Utiliser la technologie pour contribuer à la création d’un ‘Bright Future’
Ryan Clements est l’un des innovateurs en courses sous harnais. Sa compagnie, The Farm Ventures, développe des jeux pour les téléphones ainsi que des applications
provenant des quartiers généraux de Uxbridge, les Prince Lee Acres en Ontario. Si vous avez déjà joué à Catch Driver ou Off and Pacing, vous êtes familier avec les jeux de courses de chevaux sous harnais très appréciés de ‘The Farm Ventures’. Par Melissa Keith / Traduction Louise Rioux
En 2015, Clements passa une entrevue pour un poste technique chez Google; bien que n’ayant pas obtenu ce poste en particulier, un représentant de la compagnie l’encouragea à poser sa candidature pour d’autres postes, car il était « très Googley. » Le développeur maintenant âgé de 32 ans, a plutôt fondé sa propre compagnie, réunissant ses connaissances techniques ainsi que son amour depuis toujours pour les courses sous harnais. Le jeu de gérance d’écurie Off and Pacing connut un départ fulgurant en 2017, se gagnant des joueurs des qua-tre coins du globe, certains ayant une certaine connaissance des courses, d’autres, aucune. Catch Driver a débuté en 2018, offrant aux joueurs l’occasion de mener des chevaux attelés lors de courses virtuelles. Un tout nouveau jeu de gérance d’écurie de Thoroughbred, Turf Dynasty, était en développement par The Farm Ventures au moment d’aller sous presse.
Son récent succès permet maintenant à Clements, de revisiter son premier produit digital lancé il y a plus de dix ans – Online Harness Own-er, qui commença à faire la promotion de la notion de propriété fractionnée grâce à des données d’écurie numériques, aux alentours de 2005. « Nous avons créé cela car je n’avais pas d’argent et je voulais être propriétaire de chevaux, », partage-t-il. « Alors essentiellement, ma toute première expérience de propriétaire fut une part de 5 % sur un cheval réclamé pour 5 000 $, puisque c’était tout ce que je possédais, et je devais de plus recruter 19 autres personnes qui se partageraient les 95 % restants. »
Captain Dave (p,4,1:54.1f, 59 780 $) fut l’achat fleuron du groupe. Pour son créateur, l’établissement de Online Harness Owner a fait la lu-mière sur les aspects les plus frustrants de l’expérience de la propriété fractionnée, tout comme sur ses parties les plus agréables. « Nous nous butions réellement aux régulateurs, » de se rappeler Clements. « L’industrie n’était pas tout à fait prête à cela à ce moment-là, quant à la façon dont nous devions télécopier les changements concernant la propriété. Bien des règles et règlements n’étaient pas prêts pour nous alors. »
Bien qu’appréciant l’orientation reçue de la part du personnel de Standardbred Canada, la United States Trotting Association, les diverses pistes ainsi que les organismes de réglementation, le développeur de l’application dit qu’il a été confronté à des barrières concernant l’innovation, lesquelles sont profondément intégrées aux courses sous harnais.
« Nous devions avoir une écurie différente pour chaque cheval (avec Online Harness Owner), et ce règlement existe toujours en Ontario. Et puis à chaque fois qu’une part de cheval changeait de mains, nous devions en télécopier les formulaires. Nous avions donc un système autom-atisé qui acheminait la télécopie par courrier électronique, et avisant Standardbred Canada que, par exemple, quelqu’un était passé d’une part de propriété de 8 % à 9 %. Nous devions télécopier chacun des changements, et il nous arrivait parfois d’avoir une centaine de changements de propriété par jour, parce qu’on pouvait acheter et vendre nos parts de propriété directement sur notre application Web.»
C’est sans parler aussi de la paperasserie, non négligeable. « Quand nous avons d’abord réclamé Captain Dave, je me souviens m’être assis à la fin du mois pour faire la comptabilité du premier mois, » dit Clements. « Ce n’était pas si mal quand il s’agissait d’un seul cheval, mais quand nous en sommes arrivés à 10, je pense que nous avions une centaine de propriétaires en 2 ou 3 mois, et c’était presque devenu une tâche à plein temps pour une personne, de seulement facturer pour tous ces chevaux. »
Online Harness Owner a lutté pour se gagner du terrain occupé par des gens bien intentionnés, freiné par une lourde bureaucratie et une vieille technologie. « Tout au long de ce cheminement, nous dépensions énormément d’argent pour le développement de notre logiciel. Ce fut une pression considérable sur la compagnie. », confie-t-il à TROT. Mais quand Online Harness Owner fut terminé, ce n’était que le début.
L’an dernier, The Farm Ventures a mis à l’essai Bright Future, une application concernant la gérance d’une écurie à propriété partagée, desti-née à la lutte contre les forces de dissuasion permanentes depuis longtemps à l’accès à la propriété de chevaux de course. « Bright Future a comme signalé ceci, ‘Vous savez quoi? Chaque groupe, ou même chaque entraîneur particulier, ne devrait pas avoir à porter seul ce fardeau, » d’expliquer son créateur. « (Le logiciel) devrait être quelque chose conçu pour que quelque part, les groupes de propriété fractionnée, les entraîneurs individuels, puissent simplement s’en emparer et l’utiliser, plutôt que d’avoir à l’assumer par leurs propres moyens. »
Clements dit que les « précurseurs du site du groupe de TheStable.ca d’Anthony MacDonald, ont investi une somme colossale sur la cré-ation de leur propre système de facturation et communications en ligne, mais cette sorte d’Investissement ne devrait pas être nécessaire. « Pour faciliter la création d’autres nombreux groupes de propriété fractionnée et amener de nouveaux propriétaires à notre industrie, il faut que cette voie soit pavée pour que ce soit plus facile à lancer. »
Clements considère que le fait pour Standardbred Canada d’offrir une catégorie d’adhésion à prix modique à la propriété fractionnée, est bon signe. Bright Future, encore dans sa phase d’essai, se veut un moyen de fournir davantage de moyens de rendre la propriété accessible et gérable pour tous. « Notre objectif, éviter aux propriétaires et entraîneurs, beaucoup de maux de tête, » fait-il remarquer concernant l’application de gérance sociale d’une écurie. « Voilà pourquoi nous priorisons le système de facturation, car nous pensons que c’est un blocage majeur dans l’implantation de nouveaux groupes de propriété fractionnée. »
« Cela nous fait sauver du temps, et facilite la facturation et les communications. Je sais que de nombreux entraîneurs ne veulent pas avoir plus d’une couple de propriétaires d’un cheval parce que cela représente trop de travail de s’asseoir en fin de mois, pour facturer 20 % à une personne, 10 % à une autre, et 5 % à d’autres (etc.). Ils ne veulent tout simplement pas le faire, mais si nous facilitons le tout, cela crée une opportunité pour intéresser de nouveaux propriétaires. »
Le portrait du propriétaire de chevaux de course change. Bien que la propriété solo d’un cheval de grande valeur persiste toujours, Clem-ents observe que le nombre de propriétaires ‘whale’ a diminué. Entre temps, la croissance est notoire dans la catégorie propriété fractionnée. « Si les gens ne détiennent que 1 % d’un cheval, c’est exactement la même chose que s’ils en détenaient 100 % : ils sont tout aussi excités quand ils vont aux courses, » remarque-t-il. « Cela importe peu que financièrement ils pourraient bien ne pas gagner une somme exception-nelle en gagnant cette course – cela demeure tout un événement pour eux, d’aller voir leur cheval courir. »
L’exaltation de la propriété est indéniable. « Vous verrez cela de la part des propriétaires de 1 % qui prendront l’avion pour aller à Meadow-lands en Ontario et dépenser des centaines de dollars, » de continuer Clements. « Présentement, j’ai un propriétaire qui viendra au cours du mois prochain – lui et sa copine prendront l’avion de Vancouver juste pour voir leur cheval. Ils possèdent une part de 1 %. Ils dépenseront donc quelques milliers de dollars pour venir voir leur cheval, dont ils ont acheté une part à $ 170.
She Started It, est la poulinière trotteuse de deux ans qui aide The Farm Ventures à peaufiner Bright Future. Acquise l’automne dernier à la London Selected Yearling Sale, elle est la propriété des 28 membres du groupe en propriété fractionnée de Bright Future Racing. La plupart des membres qui le composent se sont impliqués grâce à un contact avec Clements via les réseaux sociaux ainsi que les communautés en ligne du Off and Pacing/Cartch Driver. La fille de Kadabra, à l’origine appelée Jayport Luba, a judicieusement été rebaptisée par le groupe de Clements.
« Jusqu’à présent, elle a accompli tout ce qui lui a été demandé, mais il est encore trop tôt pour dire si elle deviendra un cheval de courses de deux ans ou pas, » dit Clements. « Je ne sais pas si j’appellerais cela un ‘prototype’, mais si nous développons cette application Bright Future pour d’autres, aussi bien l’expérimenter nous-mêmes et faire la démonstration de sa valeur. » She Started It s’entraîne à Prince Lee Acres, recevant de l’enseignement de Renaldo Morales III et Dan Clements (le père de Ryan).
Utilisant l’application Bright Future, le partenaire gérant de l’écurie (Ryan), a récemment facturé chacun des 28 propriétaires en 15 secon-des. « Ils peuvent voir le bilan mensuel, tout, et il ne m’a fallu que quelques clics pour faire cela, » dit-il à TROT, ajoutant que les utilisateurs n’ont pas besoin d’être habiles avec la technologie pour utiliser l’application. « Notre plan serait possiblement d’avoir un gardien à temps plein inclus dans le service, afin que quelqu’un ne pouvant pas faire une quelconque opération puisse tout simplement téléphoner pour obtenir notre aide, qu’il s’agisse d’ajouter une facture de vétérinaire ou d’aider un propriétaire à obtenir sa licence – quelque chose dans ce sens-là. »
Bright Future est disponible dans les magasins de matériel informatique maintenant, bien qu’ils ne soient que toujours qu’en développe-ment. Une poignée de Nord-Américains ainsi que d’entraîneurs Australiens l’expérimentent présentement, et l’équipe de The Farm Ventures peaufine l’application en fonction des commentaires de ces hommes de chevaux. Les entraîneurs qui la testent y voient déjà sa valeur, d’observer le développeur. « Nous avons eu quelques entraîneurs ainsi que quelques groupes à propriété fractionnée qui l’ont l’expérimentée et constaté aussi sa valeur - l’écurie de Jody Jamieson est l’une d’elles, et il a pu pointer quelques gagnants car il fait ses mises à jour avant les courses, parlant de ce à quoi il s’attend de ses chevaux cette semaine-là et de leur condition. Quelque douze écuries l’ont testée à ce jour. »
Les entraîneurs francophones ainsi que leurs clients francophones sont invités à contacter Clements, car il est à la recherche de testeurs parlant parfaitement français pour Bright Future aussi. « Dans l’application, vous pouvez sélectionner la langue de votre choix. Nous y ajouter-ons probablement quelques langues européennes soit celles où les courses marchent beaucoup, « dit-il. » Une autre petite chose que nous voulons faire – il y a un côté social à cette application, alors les gens peuvent suivre les écuries, les chevaux ainsi que leurs références de temps, et si nous n’avons que peu de gens utilisant l’application dans toutes ces différentes langues, ce n’est pas l’idéal, alors il y aura un fil de nouvelles duquel vous pourrez choisir l’option en français, suédois ou anglais afin que vous puissiez suivre la course dans votre propre langue. » Il confirme que l’option en français fera partie de la version initiale « réelle » de l’application.
Il y a toujours des barrières dans toutes nouvelles innovations dans ce monde, et ce n’est pas différent dans ce cas-ci. L’industrie des courses de chevaux est constituée présentement, jusqu’ à un certain niveau, de personnes plus âgées. Cette industrie, tout comme tout au-tre, devra continuer d’apprendre et de se doter de la nouvelle technologie, particulièrement si elle veut voir l’âge démographique s’abaisser au cours des années à venir.
Ce que la technologie ne remplacera jamais par contre, c’est l’appel de la vie rurale. Clements voit les fermes et centres d’entraînement de Standardbred comme des endroits au potentiel inexploité pour attirer les nouveaux venus aux courses sous harnais. « Il y a une ferme à côté de chez moi dont les champs sont remplis de voitures à toutes les fins de semaine, » dit le résident de Uxbridge.
« Des gens de la ville viennent ici pour visiter la ferme à toutes les fins de semaine. Qu’il s’agisse de la saison de cueillette de baies ou de si-rop d’érable, ou de promenades en charrette à foin ou quelles qu’elles soient, ils viennent ici, parce qu’ils veulent se rapprocher de la commu-nauté rurale… des questions sur la ferme, les animaux, et là où il y a des chèvres que les enfants peuvent caresser… je vous le dis – elles sont remplies. » Le matériel brut pour attirer de nouveaux fans de courses de chevaux ainsi que des participants et possibles prospects, est aussi réel que la piste d’entraînement d’un demi-mille de Prince Lee Acres. « Les propriétaires y viennent tout le temps pour visiter la ferme, » ajoute-t-il. « Je pense que c’est la clé. »
Mais encore, pour réussir à former 100 groupes de propriété fractionnée au cours des deux prochaines années, il faut de grands rêves et un grand sens de l’innovation, combiné à des partenariats de l’industrie. Le fondateur de Bright Future dit que l’un des noms les plus reconnus dans le domaine des courses de chevaux participe à l’initiative. « Présentement, nous travaillons en collaboration avec Woodbine pour ajouter du poids à cette initiative et faire en sorte qu’elle voit le jour. Ils partagent notre sentiment d’urgence de créer des groupes de propriété frac-tionnée - ils ont besoin de plus de propriétaires, ils ont besoin de plus de chevaux. Nous envisageons de travailler avec l’industrie pour que cela se produise. Nous ne voulons pas arriver avec la notion de vouloir ‘sauver la situation’. Nous savons que nous ne pouvons pas le faire seul. »
Comme son nom le suggère, Bright Future est un projet ambitieux et de longue haleine. Il paraît simpliste de définir cela comme une appli-cation, ou une écurie fractionnée, ou les deux, quand Clements investit de son propre argent sur rien de moins que la transformation de la façon de faire dans l’industrie des courses.