Il n’y a RIEN de tel que la « zone des écuries » ou le « backstretch »

Pour moi, la « zone des écuries » n’est pas simplement la ligne droite opposée au fil d’arrivée, là où les chevaux courent en direction du poteau du ¾. Pour moi, et pour beaucoup d’autres, le backstretch est l’endroit où je suis véritablement tombé amoureux des courses de chevaux.

Les images, les sons, l’atmosphère et, oui, l’odeur de la zone des écuries me donnaient des frissons quand j’étais plus jeune.

C’était une véritable petite communauté, avec ses chevaux, ses palefreniers, ses « dorms », ses selleries, une cantine… oui, la cantine de la zone des écuries. En général, on y trouvait une nourriture savoureuse et bon marché, servie dans une ambiance de parties de cartes, de bouteilles de bière, de courses en direct ou en rediffusion à la télé, de rires et de camaraderie.

C’est entassé dans la cantine de la zone des écuries de Mohawk que moi, et des centaines d’autres, avons entendu le juge Ito nous dire que, d’une manière ou d’une autre, O.J. avait été déclaré « non coupable ».

C’est dans cette même cantine, une demi-douzaine d’années plus tard, que des dizaines d’entre nous, les larmes aux yeux et la gorge nouée, avons vu le deuxième avion frapper et les tours jumelles s’effondrer et brûler, pendant que nos chevaux attendaient patiemment dans leurs boxes d’être attelés ou lavés.

Pour moi, ce sont surtout les « backstretch » de Greenwood et de Mohawk qui ont confirmé ce que je savais déjà depuis des années : les courses de chevaux allaient jouer un rôle majeur dans ma vie.

Je n’oublierai jamais la première fois où je suis resté tellement tard à l’écurie, après avoir coursé dans les dernières à Greenwood, que j’ai fini par m’écrouler sur le lit de camp de mon « tack room », plutôt que de faire les 45 minutes de route jusqu’à Pickering, sachant que je devrais de toute façon revenir quelques heures plus tard.

Pour certains, se réveiller et devoir pousser l’arrière-train d’un cheval en train de se faire laver juste pour sortir par la porte, ce n’est pas l’idée qu’ils se font du plaisir — mais pour moi, ce matin-là, c’était le paradis.

Pour vous, et pour des milliers d’autres, c’était peut-être dans une autre zone des écuries où vous êtes tombés amoureux de ce grand sport, mais peu importe l’endroit, elles avaient toutes quelque chose en commun… La zone des écuries d’un hippodrome était l’épine dorsale de l’industrie. C’était le foyer des chevaux et de la plupart des palefreniers, le lieu où se trouvait le secrétariat des courses, le bureau des entraîneurs, le point de rencontre des propriétaires et des drivers — et c’était l’endroit où nous faisions tous corps.

C’était aussi un lieu qui rendait la propriété de chevaux bien plus abordable. À Mohawk, la location d’un box coûtait 1 $/jour si le cheval était sur copeaux (pour couvrir le coût de l’enlèvement), et c’était gratuit s’il était sur la paille. Aujourd’hui, en tant que propriétaire, on paie souvent entre 5 000 $ et 6 000 $ par cheval, par année, rien que pour la location du box.

Les frais de transport étaient eux aussi quasi inexistants, puisque la plupart des chevaux étaient déjà sur place. Aujourd’hui, même si votre cheval est installé tout près de l’hippodrome, vous payez probablement 100 $ de transport par départ. C’est encore 2 000 $ à 4 000 $ par an en plus pour posséder un cheval de course.

Les palefreniers vivaient dans de bonnes conditions dans les dorms de Mohawk pour 35 $ par semaine, et grâce à la nourriture de qualité et bon marché de la cantine, ils n’avaient pas besoin de gagner 45 000 $ par an pour survivre. Pour ceux qui ne conduisaient pas, n’avaient pas de voiture ou voulaient simplement épargner un peu, la zone des écuries était une solution essentielle.

Nos pistes elles-mêmes restaient en bien meilleur état lorsque des centaines de chevaux étaient logés dans la zone des écuries, car les chevaux et la machinerie les utilisaient chaque matin et souvent le soir aussi. Et il y avait moins d’annulations en cas de mauvais temps, car il y avait moins de déplacements à prévoir.

Les fêtes d’écurie à Noël, les barbecues d’été et les rassemblements d’après-course les grands soirs étaient monnaie courante dans la zone des écuries. Les fêtes d’écurie pendant la « Confederation Cup » étaient même légendaires. Aujourd’hui, pour ce qui est devenu le « Memorial Juravinski », il y a quelques centaines de personnes — avec un peu de chance — qui se tiennent sur le tarmac près du fil d’arrivée à Flamboro pour regarder la course, puis tout le monde rentre chez soi. Super. Quelle belle façon d’encourager la participation au sport.

Et pourtant, malgré tous ces aspects positifs, alors que les hippodromes de galop les ont encore tous, la plupart des zones des écuries de trot et d’amble ont malheureusement disparu.

Le 17 avril, la National Capital Region Harness Horse Association a annoncé ce qu’elle a qualifié de « décision extrêmement décevante » : la fermeture de la zone des écuries de l’hippodrome de Rideau Carleton.

Le 21 mai, on a appris que Harness Racing BC engageait une action en justice contre Great Canadian Entertainment, dans le but de garantir que la zone des écuries de Fraser Downs ne connaisse pas le même sort.

Mais bon sang, qu’est-ce qu’on fait ?

Les zones des écuries coûtent peut-être un peu à entretenir. Bien sûr, il y a des frais de maintenance et d’assurance, mais comme vous pouvez le constater ici, les avantages dépassent de loin les inconvénients. Pourtant, nous avons fermé — ou nous sommes en train de fermer — la plupart des nôtres.

Ça pourrait faire du sens… dans un monde à l’envers, peut-être.

- Dan Fisher

Dan Fisher [email protected]

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