Scott Zeron, portant jeans et chemise à carreaux bleu et blanc, entre tout confiant dans le stand de tir d’un club de tir privé. Il prend une arme de poing Kimber 1911.45 ACP (modifiée pour tirer une balle de calibre 22 long rifle) et, sourire espiègle aux lèvres, aligne les mires et la cible suspendue avec précaution à un poteau quelque 25 verges plus loin – et appuie sur la gâchette.
By Keith McCalmont & Traduction Louise Rioux
POP! ZERON VIENT DE TIRER SA PREMIÈRE BALLE. HÉSITANT, IL Y VA D’UNE AUTRE SALVE ET UNE AUTRE ENCORE. POP! POP! JETANT UN OEIL SUR LE BARIL DU FUSIL, IL SE CONCENTRE ET TIRE DEUX AUTRES SALVES. POP! POP!
« C’était impressionnant, » de s’exclamer ce jeune homme de 22 ans.
Jan Miller, notre ancien militaire expert en armes, regarde dans le stand de tir et souligne qu’aucune balle n’a atteint la cible souhaitée.
« Et bien, c’est venteux aujourd’hui… » dit Zeron en riant.
Miller, notre expert offre quelques conseils judicieux alors que la senteur âcre de cordite envahit la pièce. C’est une toute petite hotte comptant trois étroites fenêtres de tir, chacune étant séparée par des moustiquaires pour protéger Zeron des douilles relâchées et revenues par-dessus son épaule droite.
« Je crois deviner que tu veux réessayer cela encore, » dit Miller avec un sourire. « Ce que tu dois faire est de tirer la détente lentement. »
Cette fois, Miller présente à Zeron un fusil plus lourd, un Smith & Wesson 38 Special, et enseigne à son élève bien disposé, la façon de charger les balles. La nouvelle mise au point est accueillie avec beaucoup de satisfaction.
« Cette saloperie est pesante, » dit Zeron d’une voix traînante, en pesant de sa main, la grosse pièce de métal gris
Tout en regardant Miller de derrière son arme, Zeron ne peut s’empêcher d’essayer d’améliorer son tir.
« Comment puis-je savoir si je vise à la perfection, » lui demande-t-il.
« Relève un peu plus ton arme. Enveloppe-la de ta main comme cela, » de lui montrer Miller. Cela verrouille ton pouce vers le bas. Essaie-le. Appuie sur la détente jusqu’à ce qu’elle parte. »
Pop! Pop! Pop! Pop! Pop! Zeron tire les cinq coups de 38 Special sur la cible coupe-bourre de munitions en une succession rapide, alors que 25 verges plus loin, des morceaux de papier de la cible dévastée, voltigent. De la fumée s’échappe du barillet de l’arme tandis qu’un sourire espiègle d’autosatisfaction illumine son visage.
« Ohhh oui, ronronne Zeron.
« C’est dans le noir ! » crie Miller, n’en croyant pas ses yeux.
« Allez! Je le savais…, » rit Zeron.
En l’espace de quelques minutes, ce jeune homme, avec une intense concentration et curieux de nature, a trouvé sa voie au cœur de l’activité et au succès sur le champ de tir.
C’est sans grande surprise, que Zeron, qui n’a pas monté sur un sulky avant l’âge de 15 ans, ait amassé plus de 14,8 M $ en carrière avec 1500 visites au cercle du vainqueur. Occupant présentement le premier rang des conducteurs, ce jeune tireur souriant a déjà engrangé 494 victoires pour des gains d’au-delà de 7,5 M $ en 2011.
Il semble bien qu’il soit sans équivoque dans le noir.
TRANQUILLE, MAIS CONFIANT. Il est extrêmement poli, s’assurant que le photographe, Matt Waples et moi-même, ayons notre tour à l’arme, répondant honnêtement aux questions tandis que Miller prépare une autre salve de balles pour nous.
« Je vais au gym cinq jours par semaine, » répond-il, quand je le questionne sur ses temps libres.
Qu’en est-il d’une petite amie?
J’ai cassé avec une fille il y a quatre jours, » dans un haussement d’épaules.
« Oh non, » lui répondis-je, conscient d’avoir gaffé.
« Non, c’est oh OUI, ajoute-t-il en riant. « Cela a duré deux semaines. Je ne peux les garder. J’ai beaucoup de difficulté à les garder. »
Le bruit des tirs accentue le rire de Zeron tandis que Waples prend une photo de style différent.
Étant donné son horaire bien rempli, il est difficile de s’imaginer que ce jeune homme ait beaucoup de temps à consacrer au maintien d’une relation. Il passe ses avant-midi à jogger des chevaux pour son illustre père, Rick, et il conduit les après-midi à Flamboro, est un régulier sur le circuit WEG et séjourne à Georgian Downs.
« Malgré tout, il essaie encore de rencontrer quelqu’un – à l’extérieur de la piste.
« Je vais parfois au club, » admet-il. « Je ne fréquente pas les bars, je ne bois pas. Je me tiens avec mes amis de collège. Je ne me tiens pas vraiment avec quiconque de l’hippodrome.
Les tirs cessent et notre intrépide photographe se tourne vers nous, et regardant le bas de son arme, demande, « Est-il vide? »
« Ne regarde pas le barillet! » lui crions-nous à l’unisson.
« Un Waples penaud dépose l’arme précautionneusement sur la table, et Miller, toujours aussi professionnel, compte les balles tandis que Zeron et moi expirons puis rions et rions encore.
NOTRE EXPERT EN MUNITIONS nous dirige à l’extérieur de la hotte, hors de la chaleur du poêle à bois, et dans l’air frais du matin pour la ronde de tir suivante. Miller introduit une autre arme et tandis qu’il prépare une nouvelle cible, je m’informe finalement de son père.
« Mon père m’a presque tout enseigné ce que je sais, » dit-il.
En janvier dernier, son père a rapporté à la maison, le prix O’Brien Horsemanship après ce qui lui a paru une séquence sans fin d’essais manqués de peu.
« Après neuf mises en candidature, il a finalement gagné, » se rappelle Zeron. « Ce fut la meilleure soirée de tout. Pour moi, qui étais en nomination pour le titre de conducteur de l’année, je savais que je ne gagnerais pas, mais ce fut un tel honneur d’être là avec mon père, très heureux qu’il ait pu finalement le rapporter à la maison. »
Toute la famille Zeron était là ce soir-là, et ce fut très émouvant de voir Rick, les larmes aux yeux, donner l’accolade à son fils, embrasser son épouse et ses filles, avant de monter sur scène pour accepter sa récompense.
« Il était tellement fier, » dit le fils prodigue. « Je suis très heureux du fait que nous ayons été tous là pour célébrer avec lui. »
Il est clair comme de l’eau de roche que la famille est très importante pour le jeune meneur.
« J’ai trois sœurs, une plus jeune » dit-il avec un sourire narquois. « Toutes trois sont des génies, toutes sont jolies aussi, et les trois réussissent bien. »
Il ne s’agit pas de vain bavardage. Presque soulagé de pouvoir parler de quelqu’un d’autre que lui, il défile la liste de leurs nombreuses réalisations. « Jade est la plus jeune, elle a 18 ans, elle patine avec la troupe Disney On Ice, voyage à travers la côte ouest des États-Unis, » dit-il en souriant. « Jerrica, 24 ans, travaille tout juste pour le premier ministre du gouvernement de l’Ontario, » claironne-t-til. « Et Jennifer, 27 ans, travaille pour Donald Trump dans l’un de ses édifices du centre ville comme ingénieure civile. »
« Nous l’avons la famille, » dit-il.
Quand je lui demande pourquoi ils ont tous si bien réussi, il répond avec un sourire et sans aucune hésitation, « «bonne ascendance ».
« Mon père dit toujours qu’il est un étalon prouvé. »
La base du succès que lui et ses sœurs connaissent, n’est pas en perte chez le jeune homme. « Nous sommes une famille unie et mes parents nous ont tout donné tout au long de notre croissance alors ce ne fut pas trop difficile pour nous d’avoir l’opportunité de la réussite, » dit Zeron.
Il est tellement équilibré, si attachant de politesse, que j’oublie pour un court moment, que je parle à un jeune de 22 ans.
Puis Miller remet l’arme à Zeron qui, avec le visage d’un enfant déchirant l’emballage d’un cadeau le matin de Noël, tire une rafale de balles sur la cible en attente à pas plus de cinq verges.
« C’est du gangstérisme, » hurle-t-il, alors que de la fumée s’élève.
Oh, tout à fait.
AVEC LA FIN DU SPECTACLE DE TIR, Zeron se permet d’être placé et positionné par notre photographe à l’extérieur du club.
« Mets ton poids sur ton pied en arrière. »
Zeron, revenu à son mode étudiant, déplace ses pieds et demande si cette position est mieux. Sur confirmation de Waples par un signe de tête, le sourire confiant revient sur le visage de Zeron tandis que nous parlons de ses débuts.
« Je n’ai jamais eu d’intérêt pour les courses avant mes 12 ans, puis j’ai commencé à y aller tous les soirs, » dit Zeron. « J’ai joggé mon premier cheval à 15 ans. D’autres joggent des chevaux dès l’âge de 8 ans, mais moi c’est à 15 ans. »
Il a obtenu sa licence d’entraîneur à 16 ans et très tôt, il en est venu à passer ses matins à l’écurie avec son père.
« Je joggais presque exclusivement pour mon père, » dit-il. « En même temps, j’allais à l’école, alors je me rendais à l’écurie le samedi. Mais, tout l’été, j’allais à l’écurie dans l’avant-midi pour faire une partie du travail. »
Tout en marchant sur les terrains du club de tir, Zeron, portant une arme (non chargée) dans chaque main, fait onduler le métal autour, l’utilisant pour ponctuer ses points. Il révèle que son intérêt pour le sport s’est accentué en dépit des protestations de ses parents.
« Mon père m’a toujours dit qu’il ne me voulait pas dans cette industrie, » d’admettre Zeron, pointant une arme vers le ciel. « Croyez-le ou non, lui et ma mère, m’ont toujours dit de faire quelque chose de plus gros, de mieux et moins risqué. Ils m’ont toujours encouragé à faire ce que je voulais faire, mais je voulais aller aux courses avec mon père parce que j’aimais le voir gagner. Certes, quand mon père fut le meilleur gagnant toutes ces courses, je m’y suis intéressé. »
À l’âge de 16 ans, Zeron portait toute son attention à la tâche à faire. Non seulement passait-il du temps sur la piste, il se façonnait un réseau de relations qui deviendrait la base de son futur succès.
« Alors que mes amis s’amusaient, je passais mes soirées à l’hippodrome, réchauffant pour tout le monde, essayant simplement de devenir un visage familier à l’hippodrome avec quelques-uns des entraîneurs, » se rappelle Zeron. « Cela m’a placé dans une relation d’amitié avec ales gens avant que je puisse même capable de mener pour eux. Puis, à 18 ans, alors que j’ai commencé à conduire, ils m’ont donné les occasions et j’en ai profité en ramenant ces chevaux dans le cercle des vainqueurs. »
Les statistiques sont impressionnantes, En 2007, à l’âge de 18 ans, Zeron a gagné 35 courses en 352 conduites. Il a inscrit 129 victoires en 2008, en ajoutant 266 en 2009, et a éclos en 2010 avec 606 visites au cercle du vainqueur et des gains de plus de 4,4 M $. Aujourd’hui, Zeron y est arrivé.
Tout au long de son ascension fulgurante, sur l’insistance de ses parents, Zeron a complété un cours en comptabilité au Humber College. « Je suis bon avec les chiffres, bon en maths, » dit-il. « C’est ce que j’aurais pu faire si je ne pratiquais pas cela.
Mais Zeron est loin de devoir compter sur sa formation scolaire pour mettre du pain sur la table. En fait, si possible, Zeron est de plus en plus en amour avec le sport chaque jour. Il se rappelle ses marques importantes les yeux grand ouverts.
En 2009, Zeron a piloté FBS Terror vers la victoire lors de la finale de 300 000 $ du Ontario Sires Stakes à Woodbine. « J’en étais presque au bord des larmes, » se rappelle-t-il, faisant passer son arme d’un côté à l’autre et assumant la position de tir des hommes de main de Hollywood. « Je ne pouvais même pas cligner des yeux, tant c’était surréel… une bourse de 300 000 $. »
L’an dernier, Zeron a conduit Part Shark à un record de piste de 1:51 lors de la demi-finale de la prestigieuse Gold Cup & Saucer sur l’ovale du Charlottetown Driving Park. Il a aussi été invité à représenter le Canada à la compétition internationale des conducteurs en France, se classant deuxième du Prix des Rencontres Internationales du Trotteur Français à Paris-Vincennes.
Ses statisques pour 2011, sont des plus inspirantes, mais cela ne semble pas lui monter à la tête. Zeron s’empresse de souligner qu’il regarde des enregistrements de courses tous les jours et qu’il passe énormément de temps à l’étude des meilleurs de l’industrie. Quelques-unes de ses plus grandes expériences d’apprentissage lui viennent du sulky quand il se mesure à ses idoles, Tim Tetrick et Jim Morrill Jr. « J’essaie autant que faire se peut d’obtenir le plus d’information possible, car en les regardant, ils sont immobiles sur leur bicycle mais ces chevaux sont tout simplement bioniques, » dit-il. « Vous voulez donc creuser comment d’autres ont cette fine ligne dans leur style de conduite et comment ils obtiennent du cheval qu’il réponde de son mieux. »
Notre badinage est momentanément interrompu alors que Zeron reçoit instruction de braquer ses armes de façon menaçante vers notre cameraman, étendu sur le gazon avec l’arme de son choix. Çela peut sembler très menaçant sur imprimé, mais c’est un moment comique alors que Zeron se retient pour ne pas sourire en fonçant sur notre menu photographe étendu lui aussi sur le gazon.
Sa mission étant accomplie, Zeron partage avec nous que son père est aussi une grande part de sa formation continue en tant que conducteur.
« Comme il est blessé depuis deux mois, il est devenu mon meilleur partisan, » dit Zeron. « Il regarde toutes mes courses et quand je reviens à la maison le soir, nous parlons de chaque course qu’il y a eu – les choses que j’ai bien faites, et celles que j’ai mal faites. C’est étonnant de constater que je puis être le meilleur conducteur au Canada et que j’aie encore besoin d’autant de petites astuces. Il y a toujours quelqu’un quelque part de meilleur que nous, il faut donc toujours être éveillé et performer au mieux de notre sport tous les soirs. »
Quand je lui demande s’il lui a été difficile de sortir de l’ombre des nombreux accomplissements de son père, Zeron est inflexible dans sa réplique.
« Ça ne l’a pas été, et bien des gens disaient que ce le serait, » dit Zeron, me regardant dans les yeux, et levant une arme avec un dessein. « Ils disaient, ‘si tu pouvais être moitié aussi bon que ton père’, et je disais, je veux être meilleur!’
DE RETOUR DANS LA BOTTE, se réchauffant près du poêle à bois, je soumets que s’il est difficile d’être si bon, à un si jeune âge, cela doit venir du vestiaire des conducteurs.
« C’est une différente atmosphère, » admet Zeron. « J’arrive du collégial ou du secondaire où tout le monde est de mon âge, alors que maintenant je dois travailler avec des gens de 40 et 50 ans et conduire avec eux, et ils ont des familles à nourrir et des hypothèques à payer alors que je n’ai que 22 ans. »
C’est une chose que d’aimer ce sport, c’en est une tout autre quand le sport que vous aimez est votre gagne-pain.
« Personne ne veut voir arriver un jeune punk qui vient sortir de l’argent de leurs poches, » se rappelle Zeron de ses premières années dans le vestiaire. « Je suis certain qu’il leur a fallu s’adapter. « Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils ont essayé de me sortir, mais ils aiment cette petite niche de dix personnes qu’ils ont toujours eue, Je croix que je suis arrangé pour bien m’adapter aussi. J’essaie de ne pas me trouver en travers de leur chemin, d’être gentil avec tout le monde et ainsi, cela peut durer longtemps. »
Heureusement, Zeron est arrivé dans le sport en même temps que son bon ami Doug McNair.
« Doug et moi sommes vraiment proches, » de dire Zeron. « Nous avons commencé à conduire à peu près en même temps et sommes passés par les mêmes phases. Cette année, nous avons tous les deux essayé de rester sur le circuit WEG et cela nous a bien réussi. »
La pression de la victoire n’est pas encore parvenue chez Zeron.
« Comme dans toutes les courses que j’ai gagnées, jamais je n’ai perdu ce mordant, déclare-t-il. J’aime encore le sport, les chevaux et le fait d’être ici. J’espère que cela ne deviendra jamais stressant. Si cela devait arriver, je considérerais cela un job et je ne considère pas cela un job. »
Cet enfant est tellement articulé que je blague sur le fait qu’il a dû recevoir une formation avec les médias. Sans perdre le rythme, il saute sur l’affirmation.
« En effet! Grand River nous a donné une formation avec les medias et j’ai bien aimé, » dit-il, et partage avec allègrement, comment son bon ami Doug était mauvais avec les médias.
« Doug, je ne le crois pas, je l’ai vu à la télévision hier soir, et il a très bien fait, » rit Zeron, « Il était le plus vilain lorsqu’il s’agissait de poser pour des photographies, et il était terrible en entrevue mais il est beaucoup mieux maintenant. »
Et Zeron s’améliore aussi. Au cours de la semaine dernière, il est sorti avec ses couleurs, pour appuyer la campagne Toys For Tots au Canadian Tire de Milton. Le lendemain, il était en avion vers Vancouver pour concourir dans la BC Breeders’ Classic Day Fraser Downs – pour gagner quatre courses – et il est revenu à temps le samedi pour gagner deux Super Finales de l’OSS.
Ce conducteur aventurier a l’appétit de cette poussée-élan. «Certains diraient que c’est un horaire stressant, mais je me sens comme une rock star à faire de telles choses, alors j’aime cela, » d’admettre Zeron.
La senteur du métal et du bois qui chauffe est en suspension dans l’air alors que nous chassons ce frisson d’un novembre frisquet. Mais avec tout ce que ce conducteur canadien a accompli jusqu’à maintenant, il nous faut certainement nous demander ce qu’il envisage pour un ‘encore’.