Un amour et un battant

Pour un seul instant, prenez une profonde respiration, coupez-vous du reste du monde, et méditez sur ce qui constitue vraiment la meilleure partie de votre journée.

Par Keith McCalmont / Traduction Louise Rioux

Pour Tanya Mitchell, écuyère de longue date, la réponse est simple.

« Première chose à faire de la journée, et c’est ma préférée, c’est d’être à l’écurie. » dit Mitchell. « Je me rends généralement à l’écurie aux environs de 4 h 45, abstraction faite du fait que j’aie participé à une course la veille.

« J’aime le calme, » continue-t-elle. « Il n’y a que les chevaux et moi. C’est thérapeutique. »

Pendant une délicieuse heure, chaque matin, Mitchell marche à travers les allées de l’écurie de l’entraîneur Ben Baillargeon et se complaît dans sa solitude, à prendre soin du troupeau.

« Il n’y a personne à ce moment-là, et on y accomplit tellement de tâches, » continue-t-elle. « J’ai ma routine et si elle est bousillée, je suis aussi dérangée pour le reste de la journée. Je m’occupe de leurs mangeoires et leurs seaux d’eau. Je leur parle comme s’ils étaient des hu-mains et je vous jure, parfois ils me comprennent. Ils comprennent le ton. Et ils me cherchent, non pas seulement parce que je leur apporte leur déjeuner. »

Mitchell a durement gagné son bonheur. Elle a quitté le foyer à 17 ans, abandonnant ses études postsecondaires, pour poursuivre sa vie à la piste. Elle a brûlé la chandelle par les deux bouts, tout en perfectionnant son propre apprentissage du monde des chevaux.

Elle est tombée en amour – bien qu’il s’agisse d’un ambleur bai du nom de Lennon Blue Chip - et elle a combattu un cancer et gagné.

En ce qui concerne Mitchell, l’année 2020 ne ressemble en rien aux difficultés qu’elle a rencontrées il y a à peine trois ans.

« 2017 fut une année merdique, » dit Mitchell, âgée de 42 ans, avec insistance.

Mais un quart de siècle dans le monde des courses, passe en un clin d’œil, et en pleine pandémie, Mitchell se retrouve soigneuse d’une liste de talentueux chevaux incluant le gagnant de l’OSS Super Final, Rhythm In Motion, le champion de l’OSS Grassroots, HP Mama B, ainsi que les gagnants de l’OSS Gold, Voelz Delight et HP Royal Theo.

« Je suis tellement reconnaissante du fait que les Baillargeon m’aient fait confiance avec ces chevaux, » dit Mitchell. « Si ce n’était des che-vaux, je ne sais pas où je serais. Je prends soin de chacun d’eux au meilleur de mes compétences parce qu’ils le méritent, qu’ils soient des chevaux pour les ‘stakes’ ou pouvant être réclamés du jour au lendemain. »

L’écurie Baillargeon est chauffée à bloc cette année, avec 96 victoires, au moment d’aller sous presse, en lice pour une troisième place au rang des entraîneurs du Woodbine Mohawk Park, positionné parmi un groupe d’écuries ayant envoyé près du double de leurs modestes par-tants.

« J’ai été réellement chanceuse, » dit Mitchell, qui s’occupe aussi des vétérans Traceur Hanover et Zig Zag. « Certains sont heureux d’avoir un vrai bon cheval de course ‘stake, et j’en ai eu quatre. Et mes plus vieux chevaux ont aussi gagné presque 100 000 $ chacun cette année. C’est inédit pour moi. »

* * * *

Mitchell a grandi à Montréal, mais a élu domicile à la piste.

« Au secondaire, je devais prendre deux autobus et le métro après l’école pour me rendre à la piste et faire le paddock d’un cheval pour 25 $, dit Mitchell. « Les chevaux étaient, sans l’ombre d’un doute, et définitivement, ma passion. »

Après avoir complété son secondaire et supporté deux mois de collégial, Mitchell s’est trouvée en déplacement vers l’Ontario avec un ami et a trouvé un endroit où demeurer et vivre dans les dortoirs de Mohawk Park.

« Une amie s’en venait en Ontario pour y travailler auprès des chevaux, et j’ai décidé de venir avec elle, » dit Mitchell. « J’y suis depuis. »

« Mon premier travail ici fut pour Eddie Howard. J’ai un peu voyagé aux États-Unis et passé l’hiver en Floride. Ce fut une aventure, » d’ajouter Mitchell en riant. « À partir de l’âge de 17 ans jusqu’à 24 ans, j’étais excitée. Parlons ici de travail, partys et de dormir. Je ne sais pas comment j’ai pu faire cela. Je ne pourrais plus faire aujourd’hui, ce que je faisais alors. »

Mitchell passa six années à travailler avec l’entraîneure et gagnante de multiples O’Brien Awards, Casie Coleman, une période de sa vie à laquelle est accorde tout le crédit d’avoir perfectionné ses compétences au-delà de son amour des chevaux.

Tout en travaillant pour Coleman, Mitchell a été la soigneuse de McWicked, qui a été mis à la retraite l’an dernier, avec le titre d’étalon am-bleur le plus riche de l’histoire des courses sous harnais et la poulinière ambleuse Open Class Monkey On My Wheel, une gagnante million-naire des Breeders Crown et O’Brien Award.

« Quand j’ai commencé à travailler pour Casie, j’ai connu tous les problèmes que les enfants rencontrent, comme une boiterie et autres, et cela rendait les victoires encore meilleures, » dit Mitchell. « Casie a toujours eu de grands chevaux. Vous apprenez plus auprès de ces chevaux. Les chevaux ne boitent pas du fait de ne pas essayer. Ceux qui essaient expérimentent tous les problèmes et vous apprenez beaucoup par ceux qui nécessitent le plus d’aide.»

En août 2010 à Meadowlands, Coleman a réclamé Lennon Blue Chip, retiré à deux reprises d’une cinquième position derrière Somebeach-somewhere lors de la North America Cup, alors qu’il était sous les soins de Coleman, et elle l’expédia à la maison en Ontario.

« Une fille qui travaillait avec moi me dit, ‘tu vas aimer ce cheval,’ » se rappelle Mitchell. « Je lui dis que j’aimais tous les chevaux, mais elle a secoué la tête et dit, ‘ tu verras.’ »

Mitchell dit que ce fut un coup de foudre.

« La première fois que je l’ai vu – oh mon Dieu – j’ai retiré les bandages de ses pattes antérieures qui avaient la taille de tuyaux de poêle, j’étais stupéfiée, ‘dans quel gâchis sommes-nous ici, » se rappelle Mitchell. « Casie lui accorda quelque deux semaines de repos et il s’est en-traîné en :55 à la ferme. Elle l’a emmené à Mohawk et il a rallié le peloton en :50.4. Il n’a pas été hors des trois premiers durant des mois et il fait son chemin vers le Preferred. »

Quant à Mitchell, Lennon Blue Chip ne pouvait pas faire mal.

« Il était le cheval de mon coeur, » dit Mitchell. « Il est tatoué sur ma jambe. Ce cheval me suivrait sans licou. »

Mais les histoires d’amour avec des chevaux à réclamer sont brèves et deux ans plus tard, le cheval hongre au dur frapper fut réclamé par Richard Moreau.

« J’étais terrassée, dit Mitchell. « Je me suis dit que jamais plus je ne m’attacherais à un cheval comme cela. Offrir à ce cheval une bonne re-traite devint ma priorité numéro un sur ma liste. »

De temps à autre, les chemins de Mitchell et de Lennon Blue Chip se croisaient dans le paddock.

« Il est apparu un soir dans le paddock, je l’ai vu et crié son nom et il est devenu tout excité, » se rappelle Mitchell. « Si vous le demandez à quiconque, la relation que ce cheval et moi avions était hors du commun. Il s’est éventuellement retrouvé aux États-Unis. »

* * * *

En deux siècles de carrière en course, Mitchell avait consolidé sa place dans les grandes ligues de courses de chevaux en Ontario. Elle avait trouvé son clan, un groupe d’amis tissés serrés comprenant Dr Liz Shiland, DVM et Nikki Bourgeois, la fille de l’entraîneur Rheal Bourgeois.

« Mes amis sont la famille que j’ai choisie, » dit Mitchell. « Ce sont mes amis depuis plus de 20 ans. J’ai rencontré Nikki à la cafétéria de Mohawk à 17 ans. »

Et à la fin de 2016, un autre vieil ami depuis cinq ans, était sur le point de réapparaître dans sa vie. Après dix années de course, 272 départs, et 962 731 $ de gains, Mitchell entendit dire que Lennon Blue Chip était arrivé en fin de carrière de course.

Afin de réaliser son objectif de la retraiter, Mitchell devait amasser suffisamment d’argent pour racheter son vieil ami et le ramener en On-tario. Mais le gardiennage n’est pas la profession la plus lucrative – même s’il le le mériterait - et au bout du rouleau et avec des fonds limités, elle s’est tournée vers Steve Calhoun, qui avait déjà possédé une part dans le cheval.

« Steve m’avait toujours dit que quand le cheval serait retraité, il s’assurerait que je pourrais le ravoir, » dit Mitchell. « Je lui ai donc envoyé un message et il m’a envoyé un chèque. »

Les vidéos des retrouvailles entre Mitchell et Lennon Blue Chip en décembre 2016 auraient tiré une larme d’un œil de vitre.

« Il m’a encore reconnue. J’ai gardé les vidéos de cela, » dit Mitchell.

Brièvement, tout allait bien au monde pour Mitchell. Elle avait la famille qu’elle avait choisie, son cheval favori ainsi qu’un bon emploi au Mil-ton Equine Hospital.

« Un de mes amis a entraîné Lennon au pas et il était heureux et appréciait la vie. Les choses allaient bien pour moi, » dit Mitchell. « Au cours de la dernière semaine de décembre 2016, je suis allée en voyage à Cuba avec des amis et tout se déroulait bien, mais quand je suis revenue à la maison, je ressentais une douleur au côté. J’ai bien essayé de l’ignorer, mais elle s’est intensifiée progressivement et Liz me dit d’aller à l’hôpital. »

Mitchell reçut un diagnostique de cancer d’ovaire et on lui annonça qu’elle avait une masse de 21 centimètres sur l’ovaire droit. Tanya nomma la tumeur « George » et blaguait avec son armée d’amis sur la date d’éviction à venir.

« Le premier spécialiste que j’ai vu a dit ‘c’est très curieux,’ » dit Mitchell. « N’est-ce pas, curieux George? Je me suis dit que c’était le plus près que je n’avais jamais été d’avoir un enfant puisqu’ils comparaient la tumeur à un fœtus de 7 mois. »

Mitchell poursuivit son travail même si la douleur était insupportable, et elle perdait du poids à un rythme inquiétant dans l’attente de la chirurgie qui allait retirer la tumeur et pratiquer une hystérectomie ainsi qu’une appendicectomie .

« Je mangeais un demi sandwich et j’en avais assez. J’étais faible parce que je ne pouvais pas manger et l’oncologue évaluait que la tumeur grandissait en moi depuis deux ans, » dit Mitchell. « Le personnel du Milton Equine Hospital » a été très bon pour moi. Je ne pouvais travailler que durant quelque deux heures à la fois. »

Shiland dit que Mitchell a beaucoup lutté du fait d’être loin de ses chevaux durant sa convalescence après sa chirurgie.

« Elle s’est tellement dédiée à ses chevaux, c’était tout un défi pour elle d’en être éloignée et d’être physiquement incapable d’effectuer l’incroyablement dur travail requis de la part des palefreniers dans l’industrie, » dit Shiland. « Un jour, elle me dit, ‘Lizzy, je ne sais pas comment ne pas travailler,’. Elle a perdu 40 livres. Elle pouvait à peine marcher plus de dix minutes. Manger une portion de la grosseur de la paume de la main était trop. C’était un temps très difficile pour elle. »

A un certain moment, Mitchell dit que les médecins avaient drainé cinq litres de fluide de son abdomen, ce qui rétablit temporairement son appétit. Ajoutant le chagrin à l’affliction, alors qu’elle attendait sa chirurgie, Mitchell reçut un appel lui annonçant le décès de sa grand-mère, elle qui l’avait pratiquement élevée.

Shiland et Bourgeois accompagnèrent Mitchell lors de sa chirurgie le 22 février 2017.

« Elle est entrée en chirurgie à 8 h le matin pour n’en sortir que tout près de 19 h le soir, dit Bourgeois. « Elle est tellement forte, elle a combattu. Ce n’est que dans la demi-heure précédant l’intervention, que j’ai perçu chez elle un court moment de faiblesse. Ce n’était qu’un moment de vulnérabilité et d’abaissement de sa garde, réalisant ce qui pourrait survenir. »

« George » fut retiré avec succès, mais Mitchell développa une infection après la chirurgie, ce qui encore une fois, lui causa une hospitali-sation.

« La tumeur a été enlevée et elle pesait 6,5 livres, » dit Mitchell. « Ils ont enlevé tout ce dont je n’avais pas besoin. »

« Je ne sais pas comment les gens peuvent combattre cela tout seuls, » d’ajouter Mitchell. « Je n’y serais pas arrivée sans mon armée. Mes amis. »

Mais, elle admet aussi, qu’elle n’aurait pas été capable d’y arriver sans l’amour de son cheval, Lennon Blue Chip.

« Il y eut des moments, alors que j’étais à l’hôpital, où la douleur était insupportable et où je pensais à tout ce qu’il avait surmonté et je sa-vais qu’il était là à m’attendre, » dit Mitchell. « Aujourd’hui, je pense que j’ai ramené Lennon parce que j’avais besoin de lui dans ma vie pour m’aider à passer à travers cette épreuve. Il est revenu alors que j’en avais le plus besoin. Toutes les étoiles se sont alignées et il était de retour à la maison, là où il appartient. »

Mitchell, toutefois, a terminé cette difficile année 2017 par la perte de Lennon Blue Chip.

« Il est mort le Jour de Noël, » dit-elle en pleurant. « Il fut ma raison de vivre plutôt que d’abandonner. L’année 2017 fut réellement une année merdique. »

* * * *

Quand vous connaissez une année d’enfer, ne lâchez pas.

Mitchell a retrouvé la santé et malgré le fait qu’elle aime son travail à l’hôpital Milton Equine Hospital ainsi qu’à l’Université de Guelph, elle crevait d’envie de retourner à la piste et accepta l’occasion ce printemps, de travailler pour Baillargeon.

Je ne pouvais pas rester à l’écart, » dit Mitchell. « Ce lien personnel avec les chevaux, que je recherchais, me manquait. Il n’y a pas plus grand frisson que quand votre cheval gagne une course de même que l’entourage quotidien. Ils sont comme des enfants à mes yeux.

Sara Baillargeon, la fille de Ben et première assistante supervisant une écurie de 50 chevaux, dit que Mitchell s’est révélée un grand plus dans l’équipe.

« Tanya est gênée et elle se fait discrète, mais c’est une personne remarquable, » dit Baillargeon. « Vous ne pourriez demander mieux comme amie et collègue. Au contraire, l’une de ses faiblesses c’est qu’elle s’en fait trop et cela lui devient parfois une nuisance. »

Baillargeon et Mitchell partagent une ligne de basse pour la vie et le travail.

« Je suis allée à l’école, mais le 9 à 5 n’était pas pour moi. J’aime l’extérieur et les chevaux, » dit Baillargeon. « Je suis très certainement, un bourreau de travail, je tiens cela de mes parents. Il n’est pas de meilleure sensation que quand vous emmenez un cheval à la piste et qu’il per-forme pour vous.»

Baillargeon a dit qu’elle avait choisi un ensemble de chevaux pour Mitchell, lesquels, pensait-elle, performeraient sous ses soins.

« Elle était la meilleure pour eux car elle a déjà été là, et l’a déjà fait, soit s’occuper de gros chevaux pour d’autres fermes, » dit Baillargeon. » Elle a déjà composé avec le stress et elle sait comment le gérer. Des chevaux tels HP Royal Theo, Voelz Delight et Rhythm In Motion furent sélectionnés pour elle à cause de l’attention qu’elle porte aux détails. »

Toutefois, Baillargeon dit que dans le cas de HP Mama B, c’est le cheval qui insistait pour être sous les bons soins de Mitchell.

« Mama B a réclamé Tanya pour elle-même, » dit Baillargeon en riant. « Elle n’avait d’autre choix que de prendre soin de Mama B. Elle est de l’élevage familial et a été nommée d’après ma mère. S’il ne s’était pas agi de Tanya, je ne sais pas si Mama B se serait rendue jusqu’aux courses. Tout le crédit en revient à Tanya. »

HP Mama B, une fille de deux ans de Royalty For Life, ne s’est pas rendue aux courses avant juillet et n’a pas paru au tableau lors de ses deux premiers départs.

« Elle était un des bébés les plus difficiles à casser et a refusé de porter la bride durant très longtemps, » dit Baillargeon. « Tanya était la seule pouvant lui passer la bride et le harnais sans qu’elle en fasse tout un plat. Mama B a fait de Tanya son humaine et ils ont tout un lien. »

Mama B était sauvage et il semble bien qu’il allait de soi qu’il faille un ancien enfant terrible pour réguler l’impudente pouliche.

« Elle était têtue et avait une tendance, » dit Mitchell. « Certains jours elle ne joggait pas si je n’étais pas là »

Au mois d’août, HP Mama B connut sa première victoire (c’était son quatrième départ) lors d’un OSS Grassroots présenté au Woodbine Mo-hawk Park. Elle a failli à Champlain en août, mais a complété sa saison avec trois victoires consécutives culminant avec une victoire de 75 000 $ lors des Grassroots Championships.

Shiland dit que l’habileté de Mitchell à communiquer avec un cheval difficile tel HP Mama B lui vient de son inébranlable engagement en-vers l’animal.

«Tanya a parfois de la difficulté à communiquer avec les gens, mais quant aux chevaux, ce sont eux qu’elle peut le mieux lire, » dit Shiland. « Et elle les aime pour ce qu’ils sont et elle travaille avec eux à 110 % pour les aider à devenir le meilleur athlète possible. Elle croit aux chevaux et leur est totalement dédiée, et en retour, les chevaux l’aiment, absolument. Et en raison de cela, elle tisse un lien incroyablement profond avec les chevaux dont elle prend soin.

« Elle ne sera jamais plus la même après son expérience avec le cancer, » d’ajouter Shiland. « Mais sa loyauté et son dévouement envers les chevaux ont démontré au cours de la saison passée, qu’elle est forte comme jamais. »

Aux yeux de Mitchell, le fait de voir HP Mama B évoluer sur la piste fut un temps fort d’une année incroyable.

« Ce fut une longue route avec elle, mais nous n’avons jamais abandonné et elle non plus, » dit Mitchell. « On peut parler de Rhythm In Mo-tion qui a gagné la ‘Super Final’ mais la victoire de Mama B lors de la Grassroots Final, se comparait à gagner la Breeders Crown pour moi. Elle en a fait plus que quiconque l’aurait pensé.

« Elle s’est révélée une vraie chouchou, » poursuit Mitchell. « Je pense que la confiance qu’elle avait en moi l’a fait sortir de sa coquille et réaliser que nous n’étions pas si mal. Si vous avez vu cette dernière photo dans le cercle du vainqueur, vous pouvez me voir rayonnant à trav-ers mon masque. C’était plus que satisfaisant. »

* * * *

Mitchell est une survivante. Elle a survécu à un départ trouble et trouvé une famille. Elle a vaincu le cancer. Elle a aimé et perdu et l’amour l’a encore trouvée avec Mama B.

En cette 25ième année de courses à plein temps, Mitchell vit la meilleure partie de sa vie et la vit haut et fort.

« Oh, Tanya s’implique beaucoup. On peut l’entendre, » dit Baillargeon. « Peu importe où vous vous trouviez à la piste, vous pouvez en-tendre Tanya. Son rire et ses encouragements sont très distinctifs. Elle est extrêmement bruyante. Cela lui vient du cœur. Elle les encourage à la maison et même si ce n’est pas une victoire. Elle les encouragera pour une deuxième, troisième et quatrième place. Ce qu’elle veut c’est une solide performance ainsi qu’une amélioration comparativement à la semaine précédente, alors lorsqu’elle en encourage un à la maison, cela n’est pas obligatoirement pour souligner une victoire, et ça vient du cœur à 100 %. »

Mitchell se reconnaît volontiers une meneuse de claque.

« Quand je travaillais pour Casie, j’ai emmené Bay Girl pour des qualifications et je me suis fait entendre quelque peu, » dit Mitchell. « Casie riait de moi et dit, ‘Tanya, ce sont des qualifications. Tu n’as pas besoin de crier.’ »

« Mais je ne pense même pas à l’argent, », continue-t-elle. « J’aime juste les voir aller. Ça me rend heureuse. »

Au mois d’octobre, lorsque Rhythm In Motion (connu à l’écurie par le surnom de ‘Rowan’) a renversé les rôles de Tattoo Artist et Beaumont Hanover lors de l’OSS Super Final à Woodbine, Mitchell était encore en pleine voix, mais elle met cela sur le compte de Baillargeon et du reste de l’équipe qui étaient tous très en voix.

« Sara et d’autres filles qui travaillent aux paddocks pour nous étaient à un autre bout criant ‘allez, Rowan,´ dit Mitchell. « Tout le monde criait, je n’étais pas la seule. »

« Les gens disent de rester à un bras de distance de moi pour éviter la surdité, » d’ajouter Mitchell. « Mais si vous ne pouvez pas être exci-tés, vous ne devriez pas y être impliqués. Vous y investissez tout ce temps et efforts et ils sortent et donnent tout ce qu’ils ont. Qu’y a-t-il de plus excitant que cela? »

Après une longue année couronnée de succès en course, Mitchell a dû dire au revoir à quelques-uns de ses amis pour un certain temps.

« Le matin où Voelz est repartie vers Montréal pour y être abattue, elle ne cessait de me taquiner tout comme si elle savait qu’il se passait quelque chose, dit Mitchell. » C’était au milieu de la matinée et la remorque est arrivée et je l’y ai fait monter et encore, elle se frottait la tête. Je lui ai dit que je serais encore ici à son retour l’an prochain, promis. »

Même les chevaux sauvages ne pouvaient pas tenir Mitchell à distance.

Cet article a été publié dans le numéro de decembre de TROT Magazine.
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