Heure ‘Crunch’ – Johansson se mérite les grands honneurs à la North America Cup
La description faite par Ken Middleton de la course 2019 North America Cup semblait un exercice d’incrédulité.
« …26 s pile, ils ont grillé le premier quart, » décrit Middleton. Par Keith McCalmont / Traduction Louise Rioux
Captain crunch, Bettors Wish et Workin Ona Mystery ont amblé 1-2-3 dans l’ordre, alors que trois des quatre choix au pari faisaient partie d’un éclatant amble au quart de mille. Captain Crunch, guidé par Scott Zeron, céda la tête à Bettors Wish, qui a fait de même à Workin Ona Mystery, en tête du peloton jusqu’en demi-parcours, mais Zeron est ressorti pour aller reprendre la première position passé le demi-mille en :52.4, ce que Middleton jugea être ‘une première demie dingue’, puisque le trio se bataillait dans le dernier virage du Woodbine Mohawk Park.
Workin Ona Mystery, s’accrochait désespérément à la tête comme le peloton s’engageait dans le dernier droit, courant les trois quarts par une marque en 1:20 pile.
Quelqu’un, certainement, allait sortir des nuages et les dépasser dans cette course disputée à un rythme si effréné?
Mais ce n’était que Captain Crunch, ce vainqueur en série et gagnant de 9 de ses 14 départs, qui occupait une place importante. Encerclant son rival à l’extérieur, Zeron lança Captain Church à l’avant avec un huitième de mille à franchir et franchit le fil en grande vitesse.
Un incroyable Middleton fracassa la marque de ‘1.47.2. du Stakes, de la piste ainsi qu’une performance record canadienne pour Captain Crunch en Cup.’
L’entraîneure Nancy Johansson, victorieuse lors de son premier départ en North America Cup, a tout autant ramené le cheval à la maison que Zeron.
« Durant le dernier huitième de mille, j’ai dû crier son nom à quelque 30 reprises, » dit Johansson. « Les mains me faisaient mal, mais c’était excitant de regarder la course. De toute évidence, il n’a rien eu gratuitement. C’est tout simplement un animal incroyable. »
Zeron recevait les accolades pour le gagnant de la Breeders Crown et du Dan Patch Award lors du point de presse d’après-course.
« C’est un animal étonnant, » dit Zeron, qui venait de gagner sa première Cup.
« C’est le meilleur ambleur derrière lequel je me suis assis. Il me semble que je peux lui demander tout ce que je veux qu’il fasse et il le fait sans effort. Il est devenu plus gros et plus fort. »
Johansson entraîne Captain Crunch pour un groupe de propriétaires comprenant 3 Brothers Stable, Rojan Stables, Caviart Farms et sa mère, Christina Takter. Son père, l’entraîneur à la retraite Jimmy Takter, a appelé Nancy à Harrisburg, dès l’adjudication du poulain, et demande s’ils, (ses parents) pouvaient se joindre au groupe – les trois autres partenaires acceptèrent.
On a beaucoup parlé du fait que Takter n’avait jamais entraîné un gagnant de la North America Cup, mais cette victoire en était une pour les femmes de la famille. Nancy, pour la mise en forme, et Christina à titre de propriétaire.
« Ma mère était la colonne vertébrale de Takter Stable. Elle faisait la comptabilité, planifiait les vols, s’assurait que les propriétaires possédaient leurs licences, que les frais de départs étaient payés et que les employés le soient aussi, » dit Johansson. « Elle faisait le travail de bureau quotidien et mon père a reçu beaucoup de crédit et de tapes dans le dos pour gagner de grosses courses.
« Il a le talent pour entraîner un cheval mais c’est tout autre chose que d’administrer une grande et fructueuse écurie depuis longtemps, » de continuer Johansson. « Ma mère n’a jamais reçu le crédit qu’elle méritait. Et non seulement cela, elle fut l’une des grandes propriétaires pour mon père et elle allait toujours aux courses et était d’un grand soutien. Il a été question que c’était honteux que ma mère n’ait jamais été sélectionnée pour le titre de Propriétaire de l’année – si quelqu’un le mérite, c’est bien ma mère, oui. »
Ne vous méprenez pas – Johansson est indéfiniment reconnaissante et respectueuse du lègue laissé par son père et son appui constant – mais, en tant que maman et horsewoman, elle aimerait bien voir Christina Takter connaître son heure de gloire et qu’un jour elle se mérite les honneurs de Propriétaire de l’année.
« Je vais faire de mon mieux pour que cela se produise pour elle depuis que mon père a pris sa retraite, » dit Johansson. « Elle possède quelques beaux bébés et quelques-uns que j’ai hérités de mon père. Mon père étant retraité, elle pourra un peu plus être sous le projecteur. »
Et peut-être que Captain Crunch, un poulain qui n’aime pas perdre, est le cheval qui aidera un membre de la famille Takter à gagner cette autre rare première.
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Les courses de chevaux sont vraiment une affaire de famille chez les Johansson. L’époux de Nancy est l’entraîneur/conducteur Marcus Johansson et ensemble, ils ont deux enfants – Marcus Jr, et Ella.
Ça tombe bien que la fille de cette forte famille de femmes ait sélectionné le gagnant 2019 de la North America Cup alors qu’il n’était qu’un yearling, et ce de la plus étrange façon.
Ella, une adolescente précoce de 14 ans et une étudiante déterminée, avait une décision à prendre en novembre 2017. Devrait-elle accompagner son frère à son tournoi de baseball ou suivre sa mère à l’Encan de Harrisburg?
« Elle décida que les chevaux étaient les moindres des démons. Elle n’est pas du tout dans les chevaux, ce qui rend cette histoire d’autant plus drôle, » dit Johansson en riant. « Elle a grandi dans ce sport, mais je pense que son idée de s’impliquer dans les courses serait de devenir propriétaire – idée beaucoup plus intelligente. »
L’attrayant descentant de Captaintreacherous-Sweet Paprika capta l’attention d’Ella.
« Elle a vu Captain Crunch, il avait la tête penchée et était un amour, » de se rappeler Johansson. « Elle le caressait et la dernière chose qu’elle me dit avant de partir fut, ‘il faut que tu trouves quelqu’un pour acheter ce cheval.’
« En tant que bonne maman, je me suis dit, qu’il valait mieux essayer de trouver un propriétaire potentiel pour faire cela, » de continuer Johansson. « J’ai pu former un partenariat et l’acquérir à bon prix. Le reste est de l’histoire. »
Cédé pour 85 000 $, «Captain Crunch s’est avéré un investissement averti – choisi par une jeune fille au goût impeccable, bien que dispendieux – qui a mis en banque 1 188 960 $ en bourses grâce à des victoires dans la Breeders Crown, Governors Cup et, certainement, l’apogée des courses sous harnais canadiennes – la North America Cup.
Johansson aime bien parler de sa famille et elle est fière de ses deux enfants, qui développent leur propre personnalité et leurs propres intérêts.
« Ella n’est en aucun cas folle de chevaux, parfois je me demande d’où elle vient, » dit Johansson en souriant. « Elle aime beaucoup les études et elle est studieuse. Elle a bon goût. Elle a grandi dans le métier et peut-être que par inadvertance, elle a compris ce qu’elle recherchait. »
Alors que maman entraîne des roquettes tel Captain Crunch pour gagner sa vie, Ella veut devenir ingénieure en aérospatiale quand elle sera grande, et elle ira à l’école préparatoire pour filles à Princeton l’an prochain.
« Je ne serais pas surprise qu’elle devienne chef de direction de compagnie dans l’avenir. Elle gradue de l’école secondaire cette année et elle a gagné le prix Leadership. Elle a un très brillant avenir devant elle, » dit Johansson.
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Johansson, tout comme sa mère avant elle, a fait des sacrifices pour se rendre au plus haut niveau.
Afin de préparer Captain Crunch pour son résultat lors de la North America Cup, Johansson a passé près de deux semaines en Ontario avec le poulain alors que sa famille est restée à la maison au New Jersey.
« C’est un équilibre difficile à maintenir, mais nous tous, dans ce sport, qui avons des enfants, devons prendre des décisions sur l’endroit où nous sommes supposés être à un certain moment donné. Nous essayons de passer du temps de qualité avec nos enfants parce que nous ne pouvons pas en passer beaucoup -particulièrement durant la saison de course, » dit Johansson.
Le sacrifice a été payant lors de la North America Cup, même si Captain Crunch lui a causé bien des sueurs quand il a cassé dans le premier tournant de son éliminatoire, avant de courir tout le mille et s’accrocher à la cinquième de la riche finale.
« Ils allaient pas mal vite au tournant et une ombre lui a quelque peu fait perdre son allure, puis il entre dans l’ombre de la barrière de départ en mouvement, et c’en était trop à ce point-là, » dit Johansson. « C’est un bon cheval et il a tout de suite repris son allure, sachant que c’était ce qu’il était supposé faire. Ce n’est pas facile de rattraper un peloton, ils couraient un rapide troisième quart. »
« Il était coincé à l’extérieur durant tout le mille, mais il n’a jamais abandonné, » de continuer Johansson. « Il est quand même revenu à la maison en 26.3. »
Tandis que Captain Crunch surmontait les obstacles en piste, Johansson était occupée par son rôle d’entraîneur et de parent.
« C’est un peu comme jongler, » d’admettre Johansson, le matin de la Cup. « En tant que mamans, nous n’avons pas les mêmes préoccupations que les papas. J’essaie de savoir quel cheval doit aller où et qui va avec le cheval et qui sera avec les enfants quand je serai là où je suis. Je suis au Canada depuis maintenant dix jours, et mes enfants sont à la maison, mais ils savent qu’ils peuvent m’appeler. Nous nous parlons chaque jour. »
Les deux parents s’appuient l’un l’autre tout en supervisant une opération accaparante. Et cela fonctionne.
« Les enfants qui grandissent dans des familles impliquées dans les courses de chevaux ne connaissent rien d’autre. C’est leur normalité dit Johanson »
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Les comparaisons entre le célèbre père et sa fille sont inévitables.
C’est un sujet épuisé tant pour l’auteur que pour l’entraîneur, mais Johansson s’est penché sur le sujet le matin de la North America Cup.
« Ce serait plaisant de gagner la North America Cup parce qu’il ne l’a jamais fait, » commença Johansson. « Mais, si nous faisons la liste des courses ‘stakes’ qu’il a gagnées et que je n’ai pas gagnées, il me surpasse, et de loin. Il ne vaut pas la peine d’en faire la comparaison. »
Plutôt que de comparer, Johansson voit la Cup comme une opportunité.
« La North America Cup est l’une des plus grandes courses de notre sport, » dit Johansson. « Étant d’un héritage Suédois – nous n’avons pas d’ambleurs en Suède – ce serait bien d’être capable de continuer de gagner aussi les courses classiques pour les ambleurs. C’est quelque chose de différent, et une course sur laquelle les gens veulent inscrire un crochet à la fin de leurs carrières.
Johansson savoure son succès pour une carrière qui monte en flèche – et, encore jeune, elle a le temps de croître sur de solides bases et un curriculum qui inclut des étoiles telles que JK Shesalady - Cheval de l’année 2014.
« Je ne suis entraîneur que depuis cinq ans et j’ai des gagnants de trois Dan Patch Awards, un Cheval de l’année au Canada, ainsi qu’un Horse of the Year aux États-Unis,» dit Johansson. « Je pense que c’est présentement par chance que j’ai eu du succès et que j’ai bien fait quand mon père était encore dans l’entraînement. Il avait son écurie et j’avais la mienne et tous les deux, nous avons connu nos propres succès, alors c’était difficile de ne pas m’identifier comme étant la fille de Jimmy Takter. J’ai eu Kissin In The Sand et Darlinonthebeach, Western Vintage et JK Shesalady. J’ai eu quelques grands chevaux, alors je crois que cela m’a un peu aidé à me distinguer. »
Ironiquement, c’est en parlant de son père que les similarités entre les deux deviennent évidentes.
« Je ne peux qu’être heureuse de tout ce que j’ai accompli en une si courte période de temps. Travaillant pour mon père durant toutes ces années, je m’attends à cela de moi, » dit Johansson. « Je crois que je suis un peu gâtée parce que je suis habituée à faire partie du jalon supérieur du sport. C’est ce que je dois rechercher. Je ne serais pas heureuse autrement. »
Et Johansson reprend une ligne directement du registre de citations de Jimmy Takter au moment de discuter de ce qu’elle pense être ses meilleures caractéristiques en tant que conditionneuse.
« Je ne dirai pas que je suis mauvaise perdante – je ne le suis pas. Mais je veux que les choses soient aussi parfaites que possible, » dit Johansson. « Quand j’emmène un cheval sur la piste, tout ce que je veux c’est être aussi proche du 100 % que possible. Parfois cela m’affecte si je sens que mon cheval n’est qu’à 97 % et que nous n’avons pas gagné. C’est que je me demande comment obtenir ce 3 % pour la semaine suivante? Je me mets beaucoup de pression. »
Il n’y a vraiment pas d’histoire à raconter quant au fardeau d’entraîner dans l’ombre de son illustre père.
« Ma famille me supporte beaucoup et ma vie est belle, » dit Johansson. « Je me réveille chaque matin et je fais quelque chose que j’aime. Bien des gens n’ont pas cette chance. »
Et le samedi, 16 juin, près de Campbellville, en Ontario, Johansson s’est réveillée l’entraîneure du gagnant d’une North America Cup. Quelque chose pour quoi elle a travaillé dur, et une rare première dans une famille où il y a de nombreux cabinets où y exposer les trophées gagnés au cours des ans.
« Ce serait fantastique, » rêvait Johansson le matin de la course.
Et ce le fut.