Assez de cette politesse!
Si chaque critique de cinéma que vous lisez était favorable, regarderiez-vous plus de films? Si chaque joueur de hockey sur la glace était caractérisé bon ou très bon, deviendriez-vous un plus grand amateur? Si Don Cherry ne soulevait jamais de controverse, demeureriez-vous à l’écoute durant les intermissions?
Il n’y a rien de plus envoûtant et de plus captivant qu’une critique bien construite. Qu’il s’agisse de votre chroniqueur d’affaires municipales et de votre analyste préféré, ou de Simon Cowell, juge à l’émission ‘American Idol’ qui vous convainc, de même que des millions d’autres auditeurs, de syntoniser l’émission semaine après semaine, la critique est attrayante – particulièrement quand les mots utilisés sont justes.
Si vous m’envoyez une Lettre à l’éditeur bien écrite critiquant mes perspectives ou mes opinions, je vais m’assurer qu’elle soit imprimée. S’il s’agit d’un sujet susceptible de piquer l’intérêt de nos lecteurs, pourquoi ne le ferais-je pas?
Pourquoi alors, malgré des milliers d’heures d’écoute d’émissions en diffusion simultanée et de diffusion de programmes de courses de chevaux, n’ai-je pratiquement jamais entendu un commentateur dire qu’un conducteur a terriblement mal mené un cheval. Pas plus que je n’entends de critiques sur les mauvaises décisions rendues par les juges, les entraîneurs qui demeurent impunis parce qu’ayant présenté une recrue mal préparée, ou les exploitants d’hippodromes pris à partie à cause du mauvais état de la piste.
Y a-t-il une seule raison, pourquoi nous, du monde des courses de chevaux, croyions qu’un publireportage retienne plus l’attention qu’une analyse articulée, brutale et honnête? Quelqu’un quelque part croit-il vraiment qu’en truffant une émission d’une grande variété de superlatifs louangeant tout un chacun à partir du vendeur de hot dogs à l’opérateur de gicleurs, nous attirions plus de parieurs ou conservions ceux que nous avons déjà?
Je ne demande pas que nous mettions Donald Trump en ondes pour commenter chaque cheval à réclamer sur la piste. Ce que je défends, c’est la possibilité pour les commentateurs de tenter, de façon honnête, de décrire ce qui se passe réellement aux courses. Nous sommes parfaitement capables de pointer du doigt discrètement et de murmurer le mot « tricheur » quand quelqu’un gagne trop de courses. Nous devrions être capables de parler au micro des efforts déployés en piste durant une course.
Par le passé, j’ai entendu des commentateurs relater des histoires d’hommes de chevaux se plaignant d’être critiqués, quelques-uns refusant même de collaborer et déclarant que les annonceurs les empêchaient de gagner leur vie. La dernière fois que j’ai vérifié, chaque course a un gagnant et chaque cheval a un conducteur et un entraîneur. La même bourse est distribuée et les participants sont des professionnels. Comme tous les athlètes, ils sont encensés et glorifiés quand ils atteignent le sommet. Et réciproquement, ils doivent accepter une vive critique quand ils s’écrasent.
Ma première motivation à écrire cette chronique m’est venue après avoir passé 45 minutes à regarder un match de rugby lors d’une émission de télévision de fin soirée. Je vous l’assure, je ne connais rien à ce sport et n’avais absolument aucun intérêt envers l’une ou l’autre des équipes impliquées. Je suis tombé sur ce match par pur hasard et j’y suis resté pour une raison – un analyste captivant qui, de façon éloquente, critiquait et disséquait chacune des mauvaises décisions, me donnant un vrai aperçu de qui jouait bien, mal et de façon abominable sur le champ.
Je ne sais pas qui était cet analyste, mais d’un seul coup, il a fait plus que quiconque pour le rugby en me développant comme amateur potentiel. Ce qui me ramène aux courses.
Quand Woodbine Entertainment Group a dévoilé son concept ‘Bet Night Live on The Score’, j’étais très optimiste. L’idée maîtresse était d’avantager le parieur et de rejoindre de nouveaux amateurs. J’anticipais un spectacle excitant et controversé pour apporter une vie nouvelle au produit télévisuel. Au lieu de cela, l’accent était sur l’amusement léger et l’éducation. C’est une approche noble et valable, mais à mon avis, on s’éloigne du but.
Si je n’avais jamais vu de partie de hockey de ma vie, je préférerais regarder Don Cherry plutôt que quelqu’un expliquant ce qu’est un hors-jeu. Si je n’avais jamais regardé ‘American Idol’ auparavant, je préférerais écouter Simon Cowell dire à un mauvais chanteur qu’il chante mal, plutôt que d’écouter quatre vingt dix minutes de jeu opposant concurrents et juges.
Le sport des courses doit se sentir bien dans sa peau. Si nous devons diffuser notre sport, nous devons relâcher les rênes sur nos commentateurs, leur permettre de critiquer et de poser les questions difficiles, et nous devons mandater nos participants à agir de façon professionnelle en entrevue, même s’ils sont défiés. Les hippodromes ont utilisé les droits de propriété privée avant et je ne peux penser à meilleur usage que celui d’exempter un participant selon qui, son égo devrait trôner au-dessus des demandes du client.
Les courses de chevaux sont un jeu et un sport d’adultes. Pourquoi nos personnalités télévisuelles ne seraient-elles pas le plus brutalement honnêtes en ondes? De combien de Rush Limbaugh, Juge Judy et Chef Gordon Ramsey avons-nous besoin de voir réussir avant de comprendre ce qui se vend bien?
Aux commentateurs de courses : si vos conversations en dehors des ondes sont plus intéressantes que celles émises en ondes, alors vous manquez à vos engagements envers vos clients et votre industrie. Maintenant, soyez honnêtes…
Darryl Kaplan
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