Magical Karma

Le 3 août 2019, ‘l’Équipe Détermination’ de Serge Godin, s’est emparée de l’Hambletonian 2019 avec Forbidden Trade, d’élevage ontarien – pour une deuxième année consécutive, et pour la troisième fois au cours des quatre dernières années, ce plus grand prix en trot est décerné à un compétiteur entraîné au Canada, conduit, et au moins partiellement de propriété canadienne.

Au cours des jours et semaines suivant la victoire historique, TROT a rencontré le conducteur Bob McClure, l’éleveur Steve Stewart des Hunterton Farms, pour parler des histoires de coulisse, et chercher à savoir ce que la victoire signifiait pour eux.

KARMA N’EST PAS TOUJOURS UNE PETITE PESTE. Par Dan Fisher / Traduction Louise Rioux

Le premier départ en pari mutuel de Bob McClure a eu lieu derrière un trotteur le 23 janvier 2009, à Flamboro Downs. Il était aux guides de Muchacho Grande pour le compte de son cousin et meilleur ami, Ryan McClure, et ils figuraient à 131/1 au tableau d’affichage. Partant de la septième position, dès le départ, le cheval a cassé derrière la barrière, le premier des trois bris d’allure enregistrés qu’il allait faire au cours du mille, et les deux allaient terminer l’épreuve en un temps sportif de 2.07.3.

Lorsque confronté à cette statistique, au début de notre entretien au sujet d’une victoire historique en Hambletonian, Bob parut un peu confus. « Cela me semble correct, » dit-il en souriant, « mais n’ai-je pas aussi obtenu ma première victoire avec ce cheval? » Sa mémoire lui était fidèle, ayant connu sa première victoire avec ce cheval – ce trotteur - environ deux mois plus tard avec une cote de 20/1. Puis, quand on lui demanda s’il savait qui était l’étalon de qui descendait Muchacho Grande, un large sourire éclaira le visage du jeune conducteur, et ses yeux se sont illuminés. « C’était un Yankee Paco… le premier gagnant d’un Hambo de souche canadienne. » Et Bob McClure et Forbidden Trade ont fini deuxièmes. « C’est plutôt sympa, » dit McClure en riant. « Il doit y avoir eu un bon karma-là je crois. »

« Ce cheval a représenté bien des premières pour moi. Il était ma première victoire, ainsi que la première victoire de mon cousin Ryan à titre d’entraîneur. Nous avons grandi ensemble dans les mêmes écuries, travaillant pour nos pères et oncles… nous étions aussi près que deux frères. Alors cette première victoire fut vraiment spéciale pour nous deux. Et ce cheval fut aussi le premier que j’ai conduit ici, à Mohawk . Je l’ai mené à l’intérieur et l’ai relâché pour terminer deuxième. J’ai de nombreux et bons souvenirs avec lui. »

Les trotteurs, en effet, ont toujours joué un grand rôle dans la carrière de McClure. « Avant de gagner le Hambo la semaine dernière, ma victoire préférée a été celle de Dream of Glory à Hanover. J’ai participé à trois finales avant de pouvoir gagner aux guides de Mister Muscle pour le compte de Mark Etsell. Les gens à Hanover font un tellement bon travail. Il y a tellement de gens là, particulièrement le soir, et tellement d’atmosphère. C’est toujours une très belle soirée. »

Parlant d’atmosphère à l’hippodrome, c’était exactement à une année jour pour jour de sa victoire en 2017 Dream Of Glory Trot à la petite piste Hanover Raceway, quand McClure s’est retrouvé sous le feu des projecteurs le plus grand jour de course – 2018 Hambletonian Day. La Course #13 a vu les Canadiens Scotty et Rick Zeron faire la fierté de toute une nation grâce à leur victoire en Hambo avec la pouliche Atlanta.

« Je ne connais pas bien Scotty, mais j’ai eu l’occasion de courir contre lui alors que j’en étais à mes débuts. C’était la première fois que j’allais à Hambo… J’avais déjà gagné à The Meadowlands auparavant, mais comparativement à la journée Hambo Day, c’était une scène totalement différente. C’était vraiment super d’être là pour les voir gagner cette course. »

Puis quelques minutes plus tard, suivit la Course #14, la Steele Memorial pour les trotteuses plus âgées, et avec elle, ce qui devint le premier grand moment au soleil de McClure. Il devait certainement être nerveux de mener dans cette course.

« Après l’Hambo de cette année, quelqu’un m’a dit, ‘Quand on gagne une grosse course avec un favori, c’est un sentiment de soulagement, parce que vous étiez supposé gagner.’ Mais quand vous gagnez une course avec un négligé, c’est une pure joie, car personne ne s’y attendait, Vous devez vous rappeler qu’à ce temps-là, Emoticon (Hanover) était le chouchou de l’écurie… alors je n’étais pas du tout nerveux. Dream Together est facile à conduire, elle a une super allure… nous étions favoris 50 et quelque chose à 1. Elle ne s’est pas laissée aller non plus, elle ‘a bien couru’. Puis, deux semaines plus tard, elle l’a encore refait (à Tioga). C’était important pour moi car avec les Américains qui venaient ici pour bien des courses après cela, cela a plutôt mis mon nom sur le radar.

« C’était vraiment une bonne journée somme toute parce que M. Serge Godin y était… Je ne l’avais jamais rencontré en personne jusque là, nous nous étions seulement parlé au téléphone et ainsi de suite… c’est un homme très occupé. Mais c’est tellement facile de mener pour lui, parce qu’il croit vraiment que je suis un bon conducteur… quoique je le crois ou que quelqu’un d’autre le croit. Il a tellement confiance en moi qu’il n’y a vraiment pas de pression. Quand j’ai été blessé le printemps dernier, il demandait de mes nouvelles constamment – non pas pour savoir quand j’allais revenir conduire, mais juste pour s’assurer que j’avais tout ce dont j’avais besoin. Nous formons un grand partenariat et j’apprécie vraiment la confiance qu’il a en moi. Cela me donne toute l’assurance du monde. »

Lorsque on me demande que comporte le partenariat – par exemple, s’il apparaît sur une liste ‘Determination horse’ à 40/1 et autre chose qui sera de 2/5… McClure interrompt immédiatement la question en répondant, « Je conduis le cheval de M. Godin chaque fois. Ce sont eux. Chaque fois. »

Lors de la victoire de l’Atlanta Hambo, Forbidden Trade se tenait dans sa stalle à la ferme de l’entraîneur Luc Blais à Campbellville, Ontario. Il avait connu deux départs à vie à ce moment-là, les deux lors d’événements de l’OSS Gold – gagnant la première et finissant quatrième la suivante. Cinq jours après le 2018 Hambo, le poulain de Kalabra, un poulain de l’élevage des Hunterton Farms acheté pour la somme de 110 000 $, gagna un autre événement en OSS. Alors, tout de suite après avoir participé à son premier Hambletonian, McClure s’est-il permis de rêver à l’édition 2019?

« Je n’ai même pas vraiment pensé que Forbidden Trade était le meilleur deux-ans de Luc à ce moment là… il avait un autre poulain (Steuben Hanover) qui semblait avoir plus d’habileté. Il a toutefois connu des problèmes… j’espère encore qu’il se prouvera être un bon vieux cheval. Mais nous pensions que nous avions deux partants possibles lors du Hambo 2019… si tout allait bien. Je pensais seulement que ce serait bien juste du fait de participer à la course. »

Deux autres victoires en Gold allaient suivre, à sa première saison, suivies d’une victoire dans la Super finale de l’OSS d’une valeur de 225 000 $. Ensuite, s’ensuivit le déplacement vers Meadowlands en route vers la Valley Victory pour une bourse de 435 000 $. « Nous aurions aussi dû gagner la Valley Victory… je l’ai mal conduit » dit McClure en hochant la tête. Mais ce n’était qu’une courbe d’apprentissage pour le jeune trotteur et son conducteur, et la saison s’est terminée avec le 2018 O’Brien Award pour les poulains de deux ans.

« Il a débuté plutôt lentement cette année, alors que j’étais encore blessé, » dit McClure, puis il n’a fait que s’améliorer de plus en plus à chaque départ. Il a gagné l’éliminatoire Goodtimes pour terminer en une bonne deuxième place en finale… puis quand il a vaincu si facilement ces trotteurs âgés, j’ai vraiment pensé qu’il pourrait avoir une chance lors du Hambo. B Yoyo était deuxième lors de cette course du 22 juillet à Mohawk… c’est un très beau cheval âgé, et mon poulain a simplement fait cela facilement. »

Quand il fut insinué que peut-être il pouvait vraiment gagner l’Hambletonian de 1 M $, même s’il avait minimisé cela devant les médias à deux reprises, l’une avant et même tout de suite après l’avoir fait, le conducteur qui réside à Rockwood, Ontario, avec son épouse Jody et son fils Ryder, dit, « J’ai réellement pensé que si nous, ou n’importe qui d’autre, avions une chance de vaincre Greenshoe, ce serait avec lui en deux courses. Greenshoe est tout simplement très dur envers lui, alors en allant devant, je ne savais pas si quelqu’un pouvait encore le battre, mais j’ai réellement pensé que s’il était quelque peu vulnérable, ce serait au moment où il aurait à courser deux fois la même journée. Et quelqu’un aurait pu dire, ‘Et bien s’ils n’avaient pas couru deux épreuves, peut-être que Greenshoe aurait gagné.’ Mais il y eut deux épreuves… et Forbidden Trade a gagné. Mon cheval se facilite tellement les choses, et il est tellement professionnel. La parade d’avant-course de la finale fut très longue… je l’ai joggé, et lancé et marché, puis j’i dû le lancer encore une fois car il semblait s’être endormi. Puis, après tout cela, il tourne et trotte et pose son nez sur la barrière, prêt à partir. Vous parlez de nervosité, mais c’est difficile de s’énerver avec un cheval comme cela parce qu’il vous amènera là où vous devez aller. Il m’a aidé à relaxer. »

Quand on lui demanda s’il croyait que Forbidden Trade avait reçu tout le respect venant avec le titre de champion de l’Hambletonian, l’expression sur le visage de l’affable jeune homme de chevaux changea de façon remarquable. Il y a eu beaucoup d’articles sur les médias sociaux, et même des histoires ont été publiées dans les pages de la revue de l’industrie, et qui semblaient chercher des excuses pour le deuxième, ainsi que l’énorme favori, Greenshoe. Très peu sur le pourquoi et le comment Forbidden Trade gagna, mais beaucoup plus sur ce qui avait empêché Greenshoe de gagner.

« Ce qui m’a le plus mis en rogne est le fait que jamais Ron Gurfein n’a fait mention, ne serait-ce qu’une seule fois, du nom de Forbidden Trade avant la course. Nous avions battu de nombreux bons chevaux (en Goodtimes) mais il n’en a jamais parlé. Très bien; puis quand nous avons alors gagné je me suis dit

Et bien, au moins maintenant, nous recevrons une certaine reconnaissance puisque nous avons gagné l’Hambro,’ mais il revint avec une histoire sur les raisons pour lesquelles Greenshoe avait été défait… rien sur la façon dont Forbidden Trade avait gagné. Puis il mentionne quelque chose au sujet de Marcus Melander… une leçon à retenir à l’intention des jeunes entraîneurs pour avoir trop reposé le cheval et qu’il soit revenu trop nerveux. Je pense que Marcus a fait un excellent boulot avec ce cheval… ce n’est pas un cheval facile. Il a très rarement été battu et les quelques fois où il l’a été c’est probablement parce que Marcus et Brian (Sears) essayaient de l’éduquer et de lui enseigner comment être un bon cheval… un excellent cheval. Je crois qu’ils méritent tous deux beaucoup de crédit pour cela et je ne pense pas que quelqu’un devrait les dénigrer ou remettre en question leurs méthodes. Marcus Melander avait quatre chevaux dans l’Hambletonian ce jour-là, alors je ne crois pas que quiconque devrait lui dire quoi faire – du tout.

Encore radieux presque deux semaines après son historique victoire dans l’Hambo, McClure est, de toute évidence, très fier de son cheval – et avec raison. Le meilleur cheval, ce jour-là, a gagné la course. Mais une autre grosse course avait eu lieu à l’ovale du New Jersey trois semaines plus tôt – une course dont les résultats, pourrait-on penser, s’ils ne connaissaient pas Bob McClure, auraient pu quelque peu le déranger ou le frustrer.

Embauché pour mener Best In Show pour le compte de Richard et Joanne Young, et ce, pour la saison, tant pour ses départs au Canada qu’aux États-Unis, McClure monta à bord de son vol vers le New Jersey à 10 h 30 le 6 juillet, pour aller conduire le poulain dans sa course éliminatoire du Meadowlands Pace.

« Nous avons roulé au sol et étions prêts à prendre notre envol, puis nous nous sommes littéralement rangés sur le côté, laissant passer avion après avion. Apparemment, il y avait une grosse tempête au New Jersey et il ne serait pas sécuritaire d’y atterrir. Quarante minutes plus tard, on nous avisa qu’il était maintenant sécuritaire d’y atterrir mais il y avait des douzaines d’avions qui volaient en cercle, alors nous ne pouvions pas partir avant qu’ils aient tous atterri. Je n’étais pas vraiment obligé d’être là avant 20 h, alors même si c’était déplaisant, il ne me vint jamais à l’esprit que ce pourrait être un problème. Nous sommes restés assis jusqu’à 15 h, et encore là, je ne m’inquiétais pas… et puis ils sont venus nous dire que notre vol devait être annulé… mon cœur s’est arrêté. J’ai tout de suite appelé Expedia et il n’y avait pas de départs. J’appelai Richard Young et lui non plus n’a pu trouver de vol. J’appelai pour avoir un avion privé ici - pas de chance. J’ai tout essayé, puis je me suis dit, ‘c’est comme ça’. Pourquoi s’en faire pour quelque chose sur laquelle nous n’avons aucun contrôle?’ C’était inutile de se morfondre. »

Après que le cheval, conduit par Brian Sears, se qualifia pour la finale, il y eut une conversation entre Young, l’entraîneuse Linda Toscano, et McClure. « Je suis un fervent croyant que si quelqu’un classifie un cheval dans une finale, il devrait avoir l’option de le mener. Brian l’a mené, il a terminé dans une belle troisième place, et il a bien paru dans la finale. J’ai dit que c’était probablement la meilleure chose pour tout le monde si Brian le menait en finale. Ne vous méprenez pas… ils ne sont pas venus m’offrir de le mener. Je ne dis pas que si je ne m’y étais pas trempé les orteils et insisté pour le mener en finale ils ne m’auraient pas mis sur la liste… mais nous en avons discuté. Je les respecte pour cela. Et cela ne m’a pas surpris quand il a gagné. Des gens m’ont suggéré que cela avait dû être plutôt déprimant pour moi, mais ce ne le fut pas. Très honnêtement, j’en étais ravi pour eux. Ils ont tous été très bons envers moi… Richard et Linda et Joanne. Ce sont tous des gens formidables. Tout du long, je n’ai jamais été bouleversé. J’ai pensé que c’était super aussi pour le cheval... la reconnaissance. Vous savez maintenant qu’un cheval canadien a gagné trois des quatre Hambo au cours des quatre dernières années (Marion Marauder en 2016) et maintenant cette année, un cheval d’élevage ontarien a gagné le Meadowlands Pace avec Best In Show (Betters Delignt) à l’Hambletonion avec Forbidden Trade (Kadabra). Je crois que c’est incroyable.

« Vous savez, avant le Hambo, les juges du New Jersey m’ont appelé, parce que je devais encore obtenir mes licences et le reste. Ils dirent, ‘À quelle heure arrive votre vol?’ et j’ai répondu, ‘je ne suis pas encore prêt à parler de cela (en riant). L’un d’eux dit qu’ils pensaient que c’était beau, ce que j’avais fait (relativement à la conduite lors du Meadowlands Pace). Il dit que ‘Good Karma’ vous mène habituellement plus loin que la bonne chance’. Après avoir gagné avec Forbidden Trade samedi dernier, quelqu’un m’a dit que ça devait être vrai, parce que Brian a eu mon Pace et moi, son Hambo. »

UNE’ACQUISITION ‘MAGIQUE’. Par Justin Fisher / Traduction Louise Roux

Après le discours de motivation fait à Forbidden Trade le matin du 3 août dans le paddock de Meadowlands, à peine quelques heures avant que le fils de Kadabra devienne le champion de l’Hambletonian, Steve Steward savait que le cheval qu’il n’avait pas vu depuis novembre 2017, à Harrisburg, PA, avait une chance de gagner le joyau de la couronne du trot. « Il ne souvenait probablement pas de nous, mais il était extrêmement calme et il semblait être là où il voulait être. »

Le poulain d’élevage ontarien, issu du gagnant d’un O’Brien Award, Pure Ivory, élevé par les Hunterton Farms des Stuart, n’est que le deuxième champion d’élevage canadien à gagner le trophée le plus convoité du trot, ayant accompli l’exploit dix-neuf ans après Yankee Paco en 2000.

« Il est l’étoile du Canada en ce moment. Si vous enleviez Hunterton Farms de l’équation, ce serait une victoire 100 % canadienne, » de dire Stewart.

Alors, comment Hunterton Farms se sont-elles joint à cette équation?

Dans la foulée d’une illustre carrière en course, Pure Ivory fut vendue et exportée en Europe, après sa retraite en 2007. Entraînée pas Brad Maxwell et principalement menée par Steve Condren, en piste elle avait gagné 1 442 888 $ et inscrit une marque de 1:53.1 (lors du Simcoe Stakes 2006 à Mohawk).

« C’est facile de consulter ses références, elle était comme la reine du Canada durant quelques années, » d’expliquer Stewarts.

Ses vacances européennes furent de courte durée cependant, et elle est revenue à la maison en Amérique du Nord à l’automne de 2009, gestante.

« Après la saison de ses quatre ans, elle fut vendue à Ahti Vilppula en Finlande et éventuellement inséminée de Muscles Yankee via un embryon congelé… elle est arrivée ici à Hunterton, à l’automne de 2009, gestante. Nous l’avons obtenue grâce à ma longue relation d’amitié avec Marti Ala-Seppala et partenaire d’affaires. Marti m’a appelé et me dit qu’il avait cette jument, Pure Ivory, et qu’elle allait être retournée aux États-Unis, gestante, et que par la suite, nous l’accouplerions à Muscle Hill. ‘Super’ lui dis-je… Elle atterrit à notre seuil et nous l’avons aidée à mettre bas, et procédé au travail subséquent qui s’ensuit.

« Elle a été accouplée à Muscle Hill pour ses deuxième et troisième poulains mais malheureusement, ces poulains et ainsi que les Muscles Yankee, étaient d’extrêmement mauvais individus. Ils étaient petits et de pauvre conformation. »

Ceci s’est reflété par le déclin des prix de vente des poulains, lesquels ont dramatiquement diminué du premier au troisième, et dans leurs performances en piste. Leurs prix de vente ont baissé, partant de 170 000 $ pour le premier foal, à 135 000 pour le deuxième, et à peine 5 500 $ pour le troisième. En piste, les poulains, en dix départs, ont totalisé 6 185$ de gains en carrière, et aucune victoire.

Stewart plaisante disant qu’il pense que c’est plus difficile de vendre un poulain issu de Muscle Hill pour 5 500 $ que pour 100 000 $.

Voyant le peu de succès provenant de la première ‘trifecta’ des poulains, Stewart réalisa qu’il y avait un autre problème – le paiement.

« À ce moment-là, j’ai réalisé que nous n’avions jamais été payés. Quelqu’un me dit qu’ils étaient allés sur Google et trouvé que (le propriétaire, Vilppula) et découvert qu’il était un industriel impliqué dans des projets de construction de plusieurs millions de dollars dans la Forêt Amazonienne. Il semblait être un solitaire du genre à disparaître.

« Et, bien évidemment, il avait disparu, » dit Stewart en riant, évoquant le passé. « C’est fou, ce gars-là a littéralement disparu, et je suis certain que cette jument n’était pas très haut sur sa liste de préoccupations. »

Après des années sans n’avoir jamais été payés pour le travail que nous avions fait, Stewart fit appel à l’homme qui lui avait amené la jument, Marti-Ala-Seppala pour redresser le navire en 2014.

« Nous avons terminé avec elle dans nos livres parce qu’il avait tout simplement disparu sans jamais nous payer. Marti a pu éventuellement obtenir les signatures provenant d’outremer, et c’est ainsi qu’elle s’est retrouvée à mon nom. »

Même à ce jour, Stewart se demande ce qui aurait bien pu arriver à son ancien associé d’affaires. « J’ai même demandé à Marti récemment si Vilppula avait refait surface depuis 2014… et non. Personne ne l’a vu ou entendu parler de lui depuis presque cinq ans. Il n’a jamais payé personne. Je crois que Jimmy Takter avait une de ses pouliches, et apparemment il n’a jamais été payé non plus. »

Maintenant que Pure Ivory est à son nom, Stewart a choisi de l’accoupler, à peu de frais, à Holiday Road, ce qui a résulté en une pouliche nommée Tusk. « Tusk a rapporté 50 000 $ à Harrisburg. Ce qui a contribué à récupérer presque tout notre argent. »

« Par ce point, Marti me disait de l’accoupler à Kadabra. J’avais de sérieuses réserves concernant les problèmes de fertilité de Kadabra à ce moment-là, et j’étais devenu frustré du fait qu’on me devait des milliers de dollars, et je m’en prenais à la poulinière… ce qui n’était pas brillant. »

Quand finalement, un reproducteur fut choisi pour le poulain suivant de Pure Ivory, un an et demi avant de collecter les 50 000 $ pour Tusk, Stewart décida de suivre le conseil de son ami et se dirigea vers Kadabra.

« Il faut me frapper sur la tête quelques fois avant que je fasse des choses, et finalement je l’ai accouplée à Kadabra, et boom! Nous obtenons Forbidden Trade… Et que voilà une bonne leçon d’accouplement à être retenue de cela, une leçon à enseigner, pourrait-on l’appeler, » déclare Stewart. « Bien des fois, quand vous avez une jument et la bridez au roi du trot, soit Muscle Hill, vous assumez que si elle ne produit pas quelque chose de bien, elle n’est pas bonne.

« Comment diable pouvez-vous accoupler votre poulinière au grand Muscle Hill et ne rien obtenir? C’est un coup contre la poulinière. Mais la leçon est, que parfois le mélange des gènes ne se fait pas avec le meilleur reproducteur, mais cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas aller vers un autre reproducteur et faire fortune. »

Stewart savait bien avant que Forbidden Trade arrive en piste ou dans une arène de vente, qu’il avait en mains le potentiel d’un grand cheval. « Il était foncé et très beau, et a fait une très belle vidéo, » déclare Stewart.

« Luc Blais et Determination méritent beaucoup de crédit… ils l’ont payé 110 000 $. Même si elle était un grand cheval de course, la poulinière avait zéro-en-quatre, et deux d’entre eux descendaient de Muscle Hills. Je lève mon chapeau à n’importe qui voulant prendre de tels risques et acheter quelque chose comme cela… c’est facile de dépenser beaucoup sur un Chapter Seven, mais sur un poulain qui n’est pas américain, né d’une poulinière aux statistiques de zéro-en-quatre, et a deux poulains de Muscle Hill qui n’ont rien fait, c’est difficile à vendre.

« Il convient de se demander ‘pourquoi diable, quelqu’un voudrait dépenser autant d’argent sur un poulain comme lui? » comme le dit Stewart.

Toutefois, le prix étiqueté n’a pas vraiment surpris un éleveur expérimenté comme Stewart.

« Je n’ai pas été surpris qu’il rapporte autant qu’il ne l’a fait seulement parce qu’il était tellement beau.

Brad Maxwell a essayé de l’acheter privément avant l’encan pour 75 000 $, mais j’ai pensé qu’il valait mieux m’essayer à la vente. »

Une décision d’affaire très avisée de la part de Stewart. Un autre bon signe avant l’encan fut pour Determination de demander de radiographier le poulain.

« Les acheteurs potentiels demanderont maintenant s’ils peuvent faire prendre une radiographie du cheval avant l’encan, et Determination a demandé la radiographie, ce que j’ai pensé était bon signe, » dit-il à TROT.

« Quiconque étudie un pedigree et regarde la poulinière, aurait dit, ‘Oh. Mon Dieu, 110 000 $ maintenant, comment est-ce arrivé?’ Mais si vous étiez allé voir le cheval ou regardé la vidéo, vous auriez pu comprendre comment c’était possible, mais pas nécessairement probable. »

Faire appel à Kadabra ne fut pas qu’une occasion unique non plus, le croisement manifestement fructueux a incité Stewart à replonger dans le puits. « Il y a une sœur propre à vendre à Harrisburg cet automne, et une autre au champ, et elle est à nouveau gestante de Kadabra, alors j’ai définitivement entendu ce qu’ils m’ont dit… Lorsqu’on me frappe sur la tête à quelques reprises, je finirai par écouter et faire la bonne chose. »

Cet article a été publié dans le numéro de septembre de TROT Magazine.
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