi, samedi et dimanche du congé du mois d’août. Le long weekend s’est avéré parfait pour attirer une bonne foule aux courses, justifiant la décision d’allonger le format du festival de deux jours d’une journée supplémentaire. Plus de 230 chevaux venus d’Angleterre, d’Écosse, d’Irlande et de Galles se sont mesurés lors de 28 courses durant le premier festival à se tenir sur trois jours. En 2011, plus de 300 standardbreds ont disputé 41 courses au Tregaron Festival of Harness Racing.
« C’est devenu la raison d’un weekend de sortie pour bien des gens. Nous accueillons des partys pour hommes seulement, partys de filles de même que des partys d’anniversaires. Nous avons eu la chance d’avoir Roger Huston du Temple de la renommée du Little Brown Jug, pour agir à titre de commentateur en 2009, » rapporte Evans. « Nous espérons que les activités promotionnelles du Ceredrotian contribueront à revaloriser le sport. »
Par chance, l’organisation a bénéficié d’un marketing intelligent, pour embrasser une image traditionnelle et rurale des courses attelées. Le Tregaron Festival of Harness Racing a reçu une aide financière du Ceredigion County Council (par l’entremise du Wales Rural Development Plan), l’European Agricultural Fund for Rural Development ainsi que le Welsh Government Fund. Cette aide financière a contribué à établir et promouvoir Ceredrotian, qui fait sa part pour l’économie locale en faisant de son festival une destination touristique valable.
« Le point saillant du festival est la Welsh Classic, l’une des plus belles accolades entre les industries de courses britanniques et irlandaises, » poursuit Evans. « La plupart de nos courses s’adressent aux ambleurs, mais nous avons habituellement deux courses en trot, une de bas niveau et l’autre de haut niveau. Tous les chevaux sont des Standardbreds et doivent être enregistrés auprès de la STAGBI (la Standardbred and Trotting Horse Association of Great Britain and Ireland). » Il y a également des préalables pour les conducteurs de course en festival, d’ajouter Evans. « Tous les conducteurs doivent être détenteurs d’une licence valide pour pouvoir compétitionner dans toute course. La beauté de la course ici, c’est que tant les amateurs que les professionnels courent ensemble dans la majorité des courses. »
La saveur maison attire les spectateurs au festival Tregaron. L’année 2011 a marqué le début du « Cambrian Mountains Produce Village », une vitrine présentant le chocolat de fabrication locale, la bière et autres douceurs. Il a également ouvert la voie vers une plus grande solidarité entre les clubs de course individuels de Galles. « Le Tregaron Trotting Club et deux autres clubs de la région, le Tanycastell Harness Racing Club et le Lampeter Harness Racing Club, se sont réunis en 2011 pour former le Ceredrotian, » dit Evans. « Notre objectif, soutenir les trois clubs, promouvoir et développer le sport au pays et au-delà, tout en mettant en valeur en même temps, l’industrie touristique. » L’agente de marketing ajoute que la presse et la radio locales, de même que des affiches et un site web, sont tous des éléments de publicité pour les festivals. Elle fait remarquer que même les membres du club offrent le transport gratuit à l’aller et au retour des courses, « afin d’encourager les touristes n’ayant jamais assisté à un programme de courses auparavant, de s’y rendre pour une première fois. »
À l’instar d’autres réunions de courses de plusieurs jours et de style festival, Tregaron rapporte financièrement à la communauté hôte. « Bon an mal an, le festival attire 4 000 personnes et 350 chevaux sur les trois jours. Cela procure des revenus d’environ £35,000 », dit Evans. « L’économie locale profite massivement de l’événement tout autant que les hôtels, restaurants et écuries qui sont à pleine capacité durant le weekend. » Malheureusement, le climat a parfois refroidi nos esprits ainsi que les surfaces de gazon du Ceredrotian, occasionnant des pertes en revenus et obligeant le transfert vers d’autres endroits. Avec toute la beauté des festivals qui se tiennent à l’extérieur, viennent aussi les inconvénients : le président de Tregaron, Huw Evans, a mentionné sur le site Wales Online que même si une piste de courses qui offrirait des courses à l’année longue et qui serait dotée d’une grande tribune serait l’idéal, elle coûterait au moins £200,000, ce qui est hors d’atteinte financièrement.
D’une certaine manière, le manque d’options de pari mutuel au festival Welsh renforce sa base d’amateurs, même si cela lui enlève une source possible de revenus. « Bien que le pari mutuel serait avantageux pour le sport, ce serait difficile de le faire démarrer, » observe Evans. « Les gens d’ici semblent apprécier le fait de faire leurs mises auprès des guichetiers traditionnels. » Les preneurs aux livres fournissent des services de paris lors des festivals. Evans envisage la possibilité d’en élargir la disponibilité afin de rejoindre plus de parieurs. « Nous tentons présentement d’entrer dans les salons de paris. L’an dernier, le preneur aux livres William Hill acceptait des mises à l’avance sur le gagnant de la plus grosse course du festival, la Welsh Classic. »
Une troisième version d’un festival de course est très populaire en Nouvelle-Zélande. « Le Nelson Harness Racing Club a embauché un très bon consultant en campagnes publicitaires qui, en collaboration avec les membres du comité du club, rencontre beaucoup de succès dans l’obtention de commandites pour les courses stakes ainsi que la vente aux marchands locaux de tentes-marquises corporatives qui doivent être installées sur les terrains à l’intention de leurs employés et invités, afin de bien profiter des courses, » dit Cliff Jones, un porte-parole du comité du club. « Bref, la New Zealand Racing Board/TAB – TAB étant originalement, une abréviation de ‘Totalisator Agency Board’ maintenant simplement TAB – opère deux festivals de courses l’été, » explique-t-il.
TAB est une compagnie australienne cotée en Bourse australienne. Se négociant sous le vocable « Tabcorp », une présentation faite en 2012 aux investisseurs, se décrit comme « une compagnie de divertissement et de jeu attrayante » comprenant des Thoroughbred, lévriers et paris sur courses attelées, paris sportifs, Keno, ainsi que des médias sportifs tel Sky Racing Television.
Les festivals de courses attelées commandités par TAB signifient qu’il faut de multiples ajustements à travers le pays. « Avant Noël, ils tiennent le festival un « Noël aux courses » et à partir du Boxing Day jusqu’à tard en janvier, ils offrent un « Festival d’été», dit Jones à Trot. « L’assemblée de janvier du Nelson Club se tient au début du mois étant ainsi inclus dans le Festival d’été. » Les festivals sont distincts des programmes présentés régulièrement, dit le représentant du Club, mais pas de la manière dont on pourrait s’y attendre. Pour les débutants, « la rencontre de juin se tient en hiver alors le nombre d’amateurs de courses est minime alors il n’y a pas de festival, » souligne-t-il. En d’autres mots, le festival ne sert pas de moyen pour attirer les gens à la piste quand le climat et les conditions de courses ne sont pas idéals. Mais Jones dit qu’il ne pense pas que les festivals de course procurent une ambiance radicalement différente de celle qu’on retrouve en courses attelées en Nouvelle-Zélande : « C’est difficile à mesurer, mais probablement pas. »
La principale différence se trouve au niveau du support marketing et de la sensibilisation du public que TAB aide, selon Jones. « Les festivals diffèrent des événements réguliers du Club parce qu’ils sont promus par le NZRB/TAB qui fait la promotion exhaustive des festivals dans les divers médias. La publicité spécifie les réunions de course dans chaque région, par exemple, Canterbury, Nelson/Blenheim/West Coast. »
Une bonne planification optimise l’impact du marketing. Selon Jones, « Nelson est près d’un grand nombre de terrains de camping, lieux de villégiature et plages, alors la réunion de janvier attire beaucoup de vacanciers d’été. » Le site web du Club présente des vitrines sur les activités familiales à l’extérieur comme des jeux gonflables et des promenades à cheval pour les enfants, du divertissement sur place, de même que de la nourriture et breuvages locaux au Richmond Park Racecourse.
Il y a du pari mutuel bien que le slogan du Nelson Club aille bien au-delà : « La course est importante, mais n’est pas uniquement à propos des chevaux. » L’esprit de la communauté prévaut.
Le club ne compte pas assez de jours de course pour garantir l’exploitation à l’année longue de ses installations de course et de jeux. « En Nouvelle-Zélande, l’année de course commence le 1er août pour se terminer le 31 juillet, » dit Jones. « À chaque année, le Nelson Harness Racing Club présente deux réunions de course, une en janvier et l’autre en juin. Chaque réunion se déroule sur deux jours. » La relative rareté des jours de course, semble aiguiser l’appétit du public pour les courses attelées et enlève la pression des épaules d’un club pour gérer un hippodrome commercial d’un club administré par des bénévoles. Le Richmond Park Racecourse fait partie d’un ensemble multifonctionnel partagé avec le Nelson Agricultural and Pastoral Association.
Ces dispositions semblent fonctionner pour le Nelson Harness Racing Club. Les premières courses attelées présentées au Richmond Park Racecourse, l’ont été en 1891 et la tradition se poursuit. Le support de la communauté combiné au stimulant des festivals promus par TAB, maintient le sport local fort et amène des nouveaux venus. « Beaucoup de ces personnes qui occupent les tentes-marquises corporatives, n’ont jamais assisté à des courses auparavant, alors le festival, joint aux foules de vacanciers, attirent des gens qui autrement ne participent pas à des réunions de courses, » d’observer Jones.
Les commandites corporatives et forfaits sont uniques et se révèlent une approche fructueuse pour la création d’une ambiance huppée ainsi que sur le plan des recettes pour les festivals de courses attelées de Nouvelle-Zélande. Les clubs de courses offrent des « forfaits hospitalité » sur mesure pour des groupes, avec des options telles que des « plateaux gastronomiques », traiteur détenteur de licence, de même que diverses dispositions de places et réservations dans les marquises. Des réservations préalables sont requises. Les compagnies peuvent acheter un espace promotionnel sur la clôture entourant la piste; le Nelson Harness Racing Club favorise le réseautage commercial comme boni pour assistance aux festivals. TAB offre du pari sur place et les programmes de courses complémentaires sont fournis en guise de « forfaits hospitalité ».
Le pari ajoute énormément à l’appel global des courses attelées et aux caisses. À l’heure de tombée, le Hawkinsville Harness Festival bouclait une autre saison, tandis que les organisateurs réfléchissaient à la possibilité de réintroduire le pari en 2014 – après quatre décennies d’absence. Encore trop fréquemment, les profanes des courses attelées voient les dollars de paris comme la seule source de financement pour les bourses, les paris et les infrastructures. En suivant cette logique, un hippodrome en difficulté est synonyme de mauvaise gestion ou les courses attelées ont perdu la faveur des parieurs. Bien que cette analyse ait pu avoir du sens avant l’arrivée des nombreuses formes de jeux légalisés, largement disponibles, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Souvenez-vous, jusqu’en 1994, les hippodromes, expositions rurales et kioskes de loto étaient les seuls sites de jeux légalisés de l’Ontario.
L’approche « festival de courses attelées » semble détenir une bonne valeur en matière de stratégie marketing des courses attelées au Canada. Promouvoir des courses importantes en tant que destinations touristiques pour plusieurs jours, avec des activités pour tous, est inhabituel dans ce pays. Encore que les clubs de courses, courses ‘matinée’ et expositions souffrent d’un manque de support de la part d’une entité nationale comme une ‘TAB’ ou ‘ATG’, qui pourraient offrir des promotions mieux financées ainsi qu’une marque unifiée dont le sport ne jouit pas présentement au Canada.
Un rapport curieusement intitulé « 2005 Standardbred Revenue Allocation report (‘Safari:The Eureka! Experience’ préparé par Bond Creative Marketing pour le compte de l’Ontario Harness Horse Association), suggérait que les hippodromes s’étaient fondamentalement ligués contre l’industrie des courses : « en termes clairs, l’industrie des courses attelées veut augmenter les courses en direct sur place, tandis que les installations veulent attirer la circulation à leur salle à manger, machines à sous et courses (presque dans cet ordre-là). » Faire appel à un commanditaire, à des bénévoles et à une structure basée sur des subventions à l’industrie, et le sport devient moins dépendant des hippodromes, pourvu qu’il reste encore des endroits pour présenter les festivals, (comme des pistes pour courses ‘matinée’, terrains d’expositions ou des emplacements loués). Les hippodromes seront toujours les repères, les baromètres de la santé de l’industrie.
Perdre des infrastructures élaborées en fonction des besoins du sport, pourrait au bout du compte, aller au détriment de la stabilité de l’industrie à long terme.
Malin Heidenberg souligne que le festival Elitlopp est plus qu’un beau boni financier remis à un gros hippodrome – il en remet à toute l’industrie suédoise dans son ensemble. « Particulièrement à cause de son V75 (un pari très populaire sur plusieurs courses, aux énormes poules et remises) cette fin de semaine et tous les paris sous cette forme retournent au sport tout au long de l’année, sans égard à l’hippodrome, » note-t-elle. Les alternatives innovatrices de paris créent de généreuses poules, attirant les parieurs, tandis que les festivités de l’Elitlopp cultivent le genre d’engouement qui ramènent les gens aux courses.
Keyleigh Evans connaît le score. « La difficulté avec les courses hebdomadaires, est d’amener des gens autres que des amateurs à franchir la barrière. Les courses attelées ont besoin des festivals qui attirent les gens qui n’ont pas d’intérêt particulier pour les courses, à s’y impliquer. » Elle dit que Ceredrotian demeure dans la tradition parce que c’est ce que le public apprécie : « Si nous devions présenter des réunions de courses hebdomadairement, nous pourrions être en danger de perdre cet aspect de « nouveauté ». La nouveauté est très certainement un élément de la formule gagnante de Ceredrotian. Le Tregaron « Festival of Harness Racing », a reçu des subventions du Ceredrotian County Council du Wales Rural Development Plan, l’European Agricultural Fund for Rural Development ainsi que du Welsh Government Fund. Un hippodrome offrant le pari mutuel à grande échelle, serait un candidat improbable à un modèle d’affaires similaire.
« Je crois qu’afin de supporter les courses attelées, il faut présenter des courses à toutes les semaines ainsi que des événements spéciaux à tous les mois et à différents endroits, pour réellement attirer les foules et ouvrir le sport à de nouveaux auditoires, » dit Evans. Couper les jours de courses et abandonner les hippodromes existants revient à jeter le bébé avec l’eau du bain. Après tout, les amateurs qui ont été intéressés aux courses lors des festivals annuels de course ont besoin d’un endroit pour y accéder ultérieurement, que ce soit à l’hippodrome ou via le pari en ligne. Et les chevaux ont besoin de gagner leur entretien. Evans est d’accord : « Ce n’est pas chaque cheval qui est capable de gagner les grosses courses présentées lors de festivals, alors nous avons besoin d’hippodromes qui offrent des courses hebdomadaires pour donner à chaque cheval l’occasion de gagner des courses. Les courses attelées ont besoin d’hippodromes qui présentent des courses de semaine en semaine afin que le sport progresse. »
Que les sceptiques en prennent bonne note : Harness Racing Australia a commandé un rapport rédigé par une firme de consultants indépendante, IER, pour évaluer l’impact du Watpac Inter Dominion 2009 au centre Parklands Racing Centre. Ce carnaval de trois semaines a réuni des ambleurs célèbres comme Auckland Reactor, Black’s A Fake et Mr. Feelgood dans une série qui s’est conclue par la finale de l’Inter Dominion le 28 mars. L’envahisseur nord-américain, Mr. Feelgood, a gagné, et il était en bonne compagnie: presque les deux tiers des visiteurs à l’Inter Dominion venaient de régions extérieures, dont 5,1 % de l’extérieur d’Australie. Le groupe d’âge qui a assisté au plus grand nombre de jours de courses durant le carnaval ? Entre 18 et 29 ans.
Les amateurs de courses étant allés au Parklands Racing Center même, ont dépensé 1,3 M $ (A), sans compter leurs paris. Ce montant comprenait les entrées payantes, la nourriture et les breuvages, les programmes de courses, souvenirs et ‘billets à forfait’. Les paris du public ont généré 3,5 M grâce aux sites OTB de la région du Queensland ainsi qu’à Parklands même, desquels 260 000 $ (A) de revenus nets des paris sont revenus à la communauté locale. Les commandites corporatives du 2009 Inter Dominion ont totalisé 727 000 $ (A), et les recettes ont été largement distribuées dans l’économie du Queensland/Gold Coast. Une somme totale de 10,3 M $ (A) a été dépensée dans la communauté tant par les résidants que par les touristes qui ont apprécié ce carnaval de courses attelées.
Les festivals de courses attelées ne sont pas des substituts aux hippodromes conventionnels, ou même à un prototype d’affaires faisant que les courses sont rentables en l’absence totale de paris. Ils sont l’occasion d’introduire les standardbreds et le pari à un public ayant eu peu de contact avec l’un ou l’autre, dans un contexte agréable. Internationalement, ces festivals ont joui du support de forts partenaires qui croient aux bénéfices généralisés réalisés par les courses pour redistribution aux communautés. L’appui du marketing, les subventions, une structure de pari qui attire les parieurs tout en supportant l’industrie des courses : ces contributions de la part des gouvernements, partenaires corporatifs et commanditaires ont contribué à faire que les festivals de courses attelées autour du monde, fonctionnent.
« Leur motivation est de présenter de bonnes courses par souci pour le sport, et d’en promouvoir l’intérêt. » Bien que ces mots sonnent vrais pour les festivals de courses attelées, ils sont tirés du livre de Frank A. Wrensch, Harness Horse Racing Book – et ils ont été écrits à propos des pistes de courses attelées en 1951.