Un Australien et un Kiwi

Bien qu’ayant fait leurs débuts en Australie, tous deux, Andrew McCarthy et Dexter Dunn, se sont retrouvés au haut de l’échelle.

Par Debbie Little / Traduction Louise Rioux

Andrew McCarthy et Dexter Dunn sont nés à 2 200 km de distance, dans des pays différents, mais ils ont suivi des sentiers étonnamment similaires pour arriver au succès, mais avec un échéancier légèrement différent.

Ils sont tous les deux nés dans le milieu.

Andy, le fils de John et Narelle McCarthy, a grandi avec son frère aîné, Luke, ainsi qu’un plus jeune frère, Todd, sur une ferme chevaline à Bathurst, Australie, à trois heures de Sydney.

Le plus jeune fils de Robert et Rose Dunn, Dexter, a grandi avec un frère aîné, John, à Christchurch, Nouvelle-Zélande, également sur une ferme chevaline.

Quand ils étaient jeunes, ils ont tous deux pensé faire autre chose, mais, ultimement, ils ont réalisé qu’ils avaient les chevaux dans le sang.

« J’ai pensé devenir mécanicien, mais j’ai réalisé que je n’avais pas la patience pour faire cela. Puis, j’ai tenté le rugby pour encore une fois, constater que je ne serais pas assez grand pour cela. J’ai toujours été un passionné des chevaux, mais à l’âge de 14 ou 15 ans, j’ai su que c’était le chemin que j’allais suivre, » dit McCarthy.

Tout comme McCarty, le jeune Dunn avait aussi pensé jouer au rugby.

« Plus jeune, je voulais devenir un joueur de l’équipe nationale de rugby de la Nouvelle-Zélande, la ‘All Black’. La plupart des enfants de Nouvelle-Zélande grandissent en pratiquant le rugby et veulent tous devenir membres des ‘All Black’. C’était un rêve, mais il est assez rapidement passé par la fenêtre dès que la question de la taille s’est révélée un problème et aussi le fait que je n’étais pas assez bon, » dit Dunn.

Quand ils ont opté pour les courses sous harnais comme profession, tous et chacun ont connu du succès comme conducteur dans leur pays d’origine, mais leurs raisons pour venir en Amérique étaient clairement différentes. Pour McCarthy, une rencontre fortuite avec l’Australien Noël Daley, l’a conduit vers les États-Unis. « J’avais 21 ans, c’était en 2007, et je m’ennuyais un peu, quand j’ai rencontré Noël Daley, » dit McCarthy. « Il était revenu en Australie pour le congé de Noël une année, et je l’ai rencontré par l’entremise d’un ami mutuel et lui ai exprimé mon désir de venir aux États-Unis, lui demandant de vérifier cette possibilité…il m’a offert un emploi ainsi qu’un endroit où loger. »

« Au début, j’y suis venu pour apprendre comment devenir un meilleur forgeron. Je ferrais 90 % des chevaux de mon père. J’ai pensé que ce serait un bon métier à pratiquer. J’ai quitté l’école tôt pour travailler avec les chevaux et je voyais cela comme quelque chose sur quoi me reposer advenant que le côté course ne fonctionne pas pour moi. »

Daley connaissait la famille d’Andy, et après avoir fait un voyage aux États-Unis, le frère aîné d’Andy, Luke, est aussi demeuré avec Daley.

Andy a vécu à la maison de Daley et travaillé pour lui, accomplissant des tâches à l’écurie. « Il était meilleur conducteur et forgeron que palefrenier, » dit Daley en riant. « C’est un travaillant… toute la famille ne compte que des travaillants. »

« Je crois que Took Hanover fut le premier cheval décent que je lui ai confié, et il a gagné en 1:49 avec lui à Meadowlands, alors que cela était significatif, il y a 10 ans. Et cela lui a donné le goût de continuer à pratiquer ce métier. »

McCarty est très reconnaissant pour toutes les opportunités que Daley et d’autres entraîneurs lui ont confiées quand il est arrivé ici.

« Je voulais conduire, mais je ne m’attendais pas à le faire, » dit McCarthy. « Tout ce que je voulais c’était d’avoir une photo au mur. Je voulais gagner une course pour avoir une photographie à rapporter en Australie et pouvoir dire que j’avais gagné une course en Amérique. »

« En 2009, j’ai laissé mon emploi chez Noël; tout ce que je voulais, c’était de conduire. Pour ce qui est d’obtenir de bons chevaux et faire que les gens veuillent me les confier pour courir dans les bonnes courses, cela a pris beaucoup de temps, et je ne les blâme pas, car quand je suis arrivé ici, j’avais beaucoup à apprendre. Cela a pris quelque temps, mais je suis content d’avoir persévéré et de me démarquer. »

Dunn n’a pas décidé de tenter sa chance aux États-Unis tant qu’il n’a pas eu l’âge et qu’il soit bien établi, mais un compatriote veillait sur lui.

« En 2011, j’ai représenté la Nouvelle-Zélande au Championnat mondial des conducteurs, lequel se tenait en Amérique, je suis donc venu trois mois à l’avance et suis demeuré avec Chris Ryder, où j’ai pu mener quelques chevaux, » dit Dunn. Puis, manifestement, je suis revenu à la maison, mais j’avais toujours en tête de m’y essayer. »

« Finalement, je me suis réveillé un matin alors que j’étais en route pour des qualifications, et j’ai décidé que j’y viendrais… ce que je fis. »

C’était au mois d’août 2018 que Dunn décida de tenter sa chance aux É-.U.

Ryder était un bon ami du père de Dunn et il avait vu grandir Dexter. Chris avait espéré que Dexter, un jour, choisirait de faire la transition.

« Dexter est venu ici et Nifty (Norman), moi-même et Mark Harder, étions bien préparés pour l’utiliser, ce qui allait l’aider de toute évidence, » dit Ryder. « Mais comme les années l’ont prouvé, cela a été à notre avantage et ce que Dexter a réussi surprend tout le monde, sauf moi. »

Ryder, Norman, Harder et Brett Pelling sont tous natifs de Nouvelle-Zélande, alors que Daley et Ross Croghan sont natifs d’Australie. Les expatriés ont travaillé et se sont entraidés au cours des ans, et ils font leur part dans l’appui à apporter aux conducteurs australiens. « Mon opinion au sujet de ces deux gars c’est qu’ils sont de très bons conducteurs, » de dire Pelling. « Sans l’appui qu’Andy a eu de Noël Daley pour les mettre en marche, et Dexter venant ici, Richard Norman, Chris Ryder et moi-même, (ç’aurait été plus difficile pour eux.) »

« Nous sommes dans le groupe supérieur d’entraîneurs et nous leur donnons des conduites sur nos meilleurs chevaux, et ils sont assez humbles pour le reconnaître. Je pense que la chose la plus importante à mes yeux d’entraîneur, c’est l’espoir d’avoir le même gars qui mènerait constamment un cheval pour obtenir les informations appropriées. »

Pour ce qui est des rétroactions, les entraîneurs croient que tant McCarthy que Dunn sont des étudiants dans ce sport et sont consentants d’y consacrer le temps pour devenir meilleur dans ce qu’ils font.

« Andy est un bon homme de chevaux, » dit Daley. « Il peut marcher dans l’écurie, et même s’il détient quatre gagnants de la Breeders Crown, si j’en avais besoin, il pourrait ferrer un cheval pour moi. C’est un travaillant. Il peut vous donner son opinion. Sans être péjoratif en ce qui concerne ses conducteurs de relève, certains d’entre eux sont meilleurs que d’autres quand vient le temps de fournir de l’information, mais Andy a fait tout ce qu’il fallait. Il est fiable. Ce que vous voyez est ce que vous obtenez. »

« Le frère d’Andy, Luke, est l’un des meilleurs conducteurs et entraîneurs là-bas et il dit que peu importe l’endroit où Dexter va. Ça ne lui prend pas de temps. Il s’ajuste à ce qu’il a à faire. Il met les choses au point. Il a, de toute évidence, de très bonnes mains. »

En plus du support que McCarthy et Dunn reçoivent des entraîneurs de leur pays, ils s’encouragent l’un l’autre.

McCarthy pense que le pur talent de Dunn le distingue des autres, alors que Dunn décrirait McCarthy comme une légende et pense que sa nature relaxe fait qu’il est si bon. « Quand je suis arrivé ici, j’ai demeuré avec Chris Ryder, puis Andy et sa famille sont retournés en Australie pour l’hiver; je suis alors allé demeurer dans sa maison, » dit Dunn. « J’ai veillé sur sa maison de South Jersey et quand ils sont revenus, je n’en suis pas reparti. J’y suis tout simplement resté. Alors, j’ai vécu avec eux durant un certain temps puis je me suis trouvé un logis dans la même municipalité qu’Andy. »

Ils comptent tous les deux sur l’appui de leur famille.

McCarthy est marié à Katrina, née en Amérique, mais dont les parents et la plupart de ses frères et sœurs vivent en Australie. Ils ont deux fils : Finn, cinq ans, qui adore marcher avec un fouet en mains, et Olly, qui a trois ans.

McCarthy fait des voyages annuels – en hiver quand c’est tranquille - en Australie pour voir sa famille. Il admet que ces voyages seront de plus en plus difficiles à faire, car ses enfants commenceront l’école, mais au moins nous vivons maintenant à l’ère électronique.

« Dieu merci pour ‘Face Time’, dit McCarthy. « Nous voyons pas mal la famille. Mon père et ma mère nous appellent beaucoup. Principalement, je pense qu’ils appellent pour voir leurs petits-enfants plutôt que leur propre fils. »

« Au cours des neuf ou dix premières années où j’ai vécu ici, je me disais toujours, je vais finir par retourner en Australie un jour. » Mais je n’en suis plus aussi certain. Je n’ai plus autant le mal du pays qu’auparavant. Je pense que l’Amérique du Nord est un très bon endroit où vivre et je pense vraiment que c’est pourquoi il y a tellement d’étrangers ici, parce que c’est une terre de rêves où vous pouvez accomplir beaucoup si vous êtes prêts à travailler. »

Dunn ne se considère pas une personne portée à s’ennuyer de son pays, mais cela ne veut pas dire qu’il ne s’ennuie pas de sa famille.

« J’ai une fille, Mila, vivant en Nouvelle-Zélande. La partie la plus difficile est de ne pas la voir, mais elle est venue ici à deux reprises depuis que j’y suis, et je vais passer Noël en Écosse avec elle, alors ce sera sympa, » dit Dunn. « J’ai eu un moment sympathique avec elle. Elle a quatre ans, et quand elle est venue ici, j’ai gagné le ‘Art Rooney’ aux guides de Bettors Wish à Yonkers, ce qui m’a permis de l’avoir sur la photo de la victoire. « Ce fut un moment très spécial. » Les parents de Dunn viennent aussi le visiter. Son père est venu pour la fin de semaine de l’Hambletonian et y a passé quelque deux semaines, puis sa mère était à Lexington pour la dernière semaine du Grand Circuit et elle est revenue au New Jersey avec lui y passer une autre semaine. »

Le frère de McCarthy, Todd, est aussi venu passer une semaine lors de la Breeders Crown, faisant que l’expérience fut bien plus spéciale puisque Andy a gagné un total de quatre trophées de la Crown cette fin de semaine-là.

« Je n’avais jamais gagné de Breeders Crown auparavant, puis j’ai gagné avec Ramona Hill, » dit McCarthy. « Quelle merveilleuse sensation. Puis de faire le travail pour des propriétaires merveilleux et Tony Alagna, c’était fantastique.

«Cette deuxième victoire d’affilée, se produisit dès la course suivante. C’était surréel. Mon jeune frère, Todd, était avec moi. Il est venu au cercle du vainqueur et il m’a semblé tout aussi gonflé à bloc que moi. Ce fut un moment spécial d’avoir un membre de la famille ici et de bien faire le travail. »

La deuxième victoire en Crown de McCarthy est survenue avec Reflect With Me, qui est aussi entraîné par Alagna. Dunn a enregistré sa première victoire en Crown ce même soir aux guides de Amito Volo, entraîné par Nifty Norman.

« Quelle excitation, » dit Dunn. « Ce fut vraiment génial, particulièrement de le faire pour Nifty. J’ai connu de nombreux faits saillants dans ma carrière mais celui-ci serait le plus grand. Quel endroit parfait pour y courir. J’aime cela. J’ai eu une année vraiment très occupée mais, somme toute, totalement agréable. » Le lendemain soir, McCarthy en a gagné deux autres, comme Caviart Ally entraîné par Pelling, a perturbé Shartin N. Sa dernière victoire en Crown fut avec Dancin Lou, entraînée par Tahnee Camilleri – un Australien – qui a battu par un nez Bettors Wish – mené par Dunn. A environ 50 mètres passé le fil, McCarthy et Dunn ont échangé un premier tope-la.

Les deux conducteurs ont dit qu’au cours de leur croissance, leur père était leur héros, mais que tous les deux avaient aussi de l’admiration pour un conducteur.

« Gavin Lang est l’un des meilleurs conducteurs que j’ai vus, » dit McCarthy. « Ils l’appellent ‘The Iceman.’ Il est un conducteur tellement sympa, patient. Il n’a jamais surutilisé le fouet. Il semblait avoir trois jours pour prendre une décision en course. C’était un gars que j’ai vraiment apprécié regarder.

« Juste de la façon dont il menait un cheval. Il ne maltraiterait jamais un cheval. Il utilisait rarement le fouet et je pense que chaque enfant devrait s’inspirer de quelqu’un comme cela. »

Pour Dunn, c’était un conducteur du nom de Ricky May.

« Il a gagné sept Coupes New Zealand, ce qui se compare à gagner sept courses ‘Hambletonian’, » dit Dunn. « Il était toujours bien, calme et posé comme conducteur et je l’ai toujours admiré. »

Lorsqu’on leur demande s’ils pensent retourner à la maison un jour, sans surprise, McCarthy et Dunn répondent presque tous deux de la même manière.

« Dépendant de ce qui arrivera de ma carrière, j’espère être encore ici pour quelque temps,» dit McCarthy. « J’aime encore que le conte de fées se termine là-bas, mais je vais continuer à surfer sur la vague tant qu’elle ne cassera pas. »

Dunn avait une réponse semblable. « Je crois que si je devais retourner à la maison ce ne serait pas pour être conducteur de chevaux, » dit-il. « Je pense qu’en ce qui concerne ma carrière, je veux être ici aussi longtemps qu’elle durera.

Cet article a été publié dans le numéro de decembre de TROT Magazine.
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