Retour à la maison de Who Dey

Qui achèterait un cheval de course qui aura 14 ans en juillet, soit quelques mois à peine, avant qu’il ne soit obligatoirement mis à la retraite?

Jean Beaulieu et Fannie Saul-Beaulieu. Parce que ce qu’ils voulaient par-dessus tout, voyager encore quelques milles avec leur vieil athlète bien-aimé. Par Chris Lomon / Traduction Louise Rioux

Ce que Jean Beaulieu et Fannie Saul-Beaulieu souhaitaient plus que tout au monde, c'était de voyager quelques autres milles avec leur cheval de course âgé de 14 ans.

Le cheval qui devait se faire connaître sous le nom de Who Dey portait le dossard #233 lors de la Forest City Yearling Sale de 2005, un fils de Mach Three qui rapporté une offre plafond de 7 K $.

Alors qu'il avait certainement les attributs de l'emploi, il lui a fallu quelque temps avant d'atteindre sa meilleure foulée.

Après deux sessions de qualification moins qu'inspirantes (ayant fini à un grand total de 38 longueurs derrière le premier au fil), une à Mo-hawk et l'autre à Flamboro en juillet 2006, Who Dey disputa sa première course plus tard au cours du mois à Hiawatha Horse Park à Sarnia, ON.

Ignoré de l'ordre de 63-1 au tableau, Who Dey a terminé à la sixième place, défait par 8-1/4 longueurs en 1.59.

Deux semaines plus tard, à la même piste, l'ambleur élevé à la Cherish The Memory Stable s'aligna derrière la barrière pour une course de 6 400 $, encore une fois aux guides de Gary Wiseman.

Who Dey s'est beaucoup amélioré, et ce, de plusieurs façons ce soir-là, y compris son temps (1.56.4), se classant quatrième pour une bourse de 512 $ comparativement à 0 $.

Mais ce ne serait pas avant le premier anniversaire de sa seconde course de qualification que le cheval allait finalement perdre son statut de novice, gagnant par 6 longueurs et ¼ à Flamboro le 15 juillet 2007. Cette étape importante a été franchie à son 19e départ.

Cette même année, il a disputé trois courses Ontario Sire Stakes, son meilleur résultat étant une performance de deux troisièmes places.

Il devint aussi membre de l'écurie de l'entraîneur-propriétaire Jean Beaulieu à la fin de 2007. " Avant que Jean et moi soyions mariés, alors que Who Day avait trois ans, il amena sa fille, Noemi, qui avait le même âge que le cheval, et il l'a réclamé, " de noter Fannie, qui est co-propriétaire du cheval avec son mari. " J'étrillais les chevaux pour lui à ce moment-là, et tout le monde aimait ce cheval dès le premier coup d'œil. Il penchait la tête alors que cette petite fille lui frottait la tête, et il la laissait faire. Il égayait votre journée à chaque fois que vous le voy-iez. "

" Quand je l'ai réclamé, ma fille l'a tout de suite aimé, " dit Jean. " Et moi aussi. J'ai toujours aimé ce cheval. "

Fannie s'est tout de suite entichée de ce cheval " étrange, " à la forte personnalité et qui avait énormément besoin d'attention.

Elle était heureuse de lui procurer ce dont il avait envie.

" Il s'est révélé un cheval magique dès le début, " se rappelle Fannie.

" Quand je reviens sur toutes ces années depuis que nous l'avons acheté… c'est une très longue et très belle histoire. "

Avec ses propriétaires Jean et Fannie, Who Dey a couru sur plusieurs pistes, y compris l'Hippodrome de Montréal, Rideau Carleton, Tioga, Vernon, Pompano Park, ainsi que de nombreuses pistes en Ontario, y compris Flamboro et Woodbine.

Alors que Who Day appréciait le succès et ses nombreuses apparitions dans le cercle du vainqueur au fil des ans, ce ne fut pas toujours pour le compte du couple comme propriétaire.

Ils ont perdu le cheval lors de courses à réclamer à quelques occasions. Mais à chaque fois, ils allaient le réclamer à nouveau.

Après avoir perdu Who Dey en 2015, Jean et Fannie ne l'ont plus retrouvé avant juillet 2018, quand ils l'ont à nouveau racheté.

" Il allait passer à d'autres propriétaires - cela fait partie du sport - mais nous avons toujours gardé un œil sur lui, " dit Fannie. " Il a nous a été réclamé à l'âge de 11 ans et n'a plus fait partie de nos vies durant trois ans. Quand il a été réclamé, nous nous étions toujours préparés pour le retraiter. Nous savions que nous allions nous assurer de lui trouver un bon toit un jour. Chaque fois qu'il était réclamé, je lui disais 'je reviendrai te chercher. Ne t'en fais pas. "

Et elle a tenu parole.

Après avoir été sous la tutelle d'entraîneurs différents, y compris Jonah Moase, Michael McGuigan et Drew Smyth, Who Dey, dont la marque de vitesse de 1:52.1 a été réalisée à Pompano Park en Floride à 11 ans, fut réclamé à nouveau par Jean et Fannie en juillet dernier.

" Nous étions aux anges de le ravoir, " commença Fannie. " Je ne l'ai pas dit à ma belle-fille à ce moment-là. Les deux ayant 14 ans aujourd'hui, je l'ai laissée marcher dans l'écurie et lui dis, 'Va vérifier le cheval là-bas.' Instantanément, elle fut en état de choc. Elle s'est mise à pleurer. Elle était tellement heureuse de le voir. Et il était heureux aussi de la voir. "

Jean conserve encore aujourd'hui un très bon souvenir du moment où sa fille et Who Dey furent réunis.

" Mon père est décédé cet été et je voulais donner quelque chose de spécial à ma fille... ils étaient très proches, " dit-il. " Nous avons donc racheté le cheval et je le lui ai donné. Elle est tellement près de ce cheval. Et nous le sommes tous. "

Les chevaux de course Standardbred sont éligibles pour la compétition jusqu'à l'âge de 14 ans, ce qui veut dire que Who Dey devra obliga-toirement être mis à la retraite le 31 décembre. Cette année, il a une victoire ainsi qu'un trio de troisièmes places en 25 départs. En 2017, il a gagné cinq courses, en a terminé quatre en deuxième place et quatre en troisième en 37 engagements.

Bien que sans aucun doute il ralentisse, Jean et Fannie, parfois de loin, ont vu la compétitivité qu'ils connaissent si bien. Tout comme le soir du 11 mars de cette année à Rideau Carleton Raceway.

Avec Robert Robinson sur le sulky pour le compte du conditionneur Drew Smyth, Who Dey, entra dans la course avec une performance de septième place la semaine précédente, est passé de finaliste dans la ligne droite à une victoire par 2-1/4 longueurs. Il est parti avec une cote de 46-1.

La seule victoire de Who Dey après le triste résultat en qualification à l'Hippodrome 3R s'est produite le 14 août. Au fil, il était à 15-3/4 lon-gueurs devant le cheval qui le suivait, arrêtant le chronomètre à 1:59.4.

Sa feuille de statistiques en carrière se lit comme suit: 319 départs, 38 victoires, 54 deuxièmes places, 44 troisièmes pour des gains de 275 194 $.

La seule et plus lucrative journée de course du cheval brun, est survenue le 30 mars 2013 alors qu'il a gagné 6 250 $ après une victoire de ralliement à Woodbine.

Mais pour Jean et Fannie, cela n'a jamais été une question d'argent en ce qui concerne Who Dey. C'est plutôt le lien entre une famille et un cheval.

" Quand je l'ai récemment qualifié à Pompano - il a toujours eu un fan club partout où il a couru - les gens étaient dans l'enclos de marche scandant 'Who Dey, Who Dey' alors qu'il se dirigeait vers la piste. C'est merveilleux.

" Ce cheval a tout simplement une merveilleuse personnalité. Il est excentrique et toujours dans votre entreprise. "

Et il a toujours été le type de cheval pour lequel les gens de course accepteraient de faire l'effort supplémentaire.

" Je reviens toujours à sa personnalité, " dit Fannie. " Il a toujours été un formidable cheval en piste, très honnête, et a toujours fait son travail et il aimait le faire. Il laissait se creuser un écart jusqu'en mi-course et il fallait quelqu'un pour le conduire qui pourrait le réveiller. Mais dès qu'il atteignait la demie, il entrait en pleine action, et dans le dernier quart, il survolait toujours la piste. On ne pouvait demander un meilleur cheval, en piste et à l'extérieur. "

Et c'est la raison pour laquelle le couple est déterminé à trouver un bon toit pour Who Dey.

" Je suis toujours en quête de cela, je parle à différentes personnes, pour m'assurer que nous trouvions le meilleur endroit pour lui, " ajoute Fannie. " Ce pourrait être une petite ferme voulant un étalon pour l'accouplement, quelque chose du genre. Mais je ne suis pas pres-sée qu'il s'en aille ailleurs. J'ai trois jeunes chevaux à casser et peut-être pourrait-il aider en leur montrant comment faire, nous pouvons nous en servir à l'entraînement. "

" Tout ce que je veux, c'est de lui trouver le bon endroit, dit Jean. " Il compte tellement pour nous tous.Et iIl comptera toujours. "

Pour le moment, Who Dey est avec Jean et Fannie en Floride, en préparation pour courir ses derniers milles.

" Il se souvient de la Floride, " fait remarquer Fannie. " Quand nous nous sommes garés aux écuries, il ne faisait que crier et brailler jusqu'à ce que nous le sortions de la remorque. " Pour le propriétaire, l'entraîneur et le cheval, c'est comme si on rentrait chez soi.

" Il est notre mascotte, " dit Fannie. " Depuis le tout premier jour, il m'a pris le cœur, et je suis tombée en amour avec lui. Et lui aussi. Même s'il a été avec d'autres gens au fil des ans, nous avons toujours cru qu'il nous reviendrait. Et il l'a fait. "

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