Une Chance Sur Un Million De Faire La Couverture De Trot

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Survivant d’une naissance jumelée, dont le frère était déjà mort, et trop faible même pour percer son placenta lui-même, Marvtherat a lutté contre l’adversité durant toute sa vie.

Maintenant âgé de sept ans, n’ayant rallié que cinq victoires au cours de ses cinq années en course sur le Manitoba Fair Circuit, le cheval d’élevage domestique, s’en est allé en C. B. où il a été impliqué dans un grave accident de course lors de son deuxième départ. Que fit Marv par la suite? Il a persévéré, encore une fois. Par Chris Lomon / Traduction Louise Rioux

Quelques chevaux de course gagnent de petites fortunes. D'autres gagnent même la renommée accompagnant l'atteinte du sommet du sport. Quelques privilégiés trouvent le chemin vers le Temple de la renommée. Marvtherat n'en fait pas partie. Mais cela ne rend pas son histoire moins fascinante. Il n'est pas le légendaire Somebeachsomewhere. De quelque façon que ce soit. Alors, qu'est exactement le minuscule ambleur de sept ans du Manitoba? Pour Cory Manning, l'homme qui l'a élevé et qui en est le propriétaire, le cheval hongre qui n'a engrangé que moins de 25 000 $ dans ses coffres, il est précieux comme de l'or.

" Tout le monde aime les histoires de survivants, " dit l'éleveur de bovins et propriétaire de 18 chevaux Standardbred. " Et c'est l'histoire que nous allons vous raconter. "

Issu de Patriotic Queen (p.3, 1:58.3h, 10 529 $) ,que Manning a acheté pour la modique somme de 500 $ à l'encan Carson's Auctions de Listowel, Ontario, et du reproducteur propriété de Manning, One Big Buster (p,3,1:51.4s; 161 254 $), Marv n'est pas exactement de descendance royale. Et comment débuta la vie pour Marvtherat, en cette journée du 15 mai 2012, est toute une histoire en soi, et dont Manning se rappelle comme si c'était arrivé ce matin.

Roulant sur quelque 378 kilomètres, revenant des courses de Yorkton, en Saskatchewan, vers sa ferme de Belmont, au Manitoba, une ville d'à peine 700 personnes, située à environ 200 kilomètres à l'ouest de Winnipeg et à 90 kilomètres au sud de Brandon, Cory et son épouse, Deanna, appelèrent leur fille, Chelsey, voulant qu'elle vérifie Patriotic Queen, leur poulinière en gestation.

" Nous étions sur le chemin du retour et j'ai demandé à ma fille de vérifier l'état de Queenie, " de se rappeler Cory. " Elle avait donné naissance à un poulain, " de leur dire Chelsy, " mais il était mort. Je lui dis que nous arriverions aussi vite que possible. Lorsque nous nous sommes engagés dans notre entrée - qui mesure environ un demi-mille de long - je pouvais voir la poulinière couchée. Je suis sauté du camion et elle était en train de donner naissance à un autre poulain. Il était encore dans le placenta, il a donc fallu que je le perce (le poulain étant trop petit pour même faire cela. Si je n'avais pas été là, il n'aurait pu prendre deux respirations… il aurait suffoqué et serait mort là. "

" Cette petite bête ne pouvait pas se lever, " continua-t-il. " Je l'ai pris et l'ai réchauffé. J'ai tiré du colostrum de la poulinière et le lui ai donné par tube. Il a bu quelque peu, mais il n'avait pas l'instinct de succion. Il était très faible. Mon épouse le tint et je lui donnai le biberon, tout en le réconfortant, m'assurant qu'il allait bien. Nous avons répété cela durant les 10 à 12 heures qui ont suivi. En gros, il n'était pas capable de se tenir debout tout seul durant ses deux premiers jours. "

" Je me souviens avoir installé la poulinière et le poulain dans l'écurie, ce petit poulain étant tellement faible, " dit Deanna. " Je pensais qu'il n'allait pas survivre et qu'il allait mourir. Il n'était guère plus lourd que notre chien Berger Australien. "

Une idée, partie intuition, et partie ingéniosité, traversa l'esprit de Cory.

Il se dirigea vers l'écurie et rapidement commença à travailler sur son plan.

" J'ai pris un tapis, fabriqué un petit engin, et installé des supports élastiques pour que ses pattes puissent passer à travers, se rappelle Cory. " Je l'ai alors suspendu par le toit de l'écurie. Je dirais qu'il ne pesait pas plus de 30 livres à la naissance. Mais c'était un combattant. "

" Ce n'est qu'après quelques semaines qu'il a finalement été capable de se lever par lui-même, et même s'il était encore un peu chancelant sur ses pattes, il se rendait vers la poulinière pour se nourrir, " dit Deanna. " Il a définitivement démontré sa volonté et sa détermination. " Les Manning ont réalisé que le jeune combatif méritait un nom accrocheur.

" Un de mes amis de Sudbury, Marvin Frank, s'arrêta à la ferme ici pour une visite alors que le cheval n'était qu'une toute jeune chose, " se rappelle Cory. " C'est en prenant quelques bières que je lui ai dit que j'essayais de trouver un nom convenant à ce poulain. Je dis qu'il ressemblait un peu à un rat. Avec Marvin, quand il s'agit de vocabulaire concernant les courses, tout se termine généralement par le mot rat. 'Ce rat, ce rat' - c'est normalement ce qu'il dit. Alors, je l'ai regardé et dit, 'Je vais l'appeler Marvtherat. "

Au cours de l'année et demie qui a suivi, Cory se disait souvent dans son for intérieur, 'Qu'arriverait-il si Marv pouvait transposer cet esprit combatif sur la piste?'

À l'âge de deux ans, le 5 juillet 2014, sur un tracé d'un demi-mille à Miami, Manitoba, Marvtherat fit sa première qualification par une journée chaude, brumeuse et humide, soit à 31 degrés le matin. Il a enregistré un chrono de 2 :17.3, quatrième au fil. Son dernier quart de mille, amblé en 33 secondes piles, fut son temps le plus rapide.

Sept jours plus tard, avec encore Cory sur le sulky, Marvtherat s'aligna derrière la barrière à Glenboro, soit une autre piste d'un demi-mille. Parti à un peu moins de 6/1, lors de son premier départ en pari-mutuel, il termina cinquième, à 18 longueurs et demie du gagnant. Mais son temps s'était amélioré à 2 :11.1.

Le cavalier reçut 60 $ pour la performance.

Mais cela ne fut jamais une question d'argent en ce qui concerne Marvtherat.

" Il était difficile de lui apprendre les ficelles du métier, " dit Cory. " J'ai tout simplement pris mon temps avec lui. Il s'agissait d'un peu d'éducation et pour lui de la comprendre éventuellement. L'important, c'est que je connais beaucoup de gens qui ne lui en n'auraient pas donné l'opportunité. Lui, d'un élevage domestique, et moi qui était fier d'être un Manitobain, je ne l'ai pas laissé tombé. "

Ce qui fit de la victoire du cheval bai, survenue une année moins un jour après sa première course, d'autant plus douce.

À Glenboro situé à 25 minutes de route de Belmont, Marvtherat et Cory ont fait équipe et obtenu un résultat d'une longueur de 1-3/4, pour remporter la moitié de la bourse de 1 200 $. Le temps du mille fut 2.06.4. Mais ce ne fut pas l'unique moment mémorable pour le duo au cours des ans.

Au cours de la saison des trois ans de Marvtherat en 2015, Cory envisageait l'idée de comment l'ambleur pourrait réussir sur le circuit de l'exposition du Manitoba.

Il décida finalement de ne pas y aller. Deanna avait un tout autre point de vue.

" J'emmenais quelques chevaux en Alberta pour rester au 'Olds Training Centre, " dit Cory. " Il n'était pas sur la liste pour venir avec moi car je ne le pensais pas assez bon pour rivaliser là-bas. Mais mon épouse me dit que Marv avait besoin de vacances. En fait, je ne partais pas sans que Marv ne soit du voyage. "

Ils sont donc partis.

Leur incursion en Alberta n'a rien donné qui vaille. Une troisième place, dans un événement réclamation avec conditions de 8 000 $, à Northlands Park, a été leur meilleure performance en 12 départs. Ce jour-là, il ambla son mille en 2:00.1.
Le peu de succès obtenu au cours de ce voyage ne les a toutefois pas dissuadés de retourner en Alberta. Après être restés au Manitoba Fair Circuit en 2016, sans aucuns gains en 11 départs, le couple se dirigea vers le Century Downs à Calgary, pour lancer leur saison 2017. Sept départs au Century leur a cette fois valu une couple de deuxièmes positions, ainsi qu'un mille le plus rapide de 1:57.2, mais au mois d'août, Marv est revenu au Manitoba, et en six départs supplémentaires, il a complété l'année de ses cinq ans par une victoire en 2:04.1 à Miami.

Après avoir aussi débuté la saison 2018 au Manitoba, c'était le retour en Alberta une fois de plus, mais à cette occasion, Cory, qui est aussi propriétaire de l'étalon Lambretta, un fils de Bettors Delight en service en Alberta, remit les guides à Garry Schedlosky, un ami de longue date, et maintenant le nouvel entraîneur/conducteur de Marv.

" À leur premier départ ensemble, ils détenaient la huitième position à Century Downs - j'ai réalisé que Marv courait le mieux hors cadence - et Garry le lance comme s'il menait Albatross, " de dire Cory en riant. " Ils ont fini dans une septième position bien défendue. "

Après, nous avons discuté et je lui ai dit que ce n'était pas la manière dont il aimait courir. Je dis à Gerry que nous allions probablement le ramener à la maison. Il dit, 'Non, non, je pensais à l'éventualité de se diriger vers Fraser Downs en Colombie-Britannique, et je pense que Marv devrait y aller.' J'ai dit à Garry que Marv pourrait obtenir un billet pour Fraser, mais qu'il devait payer son déplacement avant que cela n'arrive. " Lors de la course suivante à Century Downs, le 16 décembre, ils ont couru de fil en fil pour gagner favori à 13/1. Je lui dis qu'il avait maintenant son billet pour aller en C.-B. "

Cette fois-ci, ce n'était pas la compétition qui inquiétait Cory et Deanna. Ils étaient confiants que Marvtherat serait à la hauteur pour la course à Fraser. Quant à faire le voyage d'une dizaine d'heures vers Fraser Downs, à travers les montagnes, ils n'en n'étaient pas aussi convaincus.

" Garry a un vieux camion, un Chevrolet 1993, et une remorque qui est même plus vieille, " dit-il. " Je connais de nombreux horsemen autour de Century Downs qui avaient pris des paris parallèles à l'effet qu'ils ne pourraient pas traverser les montagnes de C. B. Et mon épouse était très inquiète. Mais ils ont réussi. Et nous étions heureux que Garry et Marv puissent y tenter leur chance. "

Et le conseil maintenant à Schedlosky? Garder la stalle de Marvtherat verrouillée.

" Nous en sommes venus à apprendre que Marv a tout un caractère, " dit Cory.

" Il aime sortir de sa stalle. Je lui ai dit qu'il fallait toujours en verrouiller la porte, puis nous avons appris qu'il en était sorti à quelques reprises à Century et aussi une fois à Fraser. Il ne s'est pas blessé ni blessé personne d'autre. Il aime tout simplement aller visiter d'autres chevaux. "

Lors de sa première course à Fraser, deux jour savant Noël, Marctherat a terminé en deuxième position, en dépit du fait qu'il avait été laissé de côté 49/1 au tableau d'affichage.

" Rien ne l'arrête, " dit Schedlosky. " C'est un petit cheval au grand cœur. Il peut être difficile à gérer quand vient le temps de l'entraînement, mais vienne le temps de la course, il fait toujours son travail. Un jour, il courra sans conditions, mais d'ici là, nous allons y aller et faire de notre mieux. "

La fois suivante, soit le 28 décembre, Marvtherat semblait en route vers la victoire. Tellement, en fait, que Cory, à plus de 2 000 kilomètres, regardait les courses sur son ordinateur, " commença ``a compter son argent. "

Puis, en l'espace d'une seconde, Cory et Deanna ont vu, avec horreur, Marvtherat et Schedlosky tomber durement sur la piste mouillée.

Les cotes sur le grand favori, Working Class Hero, avaient chuté de la poche de la ligne droite pour le conducteur Rod Therres et confronté le meneur JK Pure Gold, avec Marvtherat en troisième position et en troisième chemin. Working Class Hero perdit son allure dans le dernier tournant causant de l'interférence envers Marvtherat, renversant Schedlowsky, qui se releva rapidement par lui-même, relançant Marv en piste immédiatement.

Schedlosky sauta dans la barrière de départ, alors que Marvtherat se relevait, et fut éventuellement coincé par celui qui venait par l'extérieur.

" Je n'avais pas beaucoup de contacts là-bas, mais j'ai pu savoir comment les choses se passaient après la course, " se rappelle Cory. " J'ai fini par parler à Garry, et il me dit de ne pas m'inquiéter, que Marv était debout dans sa stalle, et qu'il allait bien. Quand j'ai demandé à Garry comment lui se portait, il me dit 'j'ai seulement été frappé et j'ai roulé'. C'était terrible à voir quand j'ai regardé la course. Ils se sont aplatis. Mais cela fait partie de la chance en course. Parfois vous l'avez et parfois vous ne l'avez pas. Ce soit-là, nous ne l'avions pas. "

Quatre courses plus tard, ils ont réussi.

Le 25 janvier, Marvtherat et Schedlosky se sont repris pour passer de la quatrième position vers la victoire par une longueur et 3/4. C'était le jour le plus payant, deux mille quatre cents dollars (2 400 $) dans la carrière du cheval, et son pour la victoire fut de 1:56.4, aussi le meilleur en carrière.

Cory est rapide à minimiser et l'argent et la marque à vie, mais il est très fier, de façon plutôt discrète, des deux accomplissements.

Mais aucun n'a d'incidence sur le lien qui existe entre une famille et un cheval.

" Ce qui fait que cette histoire me soit une source d'inspiration, c'est le fait qu'il n'abandonna jamais sa volonté de vivre, et nous ne l'avons jamais abandonné, " dit Deanna. " Il nous a démontré qu'il avait l'instinct du combat et la volonté de vivre, et nous lui devions la chance de voir s'il pouvait être un cheval de course. Tout un chacun avait l'habitude de rire de lui vu sa petite taille, et certains ont peut-être pensé que nous perdions notre temps avec lui à cause de cela. Mais nous voulions lui donner la chance d'être un cheval de course. Il nous a démontré qu'avec de la détermination, de la volonté et le fait de ne jamais abandonner, les miracles peuvent se produire. "

Cory est d'accord.

" La principale chose qui demeure c'est le fait qu'il soit un survivant. Ça n'a rien à voir avec l'argent. Ça n'a rien à voir avec le fait de gagner de grosses courses. Non plus que d'établir des records de piste. Ce n'est pas un nom très connu. C'est l'histoire d'un sous-estimé. Je pense que chacun peut reconnaître cela. "

Et maintenant, ce sous-estimé duquel les gens riaient, fait la couverture de TROT Magazine. Qui aurait pu l'imaginer?

Cet article a été publié dans le numéro de mars de TROT Magazine.
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