La fin de semaine de la fête des Pères signifie toujours trois choses dans mon univers : la North America Cup, l’Omnium des États-Unis au golf et, bien sûr, la fête des Pères elle-même. Et cette année, elle a été marquée par plus de moments « papa » que je ne peux en souvenir.
La North America Cup en elle-même en était remplie.
CRACK SHOT est copropriété de Dale Hunter, qui avait promis à son père mourant, Dick, qu’il utiliserait une partie de son héritage pour acheter un cheval de meilleure qualité que ceux que la famille avait possédés auparavant, dans l’espoir d’atteindre une grande course comme la North America Cup (voir page 64).
LITE UP THE WORLD est l’un des derniers petits-fils de American Ideal — un étalon reconnu, disparu il y a un an et demi. Il a été sélectionné et est la propriété de Mac Nichol, le même homme qui avait sélectionné et possédé American Ideal lui-même (voir page 54).
MADDEN OAKS est le plus beau cheval que j’aie vu en personne depuis que j’ai posé les yeux sur son père, Huntsville. Ce poulain tentait de venger la défaite de son père à la Coupe 2017, où ce dernier avait terminé deuxième de peu en tant que favori à 4 contre 5, en tentant de devenir le premier fils de Huntsville à remporter la North America Cup. Son jeune entraîneur, Cam Capone, tentait lui aussi, ironiquement, de venger la défaite tout aussi serrée de son père, Mark, dans la Coupe de 2003 avec Allamerican Native, alors favori à argent égal (voir page 38).
Mais le cheval qui a touché la « trifecta » en matière de liens père-fils significatifs a été le gagnant éventuel, LOUPRINT (voir page 28).
En gagnant, ce fils de Sweet Lou a remporté une course que son père n’avait pu gagner, battu en 2012 alors qu’il était le grand favori à 1 pour 2.
Après la course, le conducteur Ronnie Wrenn Jr. a confié à TROT qu’il avait pensé à son défunt père, Ronnie Sr., tout juste après la victoire, et à quel point cela signifiait beaucoup pour lui de remporter une telle course en sa mémoire.
Et l’entraîneur Ron Burke s’est montré très ému lors de son entrevue d’après-course avec John Rallis de TROT, lorsqu’il a mentionné, d’une voix brisée, que c’était « la première sans mon père ».
C’est à ce moment précis — en voyant Ronnie ému — que j’ai vraiment réalisé l’énorme influence qu’un bon père, en particulier, peut avoir sur son enfant. Ron Burke est un homme stoïque. Je l’ai vu gagner bien des grandes courses et donner tout autant d’entrevues par la suite, et je ne l’ai jamais vu se laisser submerger par l’émotion ou manifester une grande excitation.
Mais le samedi 14 juin était différent — et avec raison.
Ron a souvent parlé, autant de son vivant qu’après le décès de Mickey Burke, à quel point son père était spécial : un homme de chevaux exceptionnel, qui avait tant appris à ceux qui l’entouraient ; le patriarche de la famille et du Burke Brigade — la plus prolifique opération d’entraînement de l’histoire des courses sous harnais nord-américaines.
Je n’ai donc pas été totalement surpris, avec le recul, de voir Ron Burke si ému, mais cela m’a tout de même pris un peu de court.
J’ai ressenti de la peine pour lui à cet instant, tout en me réjouissant pour lui en même temps, car cela voulait dire qu’il avait eu la chance d’avoir eu un si merveilleux mentor dans sa vie.
Bravo à toi, Ronnie, d’avoir partagé ça avec nous.
Et bravo à toi, Mickey, d’avoir été une telle inspiration pour ton fils.
Le lendemain après-midi, jour de la fête des Pères, j’étais assis dans mon salon avec mon propre père et mon fils, à regarder l’Omnium des États-Unis.
Je repensais à tous les beaux moments père-enfant qu’avait engendrés la 42e North America Cup, et alors que les meneurs jouaient les neuf premiers trous du tournoi, je me suis mis à observer distraitement les difficultés matinales du golfeur vétéran JJ Spaun.
Son nom figurant dans la position inhabituelle de co-meneur un dimanche lors d’un tournoi majeur, Spaun a inscrit cinq bogueys à ses six premiers trous, semblant ruiner ses chances de victoire.
De manière un peu moqueuse, mon fils et moi avons établi des cotes fictives sur la probabilité qu’on revoie ne serait-ce qu’un coup de Spaun après 16 h 15… sous-entendant qu’il était désormais hors course.
Puis, JJ Spaun a joué ses huit trous suivants à deux coups sous la normale, sur l’un des parcours les plus ardus de l’histoire du circuit de la PGA, et il s’est remis dans la course.
À deux trous de la fin, un commentateur télé a révélé que l’une des deux jeunes filles de Spaun avait été malade la veille au soir, pleurant bruyamment dans leur logement et gardant ses parents éveillés une bonne partie de la nuit. Il a poursuivi en racontant que JJ, un homme qui tentait de gagner l’Omnium des États-Unis quelques heures plus tard, était sorti à 3 h 30 du matin pour aller à la pharmacie CVS locale chercher des médicaments pour sa fille.
À une époque où l’on entend souvent parler d’athlètes professionnels gâtés et de comportements parfois grossiers ou déplacés, cette histoire m’a fait plaisir… et même un peu surpris.
Elle m’a aussi fait espérer que JJ Spaun remporte le tournoi.
Et bien que cela expliquait en partie son début de ronde difficile, cela m’a surtout fait réaliser ceci :
Tout comme Sweet Lou, American Ideal, Huntsville, Mickey Burke, Dick Hunter, Ronnie Wrenn Sr et Mark Capone, JJ Spaun est un bon père — un très bon papa.
D’ailleurs, Spaun a réussi des oiselets aux trous #17 et #18 pour remporter le 125e Omnium des États- Unis de golf.
À ce moment-là, toutefois, le résultat sur le terrain de golf n’avait plus vraiment d’importance pour
moi, car j’avais déjà compris qu’il était un gagnant — du moins à mes yeux — environ 45 minutes plus tôt.
À tous les BONS pères là-dehors, y compris le mien : merci. Le monde compte déjà assez de mauvais pères, alors merci à ceux qui, par leur présence et leur bienveillance, contribuent à en faire un meilleur monde.
Dan Fisher
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