The Greek: La passion personnifiée

Si vous demandiez à Google ce que signifie une personne passionnée, vous liriez « qu’une personne passionnée

a de profonds sentiments au sujet de quelque chose et/ou une profonde croyance en quelque chose ». Par Dan Fisher / Traduction Louise Rioux

Multipliez cette pensée par un million et vous commencerez à avoir un aperçu du feu qui a brûlé à l’intérieur de Charalam-bos Christoforou – mieux connu sous le nom de THE GREEK – tout au cours de sa vie, très fructueuse et semble-t-il, sans jamais un seul moment d’ennui. Parfois, cette profondeur de passion, particulièrement si non contrôlée, peut entraîner une personne dans l’eau chaude, ce qui s’est avéré au cours des années de jeunesse de Christoforou, mais à la fin, c’est ce qui l’a alimenté vers le succès tant en courses sous harnais que la vie même.

Né dans la petite Île de Chypre (juste au sud-est de la Grèce) en 1944, c’est un peu ironique que l’homme connu par tel-lement de gens comme le « Greek » ne soit aucunement Grec – c’est un Chypriote. Sans égard à ses origines par contre, Charalambos, âgé de 77 ans, (prononciation (har-lam-bos)), est le fier époux, père et grand-père qui a laissé sa marque sur le monde des courses de Standardbreds, bien que n’ayant pas été élevé près de ce sport.

Charalambos, qui signifie ‘respirer la joie’ en grec, fait exactement cela quand il parle de sa famille, et que sa famille inclut une longue liste de chevaux - principalement - d’élevage domestique – que le fier propriétaire-éleveur-entraîneur a vu grandir jusqu’à l’apogée du sport au cours de ses cinquante années et plus, d’implication.

Plus de détails sur les chevaux et leurs succès suivront plus loin. D’abord, vous pouvez vous poser la question, quand tant de nos participants s’impliquent via la famille, comment un homme né sur une petite île de la Méditerranée, où il n’y a aucun ‘trotteur’, a pu s’impliquer dans ce sport des courses sous harnais pour commencer?

« Durant la Deuxième Guerre Mondiale, mon père s’occupait des étalons pour l’Armée Britannique,» dit Christoforou, assis à son bureau, à son domicile – un endroit rempli de plus de photos, magazines, photographies encadrées et de sou-venirs de courses mémorables qu’on puisse imaginer. Les Chypriotes sont reconnus pour leur hospitalité, et ça ne pourrait pas être plus évident qu’en cette matinée dans la maison de Charalambos et son épouse des 53 dernières années, Kathy, traitant leur journaliste-invité comme s’il était de la royauté.

« Chypre était une Colonie Anglaise à ce moment-là, alors il n’y avait pas de vrais combats, ils utilisaient encore l’île pour entreposer les marchandises et les munitions… et des chevaux. Il y avait des chevaux et des mules et mon père était celui qui en prenait soin. C’était tout près de notre cour arrière alors j’étais souvent avec eux, » dit l’homme avec un sourire qui aurait pu charmer un chien enragé, alors qu’il se rappelle ses premiers jours autour des animaux desquels il allait éven-tuellement s’occuper comme carrière, soit les nourrir, en posséder, les mener et entraîner.

La première introduction du Grec aux courses cependant, ne s’est pas présentée avant 1961, alors qu’il a quitté Chypre pour aller au collège en Angleterre – et y découvrir les hippodromes et bureaux de paris du Royaume-Uni. Quelques années avant cela par contre, le jeune homme a vécu un changement significatif d’adresse de retour dans son pays natal.

« J’étais un peu fou et mon père en a eu assez de ma nuisance, alors lorsque j’ai atteint environ 12 ans, je suis allé vivre avec ma tante. J’ai quitté ma vie dans un petit village pour aller vivre dans un manoir. Quand j’ai vécu avec ma tante, je con-duisais le même type de voiture que le Roi Constantine, » dit Christoforou en riant.

C’était par contre, le résultat de l’influence de sa tante, une riche philanthrope qui avait épousé un riche gentilhomme Américain qui possédait des mines de cuivre à Chypre, qui mena le jeune Christoforou vers l’avant et là il passa quelques-unes des périodes de sa vie les plus mémorables – c’est là qu’il a rencontré son épouse et il a développé un amour pour le football (soccer), les courses de chevaux et le jeu. L’Angleterre était aussi un endroit où le Grec passionné a aussi su se laisser entraîner dans sa juste part de problèmes.

« Ma tante m’a inscrit à l’American Academy of Cyprus, une école privée de premier plan, où j’ai vécu et suis allé à l’école durant deux ou trois ans. Si vous sortiez diplômé de là, vous n’aviez même pas besoin de passer d’examens d’admission pour d’autres écoles. Alors, je suis allé à une école technique de renom à Athènes durant trois ans. J’avais un chauffeur là-bas, et tout ce qui vient avec, ainsi qu’une femme qui entretenait la maison dans laquelle je vivais… ma tante étant tout le temps aux États-Unis, alors elle n’était même jamais ici. Parce que j’ai étudié et gradué de ces écoles, j’ai été capable d’aller dans un autre des meilleurs collèges de Londres, en Angleterre, et j’ai obtenu mon diplôme du ‘College of Aeronautical and Automobile Engineering… c’était à Chelsea, l’une des plus belles parties de Londres. »

Les six années à Londres, tel que mentionné auparavant, ont changé la vie de Christoforou, et pour de nombreuses rai-sons, non la moindre étant quand il apprit à bousculer et travailler fort pour survivre, particulièrement s’il voulait s’impliquer dans les mondes à haut risque des courses de chevaux et du jeu.

« Il allait à toutes les pistes de courses, » dit Kathy avec un sourire narquois. Les pistes pour chevaux, chiens, tout. »

« J’allais à la banque American Express une fois par mois, chercher l’argent de ma tante, pour que je puisse vivre durant le mois, » partage The Greek.

« Et dès le lendemain, il était cassé, » dit une Kathy pince-sans-rire, avec un clin d’œil.

« J’étais habituellement cassé le lendemain matin, » dit Charalambos en riant. Mais j’ai appris à survivre aussi. J’ai trouvé des emplois comme plongeur, ou j’allais vendre mon habit et ma montre à l’encan pour obtenir les deux livres dont j’avais besoin pour vivre. J’ai appris à provoquer de l’agitation et à faire ce que j’avais à faire si je devais vivre de cette façon-là. »

« Et par chance que j’avais un emploi, » sourit son épouse tranquille, Kathy. C’est facile de comprendre pourquoi le ma-riage tient aussi bien à ce point-ci, car les contraires s’attirent définitivement. »

Durant ces jours où le jeune couple se rapprochait, le Chypriote au tempérament parfois bouillant, a aussi su se retrouver dans sa juste part de mauvaises ‘situations’.

« J’étais fou dans ce temps-là, » dit Christoforou sans blaguer. « Il y a une fois où nous marchions en ville et un gars l’a regardée. Je n’ai pas aimé la façon dont il l’avait regardée, alors j’ai commencé à le tabasser. Je l’ai frappé à coups de poings et de pieds. Rappelle-toi, (parlant à Kathy), de ce gars du magasin en face de votre maison… la fois que tu avais acheté des œufs de lui et qu’il t’a dit quelque chose de grossier? J’avais rapporté les œufs et lui avais demandé de sortir, et comme il n’a pas voulu, j’ai cassé les œufs partout sur la vitrine avant de son magasin, » se riant de son jeune alter ego.

Charalambos commence à raconter l’histoire d’un café-restaurant appelé ‘La Siesta’… un endroit que le jeune couple et leurs amis fréquentaient avant qu’une altercation entre The Greek et le propriétaire de l’établissement mit fin à cela. Kathy a quitté la place et au moment où elle revient elle entend quelques deux mots et commentaires, « vous parlez du coffee-shop. » À l’évidence, les histoires du jour du London sont toutes véridiques, et que le très intelligent et dur travailleur était aussi très passionné de la vie… dans les deux sens, le bon et parfois le moins bon.

« Ce café-restaurant avait toujours un bol de sucre brun et un de sucre blanc sur les tables. Kathy brassait le sucre avec une cuillère et le propriétaire lui a fait un rude commentaire, et j’ai pété un plomb. J’ai renversé la table et l’ai pourchassé par la cuisine et dehors dans la rue. Je ne l’ai jamais rattrapé mais plus jamais nous avons été les bienvenus à cet endroit, » en riant.

« Nous devions aller au café-restaurant de l’autre côté de la rue après cela… je n’aimais vraiment pas autant cet endroit, » dit Kathy en levant les épaules.

Six années à Londres furent tellement mémorables, de multiples façons, mais le niveau du ‘Greek’s’ était d’un niveau cinq, alors pourquoi était-il là pour six? « J’ai pris un congé d’un an au milieu, pour travailler, » de se rappeler Charalambos.

« Et pour parier, » dit Kathy en riant.

« J’ai travaillé comme croupier dans un bureau de pari légal. Nous jouions au poker… les parties commençaient le vendredi soir et se déroulaient sans arrêt jusqu’au lundi matin. Les joueurs allaient et venaient durant toute la fin de semaine mais les croupiers ne partaient jamais. À toutes les six heures ou autrement, nous pouvions aller et venir durant toute la fin de semaine et dormir sur les divans. C’était une bonne position mais elle en est venue à une fin un soir alors que j’ai eu une dispute avec le patron. Parfois, quand les parties en n’étaient qu’à leurs débuts et qu’il n’y avait pas assez de joueurs, le patron donnait 20 livres à l’un de nous, nous disant de jouer… nous étions toujours supposés jouer… mais ne jamais gagner. Une fois, j’ai eu de réellement bonnes cartes et j’ai dit »F%$# cela, je n’abandonne pas. J’ai gagné et il s’est fâché contre moi. J’étais comme un pistolet par contre… personne ne pouvait me contredire. J’étais jeune et sans peur. J’ai renversé la table et les cartes et l’argent volèrent en tous sens… personne ne savait à qui l’argent appartenait. Ce fut la fin de cet emploi, » dit-il en souriant.

Après avoir gradué et obtenu son diplôme d’ingénieur, et avant de poursuivre sa carrière, Christoforou dut retourner à Chypre pour compléter une ronde de devoir obligatoire dans l’armée. Croyez-le ou non, ce fut une situation rendue plus facile par la personnalité affable de The Greek et même par sa nouvelle connaissance des joueurs.

« Tous les jeunes hommes de Chypre devaient servir durant deux ans dans l’armée dès l’âge de 17 ans, mais j’étais déjà parti en Angleterre pour aller à l’école à cet âge-là. À mon retour, j’étais plus âgé que le reste des enfants qui le faisaient, et je n’ai dû faire que 18 mois. Il y avait la Ligne Verte qui littéralement traversait Nicosie, la capitale, et il y avait une haute clôture barbelée tout du long. Les Grecs étaient d’un côté et les Turcs, de l’autre. J’ai été chanceux quand j’étais dans l’armée qu’il n’y ait aucun vrai combat, mais nous formions des équipes de huit heures ou autres, et vous deviez vous asse-oir et surveiller le Turc qui se trouvait juste en face de vous durant tout ce temps… et son travail était de faire la même chose de son côté. Ce n’était pas du plaisir et c’était ennuyant, mais je me suis fait ami avec un Général qui aimait les cours-es de chevaux, » dit joyeusement Charalambos. « Il n’y avait qu’un seul hippodrome à Chypre et il y avait des courses tous les dimanches après-midis, alors j’obtenais la permission de partir et d’aller aux courses avec lui. J’en connaissais beaucoup plus que lui sur les courses, alors il m’emmenait avec lui tous les dimanches. »

Lorsque son engagement de 18 mois envers l’armée fut terminé, y compris quelques visites de Kathy, le jeune couple s’est marié en Angleterre en 1968 et peu de temps après, se sont dirigés vers le Canada pour commencer leur nouvelle vie. Après avoir occupé divers emplois ailleurs, Christoforou a joint les rangs du corps de police de Toronto, mais c’était une profession, laquelle, selon Kathy, ne lui avait jamais convenu.

« Je suis resté dans les forces durant trois années, » se rappelle-t-il, « mais le salaire n’était que de $ 6 000 ou $ 7 000 par année, et je n’aimais pas cela. Aussitôt ma promotion prononcée en première classe, j’ai quitté. J’étais allé à Greenwood et Woodbine, et un ami et moi, avions même acheté un cheval que Bill Hicks entraînait pour nous. Je connaissais Les Ehrlick – il possédait une sellerie dans le voisinage où j’étais policier – et il m’a obtenu un poste avec Bill Wellwood. J’ai toujours été destiné à être auprès des chevaux.

« J’ai seulement travaillé pour Wellwood durant six mois... il a toujours été très bon envers moi et j’ai beaucoup appris de lui, mais j’ai eu la chance d’acheter un cheval aux environs de 1972, et je me suis lancé à mon compte. Viola Walker, (la mère de Larry) m’a vendu un cheval nommé Ash Song… il était un frère propre de ce réellement bon cheval, Danny Song A. Il a été essayé et testé avant que je l’achète, et il n’était qu’un cheval de course, mais c’était le mien et j’ai décidé de me lanc-er. Je n’ai pu obtenir de stalles au Jockey Club, alors je me suis d’abord installé aux Markham Fairgrounds. Je ne possédais pas de jogger ou de bicycle de course ni même de roulotte. J’ai pu obtenir un bicycle de Les Ehrlick pour la somme de 25 $ par mois, et il y avait une dame aux terrains d’exposition qui possédait une remorque pour un seul cheval, que je pouvais emprunter. Je remorquais la roulotte accrochée au pare-choc de mon gros vieux Pontiac et attachais le bicycle de course au toit de ma voiture… je devais baisser un peu les vitres afin de pouvoir attacher le bicycle pour qu’il ne s’envole pas. J’avais un ventilateur portable que je faisais fonctionner à l’intérieur car je n’avais pas l’air climatisé. Un soir, j’avais deux chevaux à Greenwood… je devais emmener le premier tôt, le laisser là et retourner à Markham chercher le deuxième. Puis, après les courses, je devais les reprendre séparément aussi. Je me couchais probablement aux alentours de 4 h. A.M. et j’étais de retour à l’écurie deux heures plus tard. Éventuellement, un vraiment charmant monsieur du nom de Bob Larrabee m’a vu jogger mes chevaux sur le bicycle et me dit que je pourrais emprunter son jogger. Je n’ai jamais eu peur de travailler fort pour faire que les choses arrivent. J’ai manqué beaucoup de choses comme les joutes de hockey de Chris parce que je n’avais pas les moyens d’engager plus d’aides et que je travaillais tout le temps. Kathy a toujours été tellement bonne et elle faisait tout le travail avec Chris, fils, quand il était jeune, parce que je travaillais toujours. »

C’est une déclaration souvent entendue de la part des gens de chevaux à succès – les longues heures et les absences de la vie familiale – mais ç’en est une qui semble aller main dans la main avec des résultats positifs dans l’industrie. D’où provient cette éthique de travail dans le cas des Grecs? Était-ce un trait de caractère Chypriote ou quelque chose de transmis de famille en famille? Était-ce de ses jours dans l’armée ou de ceux d’agitation aux environs de l’Angleterre, es-sayant de survivre aux pertes de jeu?

« C’est tout simplement la personne, » dit Christoforou. » Certaines personnes sont de durs travaillants et d’autres ne le sont pas. Cela vient aussi de la passion et de l’amour des chevaux qui veulent gagner. Quand je veux quelque chose, j’y travaillerai jusqu’à ce que cela arrive. Quoique je doive faire, je n’arrêterai pas tant que je ne réussirai pas. »

Il a fallu un peu de temps et beaucoup de dur labeur pour réussir, et il a réussi.

« Nous avons eu un cheval nommé Haluva Dodger et nous avons assez bien réussi avec lui. Il ne pouvait pas vaincre le bon cheval de Clint Hodgins, Pats Bye Bye, à l’âge de deux ans, mais ce cheval était beaucoup plus gros et tout le monde était certain qu’il avait trois ans de toute façon, en riant. Nous avons fait de l’argent avec lui par contre et c’est partiellement la raison pour laquelle nous avons abouti avec mon premier bon cheval, Bret Dodger… c’est celui qui a tout changé pour nous. J’ai vu Bud Fritz le courser à deux ans et il a cassé à deux reprises mais encore il avait presque gagné … il était tel-lement rapide. Nous l’avons donc acheté pour la somme de 12 000 $... Je l’ai acheté avec deux de mes premiers proprié-taires, des gars rencontrés alors que j’étais encore policier. Rocco Colangelo, possédait des supermarchés, et Joe Leonards, qui faisait dans l’immobilier. J’ai qualifié Bret moi-même alors qu’il avait trois ans et il était bon, mais le Jockey Club n’accepterait pas son entrée en course parce que, disait-il, il cassait trop souvent. Je l’ai donc emmené à Windsor… je pense qu’il a cassé quatre fois lors de ce premier départ, et l’a quand même gagné (riant) mais les connards l’ont disqualifié. Il a perdu du terrain lors de ses cassures et n’a causé aucune interférence avec qui que ce soit… ils n’auraient pas dû le déplac-er.

« Je devais le couvrir entièrement pour courser... des bottes, protège-tibia, protège-genoux en avant ainsi que des protège-genoux derrière … parce qu’il se frappait partout. Mais il pouvait voler et il nous a gagné beaucoup d’argent (382 610 S) et je l’ai beaucoup conduit aussi. Il s’est mesuré à Millers Scout et même Fan Hanover. Il sera toujours spécial pour moi car c’est lui qui a tout déclenché pour nous.

Et comme les choses ont commencé à rouler, que dire du fougueux Christoforou? Il a apporté la détermination ainsi qu’une forte éthique de travail au Canada mais est-ce que certaines crises et situations survenues en Angleterre ont suivi The Greek outre-Atlantique aussi?

« Je crois aux choses auxquelles je crois et j’y tiens beaucoup. Je suis plus calme et plus en paix maintenant qu’il y a quelques années, » admet Charalambos, « mais au cours des ans, il y a eu des occasions où j’ai dû me tenir debout pour défendre ce en quoi je croyais. Je travaille pour ce que j’ai et je ne laisse personne profiter de moi.

« Je n’accepterai pas un non comme réponse quand je veux quelque chose. Je travaillerai aussi fort qu’il m’est néces-saire et ferai tout ce qu’il se doit pour faire quelque chose que je veux voir arriver, arriver. Quand j’ai voulu être élu à la Canadian Standardbred Horse Society (CSHS), je devais me présenter contre Bob Burgess et il était le président du CSHS – il était le roi. Mais j’ai acheté la liste de membres et appelé et parlé à des centaines de personnes… visité des gens à tous les jours. J’y ai travaillé si fort que j’ai gagné l’élection. Voilà comment je fais les choses – j’y travaillerai jusqu’à réussite.

Christoforou raconte une histoire du temps où il était sur le conseil du CSHS, où sa passion et son entêtement auraient pu faire des vagues, mais où son charme l’a aussi aidé à adoucir les choses en même temps. Il était encore ce même homme fort de caractère – il est encore ce même homme aujourd’hui – mais il apprenait à utiliser son charme en même temps, plutôt que d’utiliser ses poings.

« Nous discutions des règlements concernant l’élevage des poulinières et c’était Earl Lennox et moi contre le monde. Nous voulions tous les deux qu’il soit permis d’envoyer de la semence mais, c’est certain, les grosses fermes ne le voulaient pas… elles voulaient que les éleveurs leur envoient leurs poulinières. Nous étions en pause des discussions et j’avais un petit Colt-45 dans ma poche. Je l’ai montré à quelques personnes et leur ai dit que si le vote ne se déroulait pas comme je le voulais, les choses pourraient dégénérer (en riant). Ils savaient que je n’étais pas sérieux par contre, mais plus tard ce jour-là, lors de la prise de photo du groupe j’ai commencé à baisser ma fermeture-éclair dans la photo et je leur ai dit que j’allais leur montrer à tous ce que je pensais d’eux – tous ont ri. Le monde était ailleurs en ce temps-là… je sais que vous ne pouvez pas faire ce genre de blagues aujourd’hui.

« Il y eut une autre fois alors que je coursais à Buffalo et Batavia durant un certain temps. Ils n’aimaient pas que les Canadiens y viennent, mais la plupart avaient peur de moi. Tom Artland devait garder un Doberman en laisse dans son cabanon la nuit parce qu’ils tailladaient ses harnais et pneus, etc. Je n’ai pas eu beaucoup de problèmes, mais un gars avait stationné tout près de moi à quelques reprises. J’étais ami avec son père… le gars n’était pas méchant, mais un soir, alors que j’avais l’extérieur et que j’allais partir, il était à l’intérieur, j’ai mis un petit Beretta dans mon casque… je l’ai doublé avant le défilé d’avant-course de sorte qu’il puisse le voir lui disant qu’il valait mieux pour lui qu’il ne m’emboîte pas (en riant). Ils ne m’ont vraiment pas beaucoup cherché là-bas. Une fois, le juge de paddock m’appela avant la course pour me dire qu’ils allaient me donner une amende parce que j’utilisais un Sulky Modifié et que ce n’était pas dans le programme puisque je ne l’avais pas indiqué alors que je l’avais fait.. Je l’avais entré, par contre, et ils ne faisaient qu’essayer de m’avoir. Je lui ai dit ‘F%$ et j’ai retiré mon cheval et l’ai marché à l’extérieur du paddock. Je ne les ai pas laissés jouer leur jeu. »

Établi en tant que conditionneur solide, mais peut-être comme un conducteur non spectaculaire, sur l’OJC Circuit depuis un certain nombre d’années, deux développements dont Christoforou est le plus fier datent du début des années 1990. Son fils, Chris Jr, qui est maintenant le deuxième conducteur en tête des O’Brien Awards de l’histoire, avec quatre con-ducteurs, détenteurs Canadiens du titre de Conducteur Canadien de l’Année, a débuté sa carrière de conducteur en 1990, et que le trotteur d’élevage domestique Earl, fit ses débuts en course en 1992.

« J’ai acheté la mère de Earl (Linfields Gem) pour le compte de quelques propriétaires alors qu’elle n’était qu’une year-ling, partiellement parce que sa soeur était la trotteuse de deux ans de l’année. En deux ans, je ne pense pas qu’elle n’ait trotté un quart de mille lors d’un mille en entraînement sans casser… nous avons tout essayé mais elle ne pouvait pas trot-ter du tout. J’ai racheté les propriétaires en échange pour ce qu’ils me devaient en factures et je l’ai accouplée… son troisième poulain était un poulain de Balanced Image, un poulain que nous avons nommé Earl (984 318 $). Ila m’ont tous causé beaucoup de problèmes car ils disaient que Chris était trop jeune pour le mener, mais les deux ont appris l’un de l’autre. Earl était facile à mener, vous pouviez faire ce que vous vouliez avec lui, et Chris était talentueux… Je savais qu’il était prêt à conduire un bon cheval. Il n’avait pas couru à deux ans à cause d’un problème de dos. Il y avait une chiropraticienne dont le bureau était situé près de l’édifice Harold Shipp’s et elle aimait se détendre autour de la piste. Un jour, qu’elle ajus-tait Earl, simplement comme cela, il a commencé à mieux trotter. Je me souviens d’une autre fois où elle devait venir trav-ailler sur lui pour une grande course, et qu’elle téléphona pour dire qu’elle ne pouvait pas le faire. J’ai fait monter le cheval dans le camion et nous avons filé vers le centre de Toronto, je l’ai fait descendre de la roulotte et avons marché dans une ruelle pour la rencontrer dans la petite cour de quelqu’un… elle lui a prodigué les soins requis là, en plein milieu de la ville (dit-elle en riant). Quand Earl a gagné la Breeders’ Crown (à Mohawk), à quatre ans en 1993, Chris est devenu le plus jeune conducteur de l’histoire à gagner une Breeders Crown … alors je crois bien qu’il était prêt à le mener, n’est-ce pas? »

L’autre poulain de premier ordre qui a mené Christoforou au sommet de sa profession, fut le champion du Little Brown Jug 2000, Astreos (1 062 594 $). Techniquement, Astreos n’était pas de l’élevage domestique comme Earl mais il était né et avait été élevé sous la surveillance avisée de The Greek’s.

« Je voulais avoir un poulain de Artsplace mais ils étaient tous trop dispendieux aux ventes, alors j’ai acheté la poulinière (Lucky Tune) porteuse d’un rejeton de Artsplace, pour environ 8 000 $. Un de mes propriétaires, âgé, le Dr Cummings, de Lexington, m’a approché un peu plus tard, et me dit qu’ils avaient voulu acheter la poulinière mais qu’ils avaient été em-bourbés dans la circulation ou autre. Ils m’en ont offert 12 000 $ pour elle mais j’ai dit ‘non’ à l’offre de faire un profit rapide. Il faut que vous soyez eu peu chanceux dans ce sport et j’ai été chanceux, je ne l’ai pas vendue ni empoché cet argent rapide. Le meilleur cheval de Bill Wellwood, quand je travaillais pour lui, était Keystone Gary. Il avait acheté un autre yearling plus tôt lors de cette vente, et revendu quelques minutes plus tard lorsqu’on lui offrit un profit vite fait. Il utilisa l’argent pour acheter Keystone Gary plus tard ce jour-là, et le reste est de l’histoire. Vous avez toujours besoin de la chance.

« Quand Astreos n’était qu’un yearling, il était à la place d’affaires de Bill Loyens et tous ceux qui venaient voir le yearling de Bill, l’aimaient – il était parfait. Ils voulaient tous l’acheter et je l’évaluais à 100 000 $. À un certain moment, je pensais que Ben Wallace allait l’acheter.

« Quand je l’ai qualifié à l’âge de deux ans, nous savions que c’était un poulain spécial mais il a tiré la huitième position lors de son premier départ. Cela m’a tellement fâché, que je l’ai retiré… je n’allais pas courser un si beau poulain à partir d’une huitième position. Envoyez-les se faire voir. Plus tard cette année-là, avant la Breeders) Crown (où il allait finir deuxième), je l’évaluais à 600 000 $ et mon ami Irving Storfer (Banjo Faims) l’acheta… ainsi que mon cousin Makis de Chypre.

« Il a été un grand cheval pour nous, mais je me demande combien meilleur il aurait été s’il n’avait pas souffert d’un cœur malade. Il a renversé cela lors de son dernier départ à deux ans à Garden State (Governor’s Cup). Nous avons pris notre temps avant de le ramener à trois ans et nous sommes assurés qu’il était bel et bien en santé, mais je suis certain que cela avait dû le limiter d’une façon ou une autre. Le Jug était difficile pour lui… ll avait été sous harnais ce jour-là durant cinq heures. Il avait été deuxième lors de la ‘Cane’ avant cela… Le conducteur nous a perturbés avec le gagnant et nous a coûté la course mais les juges ne sont pas intervenus. Je voulais faire appel, mais on m’en a dissuadé. Après le Jug, nous sommes allés au Messenger et nous sommes retirés à The Meadows. Je n’étais pas heureux du tirage mais il a fini deuxième dans son épreuve (battu seulement par un cou). Nous avons attendu et attendu qu’ils procèdent au tirage devant la foule comme ils le font toujours, mais ils ne l’ont pas fait. Ils n’ont qu’annoncé les résultats du tirage aux haut-parleurs et quand ils ont dit qu’il avait tiré la huitième position, j’ai craqué. J’ai appelé Brent Pelling dans le paddock et lui ai dit de la retirer… il m’a supplié de ne pas faire cela mais je lui ai dit que s’il ne le faisait pas j’irais partout, le retirerais du paddock, le ferait marcher devant la grande tribune et devant les juges leur demandant pourquoi ils n’avaient pas procédé au tirage devant tout le monde. Ils avaient demandé à Chris de m’appeler du paddock quelques minutes plus tard, me demandant encore de le faire courir, mais je l’ai retiré. J’étais furieux et je leur dis F%$#. »

Astreos et Earl allaient poursuivre de brillantes carrières en leurs qualités d’étalons, même si la seconde carrière d’Astreos fut écourtée, après seulement six récoltes, après qu’il fût trouvé mort dans son paddock à Alabar Stud en Nouvelle-Zélande – des suites apparemment de son problème de cœur. Astreos engendra les gagnants de plus de 62 M $, y compris les millionnaires Voetz Hanover, Zooka, à Helen Back et Sparky Mark. La progéniture d’Earl lui a gagné plus de 32 M $ et comprenait le double-millionnaire JM Vangogh ainsi que le millionnaire Earl Of My Dream – élevé, propriété et entraîné par Christoforou lui-même.

« Nous avons été chanceux à quelques reprises, » dit-il avec ce sourire charmant, « mais j’ai toujours travaillé très fort aussi. Je n’ai jamais pris les choses pour acquises et considéré que nous pouvions faire mieux si nous esssayions. Je me souviendrai toujours quand Chris m’a appelé un soir alors qu’il était sur la route du retour à la maison en provenance de Woodbine et me dit qu’il avait gagné sept courses ce soir-là…c’était un nouveau record en ce qui concernes les victoires sur un programme là. Je lui dis que c’était bien mais que s’il n’avait pas F%$ cette autre course, il aurait pu en gagner huit.

Charalambos Christoforou n’est définitivement pas un homme découpé dans un moule – c’est un personnage unique en son genre. Il ne présente ni excuses ou prétextes pour sa façon d’être, et il lance toujours de la hanche (peut-être parfois même littéralement). Chacun sait toujours où il en est avec lui, et bien que la vérité puisse être blessante, à la fin, c’est mieux qu’un mensonge. La passion est son point fort. À certains moments, peut-être a-t-elle été sa plus grande faiblesse. « A la fin toutefois, c’est probablement la caractéristique qui l’a emmené si loin dans la vie. C’est le ‘Bambo’ de son épouse bien-aimée Kathy, son fils Chris, sa belle-fille Camilia, et petits-enfants Emma, Niklas et Mia, mais pour la majorité des autres, il est tout simplement ‘The Greek’ (Le Grec). C’est définitivement tout un personnage, mais il a beaucoup de caractère, et que vous l’aimiez ou pas, une chose est certaine – vous le saurez toujours quand il sera dans une salle.

Cet article a été publié dans le numéro de juillet de TROT Magazine.
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