En tête avec sa gauche
Malgré une grave blessure qu’il s’est infligé au bras lors d’un récent accident à l’entraînement, John MacMillan n’a nullement ralenti sa routine. Il la continue. Par Norm Borg / Traduction Louise Roux
Lors d’une soirée de course très occupée, dans le paddock du Rideau Carleton Raceway, John MacMillan jette un œil sur son bras droit, et avec son sourire espiègle, plaisante en disant « je guéris vite », et sur ce, il saute sur le sulky pour réchauffer l’un des trois chevaux qu’il course ce soir.
La vedette masculine chez les entraîneurs à Rideau, a subi des blessures au tendon, aux nerfs et os après avoir été mordu par l’un de ses élèves étoiles. « Anderlecht s’est pris les pattes dans la stalle du paddock avant la course; en voulant l’aider et il a tout simplement réagi. » C’est une façon gentille de décrire cela. Les blessures auraient suffi pour mettre quiconque sur la touche, mais pas l’indestructible MacMillan. Quelques jours plus tard il était de retour à son écurie de Spencerville, en train de ferrer ses bêtes. Deux semaines plus tard, il était de retour sur le sulky pour conduire.
Déterminé, voilà une façon de décrire MacMillan. Sa détermination a affûté ses habiletés de dénicheur de talents, avec une écurie maintenant remplie de produits raffinés mais qui au début n’étaient que des diamants bruts. « Je cherche des chevaux rapides même s’ils pourraient avoir des problèmes, » dit-il. « Ils peuvent bien ne pas être assez bons pour courser sur le grand circuit, mais je prendrais plutôt une chance sur un cheval rapide et lui apprendre à bien faire les choses. Si vous pouvez faire ces ajustements, vous gagnerez des courses. »
MacMillan est un travailleur infatigable et il n’en attend pas moins de ses bêtes. « Nous joggons sept jours par semaine. Cela a toujours été ma routine. La participation est aussi obligatoire. Je fais constamment des ajustements à un cheval au rendement insatisfaisant lors d’une course. Ce pourrait être moins exigeant de courir des milles en entraînement ou inversement, des milles d’entraînement plus difficile. Peu importe la manière, mes chevaux arrivent toujours à la piste en bonne condition de course. » Une telle discipline est combinée à une stricte adhérence aux priorités et quand on en arrive là, un aspect reçoit le traitement royal. « Si vous n’avez pas de pieds, vous n’avez pas de cheval de course, alors sans égard à nos contraintes de temps, nous nous assurons que leurs pieds sont préparés en premier. »
En effet, la mise en forme est au cœur de l’entraînement pour MacMillan et sa philosophie personnelle (il a récemment participé au Marathon de Montréal). Cela lui a rapporté. L’un des tout nouveaux élèves de « Johnny Macs », Rural Art, a gagné la finale de l’Ontario Autumn Series l’automne dernier. « Le dur travail, une bonne aide et de bons propriétaires, » de dire MacMillan, sont d’autres clés. « Bien que plusieurs de mes propriétaires n’ont pas nécessairement beaucoup de connaissances spécifiques en matière de chevaux, ce sont des gens intelligents. J’essaie donc de leur dire tout ce que je peux à propos du cheval, puis ils prennent les bonnes décisions d’affaires. Il y a de nombreuses gens dans ce sport qui ne connaissent ni les tenants et aboutissants dans l’entraînement d’un cheval mais ils sont assez allumés pour regarder les chiffres et les classes et prendre les bonnes décisions d’affaires. Je suis chanceux d’avoir eu des connexions avec des personnes intelligentes. » Le même genre de synergie existe dans les rapports entre MacMillan et ses conducteurs. « J’essaie d’assigner le bon cheval au bon conducteur » dit-il. Cela a aussi rapporté des dividendes. Une des personnes auxquelles il se réfère, est Gord Brown, et les deux ensemble, détiennent une moyenne de victoires de 57% en novembre. Un autre des as conducteurs de MacMillan est Ted McDonald. Il est aussi parmi les meilleurs meneurs à Rideau et de l’avis de Johnny Mac, se range aux côtés des Walter Case et Trevor Henry quand vient le moment d’être le meilleur conducteur en tête.
Natif de Kingston et âgé de 44 ans, on peut aussi le décrire comme un homme pour tout genre de course. Il a tout fait, d’abord à 15 ans comme palefrenier jusqu’à la description des courses; de l’entraînement, à la conduite et même un passage comme directeur général à Rideau Carleton Raceway – tout en étudiant et obtenant sa Maîtrise en Administration des Affaires (MBA) à Queens University. « J’étudiais une trentaine d’heures par semaine et en travaillais quelque 50 à 60 dans mon rôle de directeur général, » dit-il dans un soupir rieur.
On peut aussi dire que MacMillan sait comment, comme le veut le dicton, ‘remplir un endroit’. Pendant qu’il occupait le poste de directeur général, il a attiré dix mille fans à un concert donné par ‘The Eagles’ dans le champ intérieur de Rideau Carleton. Oui, ces Eagles!
MacMillan considère sa formation comme un outil indispensable dans l’administration de son exploitation à titre d’entraîneur. « Elle m’a aidé dans mes analyses de coûts. Beaucoup d’entraîneurs pensent qu’ils font de l’argent mais ils n’en font pas. Gagner des courses ne veut pas nécessairement dire faire de l’argent. Ce n’est pas ce que vous gagnez, c’est ce qui vous reste. » Parlant avec l’objectivité passionnée de col blanc, ce gagnant de 1396 victoires à vie et de 8 124 626 $ en bourses, accorde encore un côté humain aux dollars et cents. « Je veux dire, j’aimerais avoir un tracteur tout neuf, une remorque à chevaux ou des sacs pour harnais, mais en bout de ligne, ces coûts sont déduits du résultat net. Alors nous ne sommes peut-être pas équipés des plus récents harnais et envoyons parfois nos chevaux à la barrière avec des copeaux dans la queue, mais leurs fers sont toujours bien fixés et les chevaux sont toujours en condition. »
Quand il s’agit de demeurer fidèle à ses racines, celles de MacMillan sont profondes dans les terrains de course de l’Eastern Ontario. « J’ai fait de l’entraînement sur le circuit WEG durant deux ans dans les années ’80, mais je ne m’y sentais pas à la maison. J’ai vu une chance de mettre sur pied la Horsemen’s Association et à partir de là, nous avons pu avoir des courses à l’année, et en plus, je m’ennuyais des courses à Rideau. »
En plus de tout cela, MacMillan trouve encore le temps de redonner à la communauté des courses et plus encore. À titre de directeur de la National Capital Region Harness Horse Association, il met à contribution ses habiletés en marketing, dans l’organisation de grandes promotions sur piste au profit d’œuvres de bienfaisance locales. La ‘Night of Champions’, qui se tenait à chaque été, ne remplissait pas seulement le tarmac mais augmentait la cagnotte de la soirée, tout en recueillant des milliers de dollars pour la mission Shepherds of Good Hope. Malheureusement, la fin du programme SARP a dissipé le budget du groupe pour la tenue de tels événements mais MacMillan reste optimiste par rapport au rôle de son association qui a une voix pour les hommes de chevaux locaux. « Le rôle de la NCRHHA est moindre que la répartition des profits depuis la disparition du SARP. C’est maintenant un rôle de travail avec nos partenaires à Rideau Carleton afin de faire croître notre industrie vers l’avenir. Nous devons faire le maximum de ce que nous avons et, à cet égard, nous venons de signer une nouvelle entente avec le RCR qui sécurisera la présentation de courses en direct pour les deux prochaines années. »
Quant à l’état des choses entourant les courses à Ottawa, « Il va sans dire que l’environnement actuel est difficile tant pour les propriétaires, entraîneurs et conducteurs de cette région, mais au moins il y a une certaine stabilité. » Il poursuit, revenant sur sa vision des affaires, « Nous avions essentiellement atteint le fond du baril, mais afin de rester en affaires, il nous a fallu nous adapter pour rencontrer le modèle courant devant nous. L’opportunité de faire courir d’aussi grandes écuries n’existe plus comme avant quand il y avait 60 courses par semaine. Nous avons maintenant 22 courses par semaine, il nous a donc tous fallu s’adapter à notre modèle d’affaire. »
Mis à part ces défis, MacMillan entrevoit un avenir brillant pour les courses à Ottawa. En disant que ses pieds sont fermement implantés dans l’est de l’Ontario. « Je ne déménagerai jamais. L’administration et la propriété à Rideau Carleton ont d’abord et avant tout, les courses à l’esprit. Je crois que s’il y a un moyen pour le RCR de soutenir sa présente structure ou de l’améliorer, les propriétaires et l’administration à Rideau Carleton feront le travail. La chose sur laquelle nous pouvons compter, c’est que les propriétaires sont de notre côté. » C’est une belle analogie à la boxe pour un homme qui, pour le moment présent, aura besoin d’un bras gauche fort comme coup de poing.