DONNEZ-LEUR HEC

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Nous sommes en périphérie d’Arnprior, au cœur d’Ottawa Valley en Ontario, et le tout premier panneau électoral que nous rencontrons domine le côté de la route. « Donnez-leur Hec», lance le message.

By Norm Borg

Nous sommes en périphérie d’Arnprior, au cœur d’Ottawa Valley en Ontario, et le tout premier panneau électoral que nous rencontrons domine le côté de la route. « Donnez-leur Hec», lance le message.

James et moi devons rencontrer l’homme lui-même à 15 h dans un restaurant local. Hector Clouthier, portant son chapeau mou omniprésent, arrive précisément à l’heure, mais il est retenu dans le stationnement puisque des supporters font des virages en U pour venir lui serrer la main. Cela nous apparaît immédiatement évident que, sans égard au résultat de la prochaine élection fédérale, nous sommes au pays de Clouthier.

Hector (Hec) est tout autant un natif de l’Ottawa Valley que quiconque. Descendant d’une lignée issue du populaire mélange Français et Irlandais, cela transpire de tous ses pores… à partir de ses Boucheron (bottes style bûcheron) à son accent irlandais, il prononce (‘per-lement’.)

Tout comme ses ancêtres, l’ancien directeur exécutif de l’OHRIA (Ontario Horse Racing Industry Association) met beaucoup de cran à l’ancienne dans tout ce qu’il entreprend – y compris s’attaquer à l’énorme tâche de gagner son élection comme député indépendant. Le défi qui est le sien ne semble pas le préoccuper outre mesure; ayant déjà occupé la fonction de député libéral et agi en tant que conseiller spécial de Jean Chrétien, il est rempli d’un esprit combatif. « J’avais installé au-delà de mille pancartes,» dit-il, « maintenant, tout à fait mystérieusement, elles ont disparu. »

Pas grave. « C’est correct, » indique-t-il avec un haussement d’épaule. « Nous en installerons d’autres. » La politique peut être une vilaine affaire parfois.

Hec nous fait faire une visite guidée de sa circonscription, la deuxième plus grande au Canada, pour nous montrer une de ses nombreuses et énormes pancartes installées le long de la route. Nous nous arrêtons pour prendre une photo près de l’une d’elles, et James se prépare pour d’autres photos quand la marque de commerce du chapeau mou est repérée par trois automobilistes qui, oui, oui, s’arrêtent pour lui parler. Notre homme politique s’y plie avec empressement. Un quatrième véhicule passant par là klaxonne longuement son approbation qui se perd dans une traînée sur l’autoroute.

Comme la plupart des passionnés du sport que nous sommes pouvons le comprendre, presque tout au sujet de Hec Clouthier – même son chapeau mou – nous ramène aux courses sous harnais; c’est la pierre angulaire de sa vie. « Alors que j’étais un tout jeune garçon, le député de ma circonscription était Hugh Proudfoot. Il m’inspirait. Il était propriétaire de Pontiac Farms, qui a produit un grand nombre de chevaux qui ont bien réussi sur la scène locale des courses. Il portait un chapeau mou et j’en voulais un aussi. « Un jour, en 1959, mon père et moi nous rendions au Parc Richelieu car Northwood Billy courait dans une course ‘stake’. En route, nous nous sommes arrêtés à Lachute, où mon père décida de m’acheter un chapeau mou à titre de porte-bonheur. Et bien, Northwood Billy a gagné avec Keith Waples aux guides et je ne porte depuis, que des chapeaux mous. »

Ce capello si sympathique, sa marque de commerce, a capté l’attention de nul autre que le Président américain George W. Bush. Hec était alors conseiller spécial auprès du premier ministre Jean Chrétien et était membre d’une mission diplomatique lors d’une rencontre avec le président en 2002. Le président Bush fut tellement enthousiasmé par le couvre-chef, dit-il, qu’il insista pour s’en procurer un. Hec lui en expédia un modèle et se vante depuis de la lettre de remerciement personnelle qu’il a reçue.

Aujourd’hui, si 50 équivaut au nouveau 30, alors les 61 ans de Hec le font plus paraître comme le nouveau 25. Il affiche la médaille qu’il a gagnée l’an dernier au Marathon de Boston et une fois encore, ramène cela aux courses. « Vous savez pourquoi je suis si fier de cela? » dit-il avec un sourire. « C’est comme notre sport. Pour courir au Marathon de Boston, il vous faut d’abord vous qualifier. »

En effet, courir contre la montre ne lui est aucunement étranger. En 1982, Hec a gagné trois départs dans le baquet à Meadowlands, la réalisation qui figure en tête de sa liste de ses meilleurs souvenirs de course. « John Burns était mon entraîneur à ce moment-là. Nous possédions un cheval nommé Syncopation qui avait couru la piste lors de ses trois départs précédents pour nul autre que John Campbell. Burns était gêné de demander à Johnny de conduire à nouveau, alors il m’a enrôlé. Par chance, il venait de résoudre quelques problèmes que le cheval avait vers la fin. Je suis parti et j’ai gagné ma première course avec lui à 60-1, ainsi que les deux suivantes! La chance, je suppose. »

Tout en roulant, le sujet tombe sur ce que Hec, à titre de député indépendant, pouvait faire pour supporter sa bien-aimée industrie des courses, et c’est à ce moment que la fougue de ses origines Française/Celtique atteint son sommet. « La premìère chose que je ferai, sera de rencontrer l’Association canadienne du pari mutuel (ACPM). C’est une institution draconienne qui a besoin de s’ajuster au programme. Comment pouvons-nous concurrencer le Texas Hold’ems et les casinos si nous ne pouvons compter sur de nouveaux types de paris? Ces gens qui n’évoluent pas dans ce sport, ne comprennent pas. Ils dirigent derrière un rideau tout en exerçant tellement de pouvoir. Ils ont besoin d’un bon coup de pied… là où vous pensez.»

Hec prétend qu’en étant indépendant, il peut mieux mettre de l’avant son propre agenda plutôt que de se faire dicter par son parti comment et sur quoi voter. Il insiste sur le fait qu’il aura plus de liberté pour affirmer ses idées et contribuer à atteindre une issue positive. Il souligne la façon dont il peut maintenant mieux s’attaquer et plus directement aux questions de l’industrie (par exemple, les aspects contraignants de la Section 31 de la Loi de l’impôt sur le revenu, qui, en limitant les pertes des fermes à 8 750 $, cause des dommages aux propriétaires de chevaux aussi.) « Alors que j’étais député libéral, j’ai essayé de convaincre Paul Martin d’au moins doubler la limite, » se rappelle-t-il. Sa suggestion avait alors été défaite; la section en question a depuis été contestée avec succès mais elle a été portée en appel par le gouvernement fédéral.

Il est aussi inflexible quand il s’agit de décrire en détail les mesures que doit prendre l’industrie si elle veut survivre. « Nous devons avoir une approche de marketing centralisée. Une portion des bourses doit être dédiée au marchandisage du sport et à l’attraction d’une plus jeune assistance. Les entraîneurs et conducteurs peuvent ne pas aimer cela, mais si nous ne faisons rien maintenant, » avertit-il, « qu’arrivera-t-il si le gouvernement décidait de fermer le robinet de l’argent provenant des machines à sous et qui va à l’industrie des courses? »

Assez rapidement, Hec (dans le siège du conducteur, bien sûr) décide de s’arrêter en ville et de faire du porte à porte. Il rencontre et salue les gens très chaleureusement, et, sur-le-champ, essaie d’aider un votant potentiel sur une question de Programme de prestations d’invalidité du Régime de pensions du Canada. À la fin de leur conversation, il s’est acquis un supporter engagé. Et ainsi de suite.

Évidemment, les préoccupations des participants à l’industrie des courses de chevaux, ne sauraient constituer le noyau de l’agenda législatif de Hec dans une circonscription aussi diversifiée, mais soyez assuré que sa passion paraprofessionnelle contribuera à donner forme à son approche envers ses électeurs… plusieurs d’entre eux ayant déjà adhéré à ce chœur politique que nous avons si bien appris à connaître

Donnez-leur Hec!.

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