Un Travailleur Acharné
Alors que Paul MacKenzie, n’avait que six ans et que son grand-père, Walter Ferguson, commençait à l’emmener au Charlottetown Driving Park le temps qu’il nettoie les paddocks des chevaux pour le compte de son frère, Elmer, il ne pouvait possiblement pas savoir qu’un jour, son petit-fils deviendrait l’un des plus grands conducteurs gagnants. Mais tous deux, Walter et le père de Paul, Gordon, étaient des travailleurs acharnés, et c’était un trait de caractère qu’ils ont aussi légué à Paul. Aujourd’hui, quelque cinquante-cinq ans plus tard, après de nombreuses années de dur labeur, l’homme qu’ils appellent Lou, compte un stupéfiant nombre de 9 014 victoires en carrière, et il a gagné plus de courses en sol canadien ( 8 999) que tout autre conducteur, sauf un. Par Dan Fisher // Traduction Louise Rioux
« Mon père ne s’intéressait pas vraiment aux chevaux », explique Paul MacKenzie au cours d’un rare après-midi où il n’est pas pressé de passer de son écurie à son camion pour se rendre à London ou Flamboro afin de mener les chevaux inscrits au programme de la soirée. « Il venait me regarder conduire une fois que j’avais commencé, mais c’est mon grand-père, Walter Ferguson, qui m’a initié à ce sport. Ma mère s’appelait Myrna Ferguson avant d’épouser mon père et mon grand-père avait l’habitude d’aller aider son frère Elmer à courir. Nous vivions juste en face de l’hippodrome [Charlottetown], alors il m’emmenait avec lui », se souvient MacKenzie avec tendresse.
« A l’âge de 12 ans, j’ai commencé à travailler sur la piste pour Earl Smith. Buddy Campbell était un autre gars de qui je me souviens avoir appris un peu aussi - c’était un gars qui pouvait accrocher un cheval assez bien et vous en apprendre un peu. Mais j’ai commencé à travailler pour Earl, même pendant l’année scolaire. Quand j’étais à l’école secondaire, je me levais à 6 heures tous les jours, je nettoyais 10 ou 11 stalles, je rentrais à la maison, je me douchais et j’allais à l’école. Je revenais le soir pour faire les paddocks aussi - on était payés 5 dollars. Vous vous achetiez des frites avec une partie de l’argent et après la course, vous deviez ramener le cheval et tout le matériel à l’écurie et le ranger. C’était de longues journées mais c’était très amusant. »
« Puis je travaillais pour lui les week-ends, et les jours de congés, et tout l’été bien sûr. Ils m’ont laissé commencer à jogger quand j’ai eu environ 12 ans, je crois, et je faisais des kilomètres d’entraînement à environ 13 ans. Ils voulaient que vous atteigniez vos temps d’entraînement et j’ai appris assez vite que si je me trompais de quelques secondes, il fallait remettre la montre à zéro et l’arrêter à nouveau, au bon moment, sur le chemin du retour à l’écurie », dit Paul en riant. « Vous vouliez que je parte en [2]:30 ? Regardez ma montre, là, je suis parti en :30. »
« À l’âge de 14 ans, Garry MacDonald avait une vieille jument du nom de Gale McGee, et il me laissait la réchauffer. J’enfilais le pantalon, les gants et tout le reste... Je pensais que j’étais assez spécial à l’époque », sourit-il.
« Nous étions nombreux à apprendre les ficelles du métier à l’époque, des gars comme Harry Poulton et Wally Hennessey et Jimmy et Walter Whelan. Lorsque j’ai atteint 16 ans et que j’ai enfin pu obtenir ma licence, je suis allé la chercher avec Harold Shepherd - le père de Robert et Patrick Shepherd. Les Maritimes étaient encore sous l’égide de l’USTA à l’époque et il nous fallait aller à Summerside pour passer l’examen... il n’y avait qu’un seul test pour le permis d’entraîneur et le permis de conducteur. Quoi qu’il en soit, nous sommes allés là-bas et avons rencontré Ron MacArthur, qui était le représentant de l’USTA et qui nous connaissait. Harold avait le livre de règlements avec lui parce que nous l’avions étudié. Nous connaissions tous les mors, les brides et autres, mais les règles étaient un peu plus difficiles. Ron nous a donc emmenés dans cette pièce et j’ai dit à Harold : « Tu devrais apporter ce livre avec nous... tu sais, juste au cas où », raconte MacKenzie en riant. « Nous sommes arrivés à quelques questions sur les règles que nous connaissions probablement de toute façon, mais nous avons vérifié dans le livre - juste pour être certains - et nous avons réussi avec brio. »
« À l’époque, il n’était pas nécessaire de participer à des qualifications pour obtenir une licence complète, on pouvait participer directement à une course de pari mutuel. Ma première course était sur un vieux cheval nommé Guy Norris, il était entraîné par Mickey Dunn, mais il n’était pas mon premier gagnant. Quelqu’un avait envoyé à Earl Smith un cheval nommé Jones - il avait deux tendons pliés et il boitait quelque peu. Earl m’a dit que si je le faisais nager dans la rivière tous les jours, il me laisserait le conduire dans la course. Alors tous les jours, je l’emmenais à la rivière Hillsborough à Charlottetown. Je mettais un gilet de sauvetage et je lui mettais une bride aveugle et je passais un ensemble de lignes derrière sa queue pour pouvoir m’accrocher. Je l’entraînais dans la rivière, je le faisais avancer et je lui faisais nager environ un mille avant de le retourner pour qu’il y retourne. Comme on se rapprochait de la terre sur le chemin du retour, il était fatigué, alors quand il voyait la terre, il pompait de plus en plus fort pour essayer d’y arriver. Dès qu’il touchait la terre, ses jambes bougeaient si vite que je devais faire attention à l’attraper avant qu’il ne s’échappe sur moi », s’amuse Paul.
« Le jour de la course est arrivé et il s’était bien endurci à force de nager dans la rivière tous les jours. Je l’ai placé à la barrière et envoyé au départ. Je me souviens que j’étais en tête de beaucoup et que j’ai regardé par-dessus mon épaule au dernier virage... personne ne venait, alors j’ai fait sauter le disque de roue et nous étions partis. C’était ma première victoire et c’est quelque chose que je n’oublierai jamais », déclare l’homme qui, depuis, a fait carrière en faisant exactement cela - gagner.
Aujourd’hui, Paul MacKenzie occupe la 28e place de tous les temps pour les victoires des conducteurs en Amérique du Nord, mais il n’est pas seulement un conducteur - il est aussi entraîneur et homme de chevaux polyvalent. Sur les 27 hommes qui le précèdent dans le classement des victoires de tous les temps, seuls trois d’entre eux ont plus de victoires à l’entraînement que ses 972.
« Au début des années 80, Earl [Smith] et Ronnie Gass ont emmené quelques-uns de leurs meilleurs chevaux pour des essais à Montréal pendant un certain temps, alors Earl m’a envoyé monter une écurie à Halifax, à Sackville Downs. Je me suis bien débrouillé là-bas et j’ai commencé à rencontrer plus de gens et à avoir plus de dynamisme. J’ai rencontré un type du nom de John Proude, qui a joué un rôle très important dans mon développement en tant que conducteur. John et moi avons gagné beaucoup de courses ensemble à Sackville Downs au fil des ans. Le temps que j’y ai passé m’a permis d’acquérir beaucoup d’expérience et, au milieu des années 80, j’avais gagné plus de 100 courses par an pendant plusieurs années consécutives. Je me suis dit qu’il ne me restait plus grand-chose à faire chez moi et qu’il était sans doute temps de tenter ma chance en Ontario pour un temps. »
« Je connaissais un vétérinaire du nom de Dr Irwin Hallett, et il m’a dit qu’il connaissait un vétérinaire en Ontario qui avait besoin d’aide pour débourrer ses bébés, entraîner ses chevaux et gérer sa ferme - c’était près de Peterborough et cela s’appelait Rob Ron Acres. Paul Dunn (le fils de Mickey), Vaughan Doyle et moi-même avons donc décidé de nous rendre en Ontario pour nous renseigner. C’était en hiver et nous nous sommes arrêtés à Montréal pour rester chez nos amis de l’hippodrome pendant une semaine environ - il faisait froid là-bas », se souvient Paul.
« Donc on arrive en Ontario et on trouve cette ferme, et je vous le dis, c’est au milieu de nulle part. Et il faisait un froid de canard là-bas aussi. Il nous fait visiter l’endroit... il nous montre cette caravane dans laquelle nous allons vivre et tout ça, et je dis
« Les gars, je ne sais pas si j’aime ça. Ça ne me dérangerait pas d’être un peu plus proche de quelque chose de plus que ça » (rires). Il nous a invités à l’intérieur pour dîner et nous a dit combien le salaire allait être, et je lui ai dit que je devais d’abord passer un coup de fil à des amis à Flamboro avant d’accepter quoi que ce soit. J’ai donc appelé John Holmes et il m’a dit qu’il y avait du travail pour nous trois à Flamboro. Nous avons donc dit au type : « Désolé » et je suis allé travailler pour John, Paul a trouvé un emploi chez Walter Whelan et Vaughan est allé chez Mike Grabarczyk. J’étais simplement heureux que nous ne soyons pas restés coincés au milieu de rien » », se souvient Mackenzie en riant.
« Flamboro était un endroit formidable à l’époque. Un gars pouvait avoir un peu le mal du pays, mais il y avait beaucoup de gars des Maritimes autour de Flamboro et il y avait toujours quelqu’un que vous connaissiez de chez vous. Jay Cochlin m’a donné mon premier entraînement là-bas, sur un cheval nommé Iron Bridges, et il a été ma première victoire là-bas aussi. Un certain Doug Pickard m’a aussi donné quelques tours de piste très tôt, et Holmesy m’a aussi donné quelques tours de piste. »
« Après avoir passé environ un an ici et m’être installé, ma femme Kathy m’a rejoint aussi. Elle s’appelle Kathy mais tout le monde l’appelle Sue. Je nous avais trouvé un petit appartement à Hamilton... il n’était pas en très bon état et j’avais vraiment besoin de son aide pour le nettoyer et le peindre », se souvient Paul.
« Finalement, je suis allé travailler au Jockey Club pendant un moment, pour Frank Conlin. Je me souviens que John Cecchin et Jack Belliveau y travaillaient tous les deux à l’époque. Peu de temps après mes débuts, Con se remettait d’une grosse cuite et a dit que nous emmenions des chevaux à Brandywine... alors j’y suis allé pendant un moment avec Frank et Belliveau - c’était une sacrée époque » (rires).
« Je ne suis pas resté longtemps chez Conlin parce que je voulais vraiment travailler pour quelqu’un qui me laisserait conduire les chevaux en courses. Je suis revenu à Flamboro et finalement un type nommé Taxi MacDonald m’a mis en contact avec un type nommé Frank Burns, et cela s’est avéré être une grande chose pour moi. Taxi n’était en fait qu’un joueur... il montait pour les Whelan le matin et vendait des cigarettes, de l’alcool et d’autres choses le reste de la journée, alors il connaissait tout le monde. Frank était propriétaire et entraîneur mais il dirigeait aussi une entreprise de climatisation ou quelque chose comme ça, donc il n’avait pas beaucoup de temps libre. Je me suis installé avec lui et il m’a laissé conduire toute l’écurie. Il m’a ensuite présenté à Anthony Nichols de Peterborough, et il m’a donné quelques chevaux à entraîner également. »
« Je me débrouillais plutôt bien en course et j’ai commencé à avoir beaucoup d’entrées et de sorties, et c’est parti de là. C’était au début des années 90, puis Bill Megens m’a présenté à John Christensen et Ralph Lake, et ils sont devenus de très bons propriétaires pour moi aussi. »
« Un autre grand propriétaire qui me suit depuis des années est Ed James de SSG Gloves. Il a été très bon avec moi. Je me souviens qu’il avait des chevaux dans l’Ouest avec Rod Hennessy, et il m’a appelé un jour pour me dire qu’il voulait que je conduise un cheval dans l’Ouest pour lui, dans une de ces grandes courses. J’ai dit : « Vous êtes sûr ? » ou quelque chose comme ça et il a répondu : « Oui, il y aura un billet d’avion qui vous attendra et une nouvelle paire de gants et de lunettes... tout est prêt ». Je suis donc allé conduire le cheval et nous sommes restés en contact depuis. »
« J’ai gagné le Western Canadian Pacing Derby [175 000 $] pour lui avec Hyperion Hanover en 2006 à Northlands - c’était l’une de mes plus grandes victoires. Plus tard cet été-là, je suis retourné au Stampede Park et j’ai gagné une épreuve du Nat Christie avec lui aussi. Dans la deuxième épreuve, plus tard dans la journée, nous nous sommes un peu battus avec Piercy [Ron Pierce] et nous avons terminé derrière. »
« Ed me laisse les entraîner comme je le veux. Il n’interfère jamais et a été un excellent propriétaire. J’ai une pouliche My MVP de deux ans pour lui en ce moment... Je l’aime bien, je pense qu’elle va bien se comporter. »
Peut-être que la pouliche trotteuse en question s’avérera être celle qui vaudra la peine de sortir du lit le matin. Faire cela est certainement une partie bien connue de ce métier - les nuits tardives et les matins très tôt. Mais plusieurs des autres meilleurs conducteurs, qui ont beaucoup moins de victoires et de gains que MacKenzie, ne se lèvent pas nécessairement à l’aube tous les matins après avoir participé à des courses tardives.
« Je n’ai jamais eu peur de travailler », raconte Paul. « Mon père était coiffeur et je cirais les chaussures des gens dans son salon de coiffure alors que j’avais environ huit ans. C’était un très bon travail à Noël aussi, parce que les gens donnaient de meilleurs pourboires. Et j’ai toujours aimé débourrer des bébés et entraîner quelques chevaux. J’ai encore sept chevaux à Emerald Isle et ça ne me dérange pas de me lever le matin pour aller travailler. Je crois que je le fais depuis longtemps », déclare cet homme de 61 ans qui se lève tôt et se rend au travail presque tous les jours depuis qu’il a 11 ou 12 ans.
« Quand j’ai commencé à bien faire ici [en Ontario], la colonie des conducteurs du Jockey Club [de l’Ontario] n’était pas facile à pénétrer. Toutes les grandes écuries avaient leurs principaux gars, et des gars comme Brownie, Condren et Paul MacDonell étaient tous encore assez jeunes et n’étaient pas prêts de partir. Je n’ai pas à me plaindre », déclare MacKenzie. « Les postes de l’après-midi à Flamboro me permettaient de faire double emploi [conduire sur deux pistes par jour] et entre cela et l’arrivée des machines à sous, on pouvait encore bien gagner sa vie même si on ne conduisait pas tout le temps à Mohawk et Woodbine. J’ai vécu beaucoup de grands moments ».
Le plus grand de ces moments, même s’il n’est pas le plus gratifiant, est sans doute celui où le natif de l’île est rentré au pays en 1993 pour remporter la célèbre Gold Cup & Saucer avec une jument d’allure qu’il n’avait jamais eu l’occasion d’approcher avant leur départ pour l’Est.
« Gagner la Gold Cup & Saucer avec Little Black Book reste probablement le plus grand moment de ma carrière », dit Paul. « Quand j’étais enfant, nous nous accrochions aux lampadaires et au toit de la tribune juste pour pouvoir voir cette course une fois par an. L’heure du départ était à minuit et toute la ville était là, alors y retourner et la gagner était un grand moment. »
« J’ai entraîné quelques chevaux pour les Millars au fil des ans parce que j’avais une assez bonne relation avec Joe Stutzman, et quand il avait des chevaux qui ne pouvaient pas aller au Jockey Club, il me les envoyait souvent à Flamboro. Quelques-uns d’entre eux appartenaient aux Millars et une année, je leur ai dit que je serais absent pendant une semaine car je rentrais à la maison pour la Gold Cup & Saucer. George Jr. n’en avait jamais entendu parler et m’a demandé des détails. Je lui ai parlé de la semaine, des fans, de la parade, des terrains de golf et de la grande course elle-même. Puis il m’a demandé si un cheval comme Little Black Book serait assez bon pour la course. Elle était une jument de classe ouverte à Greenwood à l’époque, alors j’ai dit que prendre un cheval comme elle serait fantastique. Il m’a dit que Joe ne serait probablement pas très heureux, mais que je pouvais lui dire que j’allais l’amener à l’Île-du-Prince-Édouard » (rires).
« Nous l’avons expédiée et gardée à la ferme de Doc Moore. Je l’ai entraînée à l’hippodrome pour un petit tour le vendredi, je crois, puis elle a participé au dernier Trial le lundi soir. Elle pouvait danser sur l’écran si on lui demandait de partir et elle a établi un record de piste et un record canadien de 1:54 dans le Trial. Toute l’île parlait d’elle et George Sr. et sa femme ont vraiment apprécié, car ils sont venus pour la semaine et partout où ils allaient, les gens parlaient de leur jument. »
« Nous sommes revenus pour la finale et quand ils ont dit ‘Go’, j’étais devant comme maintenant. Nous avons gagné par lots en [1]:54.1. C’était une sacrée expérience. J’ai pu continuer à l’entraîner et à la conduire pendant environ un an après ça aussi... quand nous sommes revenus, je l’ai emmenée à Mohawk et nous avons presque battu Shady Daisy à une grande cote. Pierce [Ron] nous a tout simplement devancés dans la dernière ligne droite », raconte celui qui a manifestement connu le succès dans d’autres endroits que Flamboro Downs.
« Ma victoire la plus rapide a été obtenue avec Bolero Charles pour Steve Charlton et Tommy Larocque. J’ai gagné l’Open Pace avec lui à Mohawk en 1:49.4 et j’ai battu Shadow Play ce soir-là. »
En fait, si l’on regarde le tableau de la victoire de Bolero Charles en 2009, et que l’on lit un peu entre les lignes, on verra le nom de Paul MacKenzie écrit partout sur cet Open Pace. Non seulement il a conduit le gagnant, mais la troisième place de cette course était occupée par Hyperion Hanover, le même cheval que MacKenzie avait conduit à la victoire dans le Western Canadian Pacing Derby quelques années auparavant. Et la cinquième place ce soir-là était occupée par Silent Swing, un cheval que Paul a conduit à la victoire dans un Gold Cup & Saucer Trial en 2006, avant de terminer deuxième une semaine plus tard dans la finale.
Paul MacKenzie est peut-être le roi incontesté de l’histoire de Flamboro Downs, mais n’allez pas croire que l’ovale de Dundas, en Ontario, est le seul endroit où il a laissé sa marque sur le plan professionnel.
En ce qui concerne la vie personnelle, la vie d’un entraîneur et d’un conducteur très occupé dans le secteur des chevaux de race Standardbred semble toujours avoir des répercussions, et dans le cas de Paul, ce n’est pas différent.
« Ma femme mérite vraiment un grand coup de chapeau et un énorme merci », reconnaît sincèrement MacKenzie. « Elle a fait un si bon travail avec mes filles, Hillary [29 ans] et Taylor [25 ans], parce que j’étais souvent sur la route et que je n’étais pas à la maison pour les aider. Je devais gagner de l’argent pour que nous ayons une bonne vie, mais cela n’a pas rendu les choses plus faciles pour elle au fil des ans. »
« Kathy et moi nous sommes rencontrés à l’hippodrome de Summerside parce que son père, Lloyde, et son frère, Ed, avaient un cheval nommé J-C-L-D. C’était leur seul cheval - il était plutôt un animal de compagnie. Je pense qu’il vivait pratiquement dans leur jardin », dit-il en riant. « Ils m’ont proposé de le conduire après qu’elle et moi ayons commencé à nous fréquenter, et j’ai même gagné avec lui un soir à Charlottetown... Je pense que cela m’a mis dans leurs bonnes grâces pour un moment au moins. »
« Ma femme et mes filles n’étaient pas vraiment intéressées par les chevaux, mais Sue les emmenait parfois sur la piste pour me voir conduire. Elle et la femme de Callie Rankin, Brenda, étaient de bonnes amies, alors mes filles sont devenues proches des filles de Callie aussi. Maintenant, Taylor vit dans l’Est et Hillary est toujours dans la région. Elles s’en sortent toutes les deux très bien et elles peuvent remercier leur mère pour cela. »
Lorsqu’on le lui demanda, Taylor, la fille de Paul, dit qu’elle était heureuse de partager ses pensées sur son père.
« Je peux honnêtement dire que mon père est l’une des personnes les plus travaillantes que j’aie jamais rencontrées. Il est comme son père, il ne s’arrête jamais et il aide tous ceux qui en ont besoin en cours de route. Je l’admirerai toujours pour cela et je suis très fier de lui et de tout ce qu’il a accompli. C’est très bien mérité pour tout le travail et le temps qu’il y a consacrés au fil des ans. »
Taylor a raison. Les réalisations de son père sont nombreuses et elles ont été gagnées à la dure... il a travaillé fort pour tout ce qu’il a accompli. Et si l’on regarde les chiffres sur le papier, on peut facilement dire que sa carrière est digne d’une entrée au Temple de la Renommée.
MacKenzie se moque de cette idée, car son aide d’écurie actuel semble déjà avoir une opinion bien arrêtée sur les personnes qui devraient figurer au Canadian Horse Racing Hall of Fame.
« Phil Coleman (le père de Casie) m’aide dans les conduites ces jours-ci », explique Paul. « Quand le sujet a été abordé, il m’a dit qu’il allait me faire participer l’année prochaine parce qu’il doit d’abord faire participer Casie. Je lui ai dit que je pensais qu’il fallait avoir 55 [ans] ou quelque chose comme ça pour être éligible, et il m’a répondu que c’était stupide et qu’il devait la faire entrer pendant que certains de ses propriétaires plus âgés étaient encore avec nous. Je lui ai dit qu’elle serait admise un jour de toute façon et qu’ils ne changeraient pas les règles juste pour lui. Je ne sais pas si vous connaissez Phil », dit Paul en riant, « mais c’est un sacré personnage ».
Et qu’en est-il de prendre votre retraite un jour ? Paul MacKenzie ralentira-t-il un jour ?
« Pas en ce moment », déclare-t-il. « J’aime mon travail et ma santé semble assez bonne, alors je pense que je vais continuer. Mais un jour, j’aimerais revenir à l’Île-du-Prince-Édouard. Peut-être qu’alors je me rendrai en Floride chaque hiver pour conduire des poulains pour quelqu’un là-bas... puis je passerai mes étés dans l’Est. Ce métier est difficile... Je pense que ce serait bien de ralentir et de profiter un peu plus des choses un jour. »
Lorsqu’on lui pose à brûle-pourpoint la question suivante, voici comment l’affable Paul MacKenzie répond...
Q. À votre retour à Rob Ron Acres en cette froide journée d’hiver d’il y a aussi longtemps, que pensez-vous que Paul, âgé de 25 ans, aurait répondu si on lui avait dit qu’un jour il serait l’un des meneurs les plus victorieux de l’histoire dans ce sport et qu’il mériterait de figurer au temple de la renommée ?
Paul : « J’aurais dit : ‘ J’ai un long chemin à parcourir et j’espère que ça va se réchauffer ! »