Rencontre Avec John Gallinger

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JOHN GALLINGER, le président-directeur général de Standardbred Canada, s’est joint à l’organisation en mai 2010. Résidant à Richmond Hill, il s’est amené apportant avec lui 13 années

d’expérience à titre de chef d’entreprise et de technologie de l’information. De 2003 à 2010, il a occupé un poste chez Magna Entertainment Corp., une compagnie propriétaire de quelques-uns des plus importants hippodromes en Amérique du Nord, une chaîne spécialisée sur les courses, une compagnie de tableaux d’affichage électronique ainsi qu’une compagnie de gestion de comptes paris. À titre de chef du service de l’information après 2006, il s’est avéré un intervenant déterminant dans plusieurs des projets innovateurs ainsi que des projets de réflexion prospective de MEC.

En poste chez Standardbred Canada durant maintenant un exercice financier complet, Gallinger partage ici ses pensées, expériences et opinions sur un large éventail de sujets pertinents à notre industrie.

Traduction Louise Rioux

CONCERNANT L’ÉTAT DE L’INDUSTRIE CANADIENNE DES COURSES…

De façon générale, au pays, notre produit est fort, avec l’Ontario en tête. Cela étant dit, nous devons nous préparer à vraiment relever les défis et à rechercher les occasions de faire grandir le sport. Le produit en piste est fort, mais l’économie sous-jacente qui l’appuie – les dollars des paris – ne va pas où elle le devrait. Cela me préoccupe. Plusieurs diront qu’il n’appartient pas à SC de s’inquiéter de telles questions, que nous sommes un bureau d’enregistrement de l’élevage et l’organisme de consignation des statistiques, mais une partie de notre mandat consiste à protéger et promouvoir les courses sous harnais.

Je crois que ce qu’il faut faire est de s’élever contre le statu quo – tant à l’échelle nationale que mondiale. Nous devons évaluer notre façon de présenter, commercialiser et livrer notre produit au consommateur.

Je n’ai pas de balles en argent ni d’idées n’ayant déjà fait l’objet de discussion un million de fois. J’ai été très clair lors de nos rencontres publiques sur le RDSP (Plan de développement durable des courses pour l’Ontario). Mais je crois que la plupart des gens reconnaissent que des changements sont nécessaires. Le défi est d’obtenir une entente quant à qui devrait prendre le leadership et qui devrait payer le changement.

En dehors de l’Ontario, il y a des défis, des forces et des raisons d’être optimistes. L’inauguration récente de West Meadows en Saskatchewan est une bien belle histoire.

Elle démontre la résilience de notre industrie de même que la passion qui anime nos participants. Le partenariat entre la communauté des courses et le gouvernement provincial de l’Île-du-Prince-Édouard a établi les fondements de la croissance à l’ÎPE et a été bénéfique pour toute la région de l’Atlantique.

CONCERNANT LE PROGRAMME DES MACHINES À SOUS…

Cela paraîtra un peu cliché – tout le monde le dit – mais les machines à sous ne sont pas la panacée pour notre industrie. Le partenariat qui existe dans plusieurs champs de compétences entre les hippodromes, les hommes de chevaux et les exploitants de machines à sous, est valable et bénéfique à tous les protagonistes, pas seulement aux participants de notre industrie. En tant qu’industrie, nous devons embrasser, protéger et accroître ces partenariats pour le bénéfice mutuel de tous les intervenants. Les programmes de machines à sous ont certainement été bénéfiques pour notre industrie, mais je pense qu’il faut qu’ils s’appliquent au-delà de l’augmentation des bourses et au financement des programmes d’amélioration des chevaux et de l’élevage. Certes, c’est une utilisation importante de ce financement, parce qu’il s’agit d’argent qui rejaillit dans l’industrie par l’intermédiaire de nos ventes, ce qui fait que la roue tourne.

Je crois que dans les champs de compétence ayant déjà obtenu des machines à sous, si les gens pouvaient revoir objectivement cette décision et remonter le temps… j’espère qu’ils auraient peut-être pu faire les choses différemment, et mettre de côté un certain pourcentage de l’argent pour la planification stratégique dans l’industrie et son environnement. Que devons-nous faire? Une partie concerne la commercialisation, une autre consiste à modifier notre produit de pari, et une autre est de se maintenir à l’affût de l’avancement technologique afin de donner des services auxquels les consommateurs sont en droit de s’attendre dans le monde d’aujourd’hui.

Le jugement après coup est de 20/20, et faire des changements requiert l’assentiment de plusieurs intervenants différents, ce qui s’avère difficile. Mais je crois que si les champs de compétence ont été capables d’analyser cela avec une perspective de croissance pour l’industrie des courses et de la positionner de sorte qu’elle puisse concurrencer les autres formes de jeux et de divertissement – objectivement, les gens diraient que nous aurions dû mettre de l’argent de côté pour investir dans les mises à jour de la commercialisation, du produit et de la technologie.

CONCERNANT L’IDÉE QU’IL Y A TROP DE COURSES…

Je ne pense pas qu’il y ait trop de courses. À l’heure actuelle, notre base de clients est fixe, et nous devons l’accroître. Nos clients ne disposent que d’une certaine somme d’argent qu’ils son prêts à dépenser sur les courses, alors si nous avons plus de programmes de courses, cet argent serra réparti vers d’autres programmes. Si nous avions moins de programmes de courses, est-ce que ces mêmes clients parieraient plus? Je crois que la cagnotte moyenne par course augmenterait certainement, mais je suis loin d’être convaincu que le pari total demeurerait aux mêmes niveaux. Si nous avions moins de programmes de courses, je pense que nous aurions moins de paris. Mais les installations touchant ces paris – soit les hippodromes présentant ces courses – feraient plus d’argent. Cela ferait-il de notre industrie une industrie plus saine et plus durable?

Je n’en suis pas convaincu. Je pense que nous avons besoin de nous en tenir aux programmes que nous avons et chercher d’autres façons de faire pour que chaque programme connaisse plus de succès.

Je pense qu’en tant qu’industrie, une chose que nous pourrions mieux faire est une meilleure programmation de nos courses en soirée; pas seulement une programmation faisant en sorte que les courses ne se chevaucheraient pas, mais aussi dans la communication et le respect des heures de départ. Cela deviendra de plus en plus important puisque les hippodromes lorgnent vers l’exportation de leurs produits à l’international.

Quoi qu’il en soit, le fait de tenir plusieurs programmes de course n’importe quel jour, n’est pas nécessairement une mauvaise chose, particulièrement s’il y a des courses ‘stake’ importantes ce jour-là. S’il y a une course importante, les clients s’y intéresseront et miseront sur cette épreuve, et ce faisant, affecteront aussi les autres produits offerts ce jour-là.

CONCERNANT L’EXPORTATION DE NOTRE PRODUIT…

Devrions-nous en tant que registraire d’élevage, envisager l’exportation de notre produit à l’extérieur du pays? Oui, très certainement. C’est vrai tant pour nos signaux de diffusion que pour l’exportation de notre élevage. À l’égard de l’exportation de nos signaux de diffusion, cette décision est du ressort des hippodromes, mais Standardbred Canada devrait faire tout ce qu’elle peut pour promouvoir la force de notre produit et faciliter les liens avec les importateurs potentiels. Vous savez, en prenant un seul produit et en le vendant dans autant d’endroits possibles – voilà une opportunité d’augmenter nos revenus.

En termes d’exportation de chair chevaline, SC doit travailler avec et au nom de ses membres éleveurs afin de voir si elle peut élaborer un meilleur programme de publicité et faciliter l’exportation de l’élevage canadien.

CONCERNANT LES RÉCENTES COMPRESSIONS DE L’ACPM…

À certains égards, je suis sympathique aux défis de l’ACPM. Ils ont un mandat très important en termes de protection du public parieur, mais leur financement provient également de ce dollar parié, alors ce dont nous avons parlé – les cagnottes décroissantes – les affecte vraiment.

Ils font face à la critique du fait qu’ils ont diminué les niveaux de services sur des points comme le photo finish ou le dépistage de la consommation de drogues et/ou parce qu’ils ont refilé les responsabilités et les coûts de ces services aux autorités de réglementation provinciales. Alors ce n’est pas que les coûts ont été retirés de l’industrie, parce que les services sont toujours requis. Ils ne sont tout simplement plus exécutés, dans bien des cas, par l’ACPM. Ce serait bien qu’il y ait une autre source de financement – du financement fédéral – ce qui aiderait à traiter de la question des redevances provenant de la cagnotte qui ont diminué, mais en même temps, je pense qu’il nous faut être prudent dans notre demande de financement supplémentaire… cela envoie un message audacieux.

CONCERNANT NOTRE PLACE DANS LE PAYSAGE DES SPORTS, DIVERTISSEMENTS ETJEUX…

L’industrie des courses discute de ce sujet depuis des années. Des gens disent, et bien nous avons besoin de promouvoir l’aspect du pari – soyons honnêtes, c’est ce que nous sommes. C’est ce qui génère nos revenus, et c’est la façon dont nous finançons notre industrie. D’autres diront, non, nous sommes un sport qui permet de parier. Nous devons vendre la passion, nous devons vendre le sport… nous devons promouvoir tant nos héros équins qu’humains, et c’est ce qui fera grandir le sport.

Je ne suis pas certain que nous devions être l’un ou l’autre. Je pense que nous avons besoin de promouvoir les deux aspects et qu’il y a un auditoire différent pour chacun. Il y a ceux qui le verront comme un point de vente, et il y a les fans qui eux le verront comme un sport. Je pense donc que de dire que ce n’est que du pari serait erroné, tout comme ignorer l’aspect du pari serait aussi erroné.

Plusieurs provinces envisagent la légalisation du pari sportif en ligne, alors, aujourd’hui et encore plus dans un futur pas si éloigné, le pari sera un aspect de tous les sports. Les courses de chevaux ont besoin d’un plan quant à la façon de s’adapter et se positionner par rapport à ce modèle en changement.

CONCERNANT CE QUE J’AIME DES COURSES SOUS HARNAIS…

Comme certains le savent, j’ai commencé ma carrière en course avec Magna et c’est là où je suis tombé en amour avec les courses et l’industrie. Je trouve que la culture et les gens impliqués dans les courses sont mieux que ce que j’ai connu dans d’autres industries. J’apprécie les courses sous harnais en direct à tous les niveaux, que ce soit une course à réclamer de 5 000 $ ou la NA Cup. Si le peloton est compétitif, c’est une course excitante à regarder, n’étant améliorée que par un modeste pari. L’autre aspect que j’aime à propos des courses sous harnais canadiennes, est de travailler avec des gens qui ont une réelle passion pour leur industrie… c’est rafraîchissant.

CONCERNANT LA PARTICIPATION DE LA FAMILLE DANS LES COURSES…

Récemment, j’ai commencé à amener de temps en temps mon fils de six ans aux courses, et il aime cela. Mes filles de trois ans… aiment les chevaux mais elles ne comprennent pas encore le concept de course. Mes enfants aimaient particulièrement aller à Mohawk les soirs de feux d’artifice. Ils gardent des souvenirs bien vivants d’avoir été dans le cercle du vainqueur le soir où Jody a reçu les couleurs du Canada pour sa participation au Championnat mondial des conducteurs. Jody a pris quelques instants pour saluer les enfants, leur laissant ainsi une empreinte indélébile. Ma femme m’accompagne parfois à l’hippodrome, mais pour le moment, c’est difficile de la faire sortir plus souvent, étant donné notre jeune famille.

CONCERNANT MON SOUVENIR DE COURSE EN DIRECT PRÉFÉRÉ…

Je dirais que mon événement favori est celui d’avoir assisté à la course de la Gold Cup and Saucer en 2010. Ce fut réellement rafraîchissant de voir tout ce monde qui était là pour regarder les courses. Quant à savoir si c’était la Gold Cup ou les deux jours la précédant – tout le monde était intéressé. C’était étonnant. Les présentations d’avant- course de la Gold Cup & Saucer sont légendaires, et je ne pourrais certainement décrire l’atmosphère qui y régnait d’une façon à leur rendre justice. Si vous n’y êtes jamais allé, alors il faut le faire.

C’était très passionnant de voir Part Shark gagner la Gold Cup and Saucer. La course a fait l’objet d’un battage publicitaire dans le journal local, The Guardian, et quand Part Shark et Scott ont franchi la ligne d’arrivée en première position, la place s’est électrisée. Je me souviens, j’étais à peine à 50 pieds de Jim et Barb Lehman et des équipiers de l’autre gagnant dans le cercle du vainqueur, un peu en retrait, simplement pour les observer. Pour moi, ce fut un moment privilégié – constatant leur excitation en tant que relativement nouveaux venus comme propriétaires. Je sais toute l’importance que revêtait cette victoire pour eux.

CONCERNANT CE QUE NOUS FAISONS À STANDARDBRED CANADA ET NOTRE RÔLE POUR L’AVENIR…

D’abord et avant tout, nous sommes le bureau d’enregistrement de l’élevage. Alors nous devons toujours s’assurer de prendre bien soin de notre mandat principal. L’industrie se fie également à Standardbred Canada pour recueillir, emmagasiner et diffuser toutes formes de données concernant l’industrie, et cela doit être notre principale fonction. Mais notre mandat comprend aussi la protection et la promotion des courses sous harnais, et pour réussir tout cela, nous devons dépenser des ressources supplémentaires par rapport aux relations gouvernement/participant et la commercialisation. Les relations avec les gouvernements exigent une focalisation plus étendue dernièrement, et le défi ce sont les ressources limitées – humaines et financières.

DANS 20 ANS, LE PRODUIT SERA-T-IL DIFFÉRENT DE CE QU’IL EST AUJOURD’HUI?

Je ne suis pas certain de connaître la réponse à cette question. Je pense que nous devons essayer différentes choses et être ouvert au changement. Le modèle des courses n’est pas le même partout dans le monde, alors peut-être qu’ici au Canada ainsi qu’en Amérique du Nord, nous avons besoin d’être ouverts à essayer différentes choses. Nous avons besoin de repenser et se préparer à modifier l’aspect du pari sur notre produit. La Bourse paris arrive; le pari à cotes fixes arrive; notre modèle est fondé sur le pari mutuel, et il y a des tonnes d’avantages au pari mutuel, mais nous luttons toujours avec la question d’une redevance plus élevée que dans d’autres formes de jeux. Nous devons voir si nous pouvons traiter de cette question.

IDÉALEMENT, SANS RESTRICTIONS, OÙ SERONS-NOUS DANS 10 ANS? DANS 20 ANS?

Sans restrictions, dans un monde parfait… Il faut qu’il y ait une présence saine des courses sous harnais partout au pays. L’industrie des courses aura développé de bonnes relations avec la communauté et sera considérée précieuse aux yeux de tous les intéressés. Il y aura un mélange de circuits de conducteurs amateurs, d’épreuves « grassroots » et « première ». Le Canada peut et devrait s’efforcer d’être le meilleur à tous les niveaux de la course. Nos produits professionnels devraient être en demande par le consommateur parieur sur une base globale.

Nous devons en arriver au point où nous distribuerons notre produit (dans un monde parfait) à travers le globe. Nous devons grandir, et nous devons grandir à l’internationale.

Dans un monde parfait, les courses auront regagné une plus grande présence en télévision… ou sur tout autre média dominant et courant dans 20 ans d’ici. Quel que soit le modèle de distribution, nous devons en faire partie. Nous devons avoir notre sport à l’œil et qu’il fasse partie de notre vie de tous les jours. À l’évidence, nous avons beaucoup de travail pour en arriver à cette étape, mais nous devrions avoir des visées très hautes.

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