Inspiré par la loyauté?
Quand Jeff Gural, propriétaire de Meadowlands, s’est élevé pour questionner la loyauté des conducteurs de son hippodrome, plein de gens dans l’industrie en ont pris bonne note. Les conducteurs de courses sous harnais sont-ils obligés d’être loyaux à un hippodrome ou peuvent-ils simplement aller là où l’argent se trouve? Trot a demandé à quelques-uns des meilleurs conducteurs où commence et finit leur loyauté.
Story by Debbie Little
EN CES TEMPS OÙ LES ATHLÈTES PROFESSIONNELS CHANGENT d’équipe aussi souvent que de sous-vêtements, les conducteurs de courses attelées sont-ils différents? Non, et pourquoi le seraient-ils? À la différence de leurs homologues de la MLB et de la NBA, les conducteurs de courses attelées n’ont pas de contrats et de ce fait, aucune garantie financière.
Ce qui fait que les conducteurs restent au même hippodrome durant une certaine période de temps c’est la même chose qui fait que n’importe qui garde son emploi : l’argent.
Alors pourquoi la loyauté à un hippodrome est-elle présentement une question cruciale? Parce que quelques conducteurs choisissent de quitter Meadowlands malgré les efforts de Jeff Gural pour les retenir.
« L’année dernière, Yannick Gingras et George Brennan sont partis à Yonkers pour y conduire. J’ai rencontré tous les conducteurs pour leur demander d’appuyer mes efforts de redressement de la situation, ce qui serait certainement à leur avantage. Yannick y a songé et décidé de revenir alors que Brennan décida que de conduire pour Lou Pena et autres à Yonkers serait à son avantage. Si les autres conducteurs avaient pris la même décision, il n’existerait plus de Meadowlands, » de dire Gural.
En janvier, Brian Sears a choisi de courir à plein temps à Yonkers plutôt que de partager son temps entre trois hippodromes (Yonkers, Meadowlands et Harrah à Philadelphie) tout comme il le faisait l’an dernier. Sears dit que sa décision, tout comme celle des autres conducteurs, n’est qu’une « question de survie ». Il s’agit d’économie. Il faut aller là où on peut survivre. Là où on peut gagner notre vie. »
Gingras croit que personne ne devrait contester les choix de Brennan ou Sears ou lui-même, quant à cela.
« Ce qui m’a fait changer d’idée, c’est que je veux mener de bons chevaux. Brian est dans une situation différente de la mienne dans sa carrière. Il obtient encore de très bonnes montures sans être sur les lieux tous les jours, mais en ce qui me concerne, je suis encore jeune et j’ai besoin d’être à Meadowlands pour obtenir ces courses stake, et à la fin de la journée, cela s’est avéré être la décision à prendre pour moi, » de dire Gingras.
« Je pense qu’il est malheureux de voir toute l’attention que suscite cette question, car il y a bon nombre de conducteurs habiles qui vont prendre leur place et cela donne une chance à quelqu’un d’autre. Ils ne quittent pas Meadowlands parce qu’ils n’aiment pas Meadowlands. Ce n’est pas cela. Ce n’est rien de personnel. Je souhaiterais qu’ils soient ici. Je voudrais courir contre les meilleurs conducteurs du monde. C’est la raison pour laquelle je suis venu à Meadowlands, » ajoute-t-il.
En plus de Gingras, de jeunes conducteurs pleins d’avenir tels Joe Bongiorno, Simon Allard et Corey Callahan se font les mains pour devenir les prochains grands au Big M.
« Brennan et Sears sont deux des meilleurs conducteurs au pays et ils le sont depuis des années, alors ces deux gars-là partis, cela ouvre beaucoup d’occasions de courses et facilite les choses pour nous tous. On ne peut pas juste venir ici durant l’été et espérer obtenir les meilleurs chevaux coureurs de stakes, alors j’y vais maintenant et je m’y fais la main dans l’espoir de me préparer pour un bon été, » dit Callahan.
Callahan, qui mène de façon régulière à Dover Downs, cède ses samedis au Delaware pour mener les vendredi et samedi soirs à Meadowlands afin de démontrer son appui à l’hippodrome.
« Fondamentalement, Jeff a pris sur lui-même de maintenir Meadowlands bien vivant et de sauvegarder les courses de chevaux, alors qu’il demande aux gens d’être là pour présenter un bon produit, je crois que ce n’est pas nouveau à entendre, » dit Callahan.
« Je sais que Jeff aime vraiment les courses de chevaux attelées et qu’il veut qu’elles survivent, mais c’est aussi un homme d’affaires avisé et je ne crois pas qu’il aurait entrepris un tel projet sans penser qu’il y a de bonnes chances que Meadowlands devienne la grande vedette des hippodromes, » ajoute-t-il.
Mais compte tenu du nombre limité d’années nécessaire pour maximiser leur investissement, les athlètes n’ont pas le luxe d’attendre pour voir ce qui pourrait arriver en cours de route, même si ce devait éventuellement être un excellent retour sur investissement.
Pour Jody Jamieson, l’avenir est peut-être encore plus incertain en raison de l’échéance du 1er avril concernant l’annulation du programme Ontario’s Slots-At-Racetracks.
« Je crains que la question de loyauté ne dépasse pas l’argent que je vais gagner ce soir, et tout aussi à courte vue que cela puisse paraître, il faut s’attarder à quelques-uns des grands conducteurs passés et voir combien de temps a duré leur carrière. Sincèrement, j’ai bien peur que ma carrière ne durera pas aussi longtemps que la leur juste à regarder les plus grands. Regardez Buddy Gilmour ou Bill O’Donnel. O’Donnel aime bien servir cette fameuse raillerie. S’il y a eu un excellent cheval de course dans les années 1980, il l’a conduit. Et c’est aussi loin que c’est allé. Il n’a conduit aucun bon cheval dans les années 2000, ni même à la fin des années 1990, quant à cela. Est-ce que cela s’avérera pour Jody Jamieson? Je n’en sais rien. Alors la loyauté est une question difficile, » de dire Jamieson.
« J’aime le fait que Jeff Gural veut avoir les meilleurs conducteurs à sa piste, mais il est très difficile pour ces conducteurs de dire, ‘je vais demeurer à Meadowlands et faire moins d’argent’, quand au moment où les choses se redresseront à Meadowlands, et espérons-le, le plus tôt possible, ils pourraient être dépassés. Je pense que là repose toute l’inquiétude, » ajoute-t-il.
Jamieson dit que les choses devraient aller vraiment mal avant qu’il n’envisage d’aller courir sur une base régulière à l’extérieur de l’Ontario, mais par opposition à Meadowlands, il n’est pas certain si l’administration locale de l’hippodrome se préoccupe de l’endroit où il course.
« Je ne suis pas certain de l’attention que porte Woodbine au fait que je sois là. Peut-être sont-ils concernés et peut-être ai-je grossièrement sous-estimé la situation. Mais je ne suis pas certain à 100% qu’ils sont heureux que je sois là ou pas, » dit-il.
Bien qu’il n’y ait aucune menace de fermeture à Meadowlands, les jeux alternatifs dont disposent ses états avoisinants peuvent encore être très éloignés puisque le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, s’oppose formellement à tout ce qui pourrait aller à l’encontre des intérêts des casinos d’Atlantic City.
« Un Meadowlands en santé peut faire beaucoup pour le sport en général. Je pense la même chose de Woodbine. Si ces hippodromes sombrent, je crois que l’industrie pourrait sombrer aussi, » de dire Gingras.
« Que je sois à Meadowlands, fait-il une différence? Personnellement, je ne le crois pas. Je pense que les gens parient parce que c’est un peloton de 10 chevaux, parce qu’il y a de grosses cagnottes. Je ne pense pas qu’ils gagent sur Yannick Gingras ou Brian Sears ou George Brennan. Mais à la fin de la journée, si c’est ce qu’ils croient, c’est au moins ce que je peux faire pour Jeff, lui donner cela, mais je ne suis pas d’accord. Peut-être a-t-il raison, je n’en sais rien, » d’ajouter Gingras.
John Campbell a conduit la majeure partie de sa carrière à Meadowlands et il dit que les conducteurs sont toujours allés là où est l’argent.
« Quelqu’un va remplir le vide. Quand Brian est venu ici, il n’était certainement pas aussi connu qu’il ne l’est maintenant, alors fondamentalement il s’est mérité cela, et maintenant, quelqu’un d’autre va avoir la même possibilité de faire le saut et répéter ce que Brian a fait, » au dire de Campbell.
« Je comprends très bien la position de Jeff. Il essaie de maximiser les dollars de paris et nous parions le plus, et de loin, que sur toutes les pistes d’Amérique du Nord. Cela ne s’en approche même pas, et il veut s’assurer que son spectacle soit le meilleur, si possible. Je comprends ces deux positions mais je ne pense pas qu’il se trouve une solution optimum. Tout est question de dollars pour Jeff, de même pour Brian. Ils veulent tous deux maximiser les dollars, seulement ils ne veulent pas le faire au même hippodrome, » ajoute-t-il.
Et dans le cas de Gural, l’essentiel semble être de joindre le geste à la parole, en investissant son argent et en continuant de présenter le meilleur produit possible dans l’espoir qu’un jour il pourra équitablement concurrencer les riches hippodromes détenteurs de machines à sous à New York et en Pennsylvanie.
« De façon générale, je pense qu’il y a très peu de loyauté et les gens font ce qui est le mieux pour eux financièrement, ce qui est préjudiciable parce que j’y investis tant de temps, d’effort et d’argent, mais j’espère qu’un jour, j’obtiendrai des machines à sous et je pourrai alors choisir et sélectionner qui courra ici. Ce jour n’arrivera jamais assez vite, mais en attendant, je ferai de mon mieux, » de dire Gural.