C’était il y a presque dix ans, ce résident et vétéran de 49 ans de Stony Plain, Alberta, Gerald McGinn, se souvient en détail de cette soirée où il a perdu son G Ts Graig, isssu de son propre élevage, dans une course à réclamer à 4 000 $ à Northlands Park Raceway. « J’avais un autre cheval nommé Lindsay issu d’une jument de Nouvelle-Zélande, et Graig, » se rappelle McGinn, qui possède aujourd’hui 19 têtes, y compris sept juments poulinières. « Je croyais que Graig était le meilleur des deux, j’ai alors conservé la moitié des parts et vendu l’autre moitié en parts de 400 $ à 27 autres personnes. L’entraîneur qu’ils avaient choisi m’a appelé peu avant 21 h un soir, pour me dire qu’il avait un problème avec un grasset et qu’il allait l’inscrire dans une course à réclamer. Je lui ai demandé si nous allions le perdre, et il a répondu, probablement.
« J’allais sortir le cheval du paddock, » continue-t-il. « Mais il était prêt et portait le harnais, prêt à courir. J’avais enlevé une chaîne et ma main reposait sur son licou, et je me suis dit : ‘au diable – il se trame un sale marché ici.’ Mais quand je l’ai regardé, il suait à grosses gouttes et j’ai pensé ‘et bien, je n’en possède que la moitié,’ et je lui ai remis la chaîne et je l’ai perdu. J’étais très contrarié et quand le cheval a participé à sa course suivante pour le compte de son nouveau propriétaire, il a couru le mille en 1:54 alors que notre entraîneur ne pouvait pas le faire courir sous la barre des deux minutes. »
Le cheval hongre a débuté aux mains de l’entraîneur/conducteur Ray Stewart le 11 juillet 1997 à l’hippodrome Whoop Up Downs pour une bourse de 800 $. Il a complété le mille en 2:05.2 en troisième position derrière Cannon Attack et Royal Cadillac. Durant sa première saison, G Ts Graig a couru 12 fois pour une fiche de 1-1-2 et a gagné 3 695 $.
Dans sa deuxième saison, il s’est mérité une victoire dans ses 14 départs pour des gains de 7 232 $. Le cheval, le meilleur performer de tous les descendants de son père, a réellement commencé à trouver sa forme au cours de sa saison de 4 ans. De ses 19 courses d’un mille, sa fiche indique 5-4-3 pour plus de 20 000 $ à son actif, alors qu’il amblait normalement dans les courses à réclamer à 4 000 $.
C’est au cours de ses saisons en tant que 5 et 6 ans, en revanche, que G Ts Graig est réellement devenu lui-même. Cet ancien cheval à réclamer à 4 000 $ a été transporté à Meadowlands et inscrit dans les épreuves à réclamer avec handicaps aussi bien que les Open. Il a établi sa marque à vie à l’âge de cinq ans et a collecté plus de 215 000 $ en bourses en 2000 et 2001.
Aujourd’hui, ce rejeton de Bomb Rickles, fils de l’étalon McGinn et de la jument Ireland s’est frotté le nez contre la barrière à 343 occasions se méritant 65 victoires, 54 deuxièmes positions et 43 troisièmes places. Le cheval, prénommé d’après le petit-fils de McGinn, est présentement la propriété de Burke Racing Stable et Weaver Bruscemi LLC, et a mis en banque 700 000 $ et amblé sa marque à vie en 1:50:1 à cinq ans.
G Ts Graig trône présentement au 11e rang pour le nombre total de victoires en 2009 parmi tous les ambleurs nord-américains de 3 ans et plus et est en 10e position dans la même catégorie des ambleurs âgés. Le 7 juillet 2009, il a amblé en 1 :52.4 à Harrah’s Chester Downs, pour égaler le record mondial du mille le plus rapide jamais couru par un cheval de 14 ans sur un tracé de cinq huitièmes de mille. Il est aussi le cheval mâle d’élevage albertain le plus rapide et son frère propre a été élu Cheval de l’Année à 4 ans.
« J’ai suivi sa carrière durant toutes ces années et j’ai même conduit jusqu’à Anaheim en Californie, pour le voir courir, » dit McGinn. « Je le regarde tout le temps à la télévision et je peux toujours dire s’il gagnera ou pas simplement en le voyant dans la parade d’avant course. Il est très beau et ses autres propriétaires ont bien pris soin de lui. Je me suis toujours demandé à quoi sa carrière aurait ressemblé si je l’avais gardé. »
Tout au long de sa carrière, le cheval a été un modèle de constance. La seule année où il a échoué à se mériter une course ou à gagner moins de 38 000 $ fut l’année 2003, alors qu’il a affiché une moyenne de 2 000 $ par départ tout en gagnant près de trois quarts de million de dollars. Au cours des deux dernières années, le cheval hongre s’est pratiquement retrouvé à participer à des épreuves en Pennsylvanie. « Nous connaissons le cheval depuis de nombreuses années et l’avons réclamé à plusieurs reprises, » explique Ron Burke. Burke, qui conditionne le cheval hongre pour lui-même et Weaver Bruscemi LLC, est originaire de Canonsburg, Pennsylvanie, et il est le meilleur entraîneur en Amérique du Nord en matière de victoires (641) et de gains monétaires (13 508 199 $). « C’est un très bon cheval; un vrai professionnel et vraiment très gentil. J’aimerais en faire un cas d’espèce, que les chevaux de 15 ans puissent courir, mais à la vérité, il faut tirer la ligne quelque part. Il est sans contredit une exception, et non la règle, et de loin. »
G Ts Graig dispute présentement des courses de 15 000 $ à 20 000 $, mais au cours de ses derniers mois de carrière, il sera rétrogradé dans des classes inférieures en espérant pouvoir le protéger contre sa passation dans l’écurie de quelqu’un d’autre. Il y a déjà un plan de prévu pour sa retraite.
« La plupart du temps, quand vous voyez des chevaux de 14 ans courir, ils sont au bas de leur classe, mais il est très compétitif dans sa classe, » dit Burke. « À la fin de l’année, nous le descendrons probablement au bas des classes car ce seront des victoires garanties, mais il sera le favori ou deuxième favori chaque fois qu’il se présentera à la barrière.
« La vérité c’est que Larry Baron l’aime et nous lui avons dit que nous le ferions courser et le lui donnerions quand sa carrière serait terminée, » a-t-il continué. « C’est ce que j’aime chez Larry. C’est un gars qui participe aux courses de chevaux pour faire de l’argent, mais il semble tout particulièrement affectionner ce cheval. Pour nous, il a plutôt été profitable mais pour Larry – c’est une question d’affection - il aime le cheval. J’espère que nous l’aurons jusqu’à la fin, afin que nous puissions le redonner à Larry pour qu’il en profite durant sa retraite. »
McGinn s’inquiétait de ce qui pourrait arriver au cheval après le premier de l’année, alors il a demandé à sa fille de téléphoner aux hippodromes que le cheval fréquente, afin de les informer que peu importe qui se retrouvait avec Graig, il pouvait l’expédier en Alberta où il serait gardé sur la ferme. « C’est un bon cheval et je pense qu’il mérite une bonne retraite, » dit McGinn. « Son frère Jet était prêt à être vendu pour abattage, ce que je ne peux pas tolérer, alors je voulais m’assurer que rien n’allait lui arriver. Mais j’avais entendu par mon ami Al Davies que Baron aimait vraiment le cheval. »
Baron, qui fut entraîneur et conducteur de 1980 à 1986 pour ensuite se retirer des affaires jusqu’en 2005, a vu tout le potentiel que représentait G Ts Graig et l’argent fut la raison pour laquelle il acheta le cheval la première fois. Au cours des quatre dernières années, toutefois, ces considérations monétaires ont évolué en une authentique affection pour l’animal. « Je ne sais plus le nombre de fois que je l’ai réclamé ou racheté au cours des quatre dernières années; peut-être bien quinze, vingt fois, » dit ce résident de 54 ans de Horsham, Pennsylvanie. « C’est tout simplement un bon et gentil cheval, qui essaie et donne toujours le meilleur de lui-même. Ce n’est pas un grand cheval. J’ai 85 chevaux et il est loin d’être le meilleur, mais il est tout simplement un bon guerrier. Il vous fournit de l’effort à 100 pourcent, en tout temps. »
Il y a une autre raison qui fait que G Ts Graig occupe une place si spéciale dans le cœur de Baron. « Je n’avais pas conduit un cheval depuis ’86 ou ’87 jusqu’à l’année dernière, » explique-t-il. « Il faisait bon d’être de retour dans le sulky et de m’amuser, j’ai alors décidé de courir une couple de fois pour le simple plaisir et j’ai conduit G Ts Graig à deux reprises. Présentement, il est le seul cheval que j’ai mené cette année et c’est l’une des raisons pour lesquelles je l’aime tellement. Il connaît son affaire autour du tracé et c’est très agréable de mener un cheval comme cela. J’avais espéré le ravoir et le conduire lors de plusieurs départs, mais je vais le ravoir à la fin de sa carrière. »
Et Burke n’est pas le seul à penser que le cheval hongre est en assez bonne condition pour continuer de courir à 15 ans.
« Quand vous le regardez, il ressemble à un cheval de 5 ans, » de dire Baron. « Ça me fait de la peine de voir que c’en est terminé pour lui, parce qu’il semble aimer cela. Je comprends la limite et vous ne voulez pas de gens qui feraient courir des chevaux qui ne devraient pas courir, mais il est un cheval de course en bonne santé à 14 ans alors qu’il y a des chevaux de 4, 5 et 6 ans qui ne sont pas en aussi bonne forme que lui, et nous le mettons au pâturage alors qu’il est aussi en santé qu’il l’était au cours des trois ou quatre dernières années.
« Il a récemment gagné en (1) :52 et il est solide comme le roc, » continue Baron. « Vous souhaiteriez avoir une pleine écurie de chevaux de course comme lui. J’ai quelques vrais beaux chevaux qui sont ouverts, mais il est mon favori depuis mon retour en affaires. »
En Alberta, les chevaux peuvent courir à 15 ans et si McGinn devait ravoir le cheval hongre chez lui, il envisagerait de le faire courser.
« Il semble pouvoir encore y aller, mais je ne sais pas si je voudrais le voir cravacher sur les pistes ici avec le peu d’argent offert en bourse, » dit-il. « Il faudrait que je parle aux entraîneurs pour voir ce qu’ils faisaient avec lui. Je pense qu’ils le faisaient nager et je n’ai pas accès à cela ici. »
Bien qu’il ne sache pas exactement dans quels champs G Ts Graig passera ses journées, Baron a bien l’intention de lui sécuriser le meilleur des chez-soi pour le cheval hongre. « Je veux tout simplement l’installer sur une ferme et le laisser profiter du reste de sa vie, » dit-il. « Il l’a bien mérité et c’est un de ces chevaux qui méritent un bon toit à la fin. Ce cheval a toujours été un cheval à réclamer bien ordinaire, pas comme Boulder Creek (que Baron possédait) et qui lui a gagné 3 M $ et quelqu’un voudra bien lui procurer un bon toit. Croyez-moi, cela m’a brisé le cœur quand Ronnie Burke me l’a repris en septembre, mais je savais que Ronnie en prendrait bien soin et Mark Weaver m’a dit que si je ne le réclamais pas avant la fin de l’année, il l’emmènera où je voudrai, ce qui est extrêmement gentil de leur part.
« Peut-être que m’assurer qu’un tel cheval ait une bonne maison n’est pas la chose la plus facile à faire financièrement parlant, mais j’ai été très chanceux dans cette affaire, » de continuer Baron. « Il est un solide travailleur âgé et je veux m’assurer qu’on en prendra bien soin. Après tout, nous lui devons bien cela. »