Parti, mais assurément jamais oublié.
Jeff et Amber Williams prennent encore souvent le temps de se remémorer Bob McIntosh, le défunt entraîneur membre du Temple de la renommée, dont l’héritage continue d’influencer leur vie. Pour le couple, McIntosh n’était pas seulement un homme à chevaux exceptionnel, mais aussi un mentor de confiance et une présence calme et rassurante — tant sur la piste qu’en dehors. By Chris Lomon | Traduction Manon Gravel
Que ce soit tôt le matin en marchant dans l’allée de l’écurie pendant qu’ils préparent leurs treize chevaux pour l’entraînement, en décompressant à la fin d’une longue journée, ou dans des moments de calme entre les deux, les pensées de Jeff et Amber Williams se tournent souvent vers l’illustre homme à chevaux ontarien, Bob McIntosh.
« Ce que Bob a fait pour moi et ma famille est difficile à exprimer avec des mots », a déclaré Jeff Williams, dont la carrière dans le monde du Standardbred s’étend sur près de quarante ans. « Je lui suis reconnaissant pour tout ce qu’il m’a appris, autant sur les chevaux que sur la vie. »
Au milieu des années 1980, Jeff, originaire de Southwold, en Ontario — une localité située sur la rive nord du lac Érié — cherchait du travail et espérait lancer une longue carrière dans les courses de chevaux. Il venait d’un milieu où les chevaux occupaient une place centrale : son père, Dale, et son oncle, Mark, étaient tous deux entraîneurs et conducteurs, et il était déterminé à suivre leurs traces.
Sa recherche d’emploi l’a mené jusqu’à Windsor, en Ontario, dans une écurie de Standardbred dirigée par un homme à la réputation grandissante et au caractère bien trempé : Bob McIntosh.
« Quand j’ai commencé à travailler pour Bob, c’était un homme difficile à apprivoiser, et il avait une manière très stricte de faire les choses — c’était à sa façon, ou pas du tout », se souvient Jeff à propos de celui qui avait fait ses débuts dans le métier en aidant son père Jack à gérer l’écurie familiale, avant de travailler pour l’écurie de son frère aîné Doug, puis de voler de ses propres ailes.
Et cela a bien failli être la fin de l’aventure, dès le départ, pour le nouveau palefrenier chargé de s’occuper de quatre chevaux de l’écurie Bob McIntosh.
« L’une de mes premières altercations avec Bob a eu lieu le lendemain d’un match de hockey de mon fils, se souvient Jeff. Je me rappelle qu’on avait entraîné plusieurs chevaux un samedi, et c’était très boueux. Je coachais l’équipe de hockey de mon fils et je devais filer en vitesse. Je n’ai pas pris le temps de nettoyer mes attelages, alors je les ai mis dans un sac en me disant que je le ferais le dimanche. »
Mais le dimanche matin, McIntosh l’attendait, furieux.
« Je ne sais pas de quelle manière mais, Bob a eu vent de ça. Il est descendu dans l’allée de l’écurie, a lancé les harnais sur le sol et m’a dit : “Ils sont propres avant que tu partes, ou ne reviens pas.” Et c’est là que j’ai eu mon tout premier vrai contact avec lui. Je ne suis même pas sûr de lui avoir dit bonjour avant ça, alors c’était notre première interaction. »
« C’était sérieux. Il ne plaisantait pas. J’étais juste un gamin arrogant qui croyait tout savoir sur les chevaux. J’ai eu une sacrée surprise. »
Plutôt que de se laisser abattre, Jeff a choisi de prendre un moment de réflexion. En ruminant les événements, il en est venu à comprendre le sens profond des paroles qu’on lui avait adressées et le message qu’elles véhiculaient.
« Je savais pour qui je travaillais, et je crois qu’à partir de ce jour-là, j’ai gagné sa confiance. Il a compris qu’il pouvait compter sur moi. Peu importe ce que Bob voulait faire, j’étais là pour m’en charger – et pour bien le faire. »
Cette éthique de travail allait désormais définir toute la carrière de Jeff.
« À partir de ce moment, j’ai su où j’étais, et qu’il n’y avait qu’une seule façon de faire les choses. »
Il en allait de même pour Amber Wayne, qui avait commencé à travailler pour McIntosh avant même d’avoir atteint l’adolescence. Amber avait en effet commencé à travailler pour lui à l’âge de 12 ans. Sa mère, Daryl Wayne, faisait partie des premières employées de McIntosh.
« J’ai commencé à travailler à temps partiel pour Bob vers l’âge de 12 ans, se souvient Amber. Nous étions quelques jeunes à venir aider les fins de semaine et pendant les congés. À 16 ans, j’ai décidé que je ne voulais plus aller à l’école. La règle de ma mère, c’était école ou travail, alors j’ai commencé à travailler à temps plein pour Bob à 16 ans. J’avais quatre chevaux sous ma responsabilité. »
L’un de ces chevaux était un poulain trotteur nommé Watering Cam, issu de Camluck.
« C’est lui qui m’a offert ma première victoire, ma première course de stake, ma première course « overnight » — j’ai pleuré comme un bébé quand il a été vendu. J’ai appris des leçons difficiles à mes débuts », se souvient Amber. « Travailler pour une grande écurie comme celle-là, les chevaux vont et viennent. C’est dur de s’attacher à eux puis de les voir partir. Ils sont faciles à aimer. »
L’amour aussi a été au rendez-vous pour Amber et Jeff. Tous deux sont passés de collègues à couple pendant leur temps auprès de McIntosh.
« Je suppose que c’était écrit », confie Jeff. « Travailler là-bas a fini par changer beaucoup de choses — en mieux — dans ma vie. »
Une grande partie de ce changement venait de l’exemple que McIntosh donnait au quotidien.
« Beaucoup de gens ne savent pas à quel point Bob était compétitif », explique Jeff. « Ce n’était pas facile de gérer une écurie aussi grande depuis Windsor. Tu es tellement éloigné de tout et de tout le monde, mais ça ne le dérangeait pas, et il n’a jamais utilisé ça comme excuse. Chaque jour, il faisait ce qu’il fallait pour gagner. »
Quand Jeff est devenu deuxième entraîneur dans l’écurie, il s’est surpris à reproduire, souvent inconsciemment, les méthodes de McIntosh.
« Une chose que j’ai apprise de Bob — et je pense que tout le monde finit par l’apprendre — c’est que chaque cheval est différent », a expliqué Jeff. « Il disait aussi souvent que gagner, c’était facile, mais perdre et revenir travailler le lendemain matin, c’était beaucoup plus difficile. Que tu gagnes ou que tu perdes, il fallait réussir à adopter le même état d’esprit chaque jour en entrant dans l’écurie. C’est ça qu’il m’a le plus inculqué. »
Ces paroles ont pris encore plus de sens quand Jeff a commencé à entraîner ses propres chevaux, tout en continuant son rôle d’adjoint auprès de McIntosh.
La première victoire de Williams en tant qu’entraîneur a eu lieu au Windsor Raceway, grâce à St Lads Ju Jube, une pouliche trotteuse, fille de Valleymeister, issue de la jument Worthy Bowl, Sans Pareille.
Le 4 novembre 2006, la jument baie, conduite par Mark Williams, l’oncle de Jeff, s’est élancée de la quatrième position sur sept partants avant de prendre les commandes avant le poteau du demi-mile. Trois longueurs devant sa plus proche poursuivante au début de la ligne droite, St Lads Ju Jube a finalement signé une victoire avec 3 ¼ longueurs d’avance en 1:59 exactement. Une semaine plus tard, elle retrouvait déjà la joie de la victoire à Windsor.
Quatre jours après cette deuxième victoire en tant qu’entraîneur, Williams a obtenu le troisième succès de sa campagne de débutant — un résultat pour le moins inattendu — toujours à Windsor, lorsque son cheval, Stereo Cassette, a affronté six concurrents dans la neuvième course de la soirée.
Lors de sa première course sous la responsabilité de Jeff, le public parieur a complètement ignoré les chances du fils au trot de Royal Strength, envoyé à 83 contre 1, la cote la plus élevée du tableau.
Dernier en passant au demi-mile et sixième après le trois-quarts de mile en 1:30,3, Stereo Cassette avait remonté à la quatrième place dans le dernier tournant.
« Mon père aimait beaucoup ce cheval », se souvient Jeff. « C’était une soirée épouvantable, pluvieuse. Je me disais juste : ‘J’espère que ce cheval ne va pas se ridiculiser’, pour l’honneur de mon père. »
Le hongre brun et un autre concurrent ont franchi la ligne presque simultanément. Place au « photo-finish », et à Williams qui croise les doigts. Le verdict — une victoire par une courte tête en sa faveur — était de la musique aux oreilles de Jeff.
« Pendant la course, il n’a cessé de se rapprocher — à la fin du mile, il était en avant », a raconté Jeff, à propos de cette victoire qui a rapporté 169,70 $ pour un billet gagnant de 2 $. « On ne sait jamais ce qui peut arriver dans ce métier. Voilà un parfait exemple. »
« C’est un de mes plus grands souvenirs, parce que c’était mon père, mon oncle Mark, moi — beaucoup de membres de ma famille étaient liés à ce cheval. Ce fut la plus grande surprise à laquelle je n’ai jamais assisté. Jamais je n’aurais cru que Stereo Cassette allait surgir comme ça et gagner cette soirée-là. C’était un moment énorme pour ma famille. »
Il y a aussi eu des périodes difficiles.
Entre 2010 et 2012, la petite écurie de Jeff et Amber n’a remporté qu’une seule victoire en 44 courses. De 2013 à 2018, puis à nouveau en 2022 et 2023, ils ont mis de côté l’entraînement de leurs propres chevaux pour se consacrer uniquement à l’écurie de McIntosh.
« On en est arrivés à un point où il était tout simplement trop difficile de faire les deux — entraîner chez Bob et gérer nos propres chevaux. Chacun demandait un engagement à temps plein, alors j’ai décidé de lever le pied sur mes propres entraînements à certains moments. Durant ces années, on s’est concentrés sur les chevaux de Bob. Financièrement, c’était ce qu’il fallait faire. À ce moment-là, on avait de jeunes enfants, il fallait faire un choix. »
Ce serait le bon choix pour bien des raisons.
Le 9 décembre 2021, McIntosh a perdu sa chère épouse Patty. Elle avait 63 ans.
« Quand Patty est décédée, tout a vraiment changé pour Bob et moi, » a raconté Jeff. « Ce fut presque du jour au lendemain. Il n’était pas seulement mon patron, mais aussi une véritable figure paternelle et un ami. Il l’avait été depuis un certain temps, mais cela m’est apparu plus clairement après la mort de Patty. Nous sommes devenus très proches, et nous le sommes restés jusqu’à la fin. »
Trois ans et demi après le décès de sa femme, le 28 juillet 2024, McIntosh est décédé à l’âge de 71 ans.
Grande figure du monde Standardbred canadien, McIntosh affiche un palmarès impressionnant avec 4 608 victoires en tant qu’entraîneur et plus de 106 millions de dollars en gains, faisant de lui l’entraîneur le plus rémunéré au Canada et l’un des quatre seuls en Amérique du Nord à dépasser les 100 millions dans ce sport.
Il a entraîné des chevaux ayant remporté le titre de Cheval de l’Année deux années de suite : Artsplace (1992) et Staying Together (1993), ainsi que le co-cheval vedette du Canada en 1996, Whenuwishuponastar. Il a remporté 16 Breeders Crown, de nombreux stakes comme la Jugette, le Canadian Pacing Derby, la North America Cup et la Provincial Cup, et a été intronisé au Temple de la renommée au Canada (2010) et aux États-Unis (2003).
McIntosh a aussi connu un grand succès dans l’élevage, remportant quatre O’Brien comme éleveur de l’année avec Armstrong et huit Johnston Cups en tant que meilleur entraîneur dans le programme Ontario Sires Stakes. Il a en outre reçu quatre O’Brien Awards comme entraîneur de l’année au Canada, après en avoir gagné plusieurs avant 1989, année où ces prix ont été instaurés.
« Au fil des ans, les choses ont évolué et nous sommes devenus très proches, » a ajouté Jeff. « Plus il voyait que j’étais engagé envers les chevaux, plus il avait confiance en moi. Il fallait mériter cette confiance. Je ne saurais pas dire à quel moment précis notre relation a changé, mais elle a changé. »
« C’est difficile d’en parler même maintenant. Il a été comme un second père pour moi pendant longtemps. Quand j’ai perdu mon père, Bob a été très important pour moi. Sa manière de voir les choses, même quand on a une mauvaise passe, il faut avancer, ça m’a beaucoup aidé quand j’ai perdu mon père… Quand j’ai perdu Bob, ça a fait aussi mal que de perdre mon propre père. »
Jeff se sentait comme un navire sans gouvernail dans les jours qui ont suivi la mort de McIntosh, son avenir dans les courses lui paraissant plus incertain que jamais.
« Le dimanche où Bob est décédé, on pensait que c’était fini, que nous allions perdre nos emplois. J’envisageais de passer des coups de téléphone. [L’entraîneur] Dave Menary m’avait parlé pendant des années de travailler avec lui. J’allais le contacter pour un poste. »
Puis, que ce soit une intervention divine, le destin, la chance, ou quelque chose de totalement différent, Jeff et Amber ont passé un appel qui allait changer la donne au propriétaire Marv Chantler.
« J’ai appelé Marv, qui possédait beaucoup de chevaux avec Bob, et je lui ai dit que je ne pensais pas qu’ils pourraient vendre les chevaux aussi vite qu’ils le pensaient, » se souvient Jeff. « Je lui ai demandé ce qu’il en était, et il m’a dit qu’il me rappellerait. Il m’a bien rappelé, et il m’a dit qu’ils allaient continuer à faire courir les chevaux comme prévu jusqu’à ce qu’ils soient vendus.
« Il m’a aussi dit qu’il avait une idée. Il avait racheté quelques yearlings et deux ans de Bob, et il m’a demandé si je voulais venir à Loretto pour les entraîner chez lui et vivre à la ferme. »
Jeff se retrouva un instant sans voix. Il se souvint s’être demandé : « Est-ce que c’est vraiment possible, ou est-ce trop beau pour être vrai ? »
« Ça a pris du temps pour que les choses se mettent en place, et il y a eu des moments où j’ai douté que ça arrive, » confie Jeff, qui est maintenant copropriétaire de certains chevaux élevés par McIntosh, avec Chantler et d’autres partenaires. « Marv aurait pu envoyer les chevaux à n’importe quel grand entraîneur, et personne n’aurait trouvé ça étrange. Mais de nous donner, à ma famille et à moi, cette opportunité, c’est vraiment énorme. Nous vivons tous ensemble — Amber, sa mère, moi et les enfants — nous nous sentons très chanceux et bénis. »
Au milieu de la préparation de plusieurs de leurs deux ans de la cuvée 2025 pour la course, Jeff et Amber ont aussi récemment ramené une figure familière dans leur nouvelle écurie, un trotteur nommé Beyond Better, que Amber avait soigné durant ses années chez McIntosh.
Fils de Bettors Delight issu de la jument Ponder Somethinincredible, Beyond Better avait passé les dernières années dans les écuries de Carmen Auciello, ainsi que de Tess et Isaac Waxman.
« Je l’appelle ‘Muffin’, » sourit Amber. « Je l’ai soigné quand il était poulain et il avait l’air d’un vrai stud-muffin. Même après qu’ils l’aient castré, le nom ‘Muffin’ est resté... Je l’appelle toujours comme ça aujourd’hui et il répond encore, » ajoute-t-elle avec insistance, tandis que Jeff sourit aussi, secoue un peu la tête et lève peut-être les yeux au ciel avec amusement.
Après trois courses consécutives sans gains avec ses anciens propriétaires, l’achat privé a été conclu. Lors de sa première course sous la bannière Williams, Beyond Better a terminé troisième à Georgian Downs le 15 juin, à seulement un cou du vainqueur, avec une cote de 23/1. Lors de deux départs suivants à Mohawk Park, les 7 et 14 juillet, il a enchaîné avec deux deuxièmes places, à peine battu à chaque fois, toujours négligé au pari mutuel, venant de loin sur la piste, couvrant ses distances en 1:51 puis 1:50 respectivement.
On peut dire sans risque que Beyond Better est heureux d’avoir trouvé une nouvelle maison à Loretto également.
« Ce cheval a fait partie intégrante de l’écurie McIntosh pendant des années, » a partagé Jeff. « Bob ne gardait pas beaucoup de chevaux après leur année de trois ans, mais lui, il l’a gardé, et il a joué un grand rôle dans l’écurie pendant les années Covid, » a expliqué Jeff à propos de ce cheval qui leur a rapporté 159 820 $ en 2021, alors qu’il avait quatre ans.
« Ce n’est pas souvent, dans la vie ou dans ce métier, qu’on se retrouve dans une situation où l’on peut faire ce qui est juste simplement parce que c’est la bonne chose à faire, » a-t-il ajouté. « J’étais tout à fait prêt à acheter Beyond Better et ne jamais le faire courir à nouveau. Je savais qu’il ne courait pas bien, je savais aussi qu’Amber l’aimait, et lui l’aimait aussi, alors j’ai eu la chance d’être dans une situation financière qui m’a permis de ramener ce cheval avec nous. Ça compte beaucoup. »
« C’est mon chouchou, » a dit Amber. « On l’adore. Il y a quelque chose de spécial chez lui. C’est aussi cette connexion avec Bob. »
Beyond Better n’est pas le seul lien qui les rattache encore à McIntosh.
In the Black, élevé par leur regretté patron, ainsi que par Mardon Stables et Dave Boyle, a déjà touché l’or pour les Williams — au sens propre.
Après avoir confié à TROT, pour notre numéro annuel « Twos In Training » en mai, que le poulain issu de Green Manalishi S et Only Take Cash était le meilleur de ses huit rejetons, et après avoir gagné sa division du Tompkins-Geers le 27 juin, le rapide poulain est revenu le 12 juillet pour remporter un événement Ontario Sires Stakes Gold à 140 000 $ réservé aux poulains trotteurs de deux ans à Mohawk Park, établissant un record personnel en 1:55,1.
C’était la toute première victoire en OSS Gold pour l’entraîneur de 48 ans, qui s’occupe du poulain pour Mardon Stables, Tyrone Valley Farm et Hudson Standardbred Stable Inc.
« C’est un bon poulain », a déclaré Jeff. « Il a ses petites manies, mais il est rapide. Il y a certains problèmes à gérer, mais si on y arrive, il a un bel avenir devant lui. »
On pourrait en dire autant de l’homme à chevaux humble chargé de mener vers le succès son opération en pleine ascension.
En 2024, Williams a connu une bonne année avec un effectif modeste. En 51 départs, il a enregistré cinq victoires, 17 places parmi les trois premiers, et des gains de 112 082 $ — un sommet personnel. Et il a déjà établi un nouveau record de gains en bourses en 2025.
Jeff demeure profondément reconnaissant envers la personne qui a jeté les bases de tout cela — non seulement pour lui, mais pour toute sa famille.
« Je peux encore faire ce que j’aime, et le faire en famille », a confié Jeff avec un sourire. « Tous les membres de cette famille ont un lien quelconque avec Bob. Ma belle-mère, Daryl, a travaillé avec Bob pendant des années. On dirait que dès qu’il a ouvert les portes, elle était là. Pouvoir compter chaque jour sur cette expérience et ces connaissances — c’est inestimable. Le fait de pouvoir parler affaires au quotidien, ça compte beaucoup. Elle était un peu le couteau suisse de Bob — elle l’aidait avec les vétérinaires, et avec à peu près tout le reste.
« Mon fils Austin a travaillé là de temps en temps comme palefrenier, et maintenant il travaille aussi avec moi. Lui enseigner m’aide beaucoup, parce que ça me rappelle par où j’ai commencé, en lui expliquant des choses qu’il ne connaît pas encore. Notre fille Haley vit avec nous, et elle m’a récemment accompagné à Grand River pour faire un peu de paddock. Mon fils Nash est dans l’armée, mais il va venir donner un coup de main lui aussi. Toute la famille est liée aux chevaux, et ils ont tous travaillé chez Bob à un moment ou un autre.
« Et c’est là que j’ai rencontré Amber, alors pour moi, pour ma famille, pour tout — il y avait bien plus que les chevaux dans ce que Bob représentait. »
Amber partage entièrement ce sentiment.
« J’ai eu tellement de plaisir à travailler avec Bob. J’ai côtoyé des chevaux magnifiques et j’ai eu la chance de voyager dans des endroits où je ne serais probablement jamais allée autrement. C’était une période extraordinaire.
« Bob faisait confiance à Jeff et à moi. Nous avions nos huit chevaux à notre extrémité, et Bob ne venait jamais vraiment surveiller ce que nous faisions. Il nous laissait gérer à notre façon. Ça comptait beaucoup pour nous, de savoir qu’il croyait en notre capacité à bien faire les choses. Il ne nous remettait jamais en question – c’était très apprécié. »
McIntosh serait sans doute fier de voir ce qu’il est advenu de ses anciens protégés.
Les années d’incertitude appartiennent désormais au passé, remplacées par un sentiment de stabilité et d’assurance. Jeff et Amber ont trouvé leur propre version du paradis des Standardbreds, à la tête d’une écurie fondée sur les valeurs familiales, l’amour des chevaux et les leçons transmises par une légende des courses.
« Je pense à Bob tous les jours, vraiment », confie Jeff. « Que ce soit un souvenir de victoire partagée, une parole sage ou tout simplement ce qu’il représentait pour moi comme personne. Il y a eu des leçons difficiles aussi, et ce sont celles pour lesquelles je suis le plus reconnaissant, car elles m’ont façonné en l’homme que je suis aujourd’hui. »
Et ces treize chevaux dont les Williams assurent maintenant le développement? Exactement le genre de chevaux que McIntosh aurait su apprécier.
« Je pense que le groupe de bébés que nous avons cette année — Bob les aurait adorés, a dit Amber. Je ne peux pas parler de ceux qui ont été vendus, mais pour ceux qu’on a gardés, il les aurait absolument aimés. C’est incroyable où nous en sommes aujourd’hui. C’est extraordinaire d’avoir cette chance. »
Jeff est du même avis.
« Ce sont le genre de chevaux, non seulement par leurs performances, mais aussi par leur attitude et leurs habitudes au quotidien, qui te donnent envie de te lever chaque jour. Comme Bob le disait souvent : “S’ils n’ont pas le feu sacré en eux, ils ne réussiront pas.” Et ils semblent tous l’avoir, à un certain degré. Je pense qu’il aurait vraiment apprécié ça.
C’est triste, mais aussi motivant à la fois. Bob les aurait tout simplement adorés, et maintenant, c’est à moi de faire ressortir le meilleur d’eux, » a déclaré Jeff.
Exactement comme McIntosh l’avait fait pour un ancien petit prétentieux de Southwold, qui a fini par trouver sa place dans le monde du Standardbred.
« J’ai énormément de respect pour Bob, plus que je ne pourrais jamais l’exprimer avec des mots, a dit Jeff. Que ce soit pour moi ou pour n’importe qui dans ma famille, chaque fois qu’on pense à lui, on ne peut s’empêcher de sourire. »
Cet article a été publié dans le numéro d'août de TROT Magazine.
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