Le monde tourne vite. L’heure avance et nous réagissons en essayant de suivre.
Si ce film ne se télécharge pas en 30 secondes, nous maugréons notre désapprobation. Si cette voiture devant nous ne roule pas assez vite, nous dévions de notre voie pour voir ce qu’il y a en avant. Nous conduisons plus vite, marchons plus rapidement et parlons en augmentant le débit, en courant toujours vers la prochaine ligne d’arrivée. Nous nous pressons et nous précipitons systématiquement. Voilà, pour plusieurs d’entre nous, à quoi ressemble une grande partie de nos vies.
Mais les heures passent encore, et les jours s’accumulent toujours. Nos êtres chers vieillissent encore. Nous ne ralentissons pas le temps en nous empressant de le dépasser. Au lieu de cela, nous nous réveillons un beau jour nous demandant où est passé le temps.
Et puis, il y a l’industrie des courses de chevaux. C’est constant. Se dépêcher de sortir du lit, s’en aller à l’écurie, puis à la piste. Les journées sur la ferme sont longues et difficiles, commençant tôt le matin pour se terminer tard le soir. La circulation aux heures de pointe, les chantiers de construction routière, la routine du paddock les soirs de course. La charge de travail ne diminue jamais.
Et juste quand vous frappez le mur, que vous avez terminé vos dernières corvées, et avez fermé la porte de la stalle du cheval… vous faites une pause. Vous le regardez, et d’un seul coup d’œil, vous comprenez qu’il est la seule chose dans votre vie qui ne puisse être bâclée.
Vous avez attendu son entrée dans le monde durant onze longs mois. Puis vous avez attendu à chaque soir, que sa mère soit prête. Vous l’avez vu faire ses premiers pas, et vous êtes assuré qu’il soit traité avec le plus grand respect dès les premiers jours de sa vie. Même durant les temps plus difficiles, vous vous êtes rappelé qu’un bon cheval ne peut être poussé. Et il vous le rappelait quand vous l’oubliiez. Vous avez attendu, et attendu, qu’il vous démontre qu’il était prêt. Puis s’il ne l’était pas, vous lui accordiez plus de temps. Des mois… Des années…
Vous le laissiez se remettre d’une maladie, l’avez laissé se reposer quand il était fatigué, et lui avez donné l’espace pour se montrer à son avantage, selon son propre rythme. Il vous le ferait savoir quand il sera prêt.
Nous pourrions jamais ne découvrir la signification de la vie, mais je pense que nous aurions une meilleure chance de la trouver en regardant dans l’œil d’un cheval de course que sur l’écran d’un téléphone intelligent.
Ce voyage qui est le nôtre est de loin plus grand que la vitesse d’un trotteur, ou par combien un ambleur gagne. Nous atteindrons tous la ligne d’arrivée à la fin. Et personne ne s’émerveillera de la vitesse à laquelle nous y sommes arrivés, ni de la marge par laquelle nous avons défait notre plus proche rival. Ils regarderont la grille de nos jours, parleront des amis que nous avons conservés, de la course que nous avons contestée, ainsi que de la manière dont nous nous sommes conduits.
Je crois que toute chose dans la vie arrive pour une raison. Et par extension, les courses de chevaux ne sont pas arrivées dans nos vies par accident. Il est peut-être plus facile d’être bousculé et pressé, mais si nous écoutions nos chevaux – les écoutions vraiment, ils nous en apprendraient davantage sur le fait de ralentir que nous ne pourrions jamais leur en enseigner pour aller vite.
Darryl Kaplan
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