Pour le gouvernement, il s’agit d’une partie d’échecs. Protéger la classe politique – leurs rois et leurs reines. Veiller sur leurs précieux programmes – leurs chevaliers et leurs fous. S’afficher forts et imperturbables – leurs robustes corneilles.
Certes, il y a les loyaux pions. Ces pièces qui sont envoyées en avant afin de distraire, et tracer l’espace pour les autres sur l’échiquier. Les laisser sans protection. Sans recours. Sacrifiés.
Sans égard à la façon dont les jours et les mois avancent, je me demanderai toujours. Non pas pourquoi au printemps 2012, les professionnels des courses de chevaux ont été désignés pour devenir les pions d’un jeu dicté par bravade et tactique de diversion, mais pourquoi nos gouvernements l’ont fait de cette façon.
En consultant le rapport des plus bouleversants de 543 pages sur la réforme des services publics de l’Ontario, et le volumineux rapport Drummond de 668 pages, je constate qu’on ne parle pas de l’industrie des courses de chevaux de façon vraiment éloquente. Puis, je suis frappé par le fait que le point de discussion numéro un du gouvernement semble être sa position sur la suppression des courses de chevaux.
Nous entendons des messages radiophoniques imprécis et malhonnêtes, des déclarations sur les médias sociaux qui sont à des milles de la vérité, et une scène de la législature qui embarrasserait l’enseignante en maternelle de mon fils. Entendre des officiels de très haut niveau minimiser notre industrie par des demi-vérités et des phrases chocs très peu étayées, est extrêmement difficile et encore plus difficiles à avaler, comme nous l’avons tous fait.
Mais nous sommes les pions. Nous entrons dans la bataille parce que nous n’avons pas d’autre choix que de lutter. Nous sommes nombreux et nous sommes forts. Mais nos voix sont assourdies par leur volume, par leurs cris.
Pour nous, il n’y a pas eu de rapport de 600 pages avant de prendre des décisions. Il n’y a pas eu de regard sur les pertes sociales, économiques et culturelles dont nos provinces souffriront si nous devions être supprimés. Il n’y a pas eu d’évaluation des milliards de dollars qui sont investis dans nos produits de course et d’élevage à travers le monde. Il n’y a eu aucune considération ou sensibilisation pour ce que nous sommes, ce que nous faisons ou représentons pour nos provinces et notre pays.
Quand vous déplacez les pions devant votre ennemi, vous pouvez le déjouer et le distraire quant à vos réels objectifs. C’est une stratégie que les joueurs d’échecs connaissent bien et qu’ils utilisent avec grand succès.
Mais de temps en temps, lors d’une très longue partie, un pion se faufile lentement en avant. Un pas à la fois, pouce par pouce, luttant pour sa survie. Et quand, finalement il arrive à la fin, il devient une reine, la pièce la plus puissante et respectée sur l’échiquier, appréciée pour tout ce qu’elle apporte à la table. Dans toute sa gloire.
Implacable dans nos fins. Inébranlable dans nos objectifs. Refusant la défaite. L‘industrie des courses de chevaux canadienne – voilà qui nous sommes.
By Darryl Kaplan
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