TROT rend hommage aux 14 ans
Chaque année, dans notre numéro des fêtes, nous aimons regarder de plus près un certain nombre de guerriers de 14 ans qui ont couru jusqu’à leur dernière année d’éligibilité. Parfois, ce sont des noms familiers, et parfois ce sont des noms dont vous n’avez probablement jamais entendu parler, mais tous ont une chose en commun : ils ont continué à courir jusqu’à leur dernière année d’éligibilité, et pour cette seule raison, ils méritent des éloges. Par Melissa Keith / Traduction Manon Gravel
Distinctiv Sean : le parcours d’un Ambleur populaire passant de « Turbulent » à « Licorne »
Lorsque Distinctiv Sean (p,1:55.2f -’16; 81 948 $) s’est qualifié pour la première fois, au Hiawatha Horse Park de Sarnia, en Ontario, le 30 août 2014, il avait quatre ans et était un cheval très différent de celui d’aujourd’hui.
Après avoir terminé deuxième pour le conducteur Alex Lilley ce jour-là, battu par 28 ¼ longueurs, le cheval hongre, foncé, fils de Rambaran - AJ Magnolia Steel a continué à courir toutes les saisons suivantes, à l’exclusion de son année de sept ans, jusqu’à son dernier départ en carrière, le 11 août 2024 au Leamington Raceway.
Au début de sa carrière de coursier, il était de couleur presque noire, mais comme par magie, Distinctiv Sean est devenu presque blanc, méconnaissable, après l’âge de sept ans. Sa grand-mère était une fille grise de l’étalon gris Laag, c’est donc très probablement de là qu’il vient.
Vic McMurren a entraîné Distinctiv Sean tout au long des 225 départs du hongre sur les hippodromes du sud-ouest de l’Ontario – tous, sauf un, étant disputés sur le circuit des pistes « B ». Le conducteur d’Essex, en Ontario, raconte à TROT que le nom du cheval perpétue l’héritage de feu Sean Alward, un entraineur de Standardbred décédé à l’âge de 30 ans. La bataille d’Alward contre le cancer s’est malheureusement terminée le 28 octobre 2009.
« Sean [l’humain] s’occupait de la mère de ce cheval », a déclaré McMurren. Cependant, Sean n’a jamais rencontré Distinctiv Sean. AJ Magnolia a mis bas son poulain le 18 mars 2010.
Distinctiv Sean était le seul cheval de course appartenant au père de Sean, Ken Alward de London, en Ontario. C’est en se concentrant sur le cheval, ainsi que sur sa famille, ses amis et sa foi, que Ken a réussi à surmonter une série de pertes inimaginables survenues en peu de temps (juillet 2009 - août 2010). C’est au cours de ces 13 mois que Ken Alward a vécu la mort de sa femme, Cindy ; son père, Bill ; son neveu, Scott ; sa belle-mère, Vera ; et son fils, Sean tel que mentionné ci-haut.
Comme indiqué dans le reportage de TROT de novembre 2014, intitulé Peace, Hope & Happiness, c’est le collègue de Ken chez Wilson’s Tack, Bert Newman - le co-éleveur du cheval - qui a donné au poulain le nom du défunt fils de son ami. Newman a pu le dire à Sean, qui était fièrement d’accord avec le plan, lors de sa dernière visite au jeune homme qui avait travaillé à Seelster Farms, Killean Acres et Stonebridge Farms, pour n’en nommer que quelques-uns.
Sur la piste, il a fallu quelques années à Distinctiv Sean pour trouver son rythme de victoire. Après un passage chez les Mennonites, il a fallu encore deux ans à McMurren pour amener le cheval à cette qualification. Mais il n’a jamais abandonné et le hongre difficile à dompter a enregistré sa première victoire à la piste Leamington Raceway le 28 septembre 2014, avec Ken Alward et ses filles Regan et Dawn présents pour cette victoire émouvante.
Ce fut également une victoire un peu émouvante pour McMurren – pour une raison différente.
« C’était émouvant pour moi aussi », a déclaré Vic en 2014. « Cela a été deux années de travail acharné. Nous l’avons récupéré des Mennonites début 2012, et beaucoup de travail a été nécessaire pour l’amener à ce point. Je ne me fais généralement pas prendre en photo avec mes chevaux après une victoire, mais ce jour-là, je me suis assuré de le faire. »
Ça allait être la première d’une séquence de trois victoires consécutives pour le propriétaire Alward, l’entraîneur McMurren et le conducteur Lilley, une équipe qui l’accompagnait fréquemment tout au long de ses jours de course. McMurren a également remercié Gord MacDonell d’avoir aidé à amener Distinctiv Sean aux courses.
L’ambleur originalement foncé a remporté 14 courses au cours de ces 225 départs à vie, coursant principalement à Leamington, Sarnia, Dresden Raceway et Western Fair. Au cours de cette période, il s’est également forgé une réputation pour ses mauvaises manières, ce qui l’a conduit à une occasion de larguer la personne assise derrière lui, Logan, le petit-fils de 27 ans de McMurren, et même à détruire le « jog cart ».
« [Logan] l’a entraîné une fois et [Distinctiv Sean] s’était très bien comporté. Il était juste en train de le marcher pour le « refroidir » avec les guides lousses. Le cheval est tombé, a cassé le « jog cart » et Logan s’est cassé l’épaule. »
Quelle est la cause de cet accident ? « Il n’a pas écouté son grand-père ! » rigole Vic.
Distinctiv Sean se distinguait par la façon dont il avait besoin d’être conduit ou même dirigé. « C’est un cheval avec qui il faut tenir les guides », a expliqué McMurren. « Alex [Lilley] et Tony [Hamlin] l’aimaient, mais on ne pouvait pas garder les guides « lousses ». Il aurait tombé sur le nez si vous ne teniez pas les guides. Je le sais, il me l’a fait ! »
Malgré ce qui manquait à Distinctiv Sean en termes de capacités naturelles, il l’a plus que compensé par d’autres moyens. « Ce n’était pas le cheval avec la démarche la plus élégante au monde », a déclaré son entraîneur à TROT. « Il devenait maladroit en allant lentement, mais dès qu’il allait vite, tout se replaçait. »
Un fait inconnu de plusieurs, le gris distinctif était un cheval de fer qui est revenu après de multiples fractures qui auraient définitivement mis de nombreux chevaux à l’écart.
« Il se cassait des os en ruant dans les murs », a déclaré McMurren, qui a ajouté des tapis en caoutchouc sur les côtés du box du hongre pour éviter que cela ne se reproduise. « Il s’est cassé les deux sésamoïdes de sa patte arrière droite, puis son P1 [long paturon] arrière gauche. »
Malgré sa réputation de fougueux en tant que jeune cheval (un panneau avec le mot « Jerk » est apparu sur la porte de son box lorsqu’il a été cassé par des mennonites), les coups de pied de Distinctiv Sean n’étaient pas mesquins ni dirigés contre d’autres chevaux ou des personnes. Le hongre, surnommé « Seabiscuit » par la palefrenière Jenny Lawson, se contentait de donner des coups de pied avec une excitation joyeuse lorsqu’elle apportait de la nourriture ou des friandises à son stalle du Leamington Raceway.
Il y a aussi eu un accident épeurant à Western Fair.
Distinctiv Sean avait gagné ce soir-là, avec Alex Lilley sur le sulky, le 22 novembre 2016, battant sept autres chevaux à réclamer à 12 500 $ en 1 :59. Cependant, il est revenu en boitant après la course et n’est revenu qu’aux qualifications de Leamington le 15 octobre 2017 - mais il n’était pas encore prêt à reprendre la course non plus.
« À London, il a fait un mauvais pas après le fil et s’est cassé un « coffin bone ». Il a fallu près de 17 mois pour le ramener », se souvient son entraîneur. « Il voulait juste courir. Le vétérinaire a dit : « Il pourrait ». Nous avons juste dû le laisser inactif dans son box jusqu’à ce qu’il soit suffisamment prêt pour reprendre progressivement l’entrainement. »
« Il s’est qualifié et il a bien paru, mais le lendemain matin, il a eu un petit « outch », et il a ensuite pris encore six mois de congé. »
Distinctiv Sean s’est qualifié à nouveau le 13 avril 2018 à Western Fair, pour finalement y faire son retour au pari mutuel le 18 mai. Le 14 juillet, il est finalement revenu dans le cercle des vainqueurs pour Lilley, battant huit autres chevaux à réclamer à 7 000 $ au Hiawatha Horse Park en 1:57,3. Il a ensuite remporté la moitié de ses six départs à Leamington cet automne-là.
La dernière victoire du hongre remonte au 25 août 2019 à Leamington. Sans victoire lors de ses 105 derniers départs en carrière, le cheval est resté un favori des fans partout où il a couru, rivalisant avec des adversaires plus jeunes et frappant encore occasionnellement le tableau. 2023 a été sa meilleure année depuis 2019 en termes de revenus, ayant terminé neuf fois parmi les trois premiers sur 38 départs saisonniers.
« Ces deux dernières années, je ne l’ai jamais réchauffé. Il transpirait trop », a noté McMurren. Distinctiv Sean était simplement « en feu et prêt à partir » chaque fois que venait le temps de courir.
Cette année, la saison et la carrière de Distinctiv Sean se sont terminées quelques mois avant que McMurren ne l’aurait souhaité. « Je voulais qu’il continue jusqu’à la dernière soirée à London, pour l’Auld Lang Syne », a-t-il déclaré, faisant référence à la course que Western Fair organise traditionnellement pour les chevaux de 14 ans prenant leur retraite le soir du Nouvel An. La démarche pas très élégante du hongre, combinée à son âge, a cependant conduit à des retraits répétés par le vétérinaire à Leamington. McMurren maintient qu’il était sain.
La possibilité d’offrir à Distinctiv Sean une retraite idéale a également été un facteur décisif dans le choix du moment. Son propriétaire de toujours, Ken Alward, avait lui-même commencé à éprouver des problèmes de santé. McMurren a été approché par « une dame qui voulait un cheval blanc » et était prête à dépenser entre 7 000 et 8 000 $ pour l’ornement de pâturage idéal.
« Mais mon propriétaire ne voulait pas le vendre », a ajouté Vic.
Alward avait d’autres idées pour le cheval que McMurren appelle fièrement l’une des « dernières courses de Rambarans ». Distinctiv Sean a été « vendu » à Nancy Nelson, propriétaire d’un centre équestre de Kingsville, en Ontario, et à sa fille Ashley « pour une bouteille de bon whisky irlandais ».
Le hongre s’est aisément installé dans sa nouvelle maison. « C’était un cheval de course et il a toujours été à l’écurie sur l’hippodrome jusqu’à sa retraite », a déclaré son entraîneur. « Nancy a dit qu’après environ trois jours, il s’était calmé et était parfait. »
Distinctiv Sean vit désormais aux côtés de quatre chevaux de selle, plus « 20 chèvres et cerfs qui sortent toujours des broussailles », selon McMurren, qui a ajouté que lui aussi se retirait du sport.
« J’ai fini. J’aurai 80 ans à mon prochain anniversaire », a déclaré l’homme à chevaux amateur. « J’ai quelques centaines de victoires. Je n’étais pas sérieux à ce sujet.
McMurren a pris une retraite anticipée de la Chrysler Corporation à l’âge de 49 ans pour arbitrer du hockey, courir des Standardbred et même être maire d’Essex, en Ontario, pendant sept ans. « J’ai eu beaucoup de plaisir à entraîner les chevaux. Lindsey Kerr les a maintenant », a-t-il déclaré. Le petit-fils Logan travaille dans l’écurie de course de Kerr ; McMurren a déclaré qu’il considérait son défunt père, Randy Kerr, comme « un très bon ami ».
Distinctiv Sean a commencé à avoir du blanc dans sa queue à l’âge de sept ans. « Je pensais qu’il avait peur de moi et c’est pour ça qu’il devenait blanc », a plaisanté McMurren.
En vérité, le hongre courageux commençait sa métamorphose de cheval de course col bleu en licorne.
« C’est ainsi que la fille de Lindsey, Macy, l’appelait tout le temps, une licorne », a expliqué McMurren. « Tout le monde l’aime, surtout les filles. C’est un beau cheval. »
Même si difficile sur la piste, Distinctiv Sean avait un côté doux dans l’écurie, surtout quand des enfants étaient là. « Katie, la fille de neuf ans de Tony Hamlin, demandait : « Puis-je faire sortir Sean et le brosser ? » », se souvient McMurren.
L’ambleur d’un blanc pur est susceptible de profiter d’une vie de plaisirs, mais pourrait également avoir du potentiel comme cheval d’équitation. « Il était très doué avec les enfants ou avec toute personne assise sur son dos. Nancy pourrait bien lui mettre la selle. J’ai dit que cela ne prendrait pas très longtemps », a-t-il ajouté.
McMurren a déclaré qu’il allait s’ennuyer de courser Distinctiv Sean, mais il est content de savoir qu’il est dans une bonne maison, avec des tapis en caoutchouc montés à l’intérieur de sa stalle. Il prévoit de rendre visite à Sean « assez souvent » et d’amener Jenny Lawson, 75 ans, lorsque cela sera possible.
« C’était un cheval très agréable avec qui travailler. Beaucoup de gens le voulaient, en particulier dans la communauté des courses attelées », a déclaré McMurren. « J’ai eu beaucoup de chevaux avec plus de talent que lui, mais je n’ai jamais eu de cheval avec plus de cœur. »
UF Bettors Hanover : Prendre soin de ceux qui ont pris soin de nous
C’était le poisson d’avril 2024, mais ce n’était pas une blague pour les relations de UF Bettors Hanover (p,1:51,4s -’15; 502 708 $), car le propriétaire/entraîneur Scott West de Rockwood, Ontario avait pris la décision de retirer son ambleur de 14 ans.
La merveille au visage blanc a terminé septième lors de son dernier départ, un amble à réclamer de 10 à 12 000 $ au Woodbine Mohawk Park. Le fils hongre de Bettors Delight - Sly Girl Hanover avait cependant définitivement mérité une retraite confortable. « Il est devenu peu sensible lors de son dernier départ, alors nous avons simplement laissé tomber avec lui », a déclaré Kate Currie, la partenaire de Scott, qui partageait les tâches d’entraînement et de soins du cheval préféré de la famille.
Atteindre sa dernière saison sur le circuit était cependant une fin improbable pour commencer, pour UF Bettors Hanover – nom d’écurie « Bettor ».
Le hongre bai rougeâtre a débuté sa carrière en juin 2012 à la piste Saratoga Harness dans l’état de New York, courant pour l’entraîneur Jon Simser et divers catch drivers. Il a participé aux épreuves NYSS à Monticello, Buffalo, Batavia, Tioga, Vernon et Saratoga à l’âge de deux ans, principalement au niveau Excelsior, et n’a gagné que 8 718 $ en 12 départs.
Il a obtenu son premier record le 28 avril 2013 à Saratoga, gagnant pour le conducteur Daniel Cappello en 1: 56,4 et répétant au même classement une semaine plus tard. Il a remporté sa première (et unique) division NYSS Excelsior le 14 juillet 2013 à Buffalo pour le conducteur Cat Manzi, mais est resté sans victoire le reste de sa deuxième saison, gagnant 25 056 $ à l’âge de trois ans.
« En 2013, je l’ai eu au Delaware, dans l’Ohio, lors de l’encan Blooded Horse Sale en novembre », a déclaré West à TROT. « J’avais besoin d’un cheval, et c’était un jeune cheval, seulement trois ans, et ses lignes n’avaient pas l’air si mal. Le gars qui l’avait, je savais que c’était un bon homme à chevaux, pas quelqu’un qui abuse des chevaux ou quoi que ce soit, donc je savais que j’allais avoir un cheval sain, ou du moins je pensais que j’en avais un. »
Le partenariat n’a cependant pas bien démarré lorsque, après les 7e et 2e places à l’arrivée, le cheval a fait un bris d’allure au départ à son troisième départ pour la nouvelle connexion.
« Je l’ai envoyé à Yonkers lors de son troisième… départ », se souvient West. « Il a brisé son allure, comme il ne portait pas de bottes et il s’est cogné le tendon. Nous avons dû l’emmener à la clinique et ils m’ont dit qu’il ne courrait plus jamais. Ils ont également dit qu’il en coûterait 10 000 dollars pour l’opérer. »
C’était une blessure grave. « Il a sauté sur son boulet pendant la course et a sectionné son tendon et sa gaine. »
Currie se souvient également de la blessure du cheval de quatre ans et de son rétablissement ultérieur. « Il est allé chez Rhinebeck Equine pendant quelques jours, puis notre vétérinaire, le Dr [Peter] Kanter à Buffalo l’a emmené pour nous pendant environ deux mois et l’a guéri », a-t-elle déclaré à TROT. « Rhinebeck nous a dit qu’il ne courrait plus jamais. Le Dr Kanter était presque sûr qu’il reviendrait s’il prenait soin de lui – et il l’a fait. »
Ce n’était pas non plus la seule procédure majeure de l’UF Bettors Hanover.
« À 11 ans, nous avons opéré son ligament annulaire parce qu’il était sorti un tendon sur sa patte avant droite », raconte West. « À 12 ans, il s’est fracturé un sésamoïde à Flamboro Downs. Il avait la pôle et a fait un bris d’allure, provoquant un faux départ car nous avons causé de l’obstruction au cheval partant en 2e rangée. Il a quand même fini par gagner la course [le 6 novembre 2022], mais il a dû subir une intervention chirurgicale pour retirer l’os cassé. »
Malgré les blessures et les interventions chirurgicales, le hongre a continué à revenir, courant chaque saison de ses 12 années de carrière, participant principalement à des courses à réclamer.
« Il a eu 411 départs et il a gagné en moyenne environ 1 200 $ par départ, ce qui est plutôt bien pour un cheval de son âge », a déclaré West. « Il prenait toujours soin de nous et nous rapportait de l’argent à la maison. Il gagnait probablement en moyenne quarante mille [dollars] par an… On pouvait toujours compter sur lui. »
UF Bettors Hanover a pris sa marque à vie de 1: 51,4 lors d’une victoire à un rythme effréné à Vernon Downs le 25 mai 2015 avec Justin Huckabone sur le sulky. Il y a égalé son record personnel, deux semaines plus tard, pour le conducteur Jimmy Whittemore Jr., et de nouveau le 7 mai 2016 à Mohawk, remportant une course à réclamer de 20 à 25 000 $ pour Phil Hudon.
Au cours d’une carrière plus marathonienne que sprint, le hongre de West a pris sa retraite avec 47 victoires à vie, dont la plus récente le 18 décembre 2023 à Mohawk, sous la conduite de Scott Young. Selon le propriétaire/entraîneur d’UF Bettors Hanover, qu’est-ce qui a contribué à cette longévité sur la piste ?
« Eh bien, il est plutôt facile avec lui-même », a déclaré West. « Il ne s’est jamais vraiment énervé à l’entraînement ou quoi que ce soit. Nous l’avons mis en forme en course parce qu’il n’aimait pas s’entraîner très vite. C’était un cheval qui n’aimait pas s’entraîner, donc je ne l’ai pas trop entraîné. Il prenait bien soin de lui et nous n’étions pas durs avec lui non plus. »
Protéger le cheval contre la possibilité de se faire réclamer alors qu’il était au sommet de ses jours de course est devenu une priorité, même si cela signifiait moins de chances de gagner. Les derniers départs d’UF Bettors Hanover ont même eu lieu dans la classe à réclamer entre 10 et 14 000 $.
« Lors de ses trois derniers départs dans une course à réclamer à 8 000 $ [à Mohawk, en février 2024], il a terminé deuxième à chaque fois et il gagnait environ 2 000 $ par semaine. C’est pourquoi les gens le surveillaient », a noté West. « Il y avait une série Pop-Up qui s’en venait à huit [mille dollars], et il aurait pu la gagner. Mais quelqu’un l’aurait réclamé, car ils partent pour 15 000 $ en finale. Je ne voulais pas lui faire ça. »
De toute façon, UF Bettors Hanover a une nouvelle carrière.
« C’est le cheval de ma fille MacKenzie. Elle a huit ans », a déclaré West. « Quand il se couche dans son stalle, elle va se coucher avec lui. »
« C’est tellement un bon vieux garçon. Il y a beaucoup d’enfants qui l’aiment », a ajouté Currie. « Il y a d’autres enfants qui viennent à l’écurie et jouent aussi avec lui. [MacKenzie] le monte maintenant. Eh bien, là l’hiver arrive, mais tout l’été, elle l’a monté depuis qu’il a pris sa retraite. Elle est sur son dos depuis quelques années. »
À l’avenir, les compagnons de pâturage d’UF Bettors Hanover doivent être compatibles avec sa douce personnalité. « Je l’ai renvoyé avec mon Quarter-Horse dans le pâturage, mais mon Quarter-Horse l’a trop battu », a déclaré Currie. « Maintenant, il est dans l’écurie des chevaux de course et nous le mettons avec le cheval qui a besoin d’une baby-sitter. Nous venons de le mettre avec un yearling [récemment] et elle l’aimait bien. »
« Cette nature douce fait de ‘Bettor’ un parfait professeur équin pour la prochaine génération », a déclaré West. « La fille de René Bourassa vient faire son tour… elle s’approche de lui, va dans son box et fait tout avec lui : lui prend les pieds, le brosser, essaie de lui mettre des bandages. »
La seule exception est lorsque Bettor commence à crier pour réclamer ses repas. « Il devient alors unique en son genre. Il se prend pour un étalon lorsqu’il s’agit de se nourrir », rit West.
Scott a déclaré à TROT qu’il était reconnaissant pour la résilience du hongre : « Nous n’avons vraiment pas souvent de très bons chevaux, alors quand un cheval peut vous rapporter 40 000 $ par an [pendant plus d’une décennie], et qu’il vous en coûte moins de 20 000 $ par an pour le garder », ce cheval est une bénédiction.
« Il a déjà effectué 16 départs de suite sans manquer un chèque », rayonne West, en référence à une séquence productive du 30 juillet au 16 novembre 2020 à Mohawk.
Cette relation entraîneur-cheval ne peut cependant pas être réduite qu’à une relation financière. « J’aurais pu le partir dans le « claiming » à huit [mille dollars], mais nous avons essayé de faire attention à lui. Nous aimons nos chevaux. C’est pourquoi il a couru longtemps pour nous. »
Et c’est pourquoi il aura un bon foyer – pour toujours.
Gotfaithincowboys : Agressif… Compétitif… Toujours
La majorité des chevaux qui courent à 14 ans sont des hongres, mais cette partie du texte parle d’une bonne vieille jument de l’île du Cap-Breton.
Dès l’âge de deux ans, Gotfaithincowboys (p, 1:57,4h - ‘16; 51 953 $) a couru chaque saison de sa vie, et 274 de ses 280 départs en carrière ont eu lieu à Northside Downs à Sydney.
Débutant lentement à l’âge de deux ans, la pouliche issue de Brandons Cowboy - Scented Candle s’est qualifiée pour la première fois en août 2012, terminant deuxième par un nez pour le conducteur Martin Bates. Le cousin de Martin, Angus Gillis, l’a entrainée à New Waterford, en Nouvelle-Écosse, pendant une grande partie de sa carrière, mais c’était essentiellement un effort de groupe depuis le début, entre les deux cousins et le défunt frère de Martin, Barry.
Récemment, lors de la cérémonie de retraite de la jument de 14 ans, le 10 novembre 2024, sur la piste de North Sydney, en Nouvelle-Écosse, l’animateur Shane Ryan a résumé de manière colorée l’éducation précoce de Gotfaithincowboys :
Elle s’est avérée être tout un contrat après l’avoir cassée sur le bicycle. Elle s’arrêtait dès que quelqu’un montait à bord, donc Angus devrait sauter et la tirer. Cela a duré un moment, mais une fois qu’elle a compris, tout allait bien. Cependant, elle voyait toujours des choses dans les arbres lorsqu’elle joggait et sautait de côté. Au moins une fois par semaine, on pouvait se retrouver dans le fossé ou dans le champ à l’intérieur de la piste. À ce jour, elle cherche quelque chose pour sortir et l’attraper. C’est dur pour les nerfs de son entraîneur. Gotfaith a une personnalité unique.
Gotfaithincowboys, âgée de deux ans, a fait ses débuts au pari mutuel le 8 septembre 2012, terminant deuxième sur sept partants à Northside Downs. La pouliche d’élevage local a terminé quatrième dans une division « B » des Atlantic Sires Stakes le 22 septembre, concluant ainsi sa brève saison de première année (trois départs).
Le plus jeune de quatre poulains, issus d’une jument qui n’a fait qu’un seul départ dans sa vie, a ralenti et a terminé dernière à Balmoral Park en février 2005, Gotfaithincowboys est le seul rejeton de sa mère à participer aux courses. Ce qui a empêché Scented Candle et ses autres descendants de mener une carrière de course réussie n’a pas été transmis dans cette communication.
Le 18 mai 2013, la pouliche a brisé son « maiden », à Northside, en remportant la première course de son année, en 2:10,3, avec Martin Bates sur le sulky. Malgré une variante de quatre secondes sur la surface boueuse, il n’a pas été possible de rattraper la « pouliche volante » une fois qu’elle a pris les devants. Comme le dit son conducteur : « Quand elle va bien, la queue remonte et elle s’en va par là. Elle va vous donner un très bon troisième quart. Il va falloir qu’ils la rattrapent ! »
Lors de sa saison de trois ans Gotfaithincowboys a effectué quelques voyages rares mais réussis sur d’autres pistes de la Nouvelle-Écosse. « Angus l’a entrainée à New Waterford. Mon plus jeune frère Barry et moi l’avons conduite », a déclaré Martin. « Nous avons couru à North Sydney et c’était notre jument. L’accord était que nous allions tous l’entraîner et la conduire nous-mêmes. »
« Gotfaith était une gentille pouliche de trois ans, [ayant gagné près de 20 % de ses revenus de carrière lors de sa deuxième année] ... Elle a remporté un stake « B » à Inverness et le [10 625 $] Nova Scotia Stakes à Truro », a déclaré Martin. , qui était sur le sulky pour les deux victoires obtenues par en avant. La pouliche a enregistré sept victoires cette année-là et a pris une marque à trois ans de 1: 58,2, avec Barry Bates aux guides à Northside.
Bien qu’ils aient suscité l’intérêt cette année-là de la part d’acheteurs potentiels, les frères Bates et leur cousin n’avaient pas l’intention de se séparer de Gotfaithincowboys. « Il y a eu quelques discussions, mais elle n’a jamais été à vendre », sourit Martin. « Pour ce qu’on pouvait obtenir localement, on ne pouvait pas la remplacer. C’est la même chose avec quelques autres que nous avons eu. »
Ce qu’ils faisaient, c’était perpétuer la tradition familiale, en ajoutant de la valeur aux chevaux bon marché grâce à l’enseignement et à la sueur. « Barry, Angus et moi en faisions partie du plan ensemble. Nous avons fait le travail nous-mêmes : entraînement, conduite, ferrage. Il n’y a pas assez d’argent ici pour payer quelqu’un d’autre pour le faire ! »
Heureusement, ils étaient issus d’une lignée d’hommes à chevaux talentueux.
« Dans les années 50, 60 et 70, Spike Gillis [le père d’Angus Gillis] et Ray Gillis [le frère de Spike] coursaient des chevaux. Nous [notre famille] y sommes restés aussi longtemps », a expliqué Martin. « Angus et moi sommes cousins germains. Nous avons commencé quand nous étions enfants. Puis nous avons commencé à les acheter, Angus et moi. Nous courions ensemble depuis les années 70. Quand j’ai obtenu mon diplôme, j’ai acheté un cheval avant d’acheter une voiture ! »
Lorsque Gotfaithincowboys est passée à sa saison de quatre ans, elle s’est soudainement retrouvée face à des ambleurs mâles plus âgés comme Junebugs Baby (p,1:54,3f ; 138 205 $), Putnams Power (p,3,1 :55,4h ; 136 979 $) et Silver Dragon. (p,3,1:51,4 ; 289 886 $). Le 26 juillet de la même année, elle a finalement pu affronter d’autres juments et n’a remporté que deux victoires (sur 23 départs) cette année-là.
De retour en piste à l’âge de cinq ans, Gotfaithincowboys a enregistré six victoires, dont une contre le puissant surréaliste (p,3,1:53.1f; 300 980 $) le 2 juillet, puis la conquête de Junebugs Baby le 3 octobre. La jument baie avec la petite étoile frappait le tableau 14 fois en 25 essais, une indication de la plus grande star locale qu’elle deviendrait bientôt.
Gotfaithincowboys a été nommé Cheval de l’année à Northside Downs en 2016. À l’époque, elle préférait toujours un mille en avant, mais elle a également gagné avec des tactiques différentes, ce qui lui a valu sept victoires saisonnières. « C’est le genre de cheval qui devait continuer à bouger, alors nous avons continué avec elle », a déclaré Martin. « Ce n’est pas une grande jument, mais elle était agressive. Compétitive. Toujours. »
Courant et gagnant dans toutes les compétitions de Northside Downs pendant 13 années consécutives, Gotfaithincowboys a aidé à subvenir aux besoins de ses camarades d’écurie. « J’ai toujours plus de chance à courser des juments », a déclaré Martin, qui a pris sa retraite de son emploi à temps plein au ministère de la Justice de la Nouvelle-Écosse. « J’ai toujours voulu juste un cheval de course, car il faut toujours deux chevaux de course pour nourrir les autres. »
Malheureusement, le 14 avril 2022, Barry Bates a succombé à un cancer. « Il a toujours bien fait. Il adorait conduire. Il avait 13 ans de moins que moi », a déclaré Martin, la tristesse dans la voix. « Il n’avait que 52 ans. »
C’était un rappel qui donne à réfléchir. « Tout le monde vieillit, pas seulement les chevaux », soupire Martin. « Continuer avec Gotfaithincowboys ces dernières années était une façon de garder vivant le souvenir de Barry : nous étions tous proches et elle nous a gardés proches. »
L’homme à chevaux amateur a gardé d’autres juments qui ont connu du succès pour sa famille, notamment Gottobereason, 24 ans (p,1:58,1h; 27 057 $), qui a remporté 42 courses à Northside Downs, et Windsong Katie, 13 ans (p ,1:58,3f; 38 489 $), une ancienne jument de l’année Northside Downs. « De bons chevaux à leur époque », remarquait leur propriétaire.
Le 10 novembre 2024, la meilleure jument de Martin Bates est entrée sur la piste de North Sydney la tête haute et les oreilles tournées vers la tribune. Il était sur le sulky pour son 280ème départ à vie. Elle est allée en troisième chemin au trois-quarts avant de perdre des longueurs tardivement, a ensuite pris sa retraite avec 49 victoires en carrière et « a été compétitive jusqu’à la fin », selon les mots de Bates.
Lorsque Gotfaithincowboys et Martin sont revenus dans le cercle des vainqueurs pour sa cérémonie de retraite, l’annonceur de Northside Downs, Shane Ryan, l’a présentée avec un adieu approprié :
Cette jument polyvalente a couru dans la classe supérieure pendant la majeure partie de sa carrière. Aimée de ses fans, elle prendra sa retraite à South Bar, où elle est née, regardant les bateaux de croisière aller et venir.
Martin a dit à TROT qu’il n’était pas certain que les Gotfaithincowboys deviendra une poulinière. L’idée lui a traversé l’esprit l’année dernière, mais ses cycles n’ont pas coopéré. Même si elle a fini de courir, il n’a pas encore pensé aux étalons potentiels.
« Nous ne sommes pas allés aussi loin », a-t-il déclaré, ajoutant que son avenir est assuré, qu’elle produise ou non des poulains. « Elle vivra ici, dans ma ferme à South Bar, au bord de l’eau. « Faith » est née ici et elle mourra ici. Elle l’a vraiment mérité. »
Cet article a été publié dans le numéro de Decembre de TROT Magazine.
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