Les gens de chevaux sont les meilleurs, et nous venons d’en perdre deux grands.
Chaque mois, dès que je termine la rédaction de cet article, pour le «Point de vue », et que je l’envoie pour traduction, je ressens un léger sentiment de soulagement.
Je reçois généralement plus de commentaires au sujet de ces articles - la plupart étant favorables (riresl) - que sur n’importe quelle autre partie du magazine. Je dois donc admettre que trouver un nouveau sujet intéressant pour la prochaine rubrique se révèle toujours un peu difficile.
Cependant, au fil des mois, je trouve généralement quelques idées, et j’ai souvent choisi mon sujet alors que je disposerais encore d’un peu de temps.
Ce mois-ci n’a pas été différent, et j’étais presque sûr que j’allais écrire au sujet de joueurs de football égocentriques de la NCAA qui se préparaient à devenir professionnels, et qui ont donc laissé tomber leurs coéquipiers en « laissant passer » le mois dernier des matchs comme le ‘ Rose Bowl ‘, parce qu’ils les jugeaient « sans importance ». Le football est censé être un grand sport d’équipe et les courses attelées sont plutôt un sport individuel, mais mon plan était d’écrire que la plupart des gens de chevaux font preuve de beaucoup plus de classe et d’engagement que n’importe lequel de ces prétendus « joueurs d’équipe » qui laisseraient tomber leurs camarades en faisant quelque chose comme ça.
Puis vint le 18 janvier – qui a frappé.
William « Bud » Fritz et Dave « Garney » Gibson sont tous deux décédés le mardi 18 janvier 2022, et mon sujet a changé, car plus j’y pensais, dans les jours qui ont suivi, plus je me rendais compte que ces deux hommes m’avaient marqué - sans que je m’en rende vraiment compte jusqu’à présent.
Je déteste parler de mon âge, mais alors que je n’avais pas plus de cinq ou six ans, j’ai passé beaucoup de temps à Orangeville Raceway, et j’ai passé la plupart de ce temps à regarder et à idolâtrer Hugh et Ray McLean, Guy Larush... et Bud Fritz. Mes parents avaient des chevaux avec les McLean, et autant j’étais terrifié par le « crochet » de Hughie (qui a perdu une main dans un incident de tondeuse à gazon), autant Ray était mon héros.
Ray McLean conduisait Mr Peter Ray, Guy Larush conduisait Johnny Bing, et Bud Fritz conduisait Popular Brad - ces noms, d’hommes et de chevaux, sont restés gravés dans ma mémoire depuis. Et ils buvaient tous (les hommes en tout cas) du whisky. Je me souviens très bien d’être debout dans une écurie creusée près du paddock d’Orangeville - plutôt un grand hangar vide qui servait de chambre pour les conducteurs au milieu des années 70 - et de les regarder, ainsi que les autres conducteur, se passer une bouteille de whisky... généralement après les courses du dimanche après-midi, mais parfois aussi, j’imagine, entre les courses. Ils étaient grands (à mes yeux), ils étaient rudes, ils étaient bourrus, ils avaient les meilleurs chevaux, les meilleures combinaisons de conduite, et ils étaient les gars les plus cools du coin. Avec le recul, je crois aussi qu’ils ont contribué à ce que je passe ma vie dans ce sport.
Je tiens à préciser que le whisky en lui-même n’a rien à voir avec l’histoire, ni avec la raison pour laquelle j’ai fait carrière dans ce domaine. Je ne suis pas vraiment un buveur de nos jours, de toute façon, mais je suppose qu’en y repensant maintenant, il est assez approprié qu’un groupe de mes amis et moi buvions du rye - dans des gobelets McDonald’s extra-larges - dans la tribune du Greenwood Raceway, et applaudissions comme des idiots fous lorsque Bud Fritz et Apaches Fame ont remporté la North America Cup le 23 juin 1990. C’est un peu comme si j’avais bouclé la boucle avec M. Fritz lors de ce qui fut probablement le plus grand jour de sa carrière.
Je n’ai jamais rencontré Bud Fritz, bien que j’aie joué au hockey avec et contre ses fils. J’ai également joué au hockey contre ‘Dave ‘Garney’ Gibson, dans de nombreux tournois de hockey du Horseman au fil des ans. Garney était le meilleur - il semblait toujours souriant, heureux et optimiste. À notre époque, notre monde a besoin de plus de gens comme cela, et non de moins.
Mais ce que je retiendrai surtout de Garney, c’est que dans un sport rempli des meilleures blagues et des meilleures répliques jamais entendues, il m’a livré la réplique qui m’a le plus marqué, une réplique que je n’oublierai jamais.
Garney et moi avons tous deux participé à la dernière course, un soir de janvier à Woodbine (pas Mohawk), il y a de nombreuses années. Je me souviens qu’il s’agissait d’une classe bon marché par une nuit très froide, et que si l’un d’entre nous avait reçu un chèque, c’était peut-être pour avoir terminé cinquième. Nous étions les deux derniers dans le paddock, nos véhicules garés près de la porte, alors que chacun d’entre nous, chargions nos propres chevaux, nous préparant pour le retour à la maison - lui à Peterborough et moi à Mohawk, après une autre journée de travail de 16 heures. Garney m’a souri en passant et m’a simplement dit : « C’est une façon difficile de gagner sa pauvre vie, n’est-ce pas, Fish ? »
Je n’oublierai JAMAIS cela.
J’ai gloussé, trop fatigué pour rire, et nous sommes partis tous les deux dans la nuit noire et glaciale.
J’ai souvent pensé à cette phrase dans les années qui ont suivi, mais cela ne me dérangeait pas du tout. Il savait que c’était vrai. Je savais que c’était vrai. Tu sais que c’est vrai. Et aucun d’entre nous ne s’en soucie.
Nous faisons ce que nous faisons, ou avons fait ce que nous avons fait, parce que nous aimons ça, et les vrais gens de chevaux ne laissent jamais passer un match, même si nous ne gagnons pas un centime en jouant ce soir-là. Et si j’étais un directeur général de la NFL, la seule chose que je laisserais passer serait de sélectionner quelqu’un qui abandonne ses coéquipiers. Je parie que ni Bud ni Garney ne se sont jamais défilés.
Peut-être que mon sujet du mois n’a pas vraiment changé après tout ?
Repose en paix M.Fritz.
Repose en paix Garney.
Dan Fisher